« En classe, ce qui devrait carre´ment e^tre enseigne´, c'est l'art de pour ne pas croire les autres et la me´thode pour gruger autrui, pour l'inte´re^t de chacun et celui du monde. C'est de ma candeur qu'on avait ri. Dans un monde ou` la candeur et la franchise font rire, il n'y a plus d'espoir ».
Affecté dans un collège de province, un jeune professeur originaire de Tôkyô se heurte aux tracasseries de ses élèves et aux manoeuvres de ses collègues. Drôle, satirique et malicieusement contemporain, Petit Maître est un conte initiatique incontournable, considéré comme un classique des lettres japonaises.
Natsumé Sôseki (1867-1916) est encore aujourd'hui l'un des écrivains les plus étudiés au Japon. Il est notamment l'auteur de Je suis un chat, succès critique et public, et d'Oreiller d'herbes, l'un des romans fondateurs de la littérature moderne.
Le docteur Wilbur Larch, directeur de l'orphelinat de Saint Cloud dans le Maine, est investi d'une double mission. Ce gynécologue réalise « l'oeuvre de Dieu » en mettant au monde des enfants non désirés, mais assure également « la part du Diable », en pratiquant des avortements clandestins. Désireux de transmettre son savoir, il prend sous son aile un jeune orphelin, Homer Wells, développant dès lors de gênants sentiments paternels...
En 1936, la guerre civile éclate en Espagne. Elle fera plus de six cent mille morts. Témoin des événements, George Bernanos condamne les exactions de la répression franquiste, dans ce journal aux accents de pamphlet, qui fit scandale lorsqu'il fut publié en France en 1938. Il y prend fait et cause pour les républicains, et dénonce le ralliement de l'Eglise espagnole au coup de force nationaliste du général Franco. Grands cimetières sous la lune est un récit de combat, fondamental, toujours actuel.
Byron Aldridge, constable d'une scierie de Louisiane, noie dans l'alcool et la musique les traumatismes de la Grande Guerre. Pour le sauver, son frère Randolph rejoint l'exploitation. L'un fait régner l'ordre à coups de feu, l'autre croit au dialogue. Au coeur des marais, les deux frères vont devoir affronter les Buzetti, les gangsters propriétaires du saloon qui ont juré de les tuer avant le dernier arbre coupé...
Professeur de roumain, le narrateur enseigne dans une école de Bucarest. Si le métier le rebute, c'est pourtant dans cette école qu'il fera trois rencontres capitales : celle d'Irina, dont il tombe amoureux, celle d'un mathématicien qui l'initie aux arcanes de sa discipline, et celle d'une secte mystique qui organise des manifestations contre la mort dans les cimetières de la ville. Chef-d'oeuvre de Mircea Cartarescu, Solénoïde est le journal halluciné d'un homme qui cherche à percer le mystère de l'existence.
« Mon inquiétude égale mon impatience. Je ressens un doute, la création est comme un miracle, et le doute est conséquence de l'incertitude du miracle. » Un moine bâtisseur est chargé de la construction de l'abbaye du Thoronet. Une oeuvre qu'il veut pure, vraie, réelle. Jour après jour, il décrit la vie du chantier entre travail harassant et discipline de fer, les difficultés techniques, la lente marche vers l'édification du lieu saint. Les doutes assaillent l'architecte. Pour parvenir au chef-d'oeuvre distingué entre mille, il faut allier l'expérience du métier et la spontanéité de l'art, apprivoiser l'inconnu. La création est, d'abord, un acte de foi.
"pâle fin de journée et la gare est désert.
Dans les cafés les lumières ne sont pas encore allumées. dean est assis dehors à une des tables en fer. dans la rue en pente bordée d'arbres qui débouche sur la place, minuscule, presque seule, anne-marie descend. " elle n'est pourtant pas si jolie. mais dean est fou d'elle, de son corps, de sa peau. le temps d'une virée à travers la france, ils vivent un amour radieux, incandescent et fatalement éphémère.
Dans le but d'asseoir sa réputation auprès des voyous d'un quartier romain, Tommasino s'adonne à la violence. Devenu un de ces vitelloni, il mène une existence fulgurante. La prison puis la maladie sauront-elles le guider sur le chemin de la rédemption ? Le choix du réalisme, chez Pasolini, est moral et politique : la fugacité de ce destin, la brutalité d'une jeunesse égarée, interrogent le devenir de toute l'Italie d'après-guerre.
Par une nuit de tempête, un afro-américain et son fils sont témoins d'un terrible crime. Un homme a été tabassé à mort. Quelques mètres plus loin, à l'abri : un nourrisson dort paisiblement. Abasourdis, craignant la police, les deux hommes décident de fuir en emportant avec eux la mystérieuse petite fille. Dans cette libre adaptation du Conte d'hiver de Shakespeare, Jeanette Winterson offre une superbe réflexion sur le pouvoir destructeur de la jalousie et de l'avidité.
« La falaise la dominait de toute sa hauteur, et elle avait beau avoir les yeux baissés, elle sentait sa présence. Même dans la maison elle la sentait, comme si son ombre était tellement dense qu'elle s'infiltrait dans le bois. » Laurel Shelton et son frère Hank vivent au fond d'un vallon encaissé des Appalaches. Marquée par une tâche de naissance, Laurel est considérée comme une sorcière. Hank, revenu de la Première Guerre mondiale, y a laissé une main. Isolés, bannis, ils mènent une vie fastidieuse et solitaire. Mais lorsque Laurel rencontre un mystérieux joueur de flûte, sa vie bascule.
Ida est morte, frappée par un camion. Sa disparition suscite le trouble : qui était cette femme discrète, dévouée à son travail de bonne à tout faire ? Rien ni personne n'élucide ce mystère. D'elle, il ne reste que les mots de celles qui ont croisé sa route. Des mots amers qui tracent en contrepoint un saisissant portrait : celui d'un monde égoïste et cruel, dont Ida était la victime silencieuse mais victorieuse.
« Quand meurt, de façon inattendue, une personne aimée, on ne la perd pas tout en bloc ; on la perd par petits morceaux, et ça peut durer très longtemps. » Depuis le Canada où il s'est installé, John évoque avec nostalgie le puzzle de sa jeunesse, dans une petite ville du New Hampshire : la vie de collégien, les premiers émois amoureux, la quête du père inconnu, les débuts sournois de la guerre du Vietnam ; et par-dessus tout l'amitié parfaite avec Owen ? l'irrésistible Owen qui s'était voué à la double tâche de réparer le tort causé à John et de sauver le monde.
De son vivant, Tolstoï a publié six versions de La Guerre et la Paix.
Traduite pour la première fois en français en 2002, cette quatrième version du chef-d'oeuvre est indéniablement la plus romanesque : plus vif et plus enlevé, le récit y est traversé d'un souffle exceptionnel. Pour les initiés comme pour ceux que la version la plus longue intimide, cette édition permet de découvrir sous un angle inattendu la fresque mythique des Bolkonski, des Rostov et des Bézoukhov : trois lignées d'aristocrates dont les destins seront bouleversés par les guerres napoléoniennes.
Le président Koyaga est un maître chasseur... et un dictateur de la pire espèce. Lors d'une cérémonie purificatoire, un griot des chasseurs et son bouffon lui racontent sa propre vie, sans omettre les parts d'ombre et de sang. Après avoir fait la guerre d'Indochine, Koyaga a en effet pris la tête de la République du Golfe en usant de la sorcellerie et de l'assassinat. Accompagné de son âme damnée Maclédio, il a parcouru l'Afrique, prenant des leçons auprès de ses collègues en despotisme. On n'aura guère de peine à reconnaître au passage Houphouët-Boigny, Sékou Touré, Bokassa, Mobutu.
« Il s'agissait d'une armada de gamins qui couraient comme des scélérats. » Dans la Rome crépusculaire d'après guerre, une bande d'adolescents vit de petits larcins et de crimes divers. Cherchant la bonne combine qui leur fera gagner quelques lires, ils survivent tant bien que mal dans les faubourgs. Grand texte politique et moral, Les Ragazzi leur donnent la parole à travers la voix prodigieuse de Pier Paolo Pasolini.
Ce livre culte est le récit autobiographique de la cavale d'Anna, dix-neuf ans, évadée de prison qui, dans sa fuite, s'est brisé un os du pied nommé astragale. Sa route croise celle de Julien : il deviendra l'amour de sa vie. Il parle comme elle le langage des prisons et va l'aider à échapper aux autorités qui la traquent. De planque en planque, de rencontre en rencontre, la jeune fugitive est prête à toutes les audaces pour défendre sa fragile liberté. Quoi qu'il en coûte, chaque rayon de soleil est à prendre.
« L'orage s'était apaisé et le corbeau se taisait, mais qui sait s'il dormait ? » Il était une fois en Amérique, les forêts vierges du Mississippi, les voyageurs à cheval, les Indiens embusqués, les bandits, les trappeurs aux visages barbouillés de baies écrasées. En ces temps primordiaux les corbeaux savaient dire « Retourne-t'en, mon coeur, rentre à la maison ». Et au fond des bois vivaient Clément Musgrove, un planteur innocent, sa fille Rosamonde, belle comme le jour, une marâtre laide comme la nuit et Jamie Lockhart, le brigand bien-aimé.
Trois amis, se sentant surmenés, décident de remonter la Tamise en bateau. Les vacances idéales pour respirer un peu d'air pur, faire de l'exercice et se détendre ! Malgré les protestations de leur chien Montmorency, ils se lancent dans les préparatifs du voyage, et partent à l'aventure. Saynètes comiques et digressions hilarantes sur les comportements humains s'enchaînent au fil de l'eau.
* C'est en 1917, à Bienne (Suisse), que Robert Walser, au lendemain de ses années berlinoises, rassemble ces vingt-cinq proses brèves. L'écrivain évoque de nombreuses figures qui ont accompagné sa carrière, les paysages et les contes qui le hantent. Une tonalité changeante, à la fois facétieuse et fervente pour dire la solitude de l'artiste, ses déguisements, ses déboires et ses joies. * Né en Suisse en 1878, Robert Walser est l'auteur de Les Enfants Tanner, Le Commis et L'Institut Benjamenta. Salué de son vivant par les plus grands écrivains de l'époque, Brod, Kafka, Hesse et Musil, il meurt le jour de Noël 1956, au cours d'une promenade dans la neige.
« Ce n'est qu'une illusion terrestre de croire que les minutes s'égrènent comme les grains d'un chapelet et qu'une fois disparues elles le sont pour de bon. » Billy Pilgrim mène plusieurs existences à la fois. Il fait des sauts dans le temps et l'espace : il est tantôt un vieil opticien américain, tantôt un tout jeune vétéran qui revit sa lune de miel ou bien encore un humain que les Trafalmadoriens ont kidnappé pour l'exhiber dans un zoo sur leur planète. Et surtout, Billy est ce soldat américain prisonnier à Dresde dans un ancien abattoir au moment du bombardement et de la destruction totale de la ville en 1945.
À « Monsieur le Commandant », Paul-Jean Husson adresse cette terrible lettre. Signée de la main d'un intellectuel, écrivain renommé et académicien. Héros de la Grande Guerre également, attaché à la France de Pétain. Après la défaite de juin 40, son fils rejoint les résistants de Londres, laissant derrière lui son épouse Ilse. Paul-Jean Husson en tombe éperdument amoureux. Mais si sa nationalité allemande ne le dérange pas, il en va autrement de ses origines juives. Au point de le pousser aux dernières limites de l'ignominie.
« Dee le repéra avant tout le monde. Elle en fut très heureuse et fit durer l'instant ».
En six ans, c'est la quatrième fois qu'Osei, fils d'un diplomate ghanéen, arrive dans une nouvelle école. Premier élève noir de cet établissement de la banlieue de Washington, Osei intrigue. Osei diffère. Osei dérange. Seule Dee, petite fille modèle et populaire, ose l'aborder. Les deux enfants se rapprochent et nouent une relation particulière tandis qu'autour d'eux la jalousie fait rage et les complots se forment. Un seul but : briser les liens qui unissent les deux amis.
« Il engagea la décapotable sur le chemin, et Margaret se laissa aller contre son dossier pour regarder le ciel se déverser sur elle en une enveloppante cascade de bleu »: un couple, ébloui par la splendeur de l'automne, sillonne les routes du Vermont.
A la faveur d'une halte aux abords d'un village isolé, Ross sort pinceaux et chevalet, Margaret ramasse quelques pommes sauvages et aperçoit la silhouette fragile d'une jeune femme venant à sa rencontre. Entre rêve et mélancolie, cinq nouvelles de Wallace Stegner au sommet de son art.
« Je rayonne et je suis pur. » Âgé de 24 ans, Herbert Huncke a déjà sillonné le grand espace américain quand il débarque à New York, en 1939. Il y fait bientôt la connaissance de Burroughs, puis de Ginsberg et de Kerouac - qui voyait en lui « le plus formidable raconteur d'histoires » ! Prostitution, drogue, errance, emprisonnements : cette vie pourrait ressembler à une galère. Mais par son regard singulier et jamais plaintif sur les bas-fonds, Huncke réussit à faire pousser des fleurs dans un gros paquet de merde.