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Après l'ordre du livre, par Patrick Bazin
Le projet Google de bibliothèque universelle a été vécu par les autorités françaises comme un défi à relever. Mais ces réactions fort légitimes ne sauraient nous faire oublier que le passage de l'ordre du livre à l'ordre numérique, qui bouleverse les notions d'oeuvre, d'auteur, de lecteur et de savoir, est un changement de monde.
Patrick Bazin est directeur de la Bibliothèque municipale de Lyon.
Dernier livre paru: Les vingt-cinq ans de la BPI (Paris, BPI - Centre Pompidou, 2003).
Profane et sacré en République, par Pierre Nora
Pierre Nora a bien voulu publier dans Médium l'allocution qu'il a prononcée le 14 mars 2005, sous la coupole, à l'occasion de la commémoration du centenaire de la loi de 1905, confiée aux soins de l'Académie des sciences morales et politiques.
Pierre Nora, de l'Académie française, a fondé en 1980 la revue Le Débat qu'il dirige depuis. Derniers livres parus: Michelet, historien de la France (Paris, Gallimard, 1999); Discours de réception à l'Académie française et réponse de René Rémond (Paris, Gallimard, 2002); Le Débat, Mémoire et identités juives dans la France contemporaine. Les grands déterminants (Paris, n°131, sept-oct 2004).
Le moi par la lettre: de Platon à Tati, par François-Bernard Huyghe
L'apparition du moi dans l'histoire des mentalités est classée
fait culturel. Celle du transport à distance des missives,
fait technique. Mais comment saluer l'émergence littéraire de l'intime sans rendre sa juste gloire au facteur?
François-Bernard Huyghe enseigne à HEC et à l'École de guerre économique. Dernier livre paru avec Édith Huyghe : Les Routes du tapis (Paris, Gallimard, coll. « Découvertes », 2004).
Qu'est-ce qu'une épidémie?, par Jean-Paul Escande
Les phénomènes d'épidémies symboliques, les contagions mythiques, les projections incontrôlées de modèles de comportement, illustrent au premier chef la question médiologique (Comment une idée devient-elle force matérielle?). D'où l'intérêt pour nous, au-delà de ces métaphores, d'une mise au point rigoureuse sur la notion proprement médicale d'épidémie, par un homme de l'art.
Jean-Paul Escande est diplômé d'immunologie à l'Institut Pasteur, ancien professeur de dermato-vénérologie à l'hôpital Cochin-Tarnier. Il a été l'élève du biologiste René Dubos et du physicien Pierre Auger. Dernier livre paru: Des cobayes, des médailles, des ministres (Paris, Max milo Editions, 2003).
Du personnage comme médium, par Régis Burnet
Aide-mémoire, facilitateur de récit, moyen pour une idée de faire image, le personnage, qu'il soit historique ou légendaire, a une puissance de transmission incomparable. Sans Marie-Madeleine, pas de Da Vinci code. Un rappel à longue portée, déclinable sur plus d'un registre.
Régis Burnet est ancien élève de l'Ecole normale supérieure et docteur en sciences religieuses. Son dernier livre: Marie-Madeleine, de la pécheresse repentie à l'épouse de Jésus (Paris, Cerf, 2004).
A quoi bon connaître les religions?, par François Boespflug
La notion d'enseignement du fait religieux dans l'école laïque a été récemment entérinée par le législateur (amendement Brard).
Elle suscite encore quelques réticences tant chez les rationalistes
que chez les clercs. On dénonce alors un cheval de Troie, tantôt du mysticisme dans l'enceinte du savoir, tantôt du relativisme dans l'enceinte du dogme. Un professeur d'histoire des religions à l'université Marc-Bloch de Strasbourg répond à ces inquiétudes.
François Boespflug est professeur d'histoire des religions à l'université Marc-Bloch à Strasbourg. Le présent texte est la partie centrale d'une contribution à une conférence de l'université de Liège (décembre 2003) publiée par la Société belgo-luxembourgeoise d'histoire des religions (9, 2004, pp. 7-19).
L'art à l'estomac, ou l'anti-Malraux, par Régis Debray
On trouvera ici la transcription d'une intervention orale, dans le cadre d'un séminaire mensuel de médiologie. Elle enchaîne sur les réflexions déjà publiées de Michel Melot, ancien directeur de l'Inventaire de France, louant la lucidité esthétique d'André Malraux.
Régis Debray est philosophe et écrivain. Son dernier livre paru : Les Communions humaines. Pour en finir avec la « religion » (Paris, Fayard, 2005).
Ce que la science doit à la sorcellerie, par Bruno Lavillatte
L'autorité de « la magie naturelle », jusqu'à la Renaissance, reposait sur la preuve par l'ancienneté. Désenchanter le monde, c'est changer le régime d'autorité, du lu vers le vu ; et donc nier le livre comme dépôt de vérité. C'est à ce « délestage médiologique » qu'a procédé la toute nouvelle science expérimentale.
Bruno Lavillatte est ancien professeur de philosophie (spécialiste de la Renaissance) et poète. Dernier livre paru : Karukéra, éditions du Cygne, préfacé par Alain Borer.
Les deux mémoires de l'esclavage, par Gérard Barthélémy
Que reste-t-il de l'esclavage dans la mémoire des anciens esclaves ? Et dans celle des anciens maîtres ? Les deux sortes de traces ne peuvent se rencontrer. À partir du cas haïtien, une approche anthropologique d'un douloureux divorce, aux effets toujours sensibles.
Gérard Barthélemy, anthropologue et économiste, ancien attaché culturel en Amérique latine et professeur à l'université de Port-au-Prince (1988-1991), est l'auteur notamment de L'Univers rural haïtien. Le pays en dehors (Paris, L'Harmattan, 1991), et de Créoles-Bossales: Conflit en Haïti (Guadeloupe, Ibis rouge Éditions, 2000).
Le magnétophone et l'nathropologue, par Jack Goody
Comment se fabrique le regard ethnographique ? L'anthropologue anglais Jack Goody, auteur du célèbre « La Raison graphique »
(The Domestication of Savage Mind, Paris, Minuit, 1979), prend au sérieux les outils de transcription des mythes, et leurs incidences sur la perspective structuraliste. Une approche empirique, qui tire à conséquence.
Jack Goody est professeur honoraire à l'université de Cambridge. Traduction et présentation de Maxime Drouet, doctorant en sociologie (EHESS)
BONJOUR L'ANCÊTRE
Ici, contre l'amnnésie et la désinvolture, un médiologue d'aujourd'hui célèbre un maître d'hier oublié ou méconnu.
L'abbé Grégoire, avec Robert Dumas
Fils d'un tailleur, Grégoire est né dans une famille modeste le 4 décembre 1750, à Vého, un village de la province des Trois-Évêchés qui jouxte la Lorraine. Il a été élevé dans la foi catholique et a poursuivi d'excellentes études au collège des jésuites de Nancy.
Après la suppression de la Compagnie par l'édit royal de 1768, il entre à la nouvelle université de Nancy, il étudie la théologie et la philosophie à Metz de 1769 à 1771 et à Pont-à-Mousson de 1771 à 1774. Enfin, sa dernière année accomplie au séminaire de Metz, il est ordonné prêtre en 1775. Vicaire à Château-Salins, puis à Marimont-la-Basse, il est nommé curé des paroisses d'Emberménil et de Vaucourt le 15 avril 1782. Esprit pieux mais libre, le jeune ecclésiastique découvre les préjugés du monde paysan. Homme des Lumières mais aussi homme de foi, il prêche l'Évangile tout en combattant l'obscurantisme qui abrutit le peuple et entrave les progrès de l'agriculture. Il participe à la rédaction des cahiers de doléances de sa paroisse d'Emberménil puisque la défense des idées politiques nouvelles n'est que l'accomplissement de sa mission religieuse.
Élu à la Constituante en 1789, il prend activement part au processus révolutionnaire jusqu'à la Convention. Prêtre patriote, il perçoit dans les événements politiques le souffle de Dieu qui les inspire.
Curé député, il lutte contre l'ordre inique de l'Ancien Régime et contre la monarchie qu'il déteste. D'ailleurs absent lors du vote de la mort du roi, il aura été un régicide d'intention. Évêque de Blois, il reste l'apôtre de la liberté et de l'égalité tout en devenant l'une des têtes pensantes du clergé constitutionnel. Sa vie durant, il restera fidèle à la Constitution civile du clergé. Militant et théoricien, homme d'action et de réflexion, l'abbé Grégoire offre un profil surprenant parce que paradoxal : celui d'un prêtre engagé dans la Révolution, celui d'un révolutionnaire parce que prêtre.
Robert Dumas est professeur de philosophie à Annecy.
SALUT L'ARTISTE
Ici, contre modes et paresses, un coup de projecteur éclaire un coin d'ombre
dans la forêt des formes actuelles.
Jean Le Gac
Pour qui y se prend, çui-là ? Un prof de dessin qui joue au démiurge canonisé ! Voyez-vous ça. On met en scène, en belle compagnie, ses Adieux à l'art aux Gobelins de Beauvais (jusqu'au 18 septembre 2005), et pour faire bonne mesure, on a déjà logé ses collections au musée Jean-Le Gac (avenue Gambetta, 75020 Paris). Et puis quoi encore ?
Jean Le Gac est né le 6 mai 1936 à Alès (Gard). Il expose régulièrement en France à la galerie Daniel Templon à Paris depuis 1970, à la galerie Issert à Saint-Paul-de-Vence, de 1982 à 1994.
Il est représenté en Allemagne par la galerie Brigitte March à Stuttgart.
Principales expositions : 36e Biennale internationale d'art de Venise (1972); Israel Museum de Jérusalem (1974); Documenta 5 et 6 de Kassel (1972 et 1977); Centre Georges-Pompidou (1978); ARC, musée d'Art moderne de la Ville de Paris (1984) ; Museum Het Valkof de Nimègue (2002); Château de Villeneuve-de-Vence (2002-2003); et dans de nombreuse galeries à travers le monde.
Monographies: Catherine Francblin, Jean Le Gac (Paris, Art Press/Flammarion, 1984); François Cheval et Ann Hindry, Jean Le Gac par Jean Le Gac (Paris, Cercle d'Art, 1992); Anne Dagbert, Jean Le Gac (Paris, Fall, 1998).
UN CONCEPT
Un peu de logique s'il vous plaît. Place à une notion fondamentale et fondatrice sévèrement résumée. Parce que la médiologie ne se sait pas science, elle s'exige rigueur et cohérence.
Médiasphère
S'entend par ce mot la sphère de circulation des traces et des individus techniquement déterminée par les modes de transport dans l'espace et dans le temps prévalant à un moment donné de l'histoire.
ACTUALITÉ
Régis Debray, A bout de souffle, l'Europe?
L'Europe au sens fort sera dramatique ou ne sera pas. Pour l'heure, le sens faible a le dessus. Quiconque a pu réfléchir, en médiologue, au devenir-force des idées et connaît ce qu'il faut de « grand récit » pour donner corps à une personnalité collective accueillera cette évolution avec le calme des vieilles moustaches. Tenu par nos délais d'impression mais désireux d'éclairer l'équivoque, on a choisi de publier ici tel quel le texte d'une intervention faite à Berlin au début de 2001, en réponse au malaise (déjà) suscité dans l'opinion d'alors par les «maigres résultats» du traité de Nice. Elle n'engage, bien sûr, que son auteur.
Le titre était : Après Nice, l'Europe à bout de souffle ? Quitte à lui substituer, quatre ans plus tard, un Après le référendum, on ne voit pas de raison aujourd'hui de redire autrement la même chose.
SYMPTÔMES
Ici, chacun s'en donne à coeur joie et à compte propre sur tel ou tel sémaphore de l'esprit du temps.
Le haut débit des télécorps, par Monique Sicard. Centre de recherche sur les arts et le langage de l'EHESS.
Vidéopéra et Lemming, le lemme de Dominik Moll , par Daniel Bougnoux. Responsable de la publication des oeuvres romanesques complètes d'Aragon dans la Bibliothèque de la Pléiade (Gallimard).
La peine et la panne, par Antoine Perraud. Producteur à France Culture et journaliste à Télérama. -
Les nouvelles hybrides Paul Soriano p. 5
Glissements progressifs de l'autorité Daniel Bougnoux p. 27
Logistiques de l'écrit Yves Jeanneret p. 41
Le livre déplié Michel Melot p. 51
Après le journal, les journalistes Pierre Assouline p. 67
Inondation médiatique et presse écrite Jean-Marie Charon p. 79
Laisser dire, laisser passer France Renucci p. 93
La relation épistolaire Paul Oraison p. 106
Truffaut, homme de lettres Régis Debray p. 122
Le cauchemar de Proust Pierre-Marc de Biasi p. 127
Défaut de correspondances Jacques Lecarme p. 138
La sacoche du facteur Marc Pontet p. 153
Vos papiers ! Daniel Perrin-Dinville p. 165
Le désordre du discours Jean-Rémi Gratadour p. 171
Paroles d'entreprises Jeanne Bordeau p. 182
Bonjour l'ancêtre François de Neufchâteau avec Robert Damien p. 197
Salut l'artiste Louise Merzeau p. 207
Un concept Logistique par Paul Soriano p. 215
Symptômes Deux regards sur Quartett ;
Cyrano ; La lettre au cinéma ; Saint Paul ; La Croix p. 225 -
Le terrorisme et l'espoir André Malraux 3
Vérité médiatique, erreur historique : Sartre Jacques Lecarme 11
Le sacré, une force quantifiable ? Albert Assaraf 27
Tradition et traduction : la modernité japonaise Nobutaka Miura 44
La vaporisation de la valeur Paul Soriano 58
Un véhicule littéraire : le tramway Wolfram Nitsch 79
Un gaullisme intransmissible Bruno Lavillatte 96
Du rite comme oeuvre : l'art contemporain Michèle Fellous 106
Vitalité de théâtre anglais Nicole Boireau 117
Un contretemps nommé Mozart Régis Debray 132
Bonjour l'ancêtre Gabriel Naudé, avec Robert Damien 140
Salut l'artiste Philippe Hurteau, par Louise Merzeau 152
Un concept L'Origine 162
Symptômes 4x4 ; Pas d'souci ; Poésie ? ;
Berlusconi ; Carictures ; Mesguich 170 -
Le médiologue et les médias, par Régis Debray
Paradoxe : c'est Le Débat qui parle médias, non Médium. Pourquoi ce chassé-croisé, entre une excellente revue généraliste qui consacre deux numéros au médiatique contemporain et une non moins bonne revue médiologique qui sur le sujet reste discrète, et moins portée aux vues d'ensemble ? Parce que la médiologie s'occupe des médiations, dans l'histoire longue, dont nos actuels mass-médias sont un cas de figure - parmi d'autres. Une mise au point.
Régis Debray, dernier livre paru, Supplique aux nouveaux progressistes du XXIe siècle, Gallimard, 2006
Maudits médias, par Daniel Bougnoux
Sur la question des médias, décidément ressassée, interminable, la médiologie ne snobera pas le débat. L'objet-média, celui qu'on aime haïr, mal dit, maudit, nous réserve encore des surprises, et d'improbables envies : on y revient toujours, tous nos chemins s'y croisent mais personne n'aura, à l'ombre de ce marronnier médiatique, le dernier mot.
Daniel Bougnoux est professeur émérite en sciences de la communication à l'université Stendhal de Grenoble.
Du musée de l'Homme au quai Branly, par Patrick Prado
Il y a quelque chose de pourri au royaume des objets d'art - rêverait peut-être un Hamlet d'aujourd'hui, en allant et venant entre un musée qui ferme et un autre qui s'ouvre, le Trocadéro et le quai Branly, ou encore entre les réserves en sous-sol et les salles d'apparat. Un voyage à travers les limbes de la transmission contemporaine pose la question préjudicielle : qu'est-ce qui distingue un objet d'exposition d'un objet tout court ? Les « arts » de «l 'Art » ?
Patrick Prado (art vidéo - cnrs) à la poursuite des gens et des objets abandonnés, prospecteur de secrets bien gardés dans les greniers de l'enfance.
Le « dialogue interreligieux » : une formule creuse ?, par Jean-Christophe Attias
La formule est à la mode. Elle répond à un désir sincère de nos églises, et sans doute à un besoin vital de nos civilisations. Mais si l'on sait pourquoi dialoguer, encore faut-il savoir comment, à quelle fin, et sur quoi au juste. Chercheur rigoureux, l'auteur de ces lignes, historien du judaïsme médiéval, remet l'actualité en perspective, sans ménagements superflus.
Jean-Christophe Attias est directeur d'études à l'EPHE, spécialiste du judaïsme médiéval. Il est l'initiateur avec Esther Benbassa du « Pari(s) du Vivre-Ensemble » (19-26 mars 2006). Dernier ouvrage publié : Juifs et musulmans. Une histoire partagée, un dialogue à construire, Paris, La Découverte, 2006 (dir., avec Esther Benbassa).
Un lieu médium : l'église de la Madeleine, par Albert Lévy
Les églises, lieux de prières ? Oui, mais aussi des enjeux pour l'autorité. Ces médiums de pierres peuvent se lire comme d'exemplaires machines à faire croire, logiquement convoités par les pouvoirs séculiers. L'église de la Madeleine en fait partie. Une visite des lieux.
Albert Lévy est architecte, chercheur CNRS, ses recherches portent sur le projet architectural et urbain. Dernier livre paru : Les machines à faire-croire, I-Formes et fonctionnements de la spatialité religieuse, Anthropos/Economica, Paris, 2003. En préparation, La Madeleine et le Panthéon, Les machines à faire-croire, II-Pouvoir de l'espace pouvoir de l'image, Anthropos/Economica (à paraitre fin 2006)
Faisons un rêve : l'uniforme à l'école, par Daniel Faivre
Un témoignage sur le vif, doublé d'une proposition aussi pertinente qu'impertinente. À l'occasion d'un jumelage avec un lycée cambodgien, un professeur de Courbevoie découvre le fossé des mentalités, entre deux jeunesse de même génération, notamment autour de l'uniforme scolaire. Et si on osait...
Daniel Faivre, né avec la seconde guerre mondiale, est professeur de français engagé en 1968, longtemps responsable local du SNES. Itinéraire varié, du lycée Saint-Louis aux collèges de banlieue et auteur d'ailleurs d'un essai sur ceux-ci : Ta Mère Point Com.
Une technique de transmission : le secret, par François-Bernard Huyghe
Si toute transmission exige un corps spécialisé, les sociétés secrètes constituèrent historiquement le noyau dur de celui-ci. Mais le secret est aussi le sel de nos vies : être un sujet (moral, psychologique, politique), c'est avoir des secrets. Il est donc logique que nos sociétés dites d'information accordent un pouvoir croissant à toutes sortes de secrets, économiques, stratégiques, scientifiques, bancaires... La transparence des affaires humaines n'est pas pour demain.
François-Bernard Huyghe est docteur d'État en Sciences Politiques, habilité à diriger des recherches en sciences de l'information et communication. Il intervient comme formateur et consultant. Dernier livre paru : Comprendre le pouvoir stratégique des médias, Eyrolles, septembre 2005.
Espace et politique en Afrique du Sud, par Johann Rossow
Gouverner, c'est toujours relever le défi des distances à franchir. Et la communication commence avec la domination et l'unification de diverses espèces d'espaces. Dans un pays aussi étendu que l'Afrique du Sud, réunir et tenir séparés (par l'apartheid) différents groupes ethniques a supposé, depuis les débuts de la colonisation, une gestion très matérielle de la distance.
Johann Rossow est rédacteur du Die Vrye Afrikaan, mensuel qui édite l'edition sud-africaine du Monde diplomatique, philosophe, écrivain et traducteur.
Le baptême des morts : une transmission rétroactive, par Bernadette Rigal-Celard
Les recherches généalogiques des Mormons ont pour finalité d'offrir aux défunts l'accès au salut en leur administrant un baptême par procuration. Comme chaque baptisé doit être rigoureusement nommé, l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours a entrepris de microfilmer ou d'enregistrer tous les documents écrits ou sonores permettant d'identifier jusqu'à l'humanité tout entière. Au-delà du pittoresque américain, une illustration des liens entre nouvelle spiritualité et nouvelles technologies.
Bernadette Rigal-Cellard est spécialiste des religions nord-américaines, professeur à l'Université Michel de Montaigne-Bordeaux 3 (UFR des Pays Anglophones). Elle y est responsable du Master interdisciplinaire « Religions et sociétés ».
Vitalité du théâtre anglais, par Nicole Boireau
Le théâtre se porte assez bien au pays de Shakespeare. Mieux qu'en France ? Si juger, en art, c'est comparer, rien de plus opportun qu'un parallèle entre les prestiges et la popularité de l'écriture dramatique en Grande-Bretagne et leur équivalent dans l'hexagone. Une leçon de réalisme, voire d'humilité.
Nicole Boireau est professeur de langue et littérature anglaise à l'université Paul Verlaine-Metz. Dernier livre paru : Théâtre et société en Angleterre dans les années 1950 à nos jours, PUF, Paris, 2000.
Valéry et le devoir de fiction, par Joël Loehr
Sans le secours de fictions, il n'est pas d'ordre civilisé qui tienne. On savait déjà Valéry médiologue, mais rappelons qu'il n'a pas seulement annoncé « l'ère de l'ubiquité ». Les communautés, dit-il, sont imaginaires ou ne sont pas, et chaque fiction appelle son monument approprié de coordination. « L'ère du fait » n'est-il pas fatal à l'union politique de l'Europe ?
Joël Loehr est chercheur associé à Paris III.
BONJOUR L'ANCÊTRE
Ici, contre l'amnnésie et la désinvolture, un médiologue d'aujourd'hui célèbre un maître d'hier oublié ou méconnu.
Marshall Mc Luhan, avec Catherine Bertho-Lavenir
Dans toutes les familles il y a un aïeul un peu excentrique dont on ne sait trop s'il fait honneur à la lignée ou s'ils est légèrement embarrassant. C'est le cas de Marshall Mc Luhan. On reproche bien souvent à l'auteur de La Galaxie Gutenberg 1 et de Pour comprendre les médias 2 un goût pervers pour le mélange des disciplines ainsi qu'un coupable penchant pour des formes d'écriture non académiques. Pourtant si, à l'orée des années 1960, il séduisait ingénieurs et historiens, informaticiens en herbe et télécommunicants en devenir, c'est pour une autre raison. Dans des sociétés confrontées à l'irruption des technologies de la communication, ses livres successifs s'ordonnaient peu à peu en une bible foisonnante et baroque, fondée sur l'idée forte que la technique devrait être replacée au coeur de la réflexion sur l'histoire des sociétés. Idée que ne réfuterait aucun médiologue qui se respecte. Cependant, de livre en livre, Marshall Mc Luhan s'est forgé chez les gens de bien une image déplorable. Ce Canadien iconoclaste a franchement exagéré : affirmer sans broncher que le « message, c'est le massage 3 » et soutenir que le contenu des livres n'a aucune importance en a choqué plus d'un. D'où cette mauvaise réputation. Le procès pourtant ne mérite-t-il pas d'être réinstruit ?
Catherine Bertho-Lavenir est, avec Frédéric Barbier, l'auteur d'une Histoire des médias, de Diderot à Internet, chez Armand Colin (dernière édition 2004). Professeur d'histoire contemporaine à l'Université Paris III-Sorbonne nouvelle, elle va occuper, à partir de septembre 2006, la chaire « Étude de la France contemporaine » à l'université de Montreal.
SALUT L'ARTISTE
Ici, contre modes et paresses, un coup de projecteur éclaire un coin d'ombre
dans la forêt des formes actuelles.
Andy Goldsworthy par Daniel Bougnoux
Andy Goldworthy est né en Angleterre en 1956. Il est établi depuis 1986 à Penpont, en Écosse. Son travail, réalisé dans des lieux aussi divers que le Pôle nord, le désert australien, le Japon ou la ville de Digne (Alpes de Haute-Provence), a fait l'objet de nombreuses expositions, notamment sur les toits du Metropolitan et du Jewish museum de New York. La galerie Lelong, à Paris, l'a exposé en 2006 pour la troisième fois.
Le film Rivers and tides (2005) est disponible en DVD. Un ouvrage, Passage (2004, Anthèse. 30, avenue Jean Jaurès. 94117 Arcueil) donne également une riche présentation de son oeuvre.
UN CONCEPT
Un peu de logique s'il vous plaît. Place à une notion fondamentale et fondatrice sévèrement résumée. Parce que la médiologie ne se sait pas science, elle s'exige rigueur et cohérence.
Représentation
Représenter implique généralement l'extraction d'un schème à partir d'un territoire et sa transposition dans un autre monde - dont les matériaux, les supports ou l'élément sont plus diaphanes ou faciles à manier - appelé carte ; cette opération de substitution ou d'allègement tient nos deux termes fermement séparés de part et d'autre de la « coupure sémiotique » : le signe n'est pas la chose, le mot chien ne mord pas - non plus que son image d'ailleurs. Et « ceci n'est pas une pipe » (vous ne pouvez pas la fumer). Cette coupure qualifie donc l'accès au symbolique, soit un certain propre de l'homme.
SYMPTÔMES
Ici, chacun s'en donne à coeur joie et à compte propre sur tel ou tel sémaphore de l'esprit du temps.
Défense et illustration du cycliste et du piéton, par Gaspard-Marie Janvier
Gaspard-Marie Janvier. est écrivain.
Libraires télégéniques : la fonction « coup de coeur », par Guillaume Zorgbibe. Guillaume Zorgbibe est doctorant en philosophie politique à Paris IV-Sorbonne, membre associé du groupe de recherche ETOS de l'INT-Management et éditeur aux Éditions du Sandre.
Injustes radars, par Maurice Sachot
Maurice Sachot est professeur en sciences de l'éducation à l'université Marc Bloch (Strasbourg).
Pinault Show, par Daniel Bougnoux
Hamlet en une heure vingt, par Daniel Bougnoux
Correspondance : pour un courrier des lecteurs ?, par Gilles Clamens et Antoine Perraud -
- L'effet génération (R. Debray et P. Soriano)
- Chers disparus (Paul Soriano)
- On a toujours vingt ans (Catherine Malaval)
- Le généalogiste successoral (Christophe Massot)
- Chine : les « post-80 » (Yu Hai)
- France : « Génération quoi ? » (Boris Razon)
- Ces machines à démonter le temps (Giuliana Parotto)
- Que sont les militants devenus ? (Jérôme Besnar)
- La transmission de l'oeuvre (Hélène Maurel-Indart)
- Malaise dans la généalogie (François Warin)
- Oblomov de Gontcharov (Robert Dumas)
- Du livre à l'écran (Emmanuel Cauvin)
- Rings et rounds (Christian Cavaillé)
- Pense-bête (Régis Debray) -
- Nations en quête d'auteurs (Daniel Bougnoux)
- La part du diable (Régis Debray)
- Victor Hugo (Robert Dumas)
- Molière (H. Maurel Indart)
- Racine (Françoise Gaillard)
- Cyrano (Paul Soriano)
- Patrick Modiano (Jacques Lecarme)
- Gabo (Jean-François Fogel)
- Shakespeare (François Laroque)
- Goethe (Jean-Pierre Lefebvre)
- Virgile ? (Paul Soriano)
- Hayim Gouri (Michèle Tauber)
- Joyce (Alan Hennessy)
- Beckett (Antoine Perraud)
- Gaston Miron (Michel Erman)
- Identité (Mahmoud Darwich)
- Écosystèmes de médias (Olivier Bomsel)
- Le cadenas d'amour (Christian Godin)
- L'Europe, et après ? (Pierre Murat)
- Pense-bête (Régis Debray) -
L'argent maître ?
1,17 euro - Régis Debray
Bon serviteur et mauvais maître - Paul Soriano
OMNIPRÉSENCE
Plaidoyer pour l'argent - Charles-Henri Filippi
Du monothéisme comme monopole - Philippe Simmonot
De l'or à l'art - Michel Melot
Flaubert : entre l'usure et la saisie - Jacques Lecarme
NUMÉRIQUE
1929-2009 - François Lenglet
Excel : les matrices de l'argent - Pierre d'Huy
L'hypermonnaie - Marc Guillaume
De l'electrum à l'électron - François-Bernard Huyghe
Retour au réel - Jean-Paul Tchang
Démonétiser l'identité numérique - Michel Arnaud
SOCIÉTÉ
Christian Baudelot - Alain Corneau - Teresa Cremisi - Jean-Paul Escande - Charles-Henri Filippi - Jean-François Kahn - Henri de Maublanc- Jean-Robert Pitte - Michel Platini - YazidSabeg - Henri Weber. -
Bonjour Roland Barthes
Les empreintes, non l'emprise - Daniel Bougnoux
Incarnations - Françoise Gaillard
Du signe à la trace - Louise Merzeau
L'argent domestiqué - Paul Soriano
Courrier électronique - Emmanuel Cauvin
Dandy ou snob, choisissez - Pierre Chédeville
Paul Valéry : l'esprit par la main - Valérie Deshoulières
L'apprenant digital -Torsten Meyer
Pense-bête - Régis Debray
Salut l'artiste : Jean-Marie Fadier, par Monique Sicard
Un concept : Influence, par François-Bernard Huyghe
Symptômes : Brando et Presley ; De Palma ; Gordon Brown ; Denis Vasse ; Jacques Julliard ; Chalon-dans-la-rue
Un objet : La bagnole, par Christian Cavaillé -
Du christianisme au libéralisme, par Maurice Sachot
Le libéralisme s'est formé dans un monde où le christianisme, en tant que religion, était devenu l'instance instituante. Sa possibilité et sa chance de réussite tiennent à ce qu'il puisse rejouer le même type de transformation que celui-ci a effectué lorsqu'il s'est qualifié de religion et a été reconnu comme telle par les institutions politiques de l'époque. Le néolibéralisme entend être au monde d'aujourd'hui ce que le christianisme fut au monde romain : assumer la fonction architectonique de l'ensemble du monde, en devenir l'instance instituante, non plus de l'extérieur (comme une Église), mais de l'intérieur (comme instance immanente).
Maurice sachot enseigne la philosophie ancienne a l'universite Marc-Bloch et les Sciences de l'éducation a l'universite Louis-Pasteur.
Territoires numériques, par Pierre Musso
« Si, comme Zola, nous déclarions que nos personnages sont veules, faibles, lâches ou mauvais à cause de l'hérédité, à cause de l'action du milieu, de la société, à cause d'un déterminisme organique ou psychologique, les gens seraient rassurés, ils diraient : voilà nous sommes comme ça, personne ne peut rien faire ; mais l'existentialiste, lorsqu'il décrit un lâche, dit que ce lâche est responsable de sa lâcheté. Il n'est pas comme ça parce qu'il a un coeur, un poumon ou un cerveau lâche, mais il est comme ça parce qu'il s'est construit comme lâche par ses actes. » Sartre, L'existentialisme est un humanisme, Nagel, 1946.
Pierre Musso est professeur à l'université de Rennes 2, directeur du master « Innovation, réseau et usages des TIC ». Dernier livre publié : Le Vocabulaire de Saint-Simon, Ellipses, 2005.
La renaissance des gares, par Albert Lévy
Qu'est-ce qu'une « gare » ? Il en existe de plusieurs espèces suivant deux lignes d'évolution : l'histoire des transports (de la locomotive à vapeur au TGV) et celle de la ville. Monuments historiques en centre-ville ou rejetées en périphérie, ostentatoires ou enfouies sous terre, étroitement adaptées à leur fonction ou diversifiées jusqu'à devenir ville elles-mêmes : Albert Lévy en analyse les variétés.
Albert Lévy est architecte, chercheur au CNRS. Ses recherches portent sur le projet architectural et urbain. Dernier livre paru : Les Machines à faire-croire I : Formes et fonctionnements de la spatialité religieuse, Anthropos-Economica, 2003. En préparation, La Madeleine et le Panthéon. Les machines à faire-croire II : Pouvoir de l'espace, pouvoir de l'image, Anthropos-Economica.
Mind the gap, par Philippe Vuaillat
Attention aux petits écarts plus significatifs qu'on ne croit. Entre le quai et le wagon, entre Londres et Paris, entre le dedans et le dehors. C'est une question de sécurité, culturelle et personnelle.
Philippe Vuaillat est ingénieur et scénariste.
Vitesses de transmission, par Yves Renouard
Transport et communication, véhicules et vecteurs ont partie liée. Nous nous étions penchés sur la route (Cahiers de médiologie n°2) et sur l'automobile (Cahiers de médiologie n°12). Il était temps de monter à cheval et en locomotive. Rien de ce qui est mobilisateur n'est étranger à la médiologie.
Yves Renouard, dont on commémore en 2008 le centenaire de la naissance, normalien et membre de l'École française de Rome, a été doyen de la faculté des lettres de Bordeaux de 1946 à 1954, puis professeur à la Sorbonne. Il a présidé le jury de l'agrégation d'histoire et le Comité français des sciences historiques jusqu'à sa mort, en 1965.
Le comité de lecture remercie le fils d'Yves Renouard, François, de nous avoir autorisé à publier ce texte.
La morale d'un clic-clac, par Monique Sicard
Un travelling est affaire de morale, disait-on naguère, après Godard. Une photo officielle aussi. Le genre est imposé. À quelques nuances près.
Monique Sicard, revue Médium. Dernier livre publié : La Fabrique du regard (XV-XXe siècle). Images de science et appareils de vision, Odile Jacob, 1998.
Le tout-à-l'écran, par Yves Racicot
« Quand le sage montre la lune, l'idiot regarde le doigt. » Le médiologue aussi. Considérons donc attentivement l'écran qui nous fait voir le monde, sa prolifération, ses mutations, son évanescence et sa harcelante omniprésence. Ce simple dispositif modifie nos dispositions les plus intimes.
Yves Racicot est réalisateur, il enseigne à l'École des médias et au doctorat en études et pratiques des arts de l'université du Québec à Montréal. Ses recherches actuelles portent sur la transformation de la présence par la prolifération des écrans.
Quand la photographie devient affiche, par Daniel Grojnowski
La publicité a-t-elle vulgarisé l'art photographique ? Ou bien la photographie a-t-elle fait de la publicité un art ? A-telle désacralisé l'objet rare ou contribué à resacraliser l'esprit public ? Au-delà de cette trop simple alternative, une réponse originale.
Daniel Grojnowski a publié Photographie et langage, Corti, 2002.
PENSE-BÊTE (2), par Régis Debray
Suite du journal intime d'un médiologue, zigzaguant, nez au vent, à travers films, lectures, anecdotes et rencontres.
Régis Debray, dernier livre : Un candide en Terre sainte, Gallimard, 2008.
BONJOUR L'ANCÊTRE
Ici, contre l'amnnésie et la désinvolture, un médiologue d'aujourd'hui célèbre un maître d'hier oublié ou méconnu.
Jean Le Clerc, ou la République des bibliothèques, avec Robert Damien
Jean Le Clerc, né à Genève en 1657 et mort à Amsterdam en 1736, est considéré comme un polygraphe subalterne, un vulgarisateur abondant et un critique oublié. Son effacement est aujourd'hui quasi total. De cette oeuvre monumentale, retenons sommairement trois noeuds stratégiques. Tout d'abord, Le Clerc fut le traducteur, l'éditeur et l'ami de Locke. Le militantisme lockien de Le Clerc lui fit publier la méthode bibliographique de classement des livres de la bibliothèque de Locke (qui contenait 33 titres de Le Clerc) et un Éloge de feu monsieur Locke. Outre le philosophe et le politique, il reconnaîtra en Locke un exégète aigu de saint Paul, capable heureusement de soustraire la vérité chrétienne de la Bible aux combats apologétiques des factions comme à la crédulité des enthousiastes.
Robert Damien est professeur de philosophie à l'université de Nanterre. Dernier livre paru : Le Conseiller du Prince, de Machiavel à nos jours, PUF, 2004.
SALUT L'ARTISTE
Ici, contre modes et paresses, un coup de projecteur éclaire un coin d'ombre
dans la forêt des formes actuelles.
Bob Verschueren, par Robert Dumas
À l'écart du gigantisme du Land-Art, dont l'appréciation nécessite souvent la photographie aérienne, Bob Verschueren se révèle un artiste modeste, un essayeur qui oeuvre aux frontières : celles de la matière et de la forme, celles de l'esprit et du corps, celles de la nature et de la culture. Dans ses installations, le médiologue repérera de nouvelles connexions, la réorchestration des vieux partages, l'entrecroisement de ce qui a été séparé.
Robert Dumas est professeur de philosophie et vient de publier Bob Verschueren - Conversation
avec Robert Dumas aux Éditions Tandem, 6280 Gerpinnes, Belgique.
UN CONCEPT
Un peu de logique s'il vous plaît. Place à une notion fondamentale et fondatrice sévèrement résumée. Parce que la médiologie ne se sait pas science, elle s'exige rigueur et cohérence.
Frontière, par Paul Soriano
Le dictionnaire 1 définit la frontière comme une limite qui naturellement détermine l'étendue d'un territoire ou par convention sépare deux États. Au début du XIIIe siècle, frontière s'emploie au sens de « front d'une armée » et, par extension, de « place fortifiée ». Le sens moderne (XIVe siècle) paraît être issu de l'ancien adjectif frontier, « qui fait face à, voisin ». La guerre étant, comme chacun sait, la continuation de la politique conduite par d'autres moyens, il n'est pas surprenant que l'usage se soit élargi du militaire au politique - reconduire à la frontière ; violer, défendre, franchir une frontière ; tracé de la frontière, incident de frontière... - avant de franchir plus récemment les... frontières de cette première acception. Le terme est parfois employé avec valeur d'adjectif (pour frontalier) : zone, poste, ville frontière.
Paul Soriano est chargé de mission « études et recherches » à la direction de la stratégie du groupe La Poste. Dernier livre publié : Internet, l'inquiétante extase, avec Alain Finkielkraut (Mille et Une Nuits, 2001).
SYMPTÔMES
Ici, chacun s'en donne à coeur joie et à compte propre sur tel ou tel sémaphore de l'esprit du temps.
L'école obscène, par Daniel Faivre
Un beau jour des années 90, l'administration de mon collège supprima nos estrades. Ce changement s'imposait de luimême : d'après tous les inspecteurs, le cours magistral était révolu, le professeur était désormais l'égal de l'élève, quand il n'avait pas à apprendre de lui !
Le dieu du carnage, par Roger Bensky
Politique, donc, cette comédie toute récente de Yasmina Reza - dramaturge, romancière et chroniqueuse de campagne pour personnalités proto-fascinatoires. Oui ou non, c'est selon.
La querelle des médailles, par Daniel Bougnoux
Professeur à l'Institut d'études politiques de Grenoble, dont il est actuellement le directeur, Olivier Ihl a contribué aux Cahiers de médiologie (en se penchant dans notre premier numéro, « La querelle du spectacle », sur les fastes et les spectacles républicains). -
Médecin, biologiste, chimiste, François Dagognet (1924-2015) s'est forgé des armes pour délivrer la philosophie de son enfermement universitaire et de ses dérives idéalistes.
À l'étroit dans son amphithéâtre, il a préféré les ateliers des canuts pour connaître les secrets des teintures et les procédés d'impression. Parce qu'un philosophe n'est pas un rat de bibliothèque, il a enquêté dans les verreries et les manufactures de pneus. Délaissant les introspections ressassantes du sujet, il a devancé les médiologues en célébrant les objets.
Quoi de mieux pour éclairer l'intelligence que de la saisir à l'oeuvre ?
Sommaire :
Matières à penser
Pour François Dagognet
Sous la direction de Robert Dumas
en collaboration avec Robert Damien
Robert Dumas : Un maître
Réaumur
Julien Pasteur : Une pensée prolétaire 21
Matière
Christian Godin : Le parti pris des objets
Monique Sicard : Paysage Dagognet
Synthétiques
Pierre-Jean Borey : Rythmogrammes
Oberkampf
Paul Soriano : Le corps des mots
Éloge du sac
Régis Debray : À armes inégales
Robert Damien : Souvenirs d'un disciple
Le filet
Variations médiologiques
Jean-Yves Chevalier Le palmarès des lycées de France
Philippe Guibert Le grand dérèglement
Bruno Lavillatte Espionnez-vous les uns les autres
Jacques Lecarme Pour Malraux -
Nous, le réseau, par Paul Soriano
Wikipédia, dispositif technologique, culturel et social,ouvre une véritable terre de mission à la réflexion médiologique. En tant que dispositif de production et de diffusion de savoir. Et plus encore en tant que collectivité en réseau, à la fois ludique, productive et néanmoins rétive au commerce qui investit (dans) l'Internet social.
Paul Soriano est chargé de mission « études et recherches » à la direction de la stratégie du groupe La Poste. Dernier livre publié : Internet, l'inquiétante extase, avec Alain Finkielkraut (Mille et Une Nuits, 2001). Docteur ès lettres, il a soutenu une thèse sur l'Antiquité.
Adn : la tyrannie de la transparence ?, par Monique Sicard
« Si, comme Zola, nous déclarions que nos personnages sont veules, faibles, lâches ou mauvais à cause de l'hérédité, à cause de l'action du milieu, de la société, à cause d'un déterminisme organique ou psychologique, les gens seraient rassurés, ils diraient : voilà nous sommes comme ça, personne ne peut rien faire ; mais l'existentialiste, lorsqu'il décrit un lâche, dit que ce lâche est responsable de sa lâcheté. Il n'est pas comme ça parce qu'il a un coeur, un poumon ou un cerveau lâche, mais il est comme ça parce qu'il s'est construit comme lâche par ses actes. » Sartre, L'existentialisme est un humanisme, Nagel, 1946.
Monique Sicard est chercheuse au centre de recherches sur les arts et le langage de l'École des hautes études en sciences sociales. Dernier livre publié : La Fabrique du regard (XV-XXe siècle). Images de science et appareils de vision, Odile Jacob, 1998.
« Think tanks », penser pour peser, par François-Bernard Huyghe
Les think tanks, ces centres de recherche élitistes qui produisent des idées destinées à inspirer les politiques, font de la médiologie appliquée : ils font passer le message et se veulent médiateurs.
François-Bernard Huyghe est docteur d'État en sciences politiques, habilité à diriger des recherches en sciences de l'information et communication. Il intervient comme formateur et consultant. Dernier livre paru : Comprendre le pouvoir stratégique des médias, Eyrolles, 2005.
Le Québec : une identité en péril, par Catherine Bertho-Lavenir
À défaut de croyances partagées pour les inscrire dans la durée et de projet politique pour les projeter dans l'avenir, les dispositifs identitaires entrent en crise. Alors, les initiatives communautaires, culturelles ou artistiques de la société civile semblent se disperser, orphelines du grand récit qui leur donnerait du sens. L'exemple du Québec.
Catherine Bertho-Lavenir est professeur d'histoire contemporaine à l'université Paris III-Sorbonne nouvelle. Elle s'est occupée, en 2006, de la chaire « Étude de la France contemporaine » à l'université de Montréal. Son dernier livre : Histoire des médias, de Diderot à Internet, avec Frédéric Barbier, Armand Colin.
Entre fiction et biographie : l'inversion des valeurs, par Jacques Lecarme
Le roman est une fiction, la biographie se veut un récit véridique et effectif. Il semble établi que le roman est le genre roi, et que la biographie est un genre inférieur. Or un fait étrange apparaît : le public dévore des biographies portant sur des écrivains dont il ne veut ou ne peut lire les romans. Les clients, une fois de plus, auraient-ils raison ?
Jacques Lecarme est professeur émérite de littérature française à l'université Paris III. Dernier livre paru : L'Autobiographie, avec Éliane Lecarme-Tabone (Armand Colin, 2004).
Les infrastructures de l'immédiat, par Eirick Pouhaër
Zéro délai, zéro distance, zéro stock, zéro intermédiaire ? À vrai dire, rien ne consomme davantage de temps, de moyens matériels, logiciels et organisationnels que la fabrication de l'immédiateté apparente. Visite guidée des dispositifs que le clic met en branle.
Eirick Pouhaër, formations en sciences économiques, études politiques, sciences de l'information et de la communication, a exercé les fonctions de professeur d'économie générale et de gestion des entreprises, de concepteur-réalisateur de sites Web. Axes de recherche : l'appropriation des techniques, changements techniques et organisationnels, et les médiations techniques sur le Web.
La jouissance intégriste, par Albert Assaraf
Aujourd'hui comme hier, l'hyperreligiosité s'accompagne d'un intense désir de dépassement du stade sexuel, si ce n'est de son annihilation pure et simple. Comme si ce dépassement ouvrait la voie à une jouissance d'un autre ordre, probablement supérieure. Sinon, pourquoi déserter l'une pour totalement s'adonner à l'autre ?
Albert Assaraf est informaticien, auteur de L'Hérétique : Elicha ben Abouya ou l'autre absolu, Paris, Balland, 1991, et de plusieurs articles sur la dimension relationnelle du langage, des croyances et des idées religieuses.
Saint François et le sultan, par François Durand-Gasselin
Chaque époque a interprété à sa manière et selon ses besoins la rencontre, devenue emblématique, de François d'Assise et du sultan Al-Kâmil. Resituée dans son contexte historique, elle retrouve sa saveur propre et reste porteuse d'une leçon de réalisme et de modestie, dont l'actuel dialogue des cultures et des religions aurait tout intérêt à s'inspirer.
François Durand-Gasselin (frère Anselme) est moine bénédictin de l'abbaye d'En Calcat.
PENSE-BÊTE (1), par Régis Debray
Amorces, préludes, incipit de livres possibles ou d'articles à faire : ces notes et observations, inspirées par les rencontres de l'actualité à Régis Debray, pourraient s'intituler « Le journal d'un médiologue ». Notre revue publiera régulièrement ce témoignage subjectif et bohème (qui porte ici sur le mois de novembre 2007).
BONJOUR L'ANCÊTRE
Ici, contre l'amnnésie et la désinvolture, un médiologue d'aujourd'hui célèbre un maître d'hier oublié ou méconnu.
Le comte de Saint-Simon (1760-1825), Penseur du changement social, avec Pierre Musso
Saint-Simon est un fondateur. Sa « philosophie inventive » a fixé les règles de la méthode pour conduire la réforme sociale. Il se déclare d'ailleurs « réformiste », au sens où sa problématique est celle du changement social, hic et nunc. Il vise « une mise en activité » générale des forces industrielles, comme il le déclare dans le Catéchisme des industriels : « Nous essaierons de faire entrer en activité les passions généreuses des hommes qui possèdent les capacités les plus positives. »
Pierre Musso est professeur à l'université de Rennes II. Dernier livre publié : Le Vocabulaire de Saint-Simon, Ellipses, 2005.
SALUT L'ARTISTE
Ici, contre modes et paresses, un coup de projecteur éclaire un coin d'ombre
dans la forêt des formes actuelles.
Ndary Lo, dialogue de résonances par Éliane Burnet
Parler d'un artiste africain, c'est marcher sur un territoire miné tant il est habité par des désirs divergents. Pour ranimer et réenchanter un art qui parfois s'étiole en Occident, certains commissaires occidentaux puisent dans ce nouveau vivier ; l'artiste devient alors une sorte d'« Africain de service » pour le « zoo artistique » des grandes expositions africaines occidentales. Certains artistes africains souhaitant prendre une place sur le marché international cèdent au vertige des attentes d'africanité de la part de l'Occident. D'autres, au contraire, se voulant artistes avant tout, effacent tout ce qui pourrait faire africain pour se fondre dans une certaine uniformité de l'art occidental. De leur côté, certaines « communautés » africaines, au risque de l'enfermement, font pression sur les artistes pour qu'ils expriment seulement leur identité africaine, comme si l'appartenance à un continent suffisait à créer une identité artistique. Sans parler des discussions pour savoir si un artiste africain est africain avant d'être artiste ou artiste avant d'être africain.
Éliane Burnet est directrice du département de philosophie de l'université de Savoie.
UN CONCEPT
Un peu de logique s'il vous plaît. Place à une notion fondamentale et fondatrice sévèrement résumée. Parce que la médiologie ne se sait pas science, elle s'exige rigueur et cohérence.
Indignation, par Pierre D'Huy
Définition : « Sentiment de colère que soulève une action qui heurte la conscience morale, le sentiment de justice. » Il s'agit là d'une affaire sérieuse : on s'indigne face à un acte immoral qui met en cause sa propre dignité. Le concept antique d'indignation - aganaktein - fut l'une des pierres de touche de toute la pensée morale grecque.
Pierre D'Huy est consultant international en management de l'innovation, professeur associé au Management Institute of Paris, enseignant au CELSA Sorbonne-Paris IV. Dernier ouvrage paru, L'Innovation collective, Éditions Liaisons sociales, 2003 et 2007.
SYMPTÔMES
Ici, chacun s'en donne à coeur joie et à compte propre sur tel ou tel sémaphore de l'esprit du temps.
Gardarèm lou marché, ou l'environnement de Grenelle, par Pierre Murat
Dans la colline, ce ne sont qu'arbousiers aux boules trop
tôt mûries, dures et rabougries, lauriers-tins recroquevillés, arbrisseaux cramoisis. Inutile de s'acharner à arroser dans le jardin les deux érables ou le magnolia, ils agonisent. Au fond du vallon, l'apiculteur se désespère : bruyères sans fleurs, romarins qui s'effritent à vue d'oeil. D'année en année, les ruches ont moins produit ; cette fois-ci, il a laissé à ses abeilles leur peu de miel pour qu'elles subsistent.
Pierre Murat est professeur de lettres en classes préparatoires à Marseille.
Spinoza mode d'emploi, par Daniel Bougnoux
Professeur de littérature française du XVIIIe siècle à l'université Stendhal de Grenoble, Yves Citton vient de signer sur Spinoza une étude d'une ampleur qui étonnera bien des philosophes chevronnés.
Daniel Bougnoux est professeur émérite à l'université Stendhal de Grenoble.
Un étrange médium : la poésie, par Alain Moreau
Pourquoi des poèmes dans notre dernier numéro ? La question a été posée. Un lecteur a répondu... D'abord, parce que l'émetteur « Je » « est un autre » (Rimbaud). Ensuite, parce que le récepteur, lui aussi, est un autre. Pris dans un suspend de la temporalité banale (le trois en un : passé, présent, avenir). Tous se retrouvent communément « possédés », comme le dit le jeune Platon - lorsqu'il aimait encore Homère !.
Alain Moreau est poète, essayiste et économiste. A publié notamment Structure de la relation (L'harmattan), L'Acier en mouvement (Presses de l'École des mines»), Éloge de la vieillesse (Bibliophane). -
Une nouvelle feuille de route Louise Merzeau p. 3
Le Che avant, le Che après Daniel Aranjo p. 16
Pour une diplomatie efficace Alain Dejammet p. 33
Le choix des mots : Brasillach Gilles Perrault p. 48
Pushing the canvas Nicolas Setari p. 59
La photo et l'imaginaire numérique N. Casemajor Lousteau p. 67
Les chrétiens
dans la modernité arabe B. Labaki p. 80
Du Tibet à la Dordogne Sylvie Guérineau p. 94
Corps politique, corps médial Giuliana Parotto p. 106
Du refus d'être fils Jean Bastaire p. 115
Un habeas corpus numérique Michel Arnaud p. 129
Étrangère de nulle part (poésies) Monique Mesplé-Lassalle p. 140
Bonjour l'ancêtre Augustin Cochin, avec F.-Bernard Huyghe p. 148
Salut l'artiste Armand Gatti, par Antoine Perraud p. 156
Un concept Prothèse, par Paul Soriano p. 164
Symptômes Lady Di, Le pape au Brésil,
Les mots d'Emma, Mondial rugby p. 174 -
Relier, par Régis Debray
Familiarité du livre, par Julien Gracq
Longtemps, le texte a dédaigneusement effacé le livre. Comme l'interprétation des signes, la manipulation des choses qui les recueillent et les portent jusqu'à nous. Consciente de tout ce qu'il entre d'esprit dans une forme matérielle, la médiologie voudrait redonner une place d'honneur aux objets, aux ustensiles, aux plus humbles dispositifs. Et comprendre ce que leurs outils font aux humains. Le livre est une invention technique du IIIe siècle (le codex), indémodable, et dont la modernité susciterait l'enthousiasme, si elle datait d'aujourd'hui. En analysant ce que le livre fait au lecteur, Julien Gracq vient à notre rencontre
Université : la cote d'alerte, par Claudia Moatti
S'il est une institution vouée au transmettre, c'est bien l'École. Sa pièce maîtresse, l'Université, atteint son point critique. Écoutons ce cri d'alarme. Un professeur quitte sa chaire et la France - et dit sans fard pourquoi.
Aragon/Breton : médias contre médium, par Daniel Bougnoux
S'ils ne s'adonnent pas à la sociologie des médias, les médiologues ne peuvent ignorer les moyens d'information. D'autant que la question du journalisme pose celle de la militance et de notre rapport au présent. Le siècle et la règle : tension éthique, dilemme politique, et choix littéraire. Hier éclaire-t-il aujourd'hui ?
Irak : de l'info au credo, par François-Bernard Huyghe
Drame d'idées et de croyances, la guerre a toujours été au carrefour du technique et du religieux. Or les technologies de l'information et du faire-croire sont en pleine révolution. En conséquence de quoi les moyens militaires et le but de guerre ont changé, - jusqu'à l'absurde. Une analyse à longue portée.
Victoires et déboires du journal intime, par Jacques Lecarme
« Le chanteur, non la chanson » : les moyens techniques du direct, du live et de l'immédiateté conspirent dans tous les domaines de création à mettre en valeur l'auteur, et son « vécu », bien plus que l'oeuvre en sa distance. D'où un changement de portage dans le littéraire: correspondance et journaux intimes font fureur. Histoire d'une réhabilitation.
Questions d'un Huron sur le quai Branly, par Philippe Dubé
Machine à transmettre, le musée est aussi une machine à transformer un objet de croyance vécue en objet de spectacle ou d'étude. Jusqu'où aller dans cette métamorphose, quand c'est des peuples oubliés dont il s'agit ? En février 2006 s'ouvrira au quai Branly, en bordure de Seine, un magnifique musée, consacré aux arts dits primitifs. Un spécialiste canadien s'en inquiète déjà.
Le portrait de l'Empereur, par Hidetaka Ishida
« Technique occidentale, âme japonaise. » Le slogan de l'ancien empire du Soleil Levant pose le problème médiologique par excellence : quel effet a une innovation technique sur une tradition politique et culturelle ? La transformation par la photo du portrait de l'Empereur, à la fin du XIXe siècle, fait une bonne leçon de choses.
Droit d'auteur contre brevet
Conseil général des technologies de l'information (CGTI)
Du technique au juridique, il n'y a qu'un pas. Et un changement du droit modifie les rapports de puissance. L'informatique a changé la donne de la propriété intellectuelle. L'extension du domaine du brevet, au profit des firmes nord-américaines, met l'Europe en danger.
BONJOUR L'ANCÊTRE
Ici, contre l'amnnésie et la désinvolture, un médiologue d'aujourd'hui célèbre un maître d'hier oublié ou méconnu.
Proudhon et les chemins de fer, par Robert Damien
Au contraire de la sociologie, et comme l'attestent les numéros des Cahiers de Médiologie sur la route (n° 2), Anciennes nations, nouveaux réseaux (n° 3), la bicyclette (n° 5), l'automobile (n° 12), la médiologie a toujours accordé la plus grande importance aux moyens de transport. La notion de médiasphère, par exemple, ou milieu de transmission culturelle historiquement déterminé, inclut les systèmes de transport physique en vigueur. La domestication du temps ne peut ignorer celle de l'espace. Sur cette voie, un prédécesseur...
SALUT L'ARTISTE
Ici, contre modes et paresses, un coup de projecteur éclaire un coin d'ombre dans la forêt des formes actuelles.
Jean-Louis Faure
Le petit-fils du grand historien de l'art Élie Faure (1873-1937) pratique la sculpture à texte. Ce faisant, il ne déroge pas à la grande lignée familiale. Il la détoge. Il a remplacé la pompe rhétorique du grand-père par la pompe à vélo. Rébus, calembour visuel, clin d'oeil et parodie, Jean-Louis Faure, croisement de Raymond Aron et de Marcel Duchamp, construit des machines célibataires, automates producteurs d'imaginaire et d'intelligence mêlés. Pudique et facétieux, il dresse en trois dimensions le catalogue « Bourdes et Crimes du Siècle », comme d'autres, jadis, les Armes et Cycles de Saint-Étienne. Cela tient du pamphlet, de la confidence, et du cérémonial. Nous qui aimons le mélange des genres, et défendons le droit à l'humour noir, nous tenons à saluer les noces bariolées de la gravité et du cocasse. Cet artiste original et pas assez connu (sauf des happy-few), notre facteur Cheval de demain, la culture en plus, a inventé le tragique farceur. Son seul défaut : ses délires font sens, et ses parodies, réfléchir. Peut-être, nonobstant, un commissaire de l'art franchira-t-il un jour sa porte. -
Mon pays que voici - Anthony Phelps
« Alias Caracalla »- Jacques Lecarme
De la tache à la tâche - Frère Anselme
L'oeil du tank - Thierry Grillet
Quand la chair se fait verbe - Paul Soriano
Google ou le temps effacé - Milad Doueihi
Leonard Cohen, scène zen - Daniel Bougnoux
Avatar : le bio numérique - Anne Murat
Salut l'artiste : Christophe Luxereau - par Françoise Gaillard
Bonjour l'ancêtre : Darwin - par Paul Soriano
Un objet : L'hostie - par Michel Melot
Symptômes : La jupe, Aragon, Darnton, Citton, M. Jackson
Pense-bête - Régis Debray -
Ouverture - Michel Melot et Régis Debray
Nouvelles du front
Actualité et permanence des frontières - Michel Foucher
Territoire et conflit - François-BernardHuyghe
La terre de personne - Claudia Moatti
Technologies de la frontière - Catherine Bertho Lavenir
Berlin-Genève - Gabriel Galice
Sans frontières mais pas sans passeports - Rony Brauman
L'Oyapok, frontière impossible - René Nouailhat
Les frontières du vivant
Le minéral et le vivant - Jean-Paul Poirier
La chute du mur entre les espèces - François-Joseph Lapointe
Frontières animales - Pierre d'Huy
Le corps, nouvelle frontière - Françoise Gaillard
Les terres promises d'Amos Gitaï - Pierre-Marc de Biasi
Salut l'artiste : Ernest Pignon-Ernest -
- Les armes d'Éros (Pierre-Marc de Biasi)
L'OBSESSION
- Le Kamasutra du péché (Antoine Perraud)
- Ève pornocrate (Robert Damien)
- Les ciseaux d'Anastasie (François-Bernard Huyghe)
- Érôs et Agapè (Pierre Chédeville)
- Sur les bancs de l'école (Jacques Billard)
HISTOIRES D'OEIL
- Photo-Porno (Régis Debray)
- Madeleine mise à nu (Karine Douplitzky)
- Érogenèses photographiques (Monique Sicard)
- Nue mais pas à poils (Françoise Gaillard)
- L'oeil en saillie (Michel Erman) -
Réseaux après l'utopie (Médium n°29, octobre-décembre 2011)
Collectif
- Medium
- 5 Janvier 2016
- 9791095192275
1. Identité
- L'arabisme digital (Yves Gonzales-Quijano)
- Al-Jazira, l'union par l'écran (Slimane Zeghidourà
- Un printemps en hiver (Olfa Meziou Baccou et Pierre-Marc de Biasi)
- Quand le peuple rentre en scène (Sadok Hammami)
2. Hostilité
- Une guerre de l'attention (François-Bernard Huyghe)
- Réseaux Free Worl (Olivier Koch)
- Italie : fin du mainstream (Anne
Daubrée)
- L'homme aux 16 BlackBerry (Yusef Tuqan Tuqan et Stanley Moss)
- Peut-on éteindre Internet ? (Mael
Inizan)
3. Communauté
- Nous, le réseau ? (Paul Soriano)
- Un clic, une cause (Alexandre Coutant)
- Un curé à l'ère numérique (Renaud Laby)
- Les nouvelles technologies de la politique (Paul Mathias)
- L'ordre du Web (Dominique Cardon)
- L'hypersphère publique (Pierre Lévy)
- Le politique, c'est le médium (Milad Doueihi et Louise Merzeau)
- Bonjour l'ancêtre : Friedrich List (Gabriel Galice)
- Salut l'artiste : Lucio Fanti (Régis Debray)
- L'objet : Le smartphone (Paul Soriano)
- Pense-Bête (Régis Debray) -
Quelles avant-gardes ? (Médium n°30, janvier-mars 2012)
Collectif
- Medium
- 14 Octobre 2015
- 9791095192251
- 2011 (Paul Soriano)
- Steve Jobs, post-scriptum (Pierre d'Huy)
- « The Artist » (D. Bougnoux)
- Convivialité numérique (François Coldefy)
- Fanfictions (Alice Boucherit)
- « Banque virtuelle » (M. Sicard)
- Réception d'un Goncourt (Antoine Perraud)
- La règle du jeu (Pierre Berloquin)
- « Cloner la terreur » (N. Setari)
Quelles avant-gardes ?
- La promesse du musée (Philippe Dubé)
- En avant de quelle garde ? (Daniel Bougnoux)
- Le dilemme contemporain (Françoise Gaillard)
- Bonjour l'ancêtre : Maxime Ducamp (Jacques Lecarme)
- Salut l'artiste : Jean Tinguely (Paul Soriano)
- Un lieu : Topographie proustienne (Michchel Erman)
- Pense-Bête (Régis Debray) -
- Retour d'Égypte (Gilles Kepel)
- Victor Hugo, médiologue (Monique Sicard)
- Gracq, ou la leçon de géographie (Régis Debray)
- L'ère numérique du faux (Marie-Anne Chabin)
- Musique techno (Emmanuel Cauvin)
- Les logistiques de l'hégémonie (Jean-Luc Evard)
- Continuum (François Coldefy)
- Valéry et le trafic littéraire (Joël Loehr)
- Stratégie dans le cyberespace (F.-Bernard Huyghe)
- La remise en jeu californienne (Karine Douplitzky)
- Bonjour l'ancêtre : L. Herr (A.-C. Grandmougin)
- Salut l'artiste : Miguel Chevalier (F. Gaillard)
- Figures : La pimbêche (Paul Soriano)
- Pense-Bête (Régis Debray) -
Nouvelles techniques, nouvelles croyances (Médium n°26, janvier-mars 2011)
Collectif
- Medium
- 5 Janvier 2016
- 9791095192336
- Ouverture (Monique Sicard et Paul Soriano)
- Pasteur en héritage (Alice Dautry)
- Grandeur et servitudes hospitalières (Lucien Gérardin)
- Médecine 2.0 (Dominique Dupagne)
- Espérances de vie (Jean de Kervasdoué)
- La psychiatrie dans toutes ses étapes (Quentin Debray)
- Des mots sur le mal (Gérard Danou)
- De l'eau bénite à la Contrexéville (F. - Durand-Gasselin)
- Knock médiocrate (Daniel Bougnoux)
- L'utopie immunitaire (Éric Ancelet)
- Dossier médical : un secret partagé )Monique Sicard)
- Critique de la raison thérapeutique (Christiane Vollaire)
- Pour une culture de la prévention (M. Védrine-Froment)
- Bonjour l'ancêtre : Hippocrate
- Salut l'artiste : Rembrandt
- Un objet : L'ordonnance
- Pense-Bête (Régis Debray) -
- Le secret du « Secret de maître Cornille » (Jean-Pierre Dautun)
- Le numérique contre les maths (Jean-Yves Chevalier)
- Sur la rumeur (Jean-Luc Évard)
- Du bon usage du passé (Albert Lévy)
- Mainstream en questions (Frédéric Martel)
- Soft power : l'apprenti sorcier (François-Bernard Huyghe)
- Biographier Derrida (Daniel Bougnoux)
- La frontière, et après ? (Pierre Murat)
- L'autorité à l'école (A. Rivolier, F. Vallot, P. Vernusse)
- La prière assistée par ordinateur (David Douyère)
- Le couvre-chef (Paul Soriano)
- Bonjour l'ancêtre : Claudel (Robert Damien)
- Salut l'artiste : Bernard Plossu (Monique Sicard)
- Objets : Sac à dos et container
- Pense-bête (Régis Debray) -
- Servir plusieurs maîtres (Régis Debray)
- Le flâneur impatient (Louise Merzeau)
- Défaire l'événement (Yves Citton)
- Rock'n'roll : 2'35'' de bonheur (Robert Damien)
- Petite histoire du rythme (Jean-Marie Renucci)
- Un temps pour croître, un temps pour décliner (Olivier Abel)
- Duetto philosophique (Ollivier Pourriol)
- « Out of joint » (Daniel Bougnoux)
- Le Tour du monde en 80 jours (Robert Dumas)
- L'invention perpétuelle (Michel Tabachnik)
- Les rythmes de la guerre (F.-Bernard Huyghe)
- Les arythmies scolaires (Jacques Billard)
- Décoloniser le temps (Hélé Béji)
- L'homme synchronisé (Olivier Ertzscheid)
- Méga-vagues (Pierre d'Huy)
- L'automate et le danseur (Paul Soriano)
- Le pense-bête (Régis Debray) -
Demain l'école (Médium n° 44-45, juillet-décembre 2015)
Collectif
- Medium
- 7 Octobre 2015
- 9791095192039
- Innover pour transmettre
- L'école, vers quelle fin ? par Régis Debray
- De Socrate à Illich, par Paul Soriano
TÉMOIGNAGES
- Moi, prof de français, par Hélène Maurel-Indart
- Que sont nos élèves devenus ? par Pierre Duriot
- L'école au cinéma, par Pierre Murat
- De l'illettrisme scolaire, par Magali Gaubert
- Les Précieuses à l'épreuve du 9-3, par Emmanuelle Delacomptée
- Au comptoir du Panthéon, par Jean-Yves Chevalier
- L'effondrement symbolique, par Jean-Noël Gaudy
ENTRETIEN
- Avec Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l'Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche
PRINCIPES
- L'école de toujours, par Jacques Billard
- Péguy l'intransigeant, par Isabelle de Mecquenem
- Camus, l'instituteur, par Robert Dumas
- La médiation incomprise, par Nathalie Bulle
- D'une utopie l'autre, par Julien Pasteur
EXPÉRIENCES
- La craie et l'écran, par Jean-Yves Chevalier
- Cours en ligne ouverts à tous, par Marie-Anne Chabin
- Une expérience à polytechnique, par Sylvie Méléard
- L'autorité en milieu numérique, par Thomas Boccon-Gibod
- Le savoir en simulation, par Franck Varenne
- Le philosophe et l'ordinateur, par Pierre Landou
- Métamorphoses du pédagogue, par Paul Mathias
- Demain ? L'école ! par Patrice Corre
- Démocrates et républicains (Mémento) -
Copie, mode d'emploi (Médium n°32-33, octobre-décembre 2012)
Collectif
- Medium
- 14 Octobre 2015
- 9791095192213
- Médiologie de la copie (R. Debray, L. Merzeau)
- Raison et déraison du droit d'auteur (Maryvonne de Saint Pulgent)
- L'éditeur et la copie numérique (Antoine Gallimard)
- Théocopie (Jean-François Colosimo)
GENÈSES
- L'institution du signe (Olivier Bomsel)
- La fabrique de l'originalité (Robert Kopp)
- Trous de mémoire (Pierre-Marc de Biasi)
- Le vivant entre variation et réplique (Laura Bossi)
VARIANTES
- Vrais faux et faux vrais (Jean Clair)
- L'art au défi du multiple (Michel Melot)
- La part de l'interprète (Daniel Bougnoux)
- Photos : quelle valeur ? (Monique Sicard)
- Variations sur les usages de la copie en musique (Vincent Tiffon)