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Éditions des Équateurs
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L'été venait de commencer quand je partis chercher les fées sur la côte atlantique. Je ne crois pas à leur existence. Aucune fille-libellule ne volette en tutu au-dessus des fontaines. C'est dommage : les yeux de l'homme moderne ne captent plus de fantasmagories. Au XIIe siècle, le moindre pâtre cheminait au milieu des fantômes. On vivait dans les visions. Un Belge pâle (et très oublié), Maeterlinck, avait dit : « C'est bien curieux les hommes... Depuis la mort des fées, ils n'y voient plus du tout et ne s'en doutent point. » Le mot fée signifie autre chose. C'est une qualité du réel révélée par une disposition du regard. Il y a une façon d'attraper le monde et d'y déceler le miracle de l'immémorial et de la perfection. Le reflet revenu du soleil sur la mer, le froissement du vent dans les feuilles d'un hêtre, le sang sur la neige et la rosée perlant sur une fourrure de mustélidé : là sont les fées. Elles apparaissent parce qu'on regarde la nature avec déférence. Soudain, un signal. La beauté d'une forme éclate. Je donne le nom de fée à ce jaillissement. Les promontoires de la Galice, de la Bretagne, de la Cornouailles, du pays de Galles, de l'île de Man, de l'Irlande et de l'Écosse dessinaient un arc. Par voie de mer j'allais relier les miettes de ce déchiquètement. En équilibre sur cette courbe, on était certain de capter le surgissement du merveilleux. Puisque la nuit était tombée sur ce monde de machines et de banquiers, je me donnais trois mois pour essayer d'y voir. Je partais. Avec les fées.
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Un été avec Alexandre Dumas
Jean-Christophe Rufin
- Éditions des Équateurs
- Un été avec
- 7 Mai 2025
- 9782382848401
« Dumas, c'est la vie » écrivait George Sand. Né en juillet 1802, il est l'écrivain d'un éternel été. Passer des vacances avec lui c'est rendre visite à un ami, à un conteur ébouriffant qui nous tient en haleine et nous amuse, à un homme d'épée et de coeur. Orphelin de père à 4 ans, Alexandre Dumas a connu deux empires, trois rois et autant de révolutions ; il a subi l'exil et la faillite ; vécu des histoires d'amour trop nombreuses pour être sincères mais trop éphémères pour n'être pas douloureuses. Ses lecteurs, innombrables, connaissent-ils sa part méconnue, eux qui n'ont retenu de lui que l'épopée des Mousquetaires et la vengeance d'Edmond Dantès ? Savent-ils que ses grands romans n'ont occupé que trois années de sa vie ? Ont-ils idée de la masse de ses autres livres, de son théâtre et surtout de ses impressions de voyage, qui sont la plus belle partie de son oeuvre ? Jean-Christophe Rufin considère comme son frère d'arme et de plume. « En vous accompagnant tout l'été avec Dumas, j'ai le sentiment de m'acquitter d'une dette. Il a toujours été pour moi plus qu'un modèle, un grand frère qui marchait devant et me guidait sur le chemin de l'écriture. Il nous a fait à tous tant de bien qu'il mérite assez que, le temps d'un été, nous fassions honneur à sa cuisine littéraire. »
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Ce périple, les trois jeunes gens l'ont entrepris au mépris du danger, au péril de leur vie, et malgré les supplications de leurs fiancées respectives. Ils l'ont fait pour le rayonnement de la France, le progrès de la science et aussi un peu pour passer le temps. Il en résulte un roman d'aventure avec de l'action à l'intérieur et aussi des temps calmes et du passé simple. Ceci est une expérience de lecture immersive. Hormis deux ou trois passages inquiétants, le suspense y est supportable et l'oeuvre reste accessible au public poitrinaire. A noter la présence de nombreux adverbes. L'éditeur ne saurait être tenu responsable des mauvaises idées que ce livre ne manquera pas d'instiller dans le cerveau vicié des nouvelles générations gavées d'écran et pourries à la moelle.
Prix Interallié 2022. -
2 janvier 1949, dix-huit footballeurs du bourg de Corps-Nuds, en Bretagne, revenant d'un match, trouvent la mort dans un accident. Cette tragédie a marqué la France entière et pesé sur la jeunesse de Jean-Paul Kauffmann, enfant du même village. Ce fait-divers est le point de départ d'une enquête sur les distorsions de la mémoire. Comment cet accident annonce-t-il la journée du 22 mai où Jean-Paul Kauffmann sera enlevé à Beyrouth et détenu en otage durant trois années ? La boulangerie paternelle, une étrange église, l'odeur d'un monde rural disparu... Après l'accident libanais, ce récit sur l'inexplicable s'est imposé à l'auteur. Sans l'enlèvement qui a fait resurgir ses premières années, Jean-Paul Kauffmann n'aurait probablement jamais eu le désir de raconter son après-guerre. Refuge et protection, cette enfance l'a sauvé. Grâce à elle, une partie de sa vie de prisonnier a échappé à ses ravisseurs. Ce livre à la fois enquête et récit intime nous apprend à sentir, regarder, observer. Tout lecteur y retrouvera sa part d'enfance, ce sanctuaire dont on se croit le propriétaire.
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« Oui, avoue le chevalier, je suis peut-être fou, mais à tout prendre je le suis moins que la société où nous vivons ». Si chacun se retrouve dans Don Quichotte, c'est qu'il s'agit de l'oeuvre qui, par excellence, nous permet de faire face à un monde privé de sens. L'ingénieux hidalgo est le symbole de l'homme moderne confronté à un univers dont toutes les structures signifiantes se délitent. Sa réponse : croire sans relâche et faire comme si. Voilà ce que conseille le roman de Cervantès : substituer au monde réel un imaginaire où l'on puisse conserver espoir. Don Quichotte n'est pas un simple personnage, il est aussi auteur, celui de son destin . De toute l'histoire de la littérature, il est le premier personnage à décider de vivre sa vie comme dans les livres. Ce « premier beatnik, la moto en moins » franchit la barrière séparant la fiction de la réalité, faisant de ce roman absolument moderne celui du dévoilement de toutes les apparences et de la transgression de toutes les limites. Aujourd'hui encore, on apprend des efforts comme des revers de ce personnage. Ses épreuves renvoient à quantité d'expériences contemporaines : les mondes virtuels, le complotisme, la nécessité des utopies ou l'importance de l'engagement. La nature comique de ce chef-d'oeuvre de la littérature universelle, comme un pied de nez lancé depuis plus de quatre siècles à la face du monde, nous oblige à rire de l'existence plutôt que d'en pleurer.
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Notre-Dame de Paris : Ô reine de douleur, ô reine de victoire
Sylvain Tesson
- Éditions des Équateurs
- Littérature
- 14 Novembre 2024
- 9782382848203
Une compilation inédite de tous les écrits de Sylvain Tesson dédiés à Notre-Dame. À l'esprit, dans l'ordre : l'effroi, les analyses, les souvenirs. L'effroi, c'est l'impensable mêlé au sublime. Les images du brasier sont belles. Beauté horrifique, gravure en fusion de Gustave Doré. Tout homme a un rendez-vous quotidien avec le paysage qu'il habite. Je vis sur les quais de la Seine, entre l'église Saint-Julien-le-Pauvre où fut enterrée ma mère et l
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Pourquoi Colette ? Un grand écrivain, c'est aussi un écrivain qui crée des mythes, qui renouvelle notre mythologie. « Créer un poncif, c'est le génie », disait Baudelaire. Colette a créé quatre mythes : Claudine; Sido, Gigi, et Colette, elle-même, grand écrivain national, monstre sacré. Admirée par Simone de Beauvoir, pionnière de la transgression et de la provocation, elle fait souffler dans ses romans ce vent de liberté qui nous manque tant aujourd'hui. Antoine Compagnon décline toutes les facettes de Colette, des plus connues ou plus secrètes. De Claudine, sa première héroïne, dont son mari, Willy, s'appropria la paternité, signant de son propre nom les textes de son épouse et récoltant le succès et l'argent à sa place. Sido, inspirée par sa propre mère, sans doute sa plus belle invention romanesque. En passant par Gigi, son double littéraire charmante, légère, heureuse en amour et en mariage - à l'opposé de sa créatrice qui fuira « l'homme, souvent méchant » et trouvera refuge auprès des femmes. De sa Bourgogne natale à la présidence de l'académie Goncourt - elle qui n'avait aucun diplôme -, Colette ne fut jamais là où on l'attendait et emmena la littérature là où personne d'autre n'avait osé aller. Plus accessible que Proust, plus moderne que Gide, Claudel ou Valéry, Colette réussit la prouesse d'être à la fois lue dans les écoles et d'avoir conçu une oeuvre toujours aussi sulfureuse. Lire Colette aujourd'hui, c'est embrasser le XXe siècle dans toute son extravagance, grâce à un style qui n'a pas pris une ride.
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Petit traité sur l'immensité du monde
Sylvain Tesson
- Éditions des Équateurs
- 30 Mars 2020
- 9782849907801
Pour ralentir la fuite du temps, Sylvain Tesson parcourt le monde à pied, à cheval, à vélo ou en canot. Dans les steppes d'Asie centrale, au Tibet, dans les forêts françaises ou à Paris, il marche, chevauche, mais escalade aussi les monuments à mains nues.
Pour mieux embrasser la terre, il passe une nuit au sommet de Notre-Dame de Paris, bivouaque dans un arbre ou sous un pont, recourt aux cabanes. Cet amoureux des reliefs poursuit le merveilleux et l'enchantement.
Dans nos sociétés de communication, Sylvain Tesson en appelle à un nouveau nomadisme, à un vagabondage joyeux.
Ce Petit traité sur l'immensité du monde est un précis de désobéissance naturaliste, une philosophie de poche buissonnière, un récit romantique contre l'ordre établi. -
Deux hommes, une gare, un train. Un roman qui part en retard, s'arrête sur les voies et finit en eau de boudin. Deux copains rêvent d'aventure. Se procurent à cet effet un baluchon et deviennent vagabonds. De nuit s'introduisent dans une gare de marchandises, et se cachent dans un train. Ne savent pas quand ils partiront et où ils partiront. Ne savent même pas s'ils partiront. Au petit matin le train s'ébranle. Des jours durant, les deux amis brûlent le dur, comme on dit dans les romans de Jack London, de Kerouac, de Jim Tully. À la différence près qu'ils ne verront pas Sacramento ou les grandes plaines du Wyoming, mais Villeneuve-Saint-Georges, le parc naturel régional du Gâtinais, Pouilly-sur-Loire, Nevers et Clermont-Ferrand... bref, le coeur de la France !
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Un été avec Jankélévitch
Cynthia Fleury
- Éditions des Équateurs
- Un été avec
- 31 Mai 2023
- 9782382845653
Né en 1903, mort en 1985, Jankélévitch connu les succès au crépuscule de sa vie et fut l'un des philosophes alors les plus médiatiques. Il est aujourd'hui le penseur qui convient pour conjurer la désespérance et le pessimisme. Jankélévitch nous apprend le charme de l'instant, les joies de l'action, nous met en garde contre les conformismes de la pensée et les mondes enrégimentés. C'est le pianiste de la philosophie, il joue sur les concepts comme sur un clavier. Ne manquons pas notre unique matinée de printemps. Jankélévitch disciple d'Alain nous montre que c'est l'heure, que cette heure ne dure qu'un instant. Le vent se lève, c'est maintenant ou jamais. Cynthia Fleury, philosophe, psychanalyste, auteur à succès d'ouvrages sur la fin du courage, le soin ou le ressentiment nous offre un été avec Jankélévitch allègre plein de paradoxes sur le temps et son irréversibilité. Un dialogue sur la jeunesse d'esprit qui est le meilleur remède contre les passions tristes qui nous menacent.
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Chaque année, la communauté du renseignement américain remet au président des États-Unis une synthèse des menaces qui pèsent sur les USA et le monde libre. Ce rapport collecte des milliers de données et d'analyses fournies par les agents dans tous les coins du monde. La guerre contre les drogues comme le fentanyl peut-elle déboucher sur un conflit avec le Mexique, voire le Canada, perçu comme l'un des principaux producteurs de cet opioïde de synthèse ? Faut-il s'attendre à de nouveaux attentats perpétrés par l'État islamique ? L'Iran dispose-t-elle de l'arme nucléaire ? La Chine et les États-Unis se préparent-ils à entrer en guerre ? Et pourquoi le Groenland suscite-t-il tant de convoitises ? Dans ce livre prospectif et captivant, vous découvrirez aussi comment fonctionnent les services de renseignement sous l'ère de Donald Trump et si nous pouvons continuer à leur faire confiance.
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L'Iliade est le récit de la guerre de Troie. L'Odyssée raconte le retour d'Ulysse en son royaume d'Ithaque. L'un décrit la guerre, l'autre la restauration de l'ordre. Tous deux dessinent les contours de la condition humaine. À Troie, c'est la ruée des masses enragées, manipulées par les dieux. Dans l'Odyssée on découvre Ulysse, circulant entre les îles, et découvrant soudain la possibilité d'échapper à la prédestination. Entre les deux poèmes se joue ainsi une très violente oscillation : malédiction de la guerre ici, possibilité d'une île là-bas, temps des héros de côté là, aventure intérieure de ce côté ci. Ces textes ont cristallisé des mythes qui se répandaient par le truchement des aèdes dans les populations des royaumes mycéniens et de la Grèce archaïque il y a 2500 ans. Ils nous semblent étranges, parfois monstrueux. Ils sont peuplés de créatures hideuses, de magiciennes belles comme la mort, d'armées en déroute, d'amis intransigeants, d'épouses sacrificielles et de guerriers furieux. Les tempêtes se lèvent, les murailles s'écroulent, les dieux font l'amour, les reines sanglotent, les soldats sèchent leurs larmes sur des tuniques en sang, les hommes s'étripent et une scène tendre interrompt le massacre pour nous rappeler que les caresses arrêtent la vengeance. Préparons nous : nous passerons des fleuves et des champs de bataille, nous serons jetés dans la mêlée, conviés à l'assemblée des dieux, nous essuierons des tempêtes et des averses de lumière, nous serons nimbés de brumes, pénétrerons dans des alcôves, visiterons des îles, prendrons pied sur des récifs. Parfois, des hommes mordront la poussière, à mort. D'autres seront sauvés. Toujours les dieux veilleront. Et toujours le soleil ruissellera et révèlera la beauté mêlée à la tragédie. Des hommes se démèneront pour mener leurs entreprises mais derrière chacun d'eux, un dieu veillera et jouera son jeu. L'Homme sera-t-il libre de ses choix ou devra-t-il obéir à son destin ? Est-il un pauvre pion ou une créature souveraine ? Mais une question nous taraude. D'où viennent exactement ces chants, surgis des profondeurs, explosant dans l'éternité ? Et pourquoi conservent-ils à nos oreilles cette incomparable familiarité ? Comment expliquer qu'un récit de 2500 ans d'âge, résonne à nos oreilles avec un lustre neuf, un pétillement aussi frais que le ressac d'une calanque ? Pourquoi ces vers paraissent-ils avoir été écrits pas plus tard qu'aujourd'hui, par un très vieux poète à la jeunesse immortelle, pour nous apprendre de quoi seront fait nos lendemains ? En termes moins lyriques (Homère est le seul maître en la matière) d'où provient la fraîcheur de ce texte ? Pourquoi ces dieux et ces héros semblent malgré la terreur qu'ils inspirent et le mystère qui les nimbe, des êtres si amicaux ?
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« Esclaves, ne maudissons pas la vie. » Lire Arthur Rimbaud vous condamne à partir un jour sur les chemins. Chez le poète des Illuminations et d'Une saison en enfer, la vie s'organise dans le mouvement. Il s'échappe hors de l'Ardenne, cavale dans la nuit parisienne, court après l'amour en Belgique, se promène à Londres puis s'aventure à mort sur les pistes d'Afrique. La poésie est le mouvement des choses. Rimbaud se déplace sans répit, changeant de point de vue. Son projet : transformer le monde par les mots. Ses poèmes sont des projectiles, des bouquets de feu : cent cinquante ans plus tard, ils nous atteignent encore. Qu'avons-nous fait de nos douleurs ? Au temps où le monde était paralysé par un virus chinois, Sylvain Tesson a cheminé une saison avec Arthur Rimbaud. La marche - état suprême de la poésie - est, avec la littérature, l'antidote à l'ennui.
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A l'écoute du silence
Stéphanie Bodet
- Éditions des Équateurs
- Littérature
- 16 Avril 2025
- 9782382848098
« On peut, comme moi, grimper sur des parois immenses, dormir en paix avec cinq cents mètres de vide sous les pieds, mais être saisie de vertige dans un centre commercial. Marcher des heures durant avec un lourd sac à dos mais échouer à suivre une conversation recouverte par les décibels d'une chanson. Se sentir inadaptée en société et entourée au coeur d'une forêt. « Mon programme des jours à venir est d'une simplicité élémentaire et d'une ambition démesurée. Me mettre à l'écoute et laisser place au bruissement de la vie naturelle. M'ensauvager quelque temps pour mieux revenir au monde. » Ancienne championne d'escalade, Stéphanie Bodet souffre du bruit aliénant de notre société. Cette amoureuse de la nature décide de se retirer dans une cabane en Ariège. Les sens à l'affût, elle se lance dans un prodigieux voyage au coeur du silence. Son livre est le chant léger et grave de la terre, des airs, de la vie simple.
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Aimer comme un albatros
Jean-Noël Rieffel
- Éditions des Équateurs
- Littérature
- 23 Avril 2025
- 9782382848357
Chez les albatros, l'amour est romantique, éternel. Et chez les humains, l'amour est ailé. Mais quand les épreuves de la vie nous coupent les ailes et que tout menace de s'effondrer, la splendeur de la nature et l'observation attentive des oiseaux permettent de renouer avec le sens de la vie. Confronté à un divorce douloureux, le narrateur du récit a l'intime conviction que les oiseaux, par leur pouvoir guérisseur et leurs manières savantes d'aimer, vont éclairer le chemin de sa reconstruction. Quelle est la conception de l'amour chez les oiseaux ? Comment tissent-ils des liens d'affection ? Ont-ils des sentiments ou répondent-ils simplement à l'exigeante saison des amours ? Sont-ils fidèles ou infidèles ? Comment expriment-ils leur joie et leur tristesse ? En s'installant dans une nouvelle maison au bord de la Loire, Jean-Noël Rieffel ouvre une nouvelle page de sa vie. Il y découvre la figure de Maurice Genevoix, l'écrivain naturaliste, formidable intercesseur du monde sauvage et de l'enfance sensible, qui a décrit si précisément les humbles et la poésie de la nature. Jean-Noël mène l'enquête sur cet écrivain qui a tant à nous apprendre aujourd'hui. S'installant à sa table d'écriture, il lui donne la place qu'il mérite et nous transmet ses leçons de vie. À son tour, Jean-Noël Rieffel part sur les traces de son enfance en Bretagne, célèbre la fraternité des ornithologues, les fameux « cocheurs », comme Genevoix a célébré celle de ses compagnons d'armes, observe le courage et l'abnégation des oiseaux qui vont lui permettre de se relever des épreuves de la vie.
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Après Montaigne, Antoine Compagnon nous invite à passer un été avec Pascal. Un siècle de différence entre les deux hommes qui sont tous les deux fondateurs de notre modernité, c'est-à-dire de la liberté d'esprit. Pascal (XVIIe siècle) comme Montaigne (XVIe siècle) traite de l'homme, de la société, de l'univers, du pouvoir, de la foi, de l'angoisse, de la mort, du jeu : le tout et le rien. Nous connaissons tous les sentences célèbres de Pascal : « Le silence éternel de ces espaces infinis m'effraie. », « Qui veut faire l'ange fait la bête », « Le coeur a ses raisons que la raison ne connaît point. ».
Antoine Compagnon évoque à la fois la vie du génie Pascal (auteur du traité des Coniques), tout en allant chercher la signification de ses pensées elliptiques. Avec cette tournure d'esprit combinatoire, Pascal explore tous les possibles de la réflexion. En quarante et un chapitres (dont six inédits) il s'intéresse aussi bien à la question de la violence et de la vérité, de la tyrannie, à l'esprit de finesse, au divertissement et au juste milieu. Antoine Compagnon nous fait découvrir l'écrivain du miracle et de la grâce dont la pensée permet de mieux nous connaitre. -
La Recherche du temps perdu est une oeuvre inclassable si profonde qu'on la lit et la relit pour y découvrir « la vraie vie, la seule vie pleinement vécue », c'est à dire la littérature. Ce livre nous transporte dans les salons de la Belle Époque, sur une plage de la côte normande ou à Venise. Il nous parle de l'existence, des soubresauts de la mémoire, de la subtilité des rapports humains, de l'ambiguïté des sentiments amoureux, des bienfaits de l'imagination ou de la beauté des arts. Chaque lecteur peut y abriter ses songes, y reconnaître ses joies et ses peurs et y apprendre des vérités sur soi-même.
Aux côtés de Laura El Makki, huit romanciers, biographes et universitaires, parmi les meilleurs spécialistes, Antoine Compagnon, Raphaël Enthoven, Michel Erman, Adrien Goetz, Nicolas Grimaldi, Julia Kristeva, Jérôme Prieur, Jean-Yves Tadié, abordent les multiples facettes de la vie et de l'oeuvre de Proust : comment retenir le temps qui passe ? Pourquoi aimer fait-il souffrir ? Peut-on vraiment connaître une personne ?
« Tâchez de garder toujours un morceau de ciel au-dessus de votre vie » écrivait Proust dans Du côté de chez Swann. Telle est l'ambition aérienne et stimulante de cet Été avec Proust.
Un été avec Proust est à l'origine une série d'émissions produites par Laura El Makki et diffusées pendant l'été 2013 sur France Inter.
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Un été avec Baudelaire
Antoine Compagnon
- Éditions des Équateurs
- Parallèles
- 1 Janvier 2019
- 9782849903995
Marcel Proust se répétait Chant d'automne de Baudelaire :
« J'aime de vos longs yeux la lumière verdâtre/
Douce beauté, mais tout aujourd'hui m'est amer,
Et rien, ni votre amour, ni le boudoir, ni l'âtre,
Ne me vaut le soleil rayonnant sur la mer ».
Peut-être aucun poète ne nous t-il a laissé autant d'images durables et de vers mémorables. Il fut le poète du crépuscule, de l'ombre, du regret, de l'automne. Mais il est l'homme de tous les paradoxes. Il y a d'ailleurs chez lui une perpétuelle nostalgie du soleil sur la mer, du soleil de midi en été : «Adieu, vive clarté de nos étés trop courts ».
L'été pour Baudelaire fut celui de l'enfance. Un été à jamais révolu. Et sa poésie est aussi la recherche de ce paradis perdu. Moderne et antimoderne, Baudelaire est d'une certaine manière notre contemporain. Aucun poète n'a mieux parlé des femmes - des femmes et de l'amour - que Baudelaire dans quelques poèmes sublimes comme La Chevelure ou L'invitation au voyage.
Ce fut un homme blessé, un cruel bretteur, un fou génial, un agitateur d'insomnies.
Baudelaire aura été l'un des plus lucides observateurs de la désacralisation de l'art dans le monde moderne, lui qui admirait tant la peinture de Delacroix et de Manet. Dandy et proche des chiffonniers, anarchiste de gauche puis de droite, il fut l'homme de tous les paradoxes et originalités.
En 30 chapitres qui sont autant de diamants noirs, Antoine Compagnon aborde le réalisme et le classicisme de Baudelaire, le rôle de Paris et de Honfleur, de la ville et de la mer mais aussi le rire, la procrastination et le catholicisme. Dans le même esprit qu'Un été avec Montaigne, « à sauts et à gambades », Antoine Compagnon nous fait redécouvrir Les Fleurs du mal et Les Petits poèmes en prose en nous faisant partager un Baudelaire inclassable et irréductible. -
Un été avec Machiavel
Patrick Boucheron
- Éditions des Équateurs
- Parallèles
- 1 Janvier 2019
- 9782849905050
Chaque fois qu'une tempête s'annonce dans l'Histoire, on convoque Machiavel, car il est celui qui sait philosopher par gros temps. En effet, depuis sa mort en 1527, on ne cesse de le lire, et toujours pour s'arracher à la torpeur. Mais que sait-on de cet homme hormis le substantif inventé par ses contempteurs pour désigner cette angoisse collective, ce mal politique, le machiavélisme ?
Né dans une république de princes, la Florence oligarchique de la Renaissance et de Savanarole, Machiavel est très tôt sensible à la politique. Premier secrétaire de la Seconde chancellerie, historien, dramaturge, poète, philosophe, politologue avant l'heure, admirateur des peintres, des ingénieurs, des médecins et des cartographes, incorrigible provocateur, Machiavel est surtout un très fin spectateur. En Europe, il voyage, scrute les rapports de force qui meuvent les hommes, renifle les remugles du pouvoir. Il s'étonne de voir, qu'en France, Louis XII tient son peuple d'une main de fer et que ce dernier ne l'en aime que davantage. Peu à peu, l'homme aiguise son style. Chez lui, tout est bon pourvu que l'on puisse exercer l'art du mot juste, « la vérité effective de la chose » : « L'amour est préférable, mais la force, parfois, inévitable ».
La chance de Machiavel est d'avoir toujours été déçu par les hommes d'État qu'il a croisés sur son chemin. C'est pour cela qu'il a dû inventer son Prince de papier. Si le livre s'attache à dissocier l'action politique de la morale commune, la question demeure aujourd'hui encore de savoir, non pas pourquoi, mais pour qui écrit Machiavel. Pour les princes ou pour ceux qui veulent leur résister ? Et qu'est-ce que l'art de gouverner ? Est-ce celui de prendre le pouvoir ou celui de le conserver ? Qu'est-ce que le peuple ? Peut-il se gouverner lui-même ? Pensez-vous que les bonnes lois naissent de législateurs vertueux ? La fin peut-elle justifier les moyens ? Au-delà de conseils cyniques aux puissants, Machiavel s'interroge en profondeur sur l'idée de la souveraineté populaire car « le peuple connaît celui l'opprime ».
Avec verve et une savoureuse érudition, Patrick Boucheron nous éclaire sur cet éveilleur inclassable, visionnaire et brûlant comme un soleil d'été sur la terre toscane. Et avec lui, nous écoutons Machiavel, comme tous les autres avant nous, au futur.
Un été avec Machiavel est à l'origine une série d'émissions diffusées pendant l'été 2016 sur France Inter. -
Nous venons de l'océan, nous l'avons oublié
- Éditions des Équateurs
- Documents
- 4 Juin 2025
- 9782382848142
« Les géologues sont descendus dans les abysses. Là, ils ont découvert le Jardin d'Éden. Les humains l'ignorent encore, mais le paradis se cache au fond de la mer. » L'océan est le miroir de notre humanité. Vaste et indompté, il abrite une biodiversité spectaculaire, régule le climat, nourrit des millions de vies. Dans cet ouvrage à quatre mains, Françoise Gaill et Brune Poirson conjuguent leurs regards pour nous faire découvrir l'ultime territoire sauvage de notre planète. Elles dressent un portrait vivant de l'océan : lieu de contemplation et d'espoir, berceau des découvertes scientifiques de demain, qui est aujourd'hui menacé. Il est temps d'agir. Face aux urgences écologiques et sociales, cet appel mêle science et engagement politique pour proposer des pistes concrètes de collaboration entre les deux univers. À la fois ode à la mer et cri d'alerte, ce livre nous invite à comprendre, aimer et surtout protéger l'océan, ce bien commun essentiel à notre survie autant qu'à notre imaginaire et à notre bonheur.
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Il nous faut la vie fauve
Caroline Boidé
- Éditions des Équateurs
- Littérature
- 14 Mai 2025
- 9782382847701
Face à un monde soumis à la statistique, où sévit la dictature du nombre et des algorithmes, gagné par la marchandisation et la robotisation, envahi par les réalités artificielles, la vie fauve est le nouveau recours contre l'effondrement, le chemin vers la liberté. Dans ce livre-manifeste, qui est aussi un récit de voyage, de Collioure (le port d'attache de Matisse et des peintres fauves) à Tanger (la porte marocaine de Delacroix) en passant par l'Algérie et le Mexique, Caroline Boidé part sur les traces d'artistes à l'élan vital qui ont fait le choix d'une existence étrangère à toute domestication, en qui bouillonne une révolte contre l'oppression matérielle et spirituelle. Caroline Boidé piste donc des figures magnifiques et indomptables : Catherine Pozzi (l'amour fou de Paul Valéry), la chanteuse Chavela Vargas, Grace Jones, Dominique Aury (l'autrice d'Histoire d'O), Delacroix, Nietzsche, le compositeur Tchèque Janá?ek ou encore l'écrivain Linda Lê (diamant noir des lettres françaises). Elle perce leurs secrets qui peuvent nous inspirer aujourd'hui. Cet éloge d'une vie sensible et en couleurs est aussi la quête de beauté et d'émancipation d'une femme au contact des grands fauves. Contre le stress et l'éco-anxiété, vous avez essayé toutes les thérapies, le yoga ayurvédique et le spa nordique, laissez-vous tenter par la vie fauve et révélez la puissance animale qui est en vous.
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La littérature ça paye !
Antoine Compagnon
- Éditions des Équateurs
- Littérature
- 4 Septembre 2024
- 9782382847534
Pour défendre la place de la littérature dans notre « monde moderne », j'ai choisi un titre choc, claquant comme un étendard, agressif, combatif, et même un peu provocateur. En effet, j'ai le sentiment que certains d'entre nous doutent d'elle aujourd'hui, de sa valeur, de son pouvoir, de son utilité, de son avenir... Je résumerai cette méfiance en peu de mots : la littérature, ça ne paye pas, ou ça ne paye plus. Dans une société dominée par les lois du marché, on en vient forcément à se demander : que vaut la littérature comme placement ? Ou même : quel rendement, quel retour sur investissement peut-on espérer de la lecture ? Car la lecture prend du temps, beaucoup de temps, et l'écriture encore davantage. Or nous cherchons de plus en plus à gagner du temps, à faire vite, à améliorer notre productivité. « La littérature, ça paye ! » Pour aller à l'essentiel, j'entendrai ce slogan en deux sens : d'une part « combien ça rapporte à son auteur », d'autre part « combien ça rapporte à son lecteur ».
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Il y a deux Paul Valéry. L'auteur classique, poète d'État, un brin énigmatique, que tout le monde connaît sans l'avoir lu et il y a le sacripant drolatique, l'anar espiègle, le gamin salace aux mauvaises pensées, « l'esprit le plus méphistophélique de notre littérature ». Sans parler du coureur et du farceur. Deux faces d'une même médaille, le prévisible et l'imprévu, le bienséant et le frondeur, le sentencieux et le narquois.
L'été sied à Paul Valéry, ce solaire impertinent, ce méditerranéen qui nous enjoint de courir à Londres pour en revenir vivant. Non seulement parce qu'il est né à Sète en 1871 mais aussi parce que toute son oeuvre est bercée par le sud, la Corse, l'Italie et la Méditerranée. N'oublions pas qu'il est l'auteur de l'universel Cimetière marin.
Il y a un Paul Valéry en maillot de bain, un homme du trait, du brillant, de l'éclat, du paradoxe et du charnel. -
Un été avec Victor Hugo
Laura El Makki, Guillaume Galienne
- Éditions des Équateurs
- Parallèles
- 1 Janvier 2019
- 9782849904633
Victor Hugo rêvait d'être « Chateaubriand ou rien ». Sa vie et son oeuvre dépasseront cette ambition. Il sera un océan à lui seul : romancier, poète, dramaturge, pamphlétaire, académicien, pair de France, député. Tout en conservant le génie de l'enfance, Victor Hugo empoigna le XIXe siècle, combattit les injustices, la peine de mort, et toutes les formes d'aliénation. Il croyait au mouvement, au progrès. Son défi était de n'avoir jamais peur. Malgré les épreuves, les deuils familiaux, l'exil, Victor Hugo choisit de vivre : « Je suis celui que rien n'arrête/Celui qui va ». Il mit sa force, son souffle dans l'amour des siens, la conquête des femmes, la création et la passion de l'humanité : « Ma vie est la vôtre, votre vie est la mienne, vous vivez ce que je vis ; la destinée est une. »
Passer un été avec Victor Hugo ce n'est pas seulement se reposer à l'ombre d'un géant mais aussi voyager en sa compagnie, aimer jusqu'à l'épuisement et partager son sens de l'humour loin de l'image scolaire.