De la formation de l'éthique à l'éthique appliquée : ainsi pourrait-on caractériser le projet de la Métaphysique des moeurs. La Fondation (1785) part de l'expérience morale telle qu'elle est vécue par la conscience commune jusqu'à ce qui, permettant d'en rendre compte, apparaît comme «le principe ultime de la moralité», c'est-à-dire l'autonomie de la volonté. Formalisme et rigorisme d'une morale qui, comme le voudrait une légende tenace, serait incapable de se confronter à la contingence des situations? Rien n'est moins sûr. On trouvera ici, en guise de démenti, l'Introduction à la Métaphysique des moeurs, prélude par lequel Kant entame, en 1797, une vaste recherche sur l'application de l'exigence morale (Doctrine du droit et Doctrine de la vertu) qui compose le tome II de cette édition.
John F. Wippel a consacré l'essentiel de sa vie à l'oeuvre de Thomas d'Aquin. Sa connaissance profonde du Docteur angélique ne se limite pas à ses écrits théologiques mais recouvre l'ensemble de son enseignement. Intimement convaincu de la grande unité de sa pensée, dont les raisonnements philosophiques ne doivent pas être considérés à part de son indéniable apport à l'intelligence de la foi, il a voulu présenter, au terme d'une carrière universitaire de haut vol, un résumé de sa pensée métaphysique. Ce travail très structuré, fouillé et complet, permet à Mgr Wippel de proposer au lecteur du xxie siècle cette « Somme philosophique » que saint Thomas n'a jamais écrite mais qui sous-tend et transparaît partout dans son oeuvre.
La grande prudence de l'auteur, sa rigueur d'analyse et sa fréquentation assidue de la pensée médiévale font que cette reconstruction aboutie n'aurait certainement pas effrayé l'Aquinate, qui y reconnaîtrait sans doute volontiers les linéaments philosophiques qui ont servi de fondement aux développements théologiques auxquels il a consacré sa vie. La connaissance complète des textes, le souci constant de les mettre en dialogue, avec l'évocation de leur postérité et des débats qu'ils ont suscités, font de ce travail une exposition quasi exhaustive et parfaitement équilibrée de la pensée métaphysique de Thomas d'Aquin.
Un essentiel.
" mon intention est de convaincre tous ceux qui jugent bon de s'occuper de métaphysique qu'il est absolument nécessaire qu'ils interrompent provisoirement leur travail, qu'ils considèrent tout ce qui s'est fait à ce jour comme non avenu et qu'avant tout ils commencent par soulever la question de savoir 'si décidément une chose telle que la métaphysique est seulement possible'.
Si c'est une science, d'oú vient qu'elle ne peut s'accréditer de manière universelle et durable, comme les autres sciences ? si ce n'en est pas une, comment se fait-il qu'elle ne cesse de tout faire pour avoir l'air d'une science qu'elle nourrit l'intelligence humaine d'espérances aussi incessantes que toujours insatisfaites. donc, que ce soit pour démontrer qu'elle sait ou qu'elle ne sait pas, il faut une bonne fois établir quelque chose de certain, car il est impossible de demeurer plus longtemps sur le pied oú nous sommes actuellement avec elle ".
(e. kant, prolégomènes à toute métaphysique future qui pourra se présenter comme science, p. 13-14).
Bertrand Vergely s'attaque, dans cette réflexion majeure et originale, au sujet clé qui interroge nos existences : quel est le sens de notre vie ? La société ne répond pas à cette question car elle ne voit pas que, au-delà de la consommation matérielle et de la course à la survie, il y a un désir de croissance morale et spirituelle. Et les religions se révèlent souvent trop dogmatiques et sclérosées. Or nous sommes des êtres de coeur, de raison et d'esprit. Il nous est impossible de vivre une vie qui n'aurait aucun sens. C'est donc à nous-mêmes de résoudre intérieurement cette question cruciale en trouvant une direction à notre existence. Bertrand Vergely va nous y aider, en convoquant à l'appui de sa démonstration, la plupart des philosophes, de l'antiquité à nos jours, mais aussi des écrivains, des poètes, des mystiques... Il prouve que nous ne sommes pas qu'un paquet d'atomes jeté dans l'univers, soumis au hasard et à la nécessité. Cet essai, qui fera date et sûrement débat , secoue les idées reçues et les bien-pensants de tous bords !
« Parler de la mort, même la plus cruelle, même la plus injuste, c'est toujours parler de la vie. » Telle est la conviction qui guide ce livre, composé d'une sélection des entretiens menés chaque semaine par Christian de Cacqueray dans son émission radiophonique. Ces conversations sur la mort, avec des anonymes ou des auteurs connus, invitent à se réconcilier avec une présence si fortement occultée aujourd'hui. Perte d'un proche, accompagnement du deuil en tant que prêtre ou psychologue, expérience de sa propre finitude par la maladie, regards catholique, bouddhiste, musulman... : l'ouvrage multiplie les perspectives pour révéler combien la mort est porteuse d'une pédagogie de la vie. Au fil des échanges se dessine une réflexion singulière sur notre condition, sa fragilité et sa richesse.
Avec la participation de Jacques Arènes, Tanguy Chatel, Micheline Claudon, Pierre Cochez, Sophie Daull, Guillaume Denoix de Saint-Marc, Paolo Doss, Toni Drascek, Marie de Hennezel, Anne-Dauphine Julliand, Anne-Sophie et Alban Lapointe, Marion Muller-Colard, Anouck Rayé, Cécile Rocca, Khaled Roumo, Nicolas Schittulli, Hugues de Séréville, Martin Steffens, Thomas Stern, Blanche Streb, Catherine Ternynck, Bertrand Vergely, Eric Vinson, Diane de Wailly...
Jean Staune nous entraîne dans un extraordinaire voyage à travers la matière, l'univers, la vie et la conscience. La vision issue de cette synthèse, fruit de vingt ans de recherches, dépeint un monde ouvert sur d'autres niveaux de réalité, où notre conscience ne se résumerait pas à l'activité de nos neurones, où la vie serait inscrite dans les lois de l'Univers. De telles découvertes ont de très grandes implications philosophiques et sociétales. Parmi celles-ci, la possibilité d'un rapprochement, après des siècles de séparation, de nos connaissances rationnelles et des intuitions des grandes traditions religieuses, pour contribuer à donner aux hommes du xxie siècle une vision unifiée et cohérente du monde.
« C'est à la fois un formidable livre d'introduction aux sciences contemporaines, mais aussi une réflexion sur les rapports de Dieu et de la science, un très beau livre. » Luc Ferry « Jean Staune a magnifiquement réussi à développer ses arguments en un langage simple, clair, direct, amusant, qui rend la lecture de ce gros livre aussi aisée que captivante et contribue à en faire un ouvrage, à mon avis, exceptionnel. » Bernard d'Espagnat
Les chemins de l'investigation humaine sont variés et deux méthodes sont utilisées pour appréhender notre environnement. D'une part la méthode scientifique qui s'appuie sur la raison et étudie les propriétés du monde qui nous entoure, c'est le domaine de la physique et d'autre part l'intuition émotionnelle qui touche à la métaphysique.
Dans cet ouvrage, l'auteur tente de confronter ces deux méthodes que tout semble opposer en soulignant les points de désaccord et les points de recouvrement.
Ainsi, l'idée de transcendance se retrouve-t-elle dans certaines spéculations de la physique la plus actuelle : la théorie des cordes propose l'existence de 11 dimensions, 7 supplémentaires s'ajoutant aux 4 classiques. La recherche scientifique explore donc ce qui peut être transcendantal.
Si le subjectif nait à partir de la matière, alors la connaissance est abordable par la seule étude des phénomènes physiques qui agitent cette réalité. Mais si le subjectif a une autre source, impliquant une composante spirituelle autonome, alors la Vérité va au-delà des seuls aspects objectifs du monde.
Analyse du sentiment intérieur cherche à instruire sur de nouvelles bases le procès, jamais interrompu en philosophie, de la subjectivité humaine.
Et il le fait en tentant de mettre en lumière les constituants de l'individualité du « moi » à partir de la seule considération du « lieu » dans lequel celui-ci reconnaît se sentir exister.
Qui se sent exister voit naître en lui, comme sa vie même, un sentiment qui ne doit qu'à sa propre affectivité le fait d'être là. C'est cette « autonomie » du sentiment d'exister qui en fait un sentiment intérieur. Aussi, toute la question est-elle de montrer pourquoi et comment il existe, pour chacun d'entre nous, un « lieu » tout juste ajusté à soi, un lieu que notre « moi » n'a pas le pouvoir de quitter, ni de dépasser, et dans lequel il n'y a pas non plus de place pour un autre que lui. Ce lieu du moi, ce lieu « occupé » par sa subjectivité même, ce lieu qui fait corps avec l'épreuve qu'il ne cesse de faire de sa propre limitation ou finitude, comment le décrire adéquatement ? En quels termes aborder cette butée sur soi dont le moi jouit ou souffre à tout instant sur le plan de sa « corporéité », et que Rousseau avait touché du doigt en écrivant cette phrase inouïe : « Je suis tout entier où je suis. » Montrer que le sentiment intérieur enveloppe un « soi » dont la spécificité est de se manifester à la fois comme charnel et pulsatile, voilà ce qui donne tout son objet à Analyse du sentiment intérieur.
Considérée dans son histoire, la métaphysique désigne tant un corpus de thèmes et de thèses qu'une certaine compréhension de la tâche propre de la pensée. Dès lors, on ne saurait être attentif à ce qui se passe en métaphysique qu'en assumant une double ambition : connaître et lire les textes de la tradition, méditer ce qui les anime et les motive comme leur centre dérobé.
Puisque dans « métaphysique » il y a « physique », s'agit-il d'une science ? Si oui, pourquoi s'intéresse-t-on à cette discipline dans le cadre des études de philosophie ? Le terme de métaphysique effraie beaucoup d'entre nous, et nous nous sentons souvent désarmés face à ce mot nébuleux. En 50 notions clés, cet ouvrage concis mais précis vous permettra enfin de comprendre les grands concepts métaphysiques. Vous saurez bientôt tout sur cette « science suprême » qui sonde les origines de nos connaissances.
L'un des plus importants traités de métaphysique en occident est constitué par les Questions sur la métaphysique de Duns Scot (XIVe siècle). Dans cet original commentaire par questions, Duns Scot dépasse le projet encore contradictoire d'Aristote et construit la métaphysique comme une science. En une série d'analyses à la fois minutieuses et libres, il n'hésite pas à critiquer Aristote et à l'harmoniser avec d'autres pensées (arabes et chrétiennes). Pour la première fois dans l'histoire, la métaphysique devient une science transcendantale de l'être, univoque et incluant toutes choses, y compris Dieu. Il était nécessaire d'en donner une traduction française rigoureuse. Cette édition en quatre volumes est bilingue (latin-français), avec des notes légères et un bref commentaire synthétique de chaque question. Le volume I, traduit par Olivier Boulnois et Dan Arbib, comprend les livres 1 (Expérience et science), 2 (Sur l'infini) et 3 (Genre et différence).
1. Introduction générale.
2. Classement des témoins manuscrits.
3. Questions sur le livre IV : sur l'univocité de l'être et les premiers principes.
A. Introduction au livre IV.
B. Questions 1 à 5 : univocité de l'être ; convertibilité des transcendantaux ; principe de contradiction.
4. Questions sur le livre V : sur les concepts fondamentaux.
A. Introduction au livre V.
B. La causalité.
C. L'unité.
D. Les catégories.
E. La quantité.
F. La relation.
5. Questions sur le livre VI : sur la science.
A. Introduction au livre VI.
B. L'unité et la division des sciences.
C. La connaissance de l'accidentel.
D. La nature de la vérité.
E. L'objet de la métaphysique.
6. Bibliographie.
7. Index.
8. Table des matières.
Avec son dernier volume, L'Usage des corps (2015), le projet métaphysique de Giorgio Agamben, Homo Sacer, se clôt. Ayant été au coeur du travail théorique d'Agamben depuis les années 1990, Homo Sacer constitue dans son ensemble l'essentiel de l'oeuvre d'Agamben, où celui-ci développe l'une des constructions théoriques les plus saisissantes dans la pensée européenne contemporaine. En sont la preuve les lectures ou usages multipliés des différents aspects de Homo sacer dans les domaines aussi variés que la théorie contemporaine de l'art, la critique littéraire, les sciences humaines, la philosophie ou encore la pensée politique. À cet égard, force est de constater que Homo sacer a fini par devenir l'une des références incontournables dans les débats qui animent actuellement chacun de ces domaines. Son succès interdisciplinaire relève surtout de la singularité du projet d'Agamben : d'une part, il traverse dans son développement plusieurs domaines ou champs du savoir et, de l'autre, il engage un dialogue constant avec les grandes figures de la pensée occidentale, figures aussi bien classiques que contemporaines.
Il existe plusieurs introductions à la métaphysique de saint Thomas d'Aquin. Or, comme on le sait, lui-même n'a jamais écrit d'ouvrage de ce genre mais comme il n'a pas donné d'indications sur son contenu et sa méthode, il faut, non pas la reconstituer c'est impossible, mais l'inventer, l'élaborer, tenter la chose, et ce n'est pas inutile.
Rééditer l'ouvrage de Joseph Rassam n'est pas seulement répondre à la demande réitérée de chercheurs d'introuvables, mais surtout présenter un effort remarquable, à notre sens, de synthèse métaphysique, cohérent et de grande facture.
Le « thomisme » de Rassam est très ancré dans le texte de l'Aquinate, profondément médité.
Ce livre de dimension modeste, au texte ramassé, est « toujours limpide et comme rayonnant de la clarté de l'être qui y transparaît ». L'essentiel de la métaphysique, de la théologie philosophique et de l'anthropologie thomasiennes y est admirablement présenté, résumé et éclairé. Tout y est reconduit à ses sources originelles et à ses premières aperceptions, ce n'est pas le moindre mérite de ce livre admirable.
Le présent livre met en scène le duel de la littérature contre la philosophie et la théologie. Il s'agit de lire et d'analyser la manière dont certains textes - ceux d'Homère, de Boccaccio, de Shakespeare, Hölderlin, Flaubert, Kafka, Proust, Conrad et Joyce - ont tenté d'inventer une tout autre «métaphysique» une figure de la pensée libre et critique au-delà du savoir.
La littérature a pu excéder et retourner la pensée occidentale contre elle-même, et ce geste d'écriture s'est effectué à partir de figures fantastiques inassimilables en philosophie, en théologie ou dans la théorie littéraire. Marc Goldschmit s'intéresse à ce qui, dans les textes littéraires, subvertit l'humanisme métaphysique et transforme profondément les partages entre humanité et animalité.
Ce livre tourne tout entier autour d'une seule question : qu'est-ce qu'un individu ?
La tradition philosophique nous dit que l'individu est une entité unique. La thèse de l'ouvrage est plutôt que les êtres sont individués par des « traits » qui sont singuliers mais qui n'ont rien d'unique et d'exclusif. L'ouvrage se propose en somme d'inaugurer une « querelle des individus », comme on parlait naguère de la « querelle des universaux ». Il s'agit de défendre, contre une certaine célébration mystique de la singularité, une perspective réaliste.
Il ne s'agit pas d'un réalisme des universaux (des propriétés ayant une portée générale) mais d'un réalisme des « traits », c'est-à-dire des entités qui sont, simultanément, singulières et capables de répétition. Le livre aborde la question d'un point de vue métaphysique, en procédant à une élucidation des concepts d'individu, d'essence, de singulier, etc., mais aussi en examinant des cas où ces questions trouvent une résonance existentielle immédiate, qu'il s'agisse de l'amour, de l'enfance ou de la mort.
Communément décrit comme le traité de théologie d'Aristote, le livre Lambda de la Métaphysique est exactement ce qu'il déclare être : une enquête générale sur les principes et les causes des substances. Pareil projet implique d'élaborer dans un même mouvement une théorie causale de grande ampleur, qui articule les différents niveaux du réel, sensible et immobile. Cela implique aussi de conformer cette théorie causale à une triple exigence, à laquelle peut se ramener l'ensemble des développements du livre : garantir la primauté des principes, s'assurer de leur efficace, en déterminer des modes d'unité respectueux de l'ordre et de l'intelligibilité du monde, comme de la diversité irréductible des êtres. Le livre Lambda se présente ainsi comme un traité pleinement métaphysique, qui accomplit le volet archéologique qu'Aristote articule toujours à la science métaphysique et qui répond à bien des attentes de cette science, qu'on la désigne comme sagesse, science de l'être en tant qu'être ou science de la substance. C'est aux enjeux et à la progression du projet métaphysique défendu par Aristote en Lambda que ce volume souhaite introduire.
Introduit, traduit et commenté par Fabienne Baghdassarian, maître de conférences à l'Université Rennes 1.
Le théisme est la position métaphysique au coeur des religions monothéistes : il est l'affirmation qu'il existe un Dieu omniscient, omnipotent, parfaitement bon et créateur. Penser l'objet de ces croyances, à savoir Dieu, suppose donc une étude des catégories métaphysiques nécessaires à l'explicitation du théisme.
Loin de tout rationalisme étroit et de toute exaltation mystique, le présent ouvrage mobilise les outils de la philosophie contemporaine afin de mettre au jour les choix théoriques qui sont requis pour concevoir un Dieu compris comme l'être ayant toutes les perfections. Les questions du réalisme, de la vérité, du premier principe, du possible et du nécessaire sont étudiées aussi bien à partir du contenu des croyances religieuses que de la métaphysique analytique contemporaine, en réponse aux critiques de Kant et de Heidegger.
Car avant même de s'interroger sur l'existence ou sur l'inexistence d'un tel Dieu, ou encore de discuter de la rationalité ou de l'irrationalité des croyances religieuses, ce sont les outils conceptuels pour penser un Dieu qu'il nous faut examiner philosophiquement.
Pour Immanuel Kant (1724-1804), la philosophie s'occupe de trois questions fondamentales, qui correspondent aux trois intérêts principaux de la raison humaine : " Que puis-je savoir ? " ; " Que dois-je faire ? " ; " Que m'est-il permis d'espérer ? " En montrant que notre connaissance est limitée à une expérience de type sensible, Kant semble ruiner la métaphysique comme science du suprasensible, tournée vers les objets qui ne tombent pas sous les sens (Dieu, l'âme, la liberté, la question des limites du monde, par exemple).
Or, rien ne serait plus injuste que de voir en Kant le fossoyeur de la métaphysique. Si cette discipline n'est pas possible sur le plan théorique, montre-t-il, elle est en revanche possible (et même nécessaire) sur le plan plan " pratique ". Cela veut dire que l'usage de certains énoncés métaphysiques nous permet seul de mener à bien certaines opérations dirigées vers des buts rationnels. En critiquant et en réformant la métaphysique, Kant en consacre le renouveau. Il inaugure une métaphysique d'un style bien particulier, que nous nommons la métaphysique du " comme si. " C'est à élucider le statut et la fonction de cette métaphysique nouvelle que ce livre est consacré.
Et si la métaphysique était le plus grand bienfait de l'histoire de l'humanité ? Elle repose sur une expérience toute simple et déconcertante : celle de l'infinie beauté du monde qui s'impose à notre intelligence malgré le mal, la souffrance et l'absurde que nous ne manquons pas de rencontrer et qui ne suscitent notre indignation que parce que l'attente métaphysique est première. L'idée de base de la métaphysique est que cette beauté a une raison, et que l'homme y a part. En découvrant la beauté des choses, dont la contemplation fait notre bonheur, en reconnaissant une dignité à l'humain et en osant penser sa capacité de transcendance, la métaphysique nous procure des raisons de vivre et d'espérer, réalisant ainsi la finalité de la philosophie elle-même. Toute philosophie est métaphysique ou triste de ne pas l'être.
Cet ouvrage propose une rafraîchissante herméneutique et mise en oeuvre de la pensée métaphysique, qui va de pair avec une conception métaphysique de l'herméneutique elle-même.
La Revue de métaphysique et de morale publie des dossiers thématiques et des contributions individuelles, ainsi que des recensions, des discussions critiques et des bulletins consacrés aux parutions récentes, françaises ou étrangères, les plus notables dans un domaine donné.
Les dossiers thématiques sont consacrés à de grandes questions aujourd'hui débattues dans la communauté philosophique internationale, ou bien à de nouvelles recherches en histoire de la philosophie.
Ni les contributions publiées ni les dossiers constitués n'ont vocation à être l'expression d'une école de pensée. Conformément à sa tradition, la Revue entend contribuer au renouvellement de la réflexion dans les divers champs de la philosophie, au développement de la critique rationnelle, et à la plus large ouverture de la discussion philosophique sur la base d'une information scientifique de premier ordre.