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Gallimard
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«Georges Dumézil et les peuples de l'Antiquité, dont les histoires et les croyances sont parvenues jusqu'à nous grâce aux textes, comme dans une migration des âmes qui aurait laissé des traces ; Pierre Clastres et les Indiens Guayakis à peine sortis de la forêt, qui mangent leurs morts et connaissent donc le vrai goût de l'homme ; Marcel Griaule qui croit rencontrer Homère en Afrique, et cueillir le récit des origines sur les lèvres d'un vieillard aveugle ; ces trois expériences (et la lecture en est une, aussi intense que des voyages plus risqués), sont l'occasion de revisiter le musée de l'homme ; non pas celui du Trocadéro où les différentes expéditions ont entassé leurs reliques et leurs trésors, mais celui dont chacun d'entre nous est le fondateur et le gardien, mêlant ses souvenirs personnels à ceux des voyageurs et des peuples disparus, à la merci d'une mémoire qui refait sans cesse l'inventaire... Un musée où les morts se mettent à parler, où les vivants échangent leurs rôles et leurs masques, redisent les anciennes légendes en les interprétant, relancent l'imaginaire en s'inventant des origines, comme de vieux enfants parfois trop crédules. Ce qui permet de vérifier encore une fois ce que la littérature essaie de nous apprendre depuis toujours : qu'il existe une autre communauté que celle du sol ou du sens, - la communauté des hommes qui se souviennent des mêmes récits.
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De la liberté et de la servitude
François de La mothe le vayer
- Gallimard
- Le Cabinet Des Lettres
- 25 Mai 2007
- 9782070784011
« L'homme devrait être la plus libre de toutes les créatures... il n'y en a point peut-être de plus esclave » : le paradoxe ne vaut pas, chez La Mothe Le Vayer, appel à la sédition. Les « libertins érudits », dont il est une des figures majeures, sont réputés, fidèles en cela à l'esprit du Grand Siècle, apprécier les mérites d'un pouvoir fort.
Héritier de Montaigne et champion de la philosophie sceptique, Le Vayer puise des traits de « hardiesse » et des modèles d'indépendance, chez les anciens, tandis que l'histoire de la culture de cour lui démontre toute l'emprise de la « servitude volontaire ». Les « dignités » équivalent à des « charges » et l'aliénation croit à proportion de notre élévation... Faut-il pour autant se réfugier, loin du bruit et du monde, dans le loisir lettré, libre et solitaire ? L'hésitation entre le désir, ou l'utopie, de la retraite et l'agitation vaine, et nécessaire, de la chose publique brille au coeur de ce petit traité, de même qu'elle anima la vie de Le Vayer, protégé de Richelieu, et précepteur pour un temps de Louis XIV, qui n'aimait rien tant que quitter le théâtre du pouvoir pour se réfugier dans sa chambre de méditation.
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François Sentein raconte dans les Nouvelles minutes d'un libertin sa rencontre avec un improbable voleur de livres, en particulier d'éditions originales des classiques, surnommé Corneille. Avec Jean Genet, alias Corneille, se noue très vite une relation amicale, et Sentein discerne immédiatement les capacités littéraires d'un jeune malfrat qui n'a jusqu'alors rien publié. Il lira tout le premier théâtre, détruit depuis, de Genet, et assistera à la composition de Notre-Dame-des-Fleurs qu'il corrigera et ponctuera. Dans les quelques années qui précèdent sa gloire littéraire, Genet est comme l'on sait menacé de relégation, et c'est de prison qu'il s'adresse surtout à Sentein, seul à l'aider ou presque, prenant soin des moindres demandes d'un ami plutôt exigeant. Annotées par Claire Degans avec l'aide de François Sentein, ces lettres offrent pour la première fois une vision directe, et extrêmement émouvante, des débuts d'un des plus grands écrivains de notre siècle.
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Le train de l'espérance
Mario Soldati
- Gallimard
- Le Cabinet Des Lettres
- 21 Février 2008
- 9782070119226
Chargé par un journal d'effectuer un reportage, Mario Soldati monte à Turin à bord du Train Vert qui conduit malades, infirmières et prêtres à Lourdes. Après un premier élan d'agacement à la vue de tant de personnes évidemment charitables, il se décide à accomplir son devoir et à poursuivre le voyage entre bigots et infirmes. Périple qui nous vaut un portrait féroce de la bourgeoisie bien-pensante et qu'éclairent, seuls, quelques moments de grâce : une rencontre sur un quai de gare avec une séduisante Espagnole, la beauté de certains paysages, le son d'une guitare dans un bistrot. Dans une prose lumineuse, d'une grande poésie, Mario Soldati offre descriptions, réflexions et dialogues dignes d'un véritable roman dont la tonalité est à la perfidie mais aussi à la joie, et dans laquelle l'angoisse existentielle n'est jamais loin.
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À la fin des années 40, Antonio Pellizzari, directeur de la Scala, démissionne pour changer radicalement de vie : il transforme sa somptueuse villa en orphelinat, tâche à laquelle il se dévoue avec une apparente passion. Ce changement apparaît pour le moins inexplicable au narrateur qui connaît bien la nature égoïste et rusée d'un homme exclusivement dédié à ses propres plaisirs.Pellizzari justifie sa «conversion» par la rencontre, aussi touchante qu'invraisemblable, d'un enfant malade au cours d'un voyage en Italie - l'enfant mourra peu de temps après. Larmes et arguments du «père des orphelins» n'arrachent pourtant pas la conviction de son interlocuteur, qui ne voit dans le récit qu'un étrange mélange de douleur réelle et d'hypocrisie.Ce n'est qu'au moment de quitter la villa que le narrateur voit se découvrir à lui la vérité par un tour bizarre : il découvre sur le bureau de son ami des boutons de manchette identiques à ceux qu'on lui a volés quelques mois plus tôt...
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Découvrez Sept érotiques, le livre de Jacques Drillon. Tout est affaire de lieu : une cuisine, un couloir, une cage d'escalier, un bureau ne portent pas la même charge érotique, ne font pas naître les mêmes histoires. Sept pièces font sept atmosphères. Mais ces tons divers, ces formes littéraires diverses (dialogues, portraits, nouvelles, inventaires, lettres, récit dans le récit) sont moins des décors dissemblables pour une scène unique et toujours revécue qu'un point de vue renouvelé sur un rapport humain toujours changeant. Ils ont en commun d'opposer clairement le très sophistiqué et le très hard, et sont des objets littéraires d'autant plus obscènes dans la position que précieux dans le drapé. La visite de ces lieux est rythmée par des gravures érotiques de la Renaissance italienne d'Augustin Carrache (1557-1602), qui ont pour avantage, parce qu'elles réconcilient aussi le pornographique et l'académique, de tirer définitivement le texte du côté littéraire, d'effacer le moindre doute sur sa nature raffinée, mais sans rien lui ôter de son caractère troublant.
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Cinq excentriques anglais
Lytton Strachey
- Gallimard
- Le Cabinet Des Lettres
- 3 Mars 1992
- 9782070726080
Au coeur du cercle de Bloomsbury, de ses passions irrégulières, de son intérêt pour les mouvements les plus secrets et les plus déconcertants de l'être humain, Lytton Strachey se voulut, et resta sa vie durant, un partisan des Lumières. Il entra en littérature par le biais de sa passion pour le XVII? siècle français et ne considéra la plupart du temps ses compatriotes que comme d'hypocrites puritains dont il fallait dénoncer les alibis, ou d'admirables excentriques dont saluer, le sourire aux lèvres, le délire. Tel est le ressort des cinq portraits miniatures ici rassemblés. Un courtisan élisabéthain, un obscur érudit et un fondateur de secte au XVII?, le merveilleux John Aubrey, auteur de Vies brèves à la vie paradoxale, l'intrépide Lady Mary Wortley Montagu enfin, aventurière racée, épistolière unique, constituent les cinq figures de cette galerie de portraits que rien ne relie, si ce n'est le regard acéré du biographe, son horreur viscérale de l'obscurantisme, une ironie cristalline, toute la mesure en un mot du style de Strachey.
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« Dans les reculées provinces persistait, il y a peu, le néolithique, qui est un bref et tardif épisode de l'âge de pierre. Il n'était pas dit que le temps des grandes chasses était révolu. Les bêtes agissaient comme si le jeu continuait. Comment ne pas s'y prêter ? Voici quelques scènes prises sur le vif. » Pierre Bergounioux.
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Discours de la momie et de la licorne
Ambroise Paré
- Gallimard
- Le Cabinet Des Lettres
- 17 Novembre 2011
- 9782070136193
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S'inscrivant dans la suite de La réfutation majeure (2004) mais sur le mode de l'essai, Environs et mesures propose de comparer géographie réelle et géographie imaginaire. Les tentatives menées, d'un bout à l'autre de l'histoire, pour fixer sur une carte des lieux imaginaires font naître, sous la plume de Pierre Senges, un étonnant catalogue, écrit à la manière de Sir Thomas Browne ou de Robert Burton. Regroupant des catégories hétérogènes qui auraient ravi Borges (" paradis ", " enfer ", " lieux de l'Odyssée ", etc.), le texte s'attarde aussi sur quelques figures étonnantes : l'historien Victor Bérard qui passa vingt ans de sa vie, au tout début du siècle dernier, à chercher l'île de la nymphe Calypso, ou la dizaine de chercheurs qui tentèrent de localiser, sur une carte de l'Espagne, la " bourgade dont je ne veux pas me rappeler le nom ", évoquée par Cervantès au tout début de Don Quichotte. Au-delà du plaisir encyclopédique à énumérer noms de lieux exotiques et figures de géographes sérieusement cocasses, ce bref essai tente d'expliquer les raisons qui ont poussé tant de savants à assigner en un endroit précis des territoires de pure fiction; il montre comment l'imaginaire et le réel, le flou et la précision se prolongent l'un l'autre, nourrissant notre curiosité et notre émerveillement. Et ces explications ne sont pas là pour servir de leçon, mais au contraire pour inviter le lecteur à découvrir une autre forme de gai savoir, par le voyage ou par la lecture.
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Sortilèges et astrologie
Thomas De Quincey
- Gallimard
- Le Cabinet Des Lettres
- 16 Septembre 1997
- 9782070749638
Voici l'histoire : un écrivain, Thomas De Quincey en l'occurrence, se voit demander un texte pour l'Album d'une grande institution littéraire. Paresseux, il décide de repêcher un de ses vieux textes parmi ses archives ; repêcher au sens strict de l'expression, puisqu'il conserve ses manuscrits dans une baignoire, débordante de toutes sortes de papiers. L'opération doit s'effectuer en grande pompe : trois jeunes femmes assisteront en tant que juges à la pêche au manuscrit pour éviter toute forme de filouterie, et un jeune homme, emblème de candeur, plongera dans la baignoire providentielle... Splendide apparat qui ne favorisera pas vraiment le sort.Ce court texte méconnu de Thomas De Quincey offre l'un des plus beaux apologues qui soient sur la création littéraire, l'illusion de maîtrise, la tentation de planifier l'imprévisible, l'incommensurabilité de la cause et de l'effet, l'incohérence fondatrice des choses humaines. Il esquisse en somme, avec un siècle d'avance, une joyeuse théorie des catastrophes.
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La bile noire (mélainè cholè), l'une des quatre humeurs constitutives de notre corps selon la doctrine médicale antique, est aussi - comme le suggère l'étymologie - la substance génératrice de la mélancolie. De la bile noire, ici traduit pour la première fois en français et présenté en version bilingue, est le seul traité antique consacré à cette substance qui soit parvenu dans son intégralité jusqu'à nous. Son auteur, Galien, y met en lumière l'importance du débat qui entoura la bile noire durant l'Antiquité, tout en montrant l'enracinement physiologique de cette humeur. Humeur que la tradition médico-philosophique chargea d'effets psychologiques aussi variés que le génie ou la folie et qui inspira à R. Klibansky, F. Saxl et E. Panofsky leur célèbre Saturne et la mélancolie, première interprétation moderne de ce thème central de la culture antique.
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Du sommeil, des songes, de la mort
Tertullien
- Gallimard
- Le Cabinet Des Lettres
- 19 Octobre 1999
- 9782070756155
Le traité Sur l'âme de Tertullien, l'un des textes fondateurs de l'anthropologie chrétienne, n'a jamais été traduit en français. En 1948, Pierre Klossowski en isola quelques chapitres consacrés au motif essentiel du sommeil et de la mort, c'est-à-dire du lien entre l'âme et le corps ; c'est cette traduction, rendu magistral d'un style virtuose qu'admirait Huysmans, que l'on propose ici. Le traité de Tertullien se veut avant tout réfutation des thèses hérétiques sur le sujet ; c'est étrangement par fidélité à la Bible qu'il adopte la théorie stoïcienne suivant laquelle l'âme est un «corps», car si l'âme créée par le souffle divin est immortelle du fait de son origine, elle est, en tant cette fois que créature, limitée, sensible et passive. Le sommeil, le songe, la mort marquent précisément les frontières où se joue cette union, les moments où l'immatériel se détache du corps pour rejoindre les limites ou l'inouï ; et l'on reconnaîtra incidemment, dans ces thèmes, quelques-uns des motifs essentiels du futur auteur du Baphomet et du Souffleur.
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Personnage historique, artiste, actrice ou simple compagne d'un homme illustre : d'Elisabeth 1?? à Virginia Woolf, de Dorothy Wordsworth à George Eliot, c'est toute la singularité de la femme anglaise, sa façon, discrète ou flamboyante, de trouver et d'affirmer sa voix, de ne rien céder de ses exigences propres ni de ses désirs qu'expose et varie la vingtaine de vies brèves qui composent ce livre. Il n'y manque sans doute que la biographie de l'auteur, car non contente d'être une poétesse reconnue et une militante du modernisme, Edith Sitwell construisit sa vie même comme une oeuvre et cultiva résolument un fascinant alibi de rebelle excentrique.
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Lettre à son père sur la mort d'Etienne de la Boétie
Michel de Montaigne
- Gallimard
- Le Cabinet Des Lettres
- 27 Avril 2012
- 9782070137992
Découvrez Lettre à son père sur la mort d'Etienne de La Boétie, le livre de Michel Montaigne. Le portrait que Montaigne a tracé de lui-même comprend bien des lacunes. Raisons politiques, scrupules, goût du secret, il a jugé nécessaire de rester muet sur certains épisodes, de voiler certains faits. La Saint-Barthélemy par exemple : il n'en souffle mot. Rien d'étonnant si, dans les Essais, on ne rencontre aucune représentation solide d'Etienne de La Boétie. Même le chapitre qui lui est consacré, De l'amitié, n'évoque qu'une silhouette. Pour remplir les blancs on pourrait imaginer des fictions, mais quels éléments choisir ? selon quels critères ? Mieux vaut s'en tenir aux documents, si minces soient-ils. En ce qui concerne La Boétie, ils sont plus que minces : infimes. Montaigne nous le révèle avec parcimonie. Seule la lettre qu'il adresse à son père l'expose dans sa présence effective. Cette lettre fut imprimée à Paris sept ans après la mort de l'ami. Mais quand, précisément, l'a-t-il écrite ? juste après la disparition d'Etienne ? Ou, l'ayant écrite alors, l'a-t-il retouchée ensuite ? Ou bien l'a-t-il écrite peu avant de la publier, voire dans l'intention de la publier ? Mystère. Cependant une chose est sûre : le 23 juillet 1570, Montaigne résigne sa charge de magistrat au parlement de Bordeaux. D'août à novembre, il consacre son loisir à la publication de quelques feuillets de La Boétie. L'air de l'époque est pesant : Montaigne renonce à publier le Discours de la servitude volontaire ainsi que certain Mémoire de nos troubles sur l'édit de janvier 1562. Cette absence symbolise parfaitement le peu de matière que La Boétie nous a laissé. Sauf dans la lettre sur sa mort. Un récit sans rhétorique où on ne le voit guère, mais où il parle. On lit. On souffre avec lui. On l'écoute. Et l'émotion nous emporte.
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En 1636, Gracian rencontre Vicencio Juan de Lastanosa, influent érudit de Huesca dont l'amitié et le soutien à son égard ne se démentiront jamais. C'est à cette époque qu'il entreprend la rédaction du Héros, premier d'une série de traités dans lesquels les ressources de l'intelligence et du langage sont portées à leur plus haut degré d'analyse. Le pseudonyme de Lorenzo Gracian, sous lequel il publiera l'essentiel de son oeuvre afin de se dérober à la censure ecclésiastique, ne prête à aucune illusion, ni sur son identité véritable, ni sur les fondements de sa morale : pour vivre en ce monde, il s'agit moins de tromper autrui que de se détromper soi-même. Cherchant à épouser au plus près nuances et variations de l'original, Catherine Vasseur propose ici pour la première fois un véritable essai de traduction française du Héros.
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Les arbres d'orgueil
Gilbert Keith Chesterton
- Gallimard
- Le Cabinet Des Lettres
- 29 Octobre 2009
- 9782070127320
Au terme d'une carrière dans l'administration indienne qui n'a laissé que le souvenir d'éclats maladroits, le squire Vane vit retiré dans son domaine de Cornouailles.
A la population locale, imprégnée de merveilleux, il oppose son rugueux bon sens et s'enfonce un soir dans un bois aux prétendus pouvoirs maléfiques... pour ne plus reparaître. L'enquête, qui devra éviter le double piège d'un rationalisme grossier et de la crédulité superstitieuse, est menée par les invités du squire, le poète John Treherne et le critique américain Cyprian Painter.
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Les fêtes de Versailles
André Felibien
- Gallimard
- Le Cabinet Des Lettres
- 20 Septembre 2012
- 9782070138326
«Jeune et magnifique, virtuose de la politique spectacle, Louis XIV organisait dans le parc de Versailles des fêtes somptueuses, pour domestiquer les courtisans et éblouir la nation. Sous la haute direction du roi et de Colbert, les meilleurs artistes - Le Vau, Le Brun, Le Nôtre, mais aussi Molière, Racine, Lully -, relayés par d'innombrables ouvriers, travaillaient à ces grandioses mises en scène. Pour jouer leur rôle dans la grande machine de la propagande royale, ces fêtes devaient être connues. Historien de l'art et brillant écrivain, André Félibien est chargé de décrire deux d'entre elles, la longue nuit lumineuse de juillet 1668 et l'enchaînement des réjouissances, au cours de l'été 1674. Deux graveurs, Jean Le Pautre et François Chauveau, illustrent les moments culminants des festivités. Les relations de Félibien marient la précision, le goût du détail technique et l'émerveillement devant les prouesses des ingénieurs. Elles s'enchantent de la magie des jeux d'eau, de l'éclat des feux d'artifice, de toute cette magnificence qui assoit le prestige - et trahit la prodigalité - d'une monarchie occupée à construire son mythe.» Michel Jeanneret.
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Charles d'orleans
Robert Louis Stevenson
- Gallimard
- Le Cabinet Des Lettres
- 5 Janvier 1993
- 9782070728763
Charles d'Orléans (1391-1465) fut un des premiers «captifs amoureux» qui aient hanté la littérature française, et l'aient émue de leurs plaintes. Né duc, neveu de roi, il eut à venger l'assassinat de son père, perpétré par Jean sans Peur. Ce délicat adolescent, poète-né, enterra la première partie de sa vie dans les combats de cette noire époque. En 1415, lors de la défaite d'Azincourt, il est fait prisonnier. Il passe vingt-cinq ans de sa vie dans les geôles anglaises ; là, il sombre dans la poésie comme d'autres dans l'alcool, confiant au parchemin ses amours mortes, sa liberté perdue, son pays déchiré. De retour à Blois, devenu sage, il s'abandonne à la contemplation du monde, dans une des poésies les plus exquises qui aient jamais été écrites.Cette courte étude en dit autant sur l'homme Charles que sur cette civilisation finissante, qui, comme une chenille, allait se métamorphoser en un papillon insouciant : la Renaissance.
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«Pour fuir les Allemands et passer la ligne, maître W. se dirige vers les Abruzzes et trouve refuge dans un couvent. Il veut rejoindre les Alliés. Il a en poche une lettre d'introduction signée de la main de B. B., Bernard Berenson : peut-on rêver meilleure introduction ? En arrivant au couvent, il trouve le percussionniste Romualdi, déjà installé, qui se fait passer auprès des moines crédules pour un célèbre chef d'orchestre contraint à la clandestinité pour cause d'antifascisme. Romualdi est un homme mesquin, suffisant, hautain, plein de morgue dans sa ridicule veste verte portée comme un signe distinctif, comme un emblème. Il fait partie de ces hommes insignifiants, médiocres, pour lesquels il n'est rien de grand au-delà de leur propre médiocrité. Maître W. pourrait le démasquer, mais, pour une raison mystérieuse, faite de pitié et d'altruisme, de cynisme et de plaisir de la mystification et du jeu, il se laisse séduire par cette médiocrité.» Cesare Garboli.
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La toilette de la dame hebraique
Thomas De Quincey
- Gallimard
- Le Cabinet Des Lettres
- 3 Mars 1992
- 9782070725878
Infatigable lecteur des textes anciens, Thomas De Quincey passa une bonne partie de son existence à rêver un roman des origines, s'attardant sur les rites, codes, coutumes, bizarreries de la vie quotidienne dans l'Antiquité. C'est ainsi qu'à côté d'un essai sur l'art culinaire des Romains, ou sur la secte des Esséniens, vint prendre place La toilette de la dame hébraïque.Étrange blason de l'ornement, ce texte énumère, avec une précision passionnée, jusqu'au plus minime des atours dont pouvait se parer une ancienne habitante de Judée:des colliers de lunes et de soleils aux sandales de cuir et à une femme absente dans laquelle un De Quincey aussi érudit qu'imprévisible voit finalement se profiler les racines supposées d'un art et d'un style proprement hébraïques.
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La pantomime, le cinéma muet, le cirque : ces trois spectacles sans paroles (mais pas toujours silencieux) sont loin d'être privés de sens, même si le visage, les gestes, le corps tout entier s'expriment en se passant de tout discours, ce qui dans le monde d'aujourd'hui est presque une forme de résistance. Ces trois arts si proches de l'enfance à proprement parler, puisqu'ils sont muets, proposent d'autre part un traité du style et de la composition, car l'impeccable enchaînement de leurs figures est un savant dosage d'audace et de rigueur, de mémoire et d'improvisation. Ce ne sont pas pour autant des refuges à l'abri des violences de l'histoire : sur la scène, l'écran ou la piste, la réalité fait parfois irruption comme un courant d'air déséquilibrant les funambules que nous sommes ou comme une bête fauve dévorant les dompteurs que nous prétendons être.
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« J'ai longtemps hésité à publier ces pages de journal de mon séjour en U.R.S.S.
Tout d'abord la crainte de compromettre des amis, en me contraignant à de nombreuses coupures, édulcorait si fort mon texte que je doutais que l'on pût y prendre intérêt.
Enfin l'on trouverait là le reflet sans fard de mes impressions, de mon inquétude - et j'avais un extrême souci de ne rien livrer qui desservît l'Union soviétique au moment même où elle se préparait, peut-être, à triompher de ses erreurs. Cette illusion, que les communistes s'entendent à entretenir, je l'ai trop passionnément partagée pour m'étonner que certains de mes camarades continuent à s'en nourrir. »
Pierre Herbart.