Une merveille de récit par le plus oublié de nos grands écrivains : Romain Rolland, prix Nobel de littérature 1915. Étrangement ce court récit est beaucoup plus connu à l'étranger qu'en France : il a été adapté au cinéma par Tadashi Imai (Quand nous nous reverrons..., 1950, transposé au Japon pendant la Seconde Guerre mondiale) et à la télévision tchécoslovaque en 1968 par Tibor Rakovský, à l'opéra en 1967 par le compositeur tchécoslovaque Miroslav Bázlik, et même plus récemment en opérarock par le Slovaque Dušan Rapoš (2010).
Pierre, jeune parisien, va être appelé dans quelques mois avec ceux de sa classe, à partir vers la guerre. Il aime la vie. Il n'est pas animé du feu sacré qui doit étreindre chaque fier défenseur de la patrie.
Dans le métro, il rencontre Luce. Les deux jeunes amoureux décident d'oublier la guerre et de vivre dans l'insouciance de la tragédie qui se joue.
Ils se prennent alors de rêver à leur vie future. La tragédie les rattrapera.
On retrouve dans ce texte rare, servi par l'émotion, tout le pacifisme de Romain Rolland.
Ce livre, un peu méconnu, écrit dans les derniers mois de la première guerre mondiale est cependant très caractéristique de la pensée de Romain Rolland. C'est un vrai grand livre humain et pacifiste. Un livre qui vous habite bien longtemps après qu'on l'a refermé.
Le frère aîné de Pierre, revenant des tranchées pour une permission de quelques jours, dit simplement avant de repartir au front à son jeune frère, le voyant si heureux : "C'est beau le bonheur. Prends ma part." Toute la générosité, l'humanité, l'élégance du style de Romain Rolland sont en exergue dans cette phrase.