Opium à bord (traduction conjointe Isabelle Hourcade, Remy Hourcade et Fabienne Vallin ; préface Armand Guibert, postface Pierre Hourcade)

Traduit par JEAN-LOUIS GIOVANNONI

À propos

Alvaro de Campos est l'enfant frondeur parmi les hétéronymes de Fernando Pessoa, le fils emporté, cosmopolite, voyageur - ou plus rêveur que voyageur. Il est le chantre de la modernité, des machines et de la grande matrice du XXe siècle, avant de céder, dans ses poèmes plus tardifs au désabusement, et au sentiment d'échec, des rêves mal reportés sur la réalité. « Opium à bord » est son acte de naissance, mais un acte falsifié : le texte est antidaté par Pessoa pour en faire officiellement la première apparition d'Alvaro de Campos sur la scène littéraire : le jeu des masques et de la théâtralité, toujours, dans lequel éclot la sincérité de Pessoa. Mais qui est Alvaro de Campos ? Un jeune homme captif d'un navire, d'une croisière qui mouille au large du Canal de Suez en mars 1914 ; un jeune homme surtout captif de lui-même, et de l'opium impuissant à guérir son âme malade comme il l'affirme d'emblée.
Tout est stable, plane comme la mer presque absente, le monde incolore et indolore - même les exotismes, les voyages en Inde n'y font rien - Alvaro de Campos est seul à se noyer, coulé par sa faiblesse, son sentiment profond d'insignifiance et son absence de talent dans ce bref poème enfiévré qui est celui d'un naufrage intérieur. À peine capable de révolte contre la vie mondaine, réglée et bien vêtue de ses compagnons de voyage, il fait tourner une mappemonde avec ennui au bout de ses doigts. Dans une divagation droguée contre le bastingage, malgré les ambitions et les délires créateurs, incapable de sauter par dessus bord, lui qui pressent l'inutilité de sa vie, Alvaro de Campos, capable seulement d'ouvrir des portes sur le vide, comprend qu'on n'est jamais « que le passager d'un navire quelconque ». Poème tendu et vertigineux, poème cloîtré qui tourne le dos au large et au voyage même qui devrait le porter, « Opium à bord » est tout autant un acte de naissance qu'un aveu de mort.


Rayons : Littérature > Poésie > Lyrique


  • Auteur(s)

    Fernando Pessoa

  • Traducteur

    JEAN-LOUIS GIOVANNONI

  • Éditeur

    Unes

  • Distributeur

    Belles Lettres

  • Date de parution

    08/10/2021

  • EAN

    9782877042345

  • Disponibilité

    Disponible

  • Nombre de pages

    48 Pages

  • Longueur

    19.5 cm

  • Largeur

    12.5 cm

  • Épaisseur

    0.7 cm

  • Poids

    88 g

  • Support principal

    Grand format

Infos supplémentaires : Broché  

Fernando Pessoa

Fernando Pessoa (1888-1935) est le plus grand poète portugais du XXe siècle. Ecrivant tantôt en anglais tantôt en portugais, il n'a signé presque aucun ouvrage de son nom et son ?uvre entière, immense, impressionnante, est placée sous le signe de l'hétéronomie. Dans l'?uvre labyrinthique de Fernando Pessoa, la folie brille souvent comme une étoile noire : elle le fascine et le taraude tout au long de sa vie. Porté par son "amour pour le spirituel, le mystérieux et l'obscur", Pessoa lui réserve une place de choix dans ces deux textes, écrits alors qu'il n'a pas encore vingt ans. Ils sont traduits ici pour la première fois à partir de la version originale anglaise.

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