C'est dans un siècle à peine. La carte du monde a été redessinée sous les pressions économiques que nous connaissons déjà. Il y a le Bloc alimentaire (les « Gros » : Amérique, Russie), le Bloc pétrolier (les « Gras » : Angleterre, pays arabes) et les tiers Monde surpeuplé (les « Pops » : Chine, Pakistan). Plus que jamais, la pax atomica règne et les Blocs vivent dans l'équilibre de la terreur sur une Terre épuisée.
Et il y a Jem, une planète récemment découverte où la vie humaine est possible. Trois espèces intelligentes vivent déjà sur Jem : une aérienne, une terrestre et une souterraine. Certes, elles s'entredévorent, mais l'équilibre écologique existe.
Du moins jusqu'à l'arrivée des Terriens. Incapables de coopérer, les trois Blocs ont envoyé chacun son expédition. Par le jeu des alliances avec les races jemmiennes, ils ont tôt fait d'importer sur leur nouvelle planète le premier produit de l'industrie humaine : la guerre. Sur Terre, pendant ce temps, on s'achemine également vers l'inévitable.
Jem, ironiquement sous-titré « Construction d'une utopie », pose la question : un monde neuf peut-il sortir des conflits du monde ancien ? et nous laisse entendre que le temps d'apporter une réponse nous est compté.
Depuis quelques années, Frederik Pohl a entrepris une relecture des grands thèmes de la science-fiction. Jem s'inscrit dans cette perspective, à la suite d'Homme-Plus et de la Grande Porte (Prix Apollo 1979). Ici c'est l'utopie qui fait l'objet d'une critique vigoureuse et stimulante, où Pohl manifeste une fois encore sa totale maîtrise du genre.