Poemes jamais assembles d'Alberto Caeiro

Traduit du PORTUGAIS par JEAN-LOUIS GIOVANNONI

À propos

Alberto Caeiro, de tous les hétéronymes inventés par Fernando Pessoa, est un maître de la simplicité, celui qui ne regarde jamais au-delà de la réalité qui passe indifférente devant nous. Au contraire d'Alvaro de Campos, le grand créateur d'allégories universelles, propagateur de modernité, Caeiro se méfie des raffinements du style, des mythes, et des fables qui sont pour lui fantasmes et fumées. À ces fausses éternités, aux métaphores qui enflent artificiellement le monde, il oppose un regard consentant et direct. Poète modeste, conscient de sa place minuscule sur la terre, il se fait le témoin heureux des pluies et des saisons, de la route devant soi, même de la mort à venir. « Non pas penser mais voir », ne rien exiger, mais attendre et accepter. Cette poésie antimétaphysique plaint les hommes en quête de bonheurs qui n'existent pas, trop occupés du futur, qui rêvent dans leurs mauvais rêves. Il plaint les mystiques qui cherchent des interprétations, qui ajoutent des noms aux pierres, aux ruisseaux, aux arbres pour en brouiller le sens. Ceux qui partout imposent la marque de l'homme, posent leurs mains, veulent faire démonstration d'intelligence, dans une appropriation aveugle du monde. Caeiro écarte certitudes et incertitudes, vérités et mensonges qui sont pour lui des valeurs abstraites, « j'accepte l'injustice comme j'accepte qu'une pierre ne soit pas ronde », dit-il. Il bâtit une oeuvre philosophique qui prêche l'abandon de toute philosophie, qui privilégie la conscience à la théorie, et invite à l'indifférence. Consentir à l'indifférence ouvre à un amour plein, car on s'approche des choses pour ce qu'elles sont au moment où elles sont, plutôt que de se perdre dans un palais des miroirs de potentialités et de mirages. Il s'agit d'aimer « les choses sans aucun sentimentalisme ». C'est toute la beauté de cette entreprise, au sourire amusé toujours en arrière plan de ses paradoxes : Pessoa est un démiurge, Caeiro ne l'est pas, et ces poèmes, dans le prolongement immédiat du Gardeur de troupeaux, qui ne portent pas de fable, sont simplement la leçon sans morale du temps présent.

Rayons : Littérature > Poésie

  • Auteur(s)

    Fernando Pessoa

  • Traducteur

    JEAN-LOUIS GIOVANNONI

  • Éditeur

    Unes

  • Distributeur

    Belles Lettres

  • Date de parution

    18/10/2019

  • EAN

    9782877042086

  • Disponibilité

    Disponible

  • Nombre de pages

    56 Pages

  • Longueur

    22 cm

  • Largeur

    16 cm

  • Épaisseur

    0.8 cm

  • Poids

    150 g

  • Support principal

    Grand format

Infos supplémentaires : Broché  

Fernando Pessoa

Fernando Pessoa (1888-1935) est le plus grand poète portugais du XXe siècle. Ecrivant tantôt en anglais tantôt en portugais, il n'a signé presque aucun ouvrage de son nom et son ?uvre entière, immense, impressionnante, est placée sous le signe de l'hétéronomie. Dans l'?uvre labyrinthique de Fernando Pessoa, la folie brille souvent comme une étoile noire : elle le fascine et le taraude tout au long de sa vie. Porté par son "amour pour le spirituel, le mystérieux et l'obscur", Pessoa lui réserve une place de choix dans ces deux textes, écrits alors qu'il n'a pas encore vingt ans. Ils sont traduits ici pour la première fois à partir de la version originale anglaise.

empty