En 1925, à la demande de La revue de France, Paul Valéry écrit un article où il livre ses réflexions sur une possible crise de l'intelligence dans une société de plus en plus mécanisée sous l'horizon de la science toute puissante.
Le nouveau paradigme généré par la machine, la statistique et l'idéal mathématique laissera-t-il encore une place à l'individu, à sa complexité, à son rêve, à sa lenteur, à son goût de la beauté?? L'ultra-modernité n'est-elle pas en mesure de porter atteinte aux dimensions proprement constitutives de l'humanité de l'homme??
Autrement dit, l'homme moderne ne sera-t-il pas accablé par la puissance de ses moyens??
Autant de questions qui, au moment du déploiement inéluctable de la révolution numérique et de l'imperium naissant de l'intelligence artificielle, sont d'une étonnante actualité.
Après La crise de l'esprit (2016), La liberté de l'esprit (2019), les éditions Manucius continuent d'explorer l'oeuvre morale et visionnaire d'un des grands esprits du XXe siècle.
Extrait de Regards sur le monde actuel, La liberté de l'esprit succède à La crise de l'esprit qui constatait la faillite de l'Europe après la grande guerre.
Vingt plus tard, posant un regard lucide sur les mutations qui secouent son époque, Valéry dissèque le monde actuel, relevant, non sans pessimisme, les accrocs de la modernité à la dignité de l'esprit. La critique qu'adresse le poète à la modernité et à ce qui la constitue essentiellement: une modification du rapport au temps, une baisse de la valeur de l'Esprit et un assujettissement de l'homme à l'argent. Les essais ici publiés sont éloquents à cet égard. Pour Valéry, c'est la fin du temps libre, ce temps où l'esprit se consacre à son propre développement par la fréquentation de l'art, de la philosophie, de la littérature.
Au lendemain de 14-18, Paul Valéry, publie La crise de l'esprit avec pour incipit Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. La civilisation dont il s'agit est celle de l'Europe et l'auteur questionne son malheur, sa tragédie.
Note (ou L'Européen) complète ce 1er texte. Valéry y décrit l'Europe et son génie autour d'Athènes, Rome et Jérusalem: «Partout où les noms de César (.) et de Virgile, partout où les noms de Moïse et de St Paul, partout où les noms d'Aristote (.) et d'Euclide ont eu une signification et une autorité simultanées, là est l'Europe.» La guerre, l'Histoire, l'identité, autant de questions qui vont continuer à hanter notre continent durant le XXe siècle jusqu'à nos jours. Ces deux textes de P. Valéry restent d'actualité.
Commencé en octobre 1888 Ecce Homo fut achevé le 4 novembre quelques semaines avant l'effondrement de son auteur. Divisé en quatre parties: Pourquoi je suis si sage/Pourquoi je suis si malin /Pourquoi j'écris de si bons livres/Pourquoi je suis une fatalité, il ne sera publié qu'en 1908. Ouvrage autobiographique, ce n'est pourtant jamais de sa petite vie dont nous parle Nietzsche. Le philosophe tend au contraire à mettre en lumière le caractère universel de certains événements vécus. Quelles pulsions, quels affects, quelle santé faut-il avoir pour faire la Généalogie de la morale? T el est l'objet d'Ecce homo et plus particulièrement de Pourquoi je suis si malin dans lequel Nietzsche expose une sorte de vademecum d'existence nécessaire à tout homme souhaitant développer sa vertu.
La publication des Parerga et Paralipomena fut à l'origine de la reconnaissance et du succès tardifs de Schopenhauer. Le dernier essai des Parerga sont les Aphorismes sur la sagesse dans la vie. De la réputation en est le quatrième chapitre et livre une réflexion morale sur la vanité, l'orgueil et la gloire. Comme à son habitude Schopenhauer est sans concession, ainsi, chacun cherche à éviter le dédain ou l'humiliation, à obtenir l'opinion favorable d'autrui, c'est pourquoi l'opinion des autres est nuisible à notre bonheur. La vanité est la base de cette volonté de reconnaissance, or le bonheur n'est pas à chercher dans la considération de l'autre car il s'agirait d'un bonheur externe, fluctuant, éphémère.
Ajouté en 1887 aux 4 livres déjà publiés en 1882, le 5e livre du Gai Savoir s'intitule Nous autres hommes sans crainte. De quelles peurs Nietzsche s'est-il donc libéré ? Notamment de celle qui terrassait l'insensé du §125. Annonçant la mort de Dieu ce dernier invitait avec angoisse à en prendre la mesure. Si le déicide signifie la victoire de l'athéisme, elle présente le redoutable danger du nihilisme. De sorte que la mort du pouvoir spirituel se solderait par le culte de l'instant.
Voilà pourquoi Nietzsche fait valoir les conséquences délétères de la politique contemporaine pour la culture, à l'heure où l'art ne prend plus racine dans le temps long des cristallisations symboliques, mais s'éparpille sous la pression d'une époque histrionique qui ne sait plus à quel saint se vouer.
La publication des Parerga et Paralipomena en 1851 fut à l'origine du succès tardif de Schopenhauer. L'un des essais des Parerga conçus comme «compléments» à la pensée de leur auteur, sont les Aphorismes sur la sagesse dans la vie. De la différence des âges de la vie en est le chapitre 6 et livre une réflexion morale sur les étapes successives de toute existence humaine, à savoir l'enfance, la jeunesse, l'âge mûr et enfin la vieillesse. L'auteur décrit ces différents âges en y recensant les forces et les faiblesses de chacun d'entre eux, laissant à la vieillesse - temps de de la sagesse - un avantage incomparable sur tous les autres, sous réserve «d'avoir conservé l'amour de l'étude [...] et en général la faculté d'être impressionné jusqu'à un certain degré par les choses extérieures».
Kant (1724-1804) est un philosophe très sérieux, auteur (entre autres) de la Critique de la raison pure et de la Critique de la faculté de juger, son nom reste indissolublement lié à l'idéalisme transcendantal, doctrine en laquelle il démontre que nos connaissances sont issues de l'organisation des données de la sensibilité par les catégories de l'entendement, ce qui les fonde universellement, mais non absolument. Sa vie fut toute de rigueur, réglée à l'image de la machine:
Horaires inflexibles et immuables, promenades à l'identique chaque jour, siestes millimétrées, etc. Ce que l'on sait moins c'est qu'il fut l'inventeur du portejarretelles transgenre, qu'il inventa une gymnastique anti-transpiration, et qu'il écrivit un petit précis sur les extraterrestres que nous vous livrons ici.
La philosophie de Claude Henri de Saint-Simon (1760-1825) est à l'origine de nombreuses disciplines comme la sociologie ou la science politique. Elle est à la source des grandes idéologies contemporaines, socialisme, libéralisme, positivisme, anarchisme, technocratisme, communication. Chevalier d'un monde industriel nouveau, ce pionnier veut changer la société, faire l'unité européenne et promouvoir « l'association universelle ». Il pense une nouvelle société qu'il nomme « la société industrielle » et qui demeure la matrice de la vision occidentale du monde. Les disciples saint-simoniens contribuent ainsi aux Révolutions de 1830 et 1848. Certains deviennent de grands financiers et des capitaines d'industries, réalisant les grands travaux de chemins de fer ou du télégraphe, créant les maisons de crédit et les entreprises françaises de réseaux. Les utopies sociales et technologiques saint-simoniennes continuent aujourd'hui de se réaliser et de faire rêver.
Si l'on connaît l'importance de la diète dans les éthiques grecques, les considérations gastronomiques des modernes paraissent souvent plus dérisoires. Le cas de Nietzsche est exemplaire à cet égard, on lit avec sourire ses propos diététiques. On aurait pourtant tort de s'y méprendre: le registre gastroentérologique est chez lui au centre de ses préoccupations quotidiennes et philosophique. Et il s'agit de penser ces deux pans de la personnalité du philosophe pour prendre la mesure de la profondeur conceptuelle que dissimulent ses propos de table. Le registre culinaire et diététique chez Nietzsche n'a pas vocation à être simplement édifiant mais sert de levier métonymique pour penser la nature et le devenir de la civilisation dans son ensemble.
Devant la mort correspond au livre III du De la nature des choses de Lucrèce, poète latin du 1er siècle av. JC. A la suite d'Épicure, Lucrèce tente de nous délivrer de l'angoisse de la mort qui est l'obstacle majeur à notre bonheur.
Le poète y démontre que l'âme naît et meurt en même temps que le corps. Ainsi la mort n'est alors pas à craindre, et les hommes ont tort de redouter un état qu'ils ne pourront jamais connaître car comme dit Epicure: «la mort n'est rien pour nous. Car tout bien et tout mal résident dans la sensation : or la mort est privation de sensation. [...] Le plus terrifiant des maux la mort n'a donc aucun rapport avec nous puisque précisément, tant que nous sommes, la mort n'est pas là, et une fois que la mort est là, alors nous ne sommes plus.» Ainsi nous sommes éternels.
Edgar Allan Poe (Boston, 19 janvier 1809 - Baltimore, 7 octobre 1849) est surtout connu pour ses Histoires extraordinaires et ses Nouvelles Histoires extraordinaires, traduites par Baudelaire en 1857, qui rassemblent une quantité impressionnante de célébrissimes nouvelles : de La Lettre volée (1844) qui inspira le psychanalyste Jacques Lacan, au Scarabée d'or ( 1843) jusqu'au Double assassinat dans la rue Morgue (1841) qui inventa le roman policier, sans oublier Le Puits et le pendule (1843) ni la très fameuse Vérité sur la cas de M. Waldemar (1845), pour n'en citer que quelques unes.
L'Homme des foules (The Man of the Crowd) parut à Philadelphie, en décembre 1840, dans le premier numéro du " Graham's Magazine ". La nouvelle attira l'attention particulière de Charles Baudelaire, lui-même auteur d'un court poème en prose Les foules (in Le Spleen de Paris, 1862), de Walter Benjamin qui lui consacre un long commentaire dans son Charles Baudelaire- Un poète lyrique à l'apogée du capitalisme (1955). Plus proche de nous Jean-François Mattéi en tire l'épigraphe et le titre de son essai Le regard vide -Essai sur l'épuisement de la culture européenne (Flammarion, 2007). Il en dégage une saisissante proximité avec les analyses de Tocqueville (De la démocratie en Amérique 1835 et 1840), concernant la nature de " l'homo democraticus ", l'homme moderne perdu dans la multitude, dans l'innombrable foule, ne pouvant vivre que dans son coeur, prêt à disparaître dans " une foule innombrable d'hommes semblables et égaux qui tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et de vulgaires plaisirs dont ils emplissent leur âme. " Poe, quant à lui, écrivait, au même moment, dans L'Homme des foules, parlant du même homme, " il entrait successivement dans toutes les boutiques, ne marchandait rien, ne disait pas un mot, et jetait sur tous les objets un regard fixe, effaré, vide. " Le texte de Poe est présenté par Jean-François Mattéi qui poursuit à cette occasion, dans un important essai - Edgar Poe et le regard vide -sa méditation sur la situation de l'homme contemporain dans nos sociétés massifiées et planétarisées.
La traduction proposée de The Man of the Crowd est celle de Charles Baudelaire.
Dès l'âge de 12 ans (en 1856) et jusqu'à la fin des ses études, Nietzsche s'est attaché à l'exercice autobiographique avec lequel il devait renouer, de façon ultime, en écrivant Ecce Homo (1888). S'il serait hasardeux de chercher dans ces textes de jeunesse la formation des concepts nietzschéens, il n'en demeure pas moins qu'apparaissent, au fil des descriptions et des narrations, les éléments déterminants de ce qu'on se résoudra à appeler « l'invention d'une singularité ». Sans doute, celle-ci n'apparaît pas déjà comme une « vocation philosophique », mais elle en dessine les prémisses qui sont tout autant la genèse d'une sensibilité que celle d'un rapport au temps et, plus explicitement, au temps fini de la vie, à la mortalité. Mais surtout cette singularité s'invente dans un rapport aux livres, à la lecture et à la répétition de l'écriture à commencer par l'écriture de soi, véritable anamnèse.
Dans le présent volume, on propose donc d'abord une traduction des plus significatifs de ces textes autobiographiques. Ensuite une longue postface intitulée L'invention d'une singularité qui pourrait se résumer dans une méditation de l'adage pindarique que Nietzsche avait choisi de faire sien : « Deviens celui que tu es ! »
"la continuité de l'emportement et l'habitude de souvent se choquer déterminent dans l'âme la situation mauvaise qu'on appelle colère, et qui dégénère en débordement de bile, en amertume, en aigreur intraitable.
C'est alors que l'âme ulcérée s'irrite des plus petites choses, et cherche querelle à propos des premiers griefs venus. on dirait un fer mince et sans force, qui cède à la plus légère déchirure. mais si dès l'origine, le jugement lutte contre la colère et la dompte, non seulement il remédiera au mal présent, mais il rendra l'âme désormais vigoureuse, et cette passion ne l'attaquera plus que difficilement.
Pour me citer moi-même, il m'est arrivé, après avoir résisté à la colère en deux ou trois circonstances, d'éprouver ce qui arriva jadis aux thébains. une première fois que ceux-ci eurent repoussé les spartiates, réputés invincibles, ils ne furent plus jamais vaincus par eux dans une seule rencontre. pareillement, je pris la ferme résolution de croire que je pouvais triompher de la colère avec l'aide du raisonnement "
Pendant dix-huit ans le grand philosophe français Jean-Francois Mattéi participa à une réflexion sur les questions d'éthique économique réunissant annuellement économistes, juristes, experts du monde de l'entreprise. Ethique et économie rassemble ses textes issus de ces rencontres. L'ouvrage comblera les attentes éthiques du lecteur soucieux d'une économie moralement rigoureuse. A travers des thèmes aussi divers que Le vide éthique et la morale économique, le rôle des médias, le droit de propriété, l'éthique de la mondialisation, la corruption, la recherche de justifications éthiques à l'impôt; Jean- Francois Mattéi montre que la dimension éthique des échanges économiques s'avère être un enjeu fondamental singulièrement à notre époque de globalisation des échanges et des cultures.
Découverte de l'archipel dont est extrait L'âme juive prolonge la réflexion d'Elie Faure sur l'histoire de l'art à laquelle il associe pensée ethnologique et socio-culturelle. Il y identifie les caractéristiques de l'âme juive en posant la question du nomadisme: je crois qu'après des siècles d'errance, la fixation d'un peuple sur un territoire a pu faire éclore en lui une puissance intellectuelle extraordinaire. Si sa démonstration porte parfois l'empreinte des clichés racialistes souvent admis à cette époque, son propos ne partage jamais les finalités antisémites revendiquées par certains de ses contemporains. Par son formidable sens critique, le peuple juif apparaît à l'auteur comme le peuple créateur, exerçant depuis des siècles une influence décisive dans l'histoire européenne.
La pensée de Nietzsche s'expose comme la transposition philosophique et littéraire de son expérience du monde et de lui-même, à laquelle il donne le nom de « Gai Savoir ». Derrière le mot d'ordre se cache une méthode rigoureuse et minutieuse, qui au-delà de toute recette, nous montre comment il revient à chacun d'entre nous d'appréhender notre vie et notre pensée en comprenant en quel sens elles dépendent l'une de l'autre. Le livre IV du Gai Savoir, « Sanctus Januarius », est une véritable méditation sur la manière dont la philosophie nous permet d'accéder à une maîtrise de soi d'un type nouveau : en comprenant comment le philosophe allemand conçoit « gaiement la gaieté », le lecteur est appelé lui-même à prolonger la perspective de Nietzsche pour lui-même.
Cet ouvrage entend réparer une lacune concernant l'un des plus grands philosophes de l'occident, en livrant pour la première fois au public une partie encore inédite de la correspondance de Friedrich Nietzsche (1844-1900). Il propose une traduction de 180 lettres rédigées par Nietzsche dans les dernières années de sa vie consciente ; 54 % d'entre elles étant encore inédites en français. Ces lettres sont dotées d'une introduction et accompagnées d'un appareil de notes critique.
Cette sélection de lettres s'articule autour d'un axe bien précis : il s'agit de suivre l'évolution du grand projet philosophique de Nietzsche. En 1886, alors qu'il vient d'achever Par delà Bien et Mal, il entreprend de rédiger un ouvrage majeur ayant pour objectif d'exposer son système philosophique : La Volonté de puissance. Ce projet va connaître de nombreuses évolutions jusqu'à la fin de l'été 1888, date à laquelle Nietzsche l'abandonne définitivement : " mon travail bien et longuement préparé, qui devait être fini cet été, est littéralement "tombé à l'eau" " (à M. von Salis). Or, dès le 7 septembre, il confie à plusieurs de ses amis s'être engagé dans un autre grand projet : L'inversion de toutes les valeurs, qu'il va présenter comme constituant son " oeuvre principale " (à C. G. Naumann). Cette Inversion finira par voir le jour sous la forme de L'Antichrist. Durant ces deux années où il a ardemment travaillé à ses projets de Volonté de puissance et d'Inversion de toutes les valeurs, Nietzsche a confié à ses amis, ses lecteurs et ses éditeurs, ses avancées, ses doutes, ses échecs. Les lettres sont les témoins privilégiés de la progression de son travail. Elles permettent de mieux saisir les raisons de l'abandon de La volonté de puissance et de la promotion de L'Antichrist au rang d'Inversion de toutes les valeurs en sa totalité.
Les lettres datant du dernier trimestre de l'année 1888 contiennent en outre des indications très précises sur la manière dont Nietzsche voulait voir paraître cette Inversion de toutes les valeurs, notamment sur le rôle qu'il réservait à Ecce Homo, qualifié d' " avant-propos " (à P. Gast), d' " avant goût " (à G. Brandes), d' " écrit préparatoire " (à C. G. Naumann) pour L'Antichrist. Elles montrent comment, avec L'Antichrist et Ecce Homo, Nietzsche pensait avoir parachevé sa philosophie, invalidant par là un préjugé tenace voulant que sa philosophie soit inachevée : " Maintenant, j'ai la conviction absolue que tout est réussi, depuis le commencement - tout est unité et veut l'unité ", écrit-il à Gast. Les toutes dernières lettres comprennent de nombreuses réflexions philosophiques inédites, mais elles montrent aussi comment Nietzsche envisageait de délaisser la philosophie (désormais achevée) pour passer à l'action directe, à la " Grande Politique " (à G. Brandes).
Ces dernières lettres constituent également un témoignage émouvant sur la vie de Nietzsche, sur son isolement, ses ruptures successives avec de vieux amis, et sur son détachement progressif de la réalité - Nietzsche perd successivement la notion du lieu (" je ne sais plus mon adresse ", à P. Gast), de l'identité (signatures " Dionysos " et " Le Crucifié ") et du temps (il se trompe de date). Les " billets de la folie ", présentés ici pour la première fois en leur intégralité (cet ouvrage s'appuie sur les découvertes les plus récentes), témoignent enfin de l'irruption tragique de la folie.
Notre sélection de lettres suit également l'évolution des relations amicales et spirituelles entretenues par Nietzsche avec certaines figures du monde intellectuel européen, en proposant pour la première fois au public, l'intégralité de ses lettres à Ferdinand Avenarius, Jean Bourdeau, Georg Brandes, Carl Spitteler (Prix Nobel de littérature 1919), August Strindberg, Hippolyte Taine et Helen Zimmern.
Docteur en philosophie, Yannick Souladié est chercheur associé à L'EA 5031 Erraphis (Toulouse) et chargé de cours au département de philosophie de l'Université de Toulouse le Mirail.
En 1648 Descartes s'entretient avec un étudiant en théologie Frans Burman. Le jeune homme lui présente 82 extraits de ses principales oeuvres publiées ( Méditations métaphysiques, Principes de la philosophie , Discours de la méthode ) que Descartes se charge de lui expliquer. Ce faisant, le philosophe ne se contente pas de répéter ce qu'il a déjà écrit, il ne cesse au contraire de préciser , de nuancer , voire de transformer les thèses sur lesquelles il est interrogé. Cette clarifi cation constitue une pièce décisive pour celui qui (spécialiste, étudiant confi rmé mais aussi lecteur débutant) désire découvrir, approfondir, la lecture des oeuvres les plus célèbres de Descartes. Ce volume souhaite donc rendre à nouveau disponible ce texte encore méconnu mais pourtant capital.
Dédicacé à Laurent le Magnifique, l'Argument pour la théologie platonicienne a sa place parmi les Opuscules théologiques que Marsile Ficin, le maître de l'Académie néoplatonicienne de Florence, rédige en 1476 pour accompagner son Commentaire sur le Banquet de Platon et sa Théologie platonicienne de l'immortalité des Âmes. Ainsi, Ficin apparaît non plus seulement en traducteur, mais en philosophe authentique, se donnant pour tâche la rénovation du platonisme, attentif aux liens unissant les sagesses païennes à la religion chrétienne. Pérenne, la pia philosophia ne sert pas que des intentions apologétiques, elle est un exercice spirituel qui, partant du multiple pour remonter vers l'Un, enseigne le chemin qui élève jusqu'à Dieu. Pour Ficin, il appartient au platonisme de tracer cette voie.
"Savoir si la vie a un sens est une question qui ne préoccupe pas tout le monde.
Les uns, qui ne sont pas les plus malheureux, ont l'âme de l'enfant qui ne pose pas encore la question, les autres ne la posent plus, ils ont perdu l'habitude de poser des questions.
Entre les deux, il y a nous, ceux qui cherchent. Nous ne pouvons revenir au niveau du naïf sur qui la vie n'a pas encore posé son regard plein d'énigmes obscures, et nous ne voulons point rejoindre le parti des las et des blasés qui ne croient plus que l'existence ait un sens parce qu'ils sont incapables d'en trouver un à la leur."
Les larmes comme phénomène humain engagent à une réflexion sur l'incarnation, dès lors que l'on constate qu'un chagrin, un malaise d'ordre psychologique peuvent se traduire par ce signe physique.
L'analyse interroge la nature du corps qui manifeste cette charge affective et l'exprime de cette manière sensible quoique mystérieuse. Ce corps est-il seulement celui du présent? Les larmes ne renverraient-elles pas à un secret d'origine qui mettrait en scène la mémoire d'un corps absent, livrant ainsi la vérité intime à chacun?
Peut-on de leur éloquence originale (et originelle) conclure que les larmes, expression archaïque, sont aptes à fonder un lien social? Au moins convieraientelles à s'émouvoir de ce qu'il y a en l'homme de fragile et qui nous donne à l'aimer.