Cette année, le cercle Nicolas ANDRY se scinde en deux parties : une table ronde et des communications libres et diverses. Merci à Sauramps Médical, d'éditer année après année le recueil des communications et la table ronde, déjà la douzième édition !
Les communications sont variées toujours aussi riches. Elles nous amènent de : l'histoire de la coxalgie (Jean-Louis TRICOIRE, David ANCELIN, Philippe CHIRON, Toulouse), à la parabole de Scott : l'ascension et la chute d'une technique chirurgicale (Patrick HOUVET, Paris) ou comment de « nouvelles technologies sexy, paraissant attrayantes et offrant au patient une option de traitement innovante et satisfaisante ne le sont pas à long terme... nouveau ne veut pas toujours dire meilleur ! » Les piliers du cercle une fois de plus seront présents avec des thèmes variés, surprenants, mais complémentaires, car ils illustrent tous la richesse de notre profession :
- Adalbert KAPANDJI ou Kap l'Ancien 2018 (Longjumeau) : Qu'est-ce que le « B.I.D.O » ou Bouton intradermique d'O (Eau) distillée.
- François BONNEL (Montpellier) : Historique du périoste par Duhamel de Monceau Vigarous et Ollier : apport de l'école de Médecine de Montpellier.
- Rémi KOHLER et Nicolas FORAY (Lyon) : Le Lyonnais Étienne Destot (1864-1948) père de la radiologie ostéo-articulaire : un autre centenaire à commémorer.
La table ronde animée par Pierre-Olivier PINELLI (Marseille) et Alain FABRE (Saintes) dont le thème est « La décision médicale » comporte six conférences et une introduction par Alain-Charles MASQUELET (Paris) : « La décision et singulièrement la décision médicale est un fil rouge tendu entre un état de fait et le résultat de l'intervention humaine, quelle que soit la forme qu'elle emprunte. C'est dire que l'action elle-même est traversée de multiples décisions, notamment en chirurgie, dans la mesure où, en dehors d'une planification opératoire parfaitement maîtrisée parce qu'elle serait réalisée de bout en bout par un dispositif automatisé, le chirurgien est confronté en permanence à un éventail de possibilités techniques qui lui permet de s'adapter à toute situation. En pratique chirurgicale décision et geste ne font qu'un. » Mais revenons au temps présent, le cercle a été créé en 2007. C'est un cloud intellectif et interactif, il n'est pas une loi 1901. Il se renforce et se modifie année après année ; sa richesse, c'est sa plasticité. Sa faiblesse ce n'est pas une association et sans ressource et sans membre, il peut se volatiliser avec la disparition de ses fondateurs. Son futur, c'est les chirurgiens orthopédistes de demain, gageons que nous continuerons et que vous continuerez cette aventure unique qui est portée sur les fonts baptismaux de nos connaissances et encouragée depuis ses origines par la SOFCOT.
Pour la deuxième année consécutive le cercle innove en rajeunissant sa couverture, bonne lecture à tous.
Dix ans déjà ! Nous fêtons les dix ans d'existence du Cercle Nicolas Andry, ses dix ans de sessions au sein de la SOFCOT et ses dix numéros du Cahier annuel. Ce qui, à l'origine, était un pari extravagant s'est transformé en une quasi-institution ; est-ce à dire que Nicolas Andry s'est embourgeoisé ? On aurait pu craindre en effet, passée l'heureuse surprise de l'événement princeps, un épuisement des contributions, un étiolement des thèmes ou, pire encore, une répétition mécanique des sujets.
Il n'en a rien été ! L'audience est en progrès et, depuis quelques années, de jeunes collègues n'hésitent pas à saisir la parole. Au-delà des membres fondateurs, le Cercle s'est agrandi d'un arc de fidèles, coutumiers du rendez-vous de novembre. On ne peut que s'en réjouir, car telle est la vocation d'un Cercle. Alors qu'une société prend de l'importance, qu'un groupe se développe, un cercle est géométriquement destiné à augmenter son rayonnement en adjoignant de nouveaux maillons tout en gardant le même centre.
Or le centre, c'est l'objet à connaître, c'est ce qui a trait au corps et à la chirurgie qu'il ne faut cesser de passer au tamis des sciences humaines. Ce qui revient à poser en permanence la question fondamentale : quelle est la place de l'humain dans la société et dans le monde ? Question éminemment politique qui renvoie à notre statut. Car, quoi qu'on dise, notre activité est un fait sociologique et toute indication posée chez un patient est un acte politique.
Nous appartenons à la Cité que nous contribuons à façonner quel que soit notre mode d'activité.
Ce qui à l'origine était un pari extravagant s'est transformé en une quasi-institution ; est ce à dire que Nicolas Andry s'est embourgeoisé ? On aurait pu craindre en effet, passée l'heureuse surprise de l'événement princeps, un épuisement des contributions, un étiolement des thèmes ou, pire encore, une répétition mécanique des sujets. Il n'en a rien été ! L'audience est en progrès et, depuis quelques années, de jeunes collègues n'hésitent pas à saisir la parole.
Au delà des membres fondateurs, le Cercle s'est agrandi d'un arc de fidèles, coutumiers du rendez vous de novembre. On ne peut que s'en réjouir, car telle est la vocation d'un Cercle. Alors qu'une société prend de l'importance, qu'un groupe se développe, un cercle est géométriquement destiné à augmenter son rayonnement en adjoignant de nouveaux maillons tout en gardant le même centre.
Or le centre, c'est l'objet à connaître, c'est ce qui a trait au corps et à la chirurgie qu'il ne faut cesser de passer au tamis des sciences humaines. Ce qui revient à poser en permanence la question fondamentale : quelle est la place de l'humain dans la société et dans le monde ? Question éminemment politique qui renvoie à notre statut. Car, quoi qu'on dise, notre activité est un fait sociologique et tout indication posée chez un patient est un acte politique. Nous appartenons à la Cité que nous contribuons à façonner quel que soit notre mode d'activité.
On peut concéder que notre tâche est lourde et devient chaque jour plus pesante ; et il est un écueil dont nous devons nous garder : celui d'opérer une césure trop nette et trop brutale entre une activité professionnelle harassante et, à plusieurs titres, déconsidérée, et un « désir d'ailleurs » sous la forme des « travaux du Cercle » qui seraient vécus comme un exutoire en réponse à une pression intolérable. Or il y a dans chaque vestige du passé, dans chaque regard que nous portons sur nos conditions d'exercice, une leçon à tirer pour le présent et surtout pour l'avenir.
Dix ans, chez un petit d'homme, scandent l'acquisition de la raison. La raison d'être du Cercle Nicolas Andry est d'anticiper les bouleversements à venir et les bonnes volontés seront toujours bien accueillies pour défricher les vastes chantiers qui nous attendent, comme l'importance à accorder au numérique dans la transmission des savoirs ou les implications de la multi-connection des patients. Il faut dire et redire que nous occupons une place privilégiée ; nous pouvons nous situer à la fois au coeur des choses et sur la périphérie du cercle, nous pouvons avoir le « nez dans le guidon » sans sacrifier la distance nécessaire à l'analyse critique.
Longue vie au Cercle Nicolas Andry !
Cette année, le cercle Nicolas ANDRY se scinde en trois parties : des communications libres et diverses, un débat et une table ronde.
Merci à Sauramps Médical, d'éditer année après année le recueil des communications et la table ronde, déjà la onzième édition !
Les communications sont variées toujours aussi riches elles nous amènent de l'origine des stries radiologiques de croissance de Raimonda VALAI KAITÉ et Pierre LASCOMBES (Genève) à L'effet tunnel et team working de Patrick HOUVET (Paris) ou comment transférer ce qui fonctionne dans un cockpit au bloc opératoire.
Les piliers du cercle une fois de plus seront présents avec des thèmes variés, surprenants, mais complémentaires, car ils illustrent tous la richesse de notre profession :
- Adalbert-I. KAPANDJI ou Kap l'Ancien 2017 (Longjumeau) : Faire des présentations lisibles et attractives sur PowerPoint.
- François BONNEL et Christophe BONNEL (Montpellier) : Préservation du patrimoine historique d'anatomie à Montpellier (1376-1920) : duplication par plâtre.
- Michel CAILLOL (Marseille) : Les trois défis du chirurgien.
La table ronde animée par Alain FABRE et Dominique LE NEN dont le thème est « La santé connectée », comportant cinq conférences :
- La révolution de la santé connectée : définitions, enjeux et perspectives, Rémi KOHLER (Lyon) et Nicolas REINA (Toulouse).
- Problèmes juridiques de la santé connectée, Henri COUDANE (Nancy).
- L'homme ordinaire connecté, Alain-Charles MASQUELET (Paris).
- Big data, EBM et connection. Jean DUBOUSSET (Paris).
- Un progrès technique est-il toujours un progrès humain ? Jean-Michel CLAVERT (Strasbourg).
Pour la 13e année consécutive, le lieu de réflexion baptisé Nicolas Andry rassemble ses membres épars pour former l'inaltérable symbole d'idéalité pour Platon : le Cercle. Resserrer les deux extrémités d'une courbe pour en obtenir la fusion et transformer une ligne en une figure géométrique emblématique exige beaucoup de constance. Dans les énergies qui concourent à cet effort il faut d'abord saluer la SOFCOT et ses représentants dont l'attitude bienveillante au début et très intéressée par la suite a pesé lourd dans la détermination de poursuivre l'aventure. Au point qu'il est devenu presque naturel pour les Présidents en exercice de solliciter le Cercle pour livrer, le jour du Congrès, une réflexion à caractère spéculatif sur le thème à l'honneur. Hier l'innovation, aujourd'hui le burn out, demain l'intelligence artificielle.
En 2007, à la sortie du premier tome du Cercle Nicolas Andry, Alain-Charles Masquelet écrivait :
« Pas de volonté arrêtée, pas d'organisation préalable, mais une concertation vive entre quelques Collègues qui a permis, en un temps record... de faire paraître un recueil de textes qui fournissent la matière du cahier n° 1 du Cercle Nicolas Andry. ».
Quatorze ans plus tard, le succès ne se dément pas et les éditions Sauramps Médical publient le n° 14. Certes le ton a changé, de communications disparates, le cercle a évolué en tables rondes participatives ; véritable outil sociétal : le Cercle s'interroge sur la chirurgie de demain. Cette année, place à l'Intelligence Artificielle et nous verrons que sa définition même pose problème, parlons plutôt d'Intelligence Augmentée. Les lecteurs trouveront dans ce recueil des textes variés, mais complémentaires. La deuxième table ronde trouve ses racines dans l'histoire même du cercle, l'histoire médicale : Gavriil A Ilizarov, Joseph Trueta, Albert Trillat, Hyppolite Morestin et Raymond Roy-Camille seront nos invités.
Le Cercle Nicolas Andry, émanation de la SOFCOT, se doit de continuer ses recherches et ses réflexions. Les fondateurs historiques rattrapés par l'âge s'éparpillent et ce quatorzième tome est aussi un appel pour la nouvelle génération d'orthopédistes.
Rejoignez-nous pour continuer ce qu'Alain-Charles Masquelet appelait « un lieu privilégié où l'on cultive l'utopie et la liberté de pensée ». Frédéric Dubrana
Les avancés de la recherche biomédicale, également dite clinique, définie par la loi du 9 août 2004, rendent aujourd'hui urgente l'exigence de se confronter à la question: jusqu'où peut-on faire de l'être humain un matériau de recherche?. Ne sommes-nous pas confrontés au risque d'arraisonnement de l'être humain, réduit dès sa conception à du manipulable selon une visée strictement technique? L'ampleur des résultats de la recherche dispense-t-elle pour autant d'un questionnement plus général sur le bien fondé et les limites de celle-ci?.A quelles conditions demeure-t-elle souhaitable voire légitime? Divers champs disciplinaires, non seulement médical et juridique, mais encore philosophique, socio-anthropologique, théologique, éthique et politique, sont convoqués pour tenter d'apporter des éléments de réponses à ces questions d'actualité dans le contexte de la révision des lois de bioéthique. Ce troisième Carnet publie les actes d'un colloque organisé par L' Espace éthique de Bretagne Occidentale et l'Espace de réflexion éthique de Saint-Brieuc à Brest les 11 et 12 septembre 2008, avec la collaboration de la jeune Equipe "Ethique, professionnalisme et santé" (JE2535) de l'université de Bretagne Occidentale.
Cette année 2011 nous offre l'occasion de saluer le premier lustre d'existence du Cercle Nicolas Andry.
Ce qui n'était, à l'origine, qu'une idée quelque peu décalée dans le climat ambiant d'une Société savante connue pour son sérieux et sa rigueur scientifique, s'est transformé, au fil des ans, en un moment fort du congrès de la SOFCOT. Chacun est surpris de constater qu'en cette période de turbulences de tous ordres, l'esprit orthopédique se révèle à lui même, ouvert à l'aventure de la pensée. La perte des repères et la recherche de sens sont les motifs habituellement avancés pour rendre compte de l'intérêt que portent des professionnels de santé à des horizons insoupçonnés, en réalité, la recherche de sens, avant tout, la prise de conscience plus ou moins nette de l'épuisement d'un modèle à fournir du sens.
Car nul ne peut désormais le nier : la médecine actuelle, qui englobe naturellement la chirurgie, est en crise, et nous sommes au seuil d'un nouveau paradigme dont les éléments structurants n'ont rien à voir avec l'édifice mis en place par un lent processus de quatre siècles. Les chirurgiens de la fonction que nous sommes, davantage préoccupés par la maintenance de la vie que par son maintien à tout prix, sont peut être plus aptes à s'emparer des problématiques globales qui agitent et perturbent une société dans son ensemble.
C'est sans doute dans cette position d'avant poste, pour ne pas dire d'avant garde, que réside l'engouement pour les manifestations du Cercle Nicolas Andry. Ce Cercle n'a rien de mystérieux ni d'initiatique, et vous êtes tous invités, Amis de la SOFCOT, à participer au grand rassemblement de l'automne et à proposer, d'ores et déjà, le condensé de vos réflexions pour l'an prochain.
Voici la septième édition de la matinée du Cercle Nicolas Andry, devenue en peu de temps un événement attendu au sein du Congrès de la SOFCOT. Nous avons repris la formule de l'an dernier : une session première de communications libres suivie d'une table ronde, après la pause. Si l'on juxtapose les sujets de communications des trois dernières années et ceux de 2013, force est de constater que les sujets de préoccupation développés par les auteurs sont de plus en plus liés à une interrogation sur les valeurs portées par la société civile.
A ce titre, pas moins de trois communications sur huit sont consacrées, cette année, à l'image ou au statut du chirurgien, ce qui traduit bien une demande de sens sinon une inquiétude grandissante.
A l'instar de l'année dernière le thème général de la table ronde est résolument tourné vers une question centrale, celle de l'innovation, qui s'étend bien au delà des problématiques relevant de la seule activité chirurgicale. C'est que notre métier a cessé, depuis longtemps, d'être un sanctuaire muré dans un splendide isolement.
Soigner est désormais un produit social dont il convient de cerner les présupposés et les attendus. Entre la maîtrise du risque en 2012 et l'innovation en 2013, la filiation est manifeste ; se dessine une ligne rouge entre deux grandes aventures humaines qui s'engendrent dans une réciprocité surprenante. L'innovation crée du risque et le risque féconde l'innovation.
La tâche du Cercle n'est certes pas de délivrer des analyses faisant autorité. Il s'agit plus modestement de contribuer à susciter des interrogations pertinentes... ou de préférence impertinentes. Telle est, au fond, la vertueuse vocation du Cercle : rompre le (petit) cercle maléfique des pseudo-évidences bien établies.
Nous invitons chacun à participer aux débats de 2013 et à proposer des interventions pour l'année prochaine.
Cet ouvrage à été élaboré par un grand nombre d'auteurs pour tous les citer : Ausset Isabelle, Caillol Michel, Caton Jacques, Charpail Christel, Delhom Audrey, Demortière Eric, Dubrana Frédéric, Gleyze Pascal, Goin Géraldine, Herzberg Guillaume, Kapandji Adalbert, Laulan Jacky, Lemoine Jacques, Le Nen Dominique, Masquelet Alain C, Molinier François, Obert Laurent, Pinelli Pierre Olivier, Pons François, Puget Jean, Rigal Sylvain, Schuhl Jean-François, Torres Fanny, Tricoire Jean-louis.
Pour la quatrième année consécutive, le Cercle Nicolas Andry va nous occuper le mardi matin pour des communications un peu en marge de ce qui anime habituellement le Congrès scientifiques. Chacun d'entre nous, dans l'exercie de son métier, fait non seulement de la science et il en faut pour valider telle technique ou telle innovation mais aussi de la philosophie dans ses rapports au quotidien avec ses patients. Le Cercle Nicolas Andry se veut être une tribune ouverte où chacun peut, au travers des textes qu'il propose, partager une réflexion sur la pratique chirurgicale au sens le plus étendu du terme. Le thème retenu cette année est le mouvement, et le bureau de la SOFCOT, que nous remercions ici chaleureusement, accorde au Cercle Nicolas Andry une tribune de quatre heures dans la très belle salle Passy. La moitié de ce temps sera donc consacrée à ce thème principal, et l'autre moitié à des communications plus libres. L'aventure du Cercle est passionnante, et l'écho grandissant chaque année traduit l'intérêt que le public porte aux sujets qui sont abordés. Une fois de plus, nous remercions les éditions Sauramps Médical, qui nous suivent depuis le début, de continuer à faire vivre cette aventure en publiant vos textes dans ce petit recueil. Bienvenue au Cercle Nicolas Andry. Préface de Pierre-Olivier Pinelli.
Dans ce deuxième cahier du cercle Nicolas Andry, il sera souvent question d'orthopédie, mais hors de sentiers battus, car nous l'aborderons au travers de l'épistémologie, la sémantique et la philosophie...
Ce livre ne se borne pas à décrire, même si les auteurs sont bien placés pour relater les faits. Il se veut plus, un espace d'émergence, une clef de la compréhension du monde chirurgical. C'est dire l'intérêt d'un tel recueil et le plaisir de découvrir des textes originaux et inédits sur notre pratique , à priori quotidienne. A travers ces textes, c'est toute une aventure qui s'offre à nos regards, espérons qu'au cours de ces pages le lecteur y trouvera une incitation à rejoindre les travaux du cercle Nicolas Andry.
Une fois de plus il nous faut chaleureusement remercier le Bureau de la Société Française de Chirurgie Orthopédique et les Editions Sauramps Médical pour le soutien sans faille à cette insolite expérience.
Frédéric Dubrana
C'est autour d'une daube aux lentilles enrichie de passionnants échanges sur l'histoire et les valeurs qui fondent nos exercices qu'est né le concept du cercle Nicolas Andry.
La technique et la connaissance ne valent qu'exprimées et magnifiées par les qualités humaines et culturelles de chacun. Il était donc essentiel de créer un espace d'enseignement et d'échange interdisciplinaire qui puisse utilement compléter nos connaissances techniques et permettre ainsi au plus grand nombre de nos confrères de cultiver au mieux le soin en général et notre discipline en particulier.
L'exercice chirurgical est fondateur et exemplaire de l'acte soignant, il ne peut se concevoir sans conscience.
L'art par la main avec sa dimension particulière, les symboliques du chiffre et le service à l'autre constitueront la première partie de cette édition.
Suivront l'évaluation et la recherche de la qualité, illustrations de nos volontés à formaliser au mieux les impératifs déontologiques et éthiques fondateurs du soin.
Ensuite sera présenté l'institut Franco Chinois des Arts du Soin, laboratoire expérimental d'enseignement intégrant au cursus technique habituel de l'apprentissage chirurgical, une sélection adaptée d'outils culturels, physiques et mentaux, extraite des cultures Occidentales et Chinoises.
En hommage et mémoire, à l'occasion de la commémoration du centenaire de la guerre de 14-18, cette édition sera clôturée par ce qui a fait naître notre discipline, les situations de la blessure et de l'urgence et donc du courage et de la décision chirurgicale. Ce sont aussi celles de la responsabilité et de la mise en oeuvre opératoire du soin dans des situations extrêmes qui ont malheureusement fondé nos sociétés : le conflit armé.
En quelques dizaines de pages, nous aborderons donc la dimension symbolique de l'exercice, l'art qui s'en dégage et les cultures que nous découvrons et qui sont susceptibles de grandir notre pratique. Les valeurs humaines que nous voulons représenter et la capacité a assumer décision et responsabilité fonderont la trame des articles sur la mémoire du Centenaire.
Cette édition des cahiers, support écrit de nos journées de présentation, aura une fois de plus fait au mieux pour remplir son rôle de support d'expression, de partage et de ciment de ce qui ne demande qu'a faire la grandeur de notre exercice et de notre communauté.
Dans le cadre du cercle Nicolas Andry, l'objectif de cette table ronde consacrée au risque est, à l'évidence, d'aborder d'autres aspects que le simple aspect assurantiel. Mais pourquoi le risque est-il à l'ordre du jour ? C'est devenu un lieu commun de dire que le propre de notre société est la complexité, que traduit un fonctionnement régi par de multiples interactions : programmation, régulation, automatisation s'efforcent de contrôler la plupart des systèmes technologiques et l'on perçoit bien la tendance actuelle à étendre cet asservissement à la sphère des activités proprement humaines sous la forme d'évaluations, de normalisations oude protocolisations..
Un bloc opératoire et plus généralement une activité chirurgicale sont des systèmes complexes en raison des dispositifs technologiques qui s'y trouvent déployés, des organisations humaines vouées à des tâches disparates et du facteur d'incertitude qui pèse sur le devenir d'un processus biologique..et humain.
Dans ce concert d'actions le risque est celui d'une « fausse note ». Le risque doit être entendu comme la probabilité d'une fausse note et de son éventuelle conséquence sur l'harmonie du déroulement de la partition.
Les enjeux d'une gestion des risques qui doit tendre vers la maîtrise du risque sont au nombre de cinq :
- enjeu conceptuel d'abord, en ce que nous devons veiller à l'établissement d'un langage commun et d'une compréhension partagée sur des notions souvent confuses comme le risque, le danger, l'exposition, la précaution, la prévention, la prudence etc..
- enjeu de pratique, ensuite, au sens où chaque action, chaque situation doivent désormais être passées au crible de la probabilité de survenue d'un événement, ce qui doit nous permettre de caractériser l'univers dans lequel nous nous trouvons à l'instant t : déterministe, probabiliste, incertain ou indéterminé et d'adopter en conséquence des comportements adaptés.
- enjeu de formation qui doit se traduire par l'acquisition précoce, pour les plus jeunes, d'une véritable culture du risque destinée à soulager la pesanteur administrative de la gestion des risques et qui permet d'entrevoir l'idéal inaccessible d'une maîtrise du risque.
- enjeu éthique également, par la mise à jour de la tension entre le soin, individuel par essence, et la recherche clinique orientée vers un intérêt collectif ; on doit noter à ce propos le glissement qui s'est opéré, depuis quelques années, dans les délibérations, par le passage de l'expression « avantages/inconvénients » à celle de « bénéfices/risques » .
- enjeu juridique enfin, dans la mesure où la survenue d'un événement indésirable ou d'un dysfonctionnement fait désormais l'objet d'une analyse a retro qui, dans la majorité des cas, montre la vulnérabilité d'un système, plus que la faillite isolée d'un individu particulier.
« Toute activité orientée selon l'éthique peut être subordonnée à deux maximes totalement différentes et irréductiblement opposées : l'éthique de responsabilité ou l'éthique de conviction ». Max Weber (1864 - 1920) En quelques années, la session du cercle Nicolas Andry s'est imposée comme un des piliers de la SOFCOT. Après des débuts timides, le cercle est devenu en tout juste 9 ans un espace incontournable de rencontres, d'échange et de partage. Il fournit une occasion unique au chirurgien orthopédiste et traumatologue de s'extraire de son domaine strict de compétence.
Au point qu'aujourd'hui, à mesure que les avancées technologiques, les débats de société et les questionnements éthiques attisent la curiosité d'esprits investigateurs, les propositions de communications abondent. Si cette tribune contribue à nous interroger sur notre profession, elle se veut aussi modestement ouverte sur la philosophie, l'épistémologie et l'art, situant ou resituant la chirurgie orthopédique au sein d'un monde « connecté » à d'autres domaines, scientifiques ou non, aux évolutions et aux mutations de notre société, enfin à sa propre histoire et aux processus qui l'ont amenée au niveau où elle est parvenue.
La première partie de la matinée est consacrée à une session de communications libres. La participation croissante d'orateurs de tous horizons contribue à élaborer un programme toujours plus riche, ouvert aux fidèles du cercle comme aux chirurgiens d'expérience ainsi qu'aux plus jeunes, à qui souhaite en réalité transmettre, témoigner, enrichir nos esprits avides d'acquisitions nouvelles, quitte à bousculer certains dogmes. En novembre, se retrouvent ainsi, côte à côte, des chirurgiens orthopédistes toutes tendances confondues, car le cercle Nicolas Andry rassemble par-delà nos clivages en sous-disciplines. Cette session nous conduira de Dominique Larrey à Amédée Bonnet, du Sahara algérien à l'École chirurgicale de Lyon, de l'épaule à la main, du scalpel au système numérique, sans oublier les questions éthiques au travers de communications sur l'apprentissage en chirurgie, la relation avec le patient, les interrogations sur notre métier.
En 2015, c'est autour de « l'éthique de l'indication opératoire » que s'organise en seconde partie la table ronde. L'éthique, au carrefour des thèmes abordés les précédentes années - l'évaluation, le risque et l'innovation -, est quotidiennement au centre de nos choix thérapeutiques et en guide le cheminement. Au moment de décider une intervention, nous nous posons implicitement trois questions décisives : « que peut-on proposer », « peut-on opérer », « doit-on opérer » ? À la première, le chirurgien mobilise principalement ses connaissances anatomiques et techniques ; pour la deuxième, il laisse à l'anesthésiste où à la discussion en binôme la décision finale d'opérer... ou non, en fonction du terrain, alors que dans la troisième, il considère avant tout le patient en tant que personne, entité physique et psychique, et doit en permanence adapter son discours en essayant de le replacer dans son environnement personnel et professionnel, avec la plus grande neutralité. Sans conteste, l'art chirurgical se situe aux antipodes d'un monde mécanisé et répétitif d'où seraient exclus pensée et raisonnement. L'Homme, placé au-dessus des contingences matérielles et anatomiques pures, l'Homme, considéré dans sa dimension holistique, devrait toujours se retrouver au centre de toutes les préoccupations. Du primum non nocere d'Hippocrate au rapport bénéfice/risque de tout acte susceptible d'être délétère, en passant par la devise qui marqua le 3 août 1843 la fondation de l'Académie de chirurgie, « Vérité dans la science, moralité dans l'art », l'empreinte de l'éthique plane constamment dans la décision thérapeutique. À la lumière des exposés, nous tenterons d'y voir plus clair à propos des liens entre éthique et épistémologie, décision chirurgicale, argent dans la relation soignant/soigné, ou encore éthique et industrie.
On peut tenir pour assuré que le Cercle Nicolas Andry est le plus récent avatar de la génération spontanée. Pas de volonté arrêtée, pas d'organisation préalable mais une concertation vive entre quelques collègues qui a permis, en un temps record, de programmer une session de présentation au congrès 2007 de la Société Française de Chirurgie Orthopédique (SOFCOT) et de faire paraître un recueil de textes qui fournissent la matière du cahier n°1 du Cercle Nicolas Andry.
A ce titre, il nous faut chaleureusement remercier le bureau de la SOFCOT qui a accueilli favorablement cette insolite expérience et les Editions Sauramps Médical, qui ont réagi avec leur enthousiasme habituel.
Mais de quoi s'agit-il au justeoe Rien de moins que d'inscrire notre pratique de chirurgien dans les débats de société et dans une réflexion qui emprunte ses outils d'analyse aux sciences humaines ; d'ouvrir une fenêtre sur l'espace infini des questions que chacun se pose, secrètement, pour donner sens à son action dans le monde. Les thèmes qui peuvent être abordés peuvent être innombrables : Statut de la technique omniprésente dans notre spécialité, enseignements tirés de l'histoire, rapports de la chirurgie avec l'art, questionnement sur l'idée de vérité ou de validité...
Dans cet esprit, le Cercle Nicolas Andry a une double vocation non contradictoire :
- Procurer un lieu privilégié où l'on cultive l'utopie et la liberté de pensée.
- Accueillir, sans restriction, ceux qui sont animés du même désir de comprendre et de partager une réflexion, au-delà de la simple expérience professionnelle.