« À la lumière ténue du plaisir traqué, je crains de ne jamais connaître mon chagrin. Je fais appel à toi avec un cri qui concentre le coeur. Quand pousserai-je un cri de gratitude ? Quand chanterai-je vers ta miséricorde ? ».
La fin des années 1970 est difficile pour Leonard Cohen. Deuil de sa mère, séparation d'avec la mère de ses enfants, approche de la cinquantaine. Il opère alors un retour au judaïsme et explore sa relation à l'Éternel. Regorgeant de louanges, de colère, de doute et de confiance, les psaumes contemporains de Book of Mercy (Livre de la Miséricorde) chantent la plainte humaine et passionnée d'un homme à son créateur et permettent à l'auteur de se sauver du désespoir.
Voyage parmi les morts, tableau politique de l'Italie, de l'Antiquité au XIVe siècle, manuel de théologie, réquisitoire contre la corruption des puissants et la décadence des papes, La Divine Comédie est aussi un fabuleux roman d'aventures, qui, par ses visions d'horreur et d'extase, a marqué peintres, poètes, romanciers et cinéastes jusqu'à nos jours. Pour en permettre une lisibilité rapide, cette nouvelle version en octosyllabes tente de retrouver la légèreté vivante et vibrante d'un style éternellement moderne, où s'entremêlent noblesse savante et insolence populaire.
Dans cette anthologie très personnelle, Françoise Chandernagor nous convie à la lecture des textes de femmes poètes francophones de tous horizons, que l'histoire littéraire a injustement laissées dans l'ombre, et nous raconte leurs vies si souvent tumultueuses. De ces regards de femmes sur l'amour émerge peu à peu, au sein d'un patrimoine poétique jusqu'ici essentiellement masculin, un chant singulier.
De la très sensuelle Béatriz de Die à la romantique Marceline Desbordes-Valmore, de la sulfureuse Renée Vivien à la pieuse Marie Noël, des « troubadouresses » aux « garçonnes », des plumes québécoises aux plumes libanaises, voici un panorama incomparable de l'amour à travers neuf siècles d'expression poétique.
« Masque noir masque rouge, vous masques blanc-et-noir, Masques aux quatre points d'où souffle l'Esprit, Je vous salue dans le silence ! ».
Souvent symboliste, toujours musicale, la poésie de Léopold Sédar Senghor s'inspire des chants incantatoires dont les mots et les rythmes se lient à la pensée et au corps. Dans ce volume, est réunie l'intégralité de son oeuvre : Chants d'ombre, Hosties noires, Éthiopiques, Nocturnes, Lettres d'hivernage, Élégies majeures, Poèmes perdus, ainsi que Dialogue sur la poésie francophone et un ensemble de poèmes divers.
J'ai l'âme gavée de poussières.
Morceaux d'étoiles crachés.
Depuis que le ciel tombe.
Dans le même esprit que ses romans, les poèmes de Simon Johannin sont ceux des belles âmes esseulées dans un monde souvent aride et brutal. Les voix crient la liberté dans des vers délestés de leur ponctuation, aussi vifs que des éclairs. Des voyous pas méchants, des jeunes gens pas prêts quoique robustes se chamaillent pour trouver une place au soleil. La précarité guette le porte-monnaie et les sentiments avec la même férocité. Pourtant, devant le vertige du quotidien, il s'agit de ne pas tomber dans les écueils du ressentiment, de s'acharner à trouver du sens et du plaisir, pour que l'amour jaillisse de la noirceur avec éclat.
Fils de samouraï, Basho (1644-1694) a vécu de son art et pour son art dans un dénuement choisi. À l'âge de treize ans, il apprend d'un maître du haïku les rudiments du genre puis fonde l'école de Shomon. Ses pérégrinations et ses longs séjours dans des ermitages inspireront son oeuvre. Il meurt à Osaka après avoir confié à ses disciples : « La fleur du haïkaï est dans la nouveauté. » Ce recueil regroupe l'intégrale des haïkus de Basho en version bilingue.
La voix pleine de sourires et pleine de larmes Sincère comme ce père noir qui repart en pleurs d'un parloir J'ai eu la chance quelque part d'avoir été sauvé par l'art oratoire Ce volume se compose des textes de l'album L'Hiver peul mais aussi de nombreux poèmes inédits de Souleymane Diamanka. L'auteur jongle avec les mots, les fait « métisser ». Sa poésie prêche l'oralité, apparie avec finesse ses cultures peule et européenne, parce qu'il est fier d'être « habitant de nulle part et originaire de partout », dépositaire d'un chant intemporel, d'un appel à l'Amour, à la Tolérance et à la connaissance de l'Autre.
« Balayer le Coeur avec soin.
Mettre l'Amour de côté.
Nous ne nous en servirons plus.
Avant l'Eternité ».
Ce volume réunit plus de cent cinquante poèmes de l'une des plus grandes poétesses du XIXe siècle. Hantée par le néant, Emily Dickinson n'a eu de cesse de questionner la nature, la folie, la foi, l'amour et la mort. Sa poésie, habitée de fulgurances mystiques, joue autant de la gravité que de l'ironie, de l'émerveillement que de la dérision, mêlant sentiments intimes et thèmes universels avec une audace stylistique et rythmique d'une modernité saisissante.
« Il y a une douceur à l'existence, un dire renouvelé, des ombres qui apportent du repos, l'atténuation des angles, la pousse des plantes... ».
Résonnant comme un testament littéraire, cette anthologie est le fruit d'une sélection toute personnelle d'Etel Adnan : Saisons, Mer et Brouillard, Nuit, Surgir, Déplacer le silence, cinq recueils constituant la quintessence de son oeuvre poétique. L'écrivaine y livre ses méditations sur le monde, les mythes, l'histoire, l'amour, le silence, le langage, l'avancée dans l'âge, la contemplation de la nature, la quête de la beauté, la mort ou encore la renaissance. Mêlant poésie, prose et philosophie, elle propose une exploration fragmentaire de la réalité, questionne la condition humaine et tente de concilier la mémoire et le temps.
Née à Beyrouth, Etel Adnan (1925-2021) est une artiste, poète et essayiste libano-américaine mondialement reconnue et érigée en modèle par les poètes et poétesses d'aujourd'hui.
Traduction : Martin Richet, Jérémy Victor Robert, Françoise Despalles, Pascal Poyet et Françoise Valéry.
Arrimons Terre, accrochons-nous au pérenne.
Le péril est déjà ici !
Et toi ma soeur, toi mon frère, toi l'inconnu.
Qui partage mon langage écoute ma prière.
Colporte-la si elle te plaît !
La poésie d'Abdourahman Waberi invite à la fois au dialogue intérieur et à la découverte de l'Autre. Face au tragique de notre monde contemporain en crise, elle nous transporte vers le chemin de la Beauté et du sens caché de l'univers. Véritable clin d'oeil à Jacques Brel, Quand on n'a que la terre nous apprend également à aimer notre planète, un amour qui s'avère contagieux.
Inconnue, elle était ma forme préférée.
Celle qui m'enlevait le souci d'être un homme.
Et je la vois et je la perds et je subis.
Ma douleur, comme un peu de soleil dans l'eau froide.
Recueil emblématique du XXe siècle et oeuvre majeure de Paul Éluard, Capitale de la douleur cristallise l'intensité du sentiment amoureux. Profondément meurtri de voir la femme qu'il aime s'éloigner de lui, l'auteur rédige des poèmes où le rêve côtoie le désir, où le « je » est universel. Des textes, qui comptent aujourd'hui parmi les plus beaux poèmes d'amour : « L'amoureuse », « La courbe de tes yeux fait le tour de mon coeur »... (Chacun de nous, dans la traversée de l'absence de l'être aimé, peut s'y reconnaître). De nombreux poèmes portent les noms d'artiste de l'époque : Pablo Picasso, André Masson, Paul Klee, Max Ernst, Georges Braque, ou encore Joan Miró.
Je brille comme une étoile, l'animal qui me regarde, est ébloui.
La création mythique des peuples indiens, l'usage et l'invention des noms indiens, les métamorphoses animalières, les litanies des chamans et médecins, tels sont les grands thèmes regroupés dans cette anthologie de référence. Poèmes, petites chansons, légendes, incantations, épopées se déploient au fil du livre et tracent une conception toute particulière de la langue, de la parole, de l'écrit. Pour les Indiens d'Amérique du Nord, qui s'appelaient simplement « Les Hommes » ou « Le Peuple », le mot était un acte, le poème agissait, l'art était la vie même. Véritable partition poétique, à la fois cosmogonique et musicale, d'une liberté d'imagination sans pareille, cette anthologie est un formidable hymne à la beauté.
Un de ces jours.
J'arracherai la porte.
Et me mettrai debout à sa place.
Afin de m'interdire de sortir.
Vers la fosse du monde.
Mazen Maarouf.
Cette anthologie pose un acte fort : réunir les plumes les plus prometteuses de la nouvelle poésie palestinienne, rompre le silence en redonnant une voix à celles et ceux qui vivent aujourd'hui dans la pénombre de l'impasse, presque invisibles, en tout cas inaudibles. S'y révèle un champ poétique entièrement renouvelé, espace sans limites où tout est encore possible : écrire, aimer, rêver, voyager loin, penser librement.
« Jamais auparavant nous n'avions eu, venant de l'aire culturelle à laquelle ces femmes et hommes appartiennent, une poésie s'inscrivant avec autant de naturel dans ce qui se fait de plus pertinent, de plus percutant en matière de poésie contemporaine ».
Abdellatif Laâbi
Quand on écrit depuis pas mal d'années, souvent, on vous fait des suggestions : Tiens, tu devrais faire un livre sur les lectures publiques ; ou bien : Tu voudrais pas écrire un livre sur l'amour ? ou bien : Vous devriez écrire ce que vous me dites ; ou encore : Vous devriez écrire sur ce qui se passe en ce moment.
Bon.
J'écris toujours sur ce qui se passe en ce moment ; le problème, c'est que ça change tout le temps, et comme je tiens à continuer à écrire sur ce qui se passe en ce moment - bien que ça change tout le temps -, eh bien je ne me vois pas tenant un sujet ; encore moins tenant mon sujet.
Même lorsque me tenait un sujet-un objet a priori uniques (Jeanne d'Arc, Chaussure), je n'ai jamais eu l'impression (ni l'intention) de « tenir » quoi que ce soit, plutôt celui d'écrire en abduction, c'est-à-dire les doigts bien écartés.
Tomates parle donc de ce qui se passe au moment où il est écrit (2009), de la plante au sommet de l'État. C'est un texte occupé. Pas seulement par moi, malgré les apparences. Un texte occupé par l'imposition d'un style, comme ils disent, par un ton, par des faits, par des manières de rapporter ces faits.
De cette occupation, je n'ai pu me défendre que par une préoccupation - une inquiétude. Et par un amateurisme acharné en tout (de la culture des tomates à la culture tout court, de la politique à l'autobiographie). Il ne faudrait pas en attendre une définition, ou une description, valides (encore moins validées) du fascisme, par exemple, même s'il en est souvent question. Je crois qu'on y repère par moments des bribes d'essai, de critique littéraire, une conversation romanesque autofictive, des pamphlets en trois lignes, un lot de syllogismes, et toutes sortes de ressemblances ponctuelles avec des genres existant ou ayant existé. Cela dit, comme je l'ai écrit d'une traite, il me semble qu'il peut se lire d'une traite ; traversé, accompagné, par l'inquiétude - ou l'impression durable d'avoir les boules que je ne pense pas être la se! ule à avoir ressentie cette année-là.
Les notes ont dès la première phase de rédaction pris une place importante. Elles donnent des outils, des rappels, des relais, des titres de livres, des citations, de longs passages, etc. : tout ce qui peut servir à la transmission, tout ce qui peut permettre d'établir des relations entre des faits ou des moments historiques qui paraissent incommensurables. Elles discutent et disputent aussi, à vrai dire, car elles ne sont pas plus sûres d'elles que je ne le suis de moi-même ; ce sont comme des amorces de conversation avec quelques fameux morts (Blanqui, Ducasse) et d'autres, bien vivants.
Ce volume se compose du recueil Ferrements (1960) et d'un ensemble parcourant un demi-siècle de poésie. On y retrouve toute la force de la « parole essentielle » de Césaire : une poésie où le lyrisme vient conjurer l'informe, où l'imaginaire des Antilles, la sensualité des images, la flambée des mots rebelles éclairent les rêves et les angoisses d'un nouveau monde à forger.
Je réfléchis depuis longtemps.
À la forme maximale de cruauté.
Mais je n'ai rien trouvé d'autre qu'une journée.
Et une nuit et une autre journée et une autre nuit.
Laura Vazquez propose à travers cette anthologie une sélection de poèmes, dont certains inédits, publiés entre 2014 et 2021. À travers une écriture alerte et dépouillée, ses poèmes évoquent des thématiques essentielles telles que le corps, le langage ou les êtres humains. Les images qui tissent sa poésie construisent un univers animiste qui hypnotise et bouscule notre vision du monde et de sa réalité, donnant à entendre l'une des voix les plus singulières et percutantes de la création poétique contemporaine.
La poésie de Dany Laferrière exalte le goût du voyage et pénètre les mystères de la nuit tropicale.
Alain Mabanckou
Ses cuisses, qui m'échappaient Comme des poissons surpris, C'était le feu tout entier, Et aussi la fraîcheur même.
Romancero gitan est le plus célèbre des recueils de García Lorca. Le poète y met en scène l'Andalousie et le monde gitan dans une tragédie musicale et poétique. Il y chante le drame de la condition humaine et les liens de l'amour fou avec la mort. Une superbe illustration des coplas andalouses (chants accompagnés à la guitare) et de l'âme espagnole du XXe siècle.
Prononçant de doux mots, à Lui elle s'adresse :
- Couvre, oh oui, couvre-moi d'amour et d'élixir.
Couche, oh oui, couche-moi sur le lit du désir !
Moïse ibn Ezra.
Du roi Salomon au Siècle des lumières, de l'Andalousie à la mer Rouge, la poésie amoureuse hébraïque a puisé son inspiration dans les lettres arabes, le sonnet italien, et la poésie courtoise. Empruntant aux sources bibliques, qu'il s'agisse de passions humaines ou d'adoration divine, cette poésie chante avec une ferveur égale les amours sacrées et les amours profanes.
Avec ce toucher vif et vibrant dont il a le secret, Thomas Vinau nous offre en quelque deux cent trente poèmes une histoire qui écope la tempête, les nuages et les mensonges pour que seul reste l'essentiel. Sans grands gestes, en toute simplicité, le poète croque le quotidien, s'interroge sur notre présent, illustre notre condition humaine. Juste après la pluie est un livre d'usage et de combat pour tous les jours.
Tout maître en puissance doit se poser la question du genre de nègre qu'il veut ou pour lequel il est prêt à payer.
C'est un long et ennuyeux processus que de trouver le bon nègre.
Étrangement, on a fort peu écrit sur cet épineux sujet.
L'audacieux et inclassable Percival Everett mélange les genres et les tonalités, proposant une écriture poétique d'une liberté totale. Son Manuel de dressage, guide pour le propriétaire d'esclaves américain, prend la forme d'un document historique parodique. Poussant à se mettre dans la peau de ceux qui ont monnayé et réduit en esclavage d'autres êtres humains, le texte donne le vertige. Dans le recueil Truite de fond, la poésie se fait virtuose et élégante, bousculant notre perception de la réalité.
Né en 1956 en Géorgie (États-Unis) et diplômé de littérature et de philosophie, Percival Everett est romancier, poète et peintre. Il dirige le département de littérature de la Southern California University et a signé de nombreux ouvrages, dont Effacement et Blessés.
Avertissement : cette version numérique de Manuel de dressage est optimisée pour une consultation sur smartphones et tablettes sous Androïd ou iOS. Elle peut éventuellement être utilisée sur d'autres équipements. Les fonctionnalités dépendent des applications de lecture utilisées.
Somnolant au printemps sans s'éveiller à l'aube.
Partout s'entend le chant des oiseaux.
La nuit, vient le bruit du vent et de la pluie.
Qui sait combien de fleurs sont tombées ?
Meng Hao Jan.
Les plus grands poètes chinois classiques, de Juan Chi (iiie siècle) à Ryokan (xviiie siècle), en passant par Han Shan, Wang Wei ou encore Li Po, sont imprégnés de l'esprit du tao et du ch'an (équivalent du Zen japonais). Cette inspiration philosophique met l'accent sur les thèmes de la Voie, de l'écoute de Soi et de l'ermitage en montagne. Leurs poèmes ici choisis et rassemblés sont rehaussés par une calligraphie originale.
Ce volume est constitué de la version définitive de Soleil cou coupé et de Corps perdu, réunis sous le titre général de Cadastre, auquel s'ajoute le dernier recueil d'Aimé Césaire, Moi, laminaire...
Virtuosité du rythme et de la syncope, richesse du langage : la voix singulière de Percy Bysshe Shelley demeure l'une des plus belles et des plus fascinantes de la poésie anglaise. Ode au vent d'Ouest et le long poème visionnaire à la mémoire de John Keats, Adonaïs, comptent parmi les oeuvres les plus importantes du romantisme anglais.