« Ainsi donc, aucun de nous deux n'est en vie au moment où le lecteur ouvre ce livre. Mais tant que le sang continue de battre dans cette main qui tient la plume, tu appartiens autant que moi à la bienheureuse matière, et je puis encore t'interpeller d'ici jusqu'en Alaska. Sois fidèle à ton Dick. Ne laisse aucun autre type te toucher. N'adresse pas la parole aux inconnus. J'espère que tu aimeras ton bébé. J'espère que ce sera un garçon. J'espère que ton mari d'opérette te traitera toujours bien, parce que autrement mon spectre viendra s'en prendre à lui, comme une fumée noire, comme un colosse dément, pour le déchiqueter jusqu'au moindre nerf. Et ne prends pas C.Q. en pitié. Il fallait choisir entre lui et H.H., et il était indispensable que H.H. survive au moins quelques mois de plus pour te faire vivre à jamais dans l'esprit des générations futures. Je pense aux aurochs et aux anges, au secret des pigments immuables, aux sonnets prophétiques, au refuge de l'art. Telle est la seule immortalité que toi et moi puissions partager, ma Lolita. »
Où sont les campus d'antan où des profs besogneux erraient comme des âmes en peine entre deux cours, l'intelligence en jachère, la libido en sommeil ? Les médias ont changé tout cela, les arrachant à leur solitude, les amenant à communiquer avec des collègues à l'autre bout du monde. L'ère du campus global est arrivée et ses liturgies favorites sont les congrès. Dans celui de Rummidge, par exemple, sévit notre veille connaissance, Philip Swallow (Jeu de société et Changement de décor), ainsi que le bouillant Américain Morris Zapp. On notera la présence de deux jeunes universitaires brillants, l'irrésistible et très convoitée Angelica Pabst et le naïf Persse McGarrigle, un jeune poète irlandais qui n'a jamais entendu parler de structuralisme et qui compte bien sur une initiation en live ! Les innombrables professeurs de littérature anglaise qui peuplent ce roman ne cherchent pas tant à satisfaire leur soif de savoir qu'à assouvir leur immense besoin d'amour.
Deux avions se croisent en plein ciel quelque part au-dessus du pôle nord : l'un transporte un professeur américain brillant, spécialiste de jane austen, qui arrive d'une grande université de la côte pacifique, l'autre un professeur anglais un peu médiocre qui vient d'une université des midlands et n'a d'autre titre de gloire que de savoir concocter des épreuves d'examen.
Ils ont décidé d'échanger leur poste pour une durée de six mois.
C'est avec ce roman que david lodge a inauguré sa série désormais célèbre qu'il poursuivra avec un tout petit monde et jeu de société et dans laquelle destins et chemins se croisent et s'entrechoquent dans un humour subtil.
Un suspense cocasse, une satire divertissante dont personne ne sort indemne.
Aleth paluel-marmont, cosmopolitan on se plie de rire, on pleure.
Monique gehler, l'evénement du jeudi
Desmond a des problèmes d'ouïe.
Et d'ennui. professeur de linguistique fraîchement retraité, il consacre son ordinaire à la lecture du guardian, aux activités culturo-mondaines de son épouse, dont la boutique de décoration est devenue la coqueluche de la ville, et à son père de plus en plus isolé là-bas dans son petit pavillon londonien. lors d'un vernissage, alors que desmond ne comprend pas un traître mot de ce qu'on lui dit et répond au petit bonheur la chance, une étudiante venue d'outre-atlantique lance sur lui ce qui ressemble très vite à une opa.
Pourquoi desmond ne l'aiderait-il pas à rédiger sa thèse ? le professeur hésite. pendant ce temps son père, martial, continue à vouloir vivre à sa guise et son épouse à programmer d'étonnants loisirs. comique, tragique, merveilleusement autobiographique, le nouveau roman de david lodge s'inscrit dans le droit fil de thérapie.
Qu'y-a-t-il de commun entre vic wilcox, directeur général de pringle and sons, une entreprise de métallurgie anglaise en pleine restructuration, et robyn penrose, une jeune universitaire spécialiste des jeux de déconstruction littéraire et plus particulièrement de l'étude sémiologique des "romans industriels" victoriens ? pas grand-chose en apparence.
Mais tout est remis en jeu lorsque robyn penrose doit suivre un stage chez pringle and sons et devenir "l'ombre" de son directeur dans le cadre de "l'année de l'industrie". cette confrontation brutale - et cocasse - est un peu celle de la thèse et de l'antithèse, au coeur de rummidge, cette variante fictive de birmingham. "l'humour dévaste les pages pourtant bien peignées de ce roman." monique gehler, l'evénement du jeudi.
Comment devient-on David Lodge ? Pourquoi choisit-on le rire comme langage absolu, la comédie comme ligne de vie (et de fuite) ? Dans ce livre, notre Anglais préféré se dévoile comme jamais, avec une pudeur et une simplicité bouleversantes. Loin des mémoires tournant à l'autocélébration, Lodge rend hommage aux autres, à ceux qui ont traversé sa vie et ce morceau de siècle avec lui, gamin anglais né en 1935. Au-delà du roman d'une vie, ce livre raconte le parcours d'un catholique profondément irrévérencieux, mais aussi habité par le doute et le paradoxe.
Lorsque l'Armée rouge menace de s'emparer de la Crimée, Martin et sa mère fuient en Europe de l'Ouest.
C'est à Cambridge que le jeune héros va faire ses études. Il y côtoie des Anglais, tel son ami Darwin, mais aussi des Russes, plus ou moins anglophiles. Il y retrouve surtout Sonia, sa jeune et intelligente cousine. Est-ce pour l'impressionner qu'il décide de transcender sa nature et imagine un projet inutile et fou ?
Ce roman, comme presque tous les autres, Nabokov l'avait entièrement visualisé. Cette technique lui permettait d'écrire dans l'ordre ou le désordre, selon les aléas de la composition. Pour Laura, dès 1976, à en croire son éditeur américain, tout était là : personnages, scènes, détails. Il ne restait plus à Nabokov qu'à écrire, à battre les fiches comme des cartes à jouer, pour se les distribuer à lui-même sous la forme d'un roman. Mais la mort le prit de vitesse.
Puis il y eut les discussions homériques pour savoir si, selon le souhait de Nabokov, il fallait brûler ces fiches. Après des années d'incertitude, Dmitri, son fils, décida de les publier. Mais comment ? Fiches bristol minutieusement noircies au crayon à papier, brève succession de chapitres s'effilochant parfois en séquences rhapsodiques, paragraphes écourtés à l'improviste : Laura se présentait comme un vertigineux puzzle littéraire.
L'intrigue ? Le personnage principal, Philip Wild, est un brillant neurologue, effroyablement gros et terriblement laid. Il est tourmenté par sa jeune épouse, Flora, coquette aux moeurs volages et aux « fesses étroites d'un charme ambigu et irrésistible ». Or Flora sert de modèle à l'un de ses amants, auteur d'un super-bestseller intitulé My Laura dans lequel l'héroïne trouve la mort « de la façon la plus folle du monde ».
Le sous-titre de L'Original de Laura est « mourir est amusant ». Nabokov sentait l'approche de sa propre mort et s'était jeté à corps perdu dans une oeuvre aux tonalités tout à la fois sombres et drolatiques. Mais l'insoutenable extase était-elle bien la sienne ? « Je ne peux pas pardonner la censure de la mort », avait-il un jour écrit. Et dans une annexe destinée à son plus grand roman russe, Le Don, il avait déjà postulé que « la tristesse d'une vie interrompue n'est rien par comparaison à la tristesse d'une étude interrompue ».