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FRANCOISE LAYE
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Au terme d'un repas, un banquier démontre à son convive que ses engagements en matière d'anarchisme n'ont rien à envier à ceux des poseurs de bombe. Il déploie ainsi les trésors d'une rhétorique insidieuse au service de sa personne et s'installe dans de provocants paradoxes.
Si ce banquier anarchiste nous enchante par son esprit retors, ses raisonnements par l'absurde et une mauvaise foi réjouissante, la véritable dimension du livre est ailleurs : il s'agit d'un pamphlet incendiaire contre la société capitaliste, ses hypocrisies et ses mensonges. Pessoa y dénonce aussi le pouvoir de l'argent, qui mine de l'intérieur le bien le plus précieux de l'homme : la liberté.
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Publié en 1917, Humus est un des chefs d'oeuvre de la littérature portugaise. Le postulat est simple : prenez une table de jeu dans une petite ville, réunissez une dizaine de vieilles femmes mesquines jouant une sempiternelle partie de cartes ; dressez le décor d'une vie étriquée au milieu des montagnes du nord du Portugal, battues par le vent et la pluie et à partir de là, retrouvez l'univers entier, bâtissez l'éternité, démontrez que l'avarice, l'égoïsme, la cruauté sont en fait le masque tragique et grandiose de forces inconnues à l'oeuvre au fond de nous. Un texte étonnant, qui allie le réalisme d'une analyse impitoyable de la société, figée sur elle-même, et une vision infiniment plus profonde et plus tragique du monde, qui semble annoncer parfois certains thèmes de La Nausée.
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Pessoa est né en 1889 à Lisbonne. Pendant trente ans, de son adolescence à sa mort, il ne quitte pas sa ville de Lisbonne, où il mène l'existence obscure d'un employé de bureau. Mais le 8 mars 1914, le poète de vingt-cinq ans,
introverti, idéaliste, anxieux, voit surgir en lui son double antithétique, le maître « païen » Alberto Caeiro, suivi de deux disciples : Ricardo Reis, stoïcien épicurien, et Álvaro de Campos, qui se dit « sensationniste ». Un modeste gratte-papier, Bernardo Soares, dans une prose somptueuse, tient le journal de son « intranquillité », tandis que Fernando Pessoa lui-même, utilisant le portugais ou l'anglais, explore toutes sortes d'autres voies, de l'érotisme à l'ésotérisme, du lyrique critique au nationalisme mystique. Pessoa, incompris de son vivant, entassait ses manuscrits dans une malle où l'on n'a pas cessé de puiser, depuis sa mort en 1935, les fragments d'une oeuvre informe, inachevée, mais d'une incomparable beauté.
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Il s'agit ici de l'un des chefs-d'oeuvre d'Oliveira dont nous avions déjà publié deux ouvrages. Dans ce premier roman, écrit à 22 ans, nous assistons au destin tragique d'une famille de petits propriétaires terriens et de la communauté paysanne qui lui est étroitement liée. La force unique de ce roman tient au fait que tout est montré avec une sobriété exemplaire, mais jamais démontré. Ici, pas de théories économiques et sociales, pas de discours grandiloquents, même si les convictions politiques de l'auteur sont transparentes ; mais, sans angélisme, elles rejoignent des constatations évidentes, et dressent le tableau profondément humain de populations accablées de désastres s'accumulant sur une terre condamnée. Le romancier a su subtilement, grâce à un sens consommé de l'ellipse, faire en porter ce drame par des personnages très forts, tant du côté des notables ou des bourgeois que du côté des paysans qui revêtent une épaisseur psychologique tout à fait insolite en littérature.