Chef-d'oeuvre de la littérature russe, livre culte à travers le monde, Le Maître et Marguerite dénonce dans un rire féroce les pouvoirs autoritaires, les veules qui s'en accommodent, les artistes complaisants, l'absence imbécile de doute.
Moscou, années 1930, le stalinisme est tout puissant, l'austérité ronge la vie et les âmes, les artistes sont devenus serviles et l'athéisme est proclamé par l'État. C'est dans ce contexte que le diable décide d'apparaître et de semer la pagaille bouleversant les notions de bien, de mal, de vrai, de faux, jusqu'à rendre fou ceux qu'il croise.
André Markowicz, qui en retraduisant les oeuvres de Fiodor Dostoïevski leur a rendu toute leur force, s'attaque à un monument littéraire et nous restitue sa cruauté première, son souffle romanesque, son universalité.
"Premier des romanciers modernes, Fiodor Dostoïevski est parmi les plus grands écrivains russes du XIXe siècle. Dans « Les Carnets du sous-sol », il fait le récit d'un homme reclus qui depuis son sous-sol observe le monde en contre-plongée. Le narrateur crache ses mots avec aigreur, son refus obstiné du bonheur, déverse ses angoisses et sa haine envers l'humanité. Ecrit en 1864, on y retrouve un condensé de la fureur barbare qui fait l'oeuvre de l'auteur et les bases des grands romans à venir : « Crimes et châtiments », « Le Joueur », ou « Les Frères Karamazov ». Produit par Mâya Heuse des Éditions Thélème, Hubert-Félix Thiéfaine, avec sa diction émue et mordante, à la fois constante et solennelle, arrive à transmettre à l'auditeur toute la mélancolie, la sincérité et la violence du roman. Il met à nue toute la poésie de cette oeuvre que l'on se prêterait à qualifier de proto-punk, par sa désillusion, sa vision désenchantée du monde et qui comme l'indiquait l'auteur, se voulait le récit « d'une génération en survie".
Patrick FRÉMEAUX
Été 1833. Vladimir Pétrovitch a seize ans et prépare ses examens d'entrée à l'université dans la maison de campagne où il passe ses vacances. Depuis la palissade du jardin, il aperçoit la belle et envoûtante Zinaïda. Il ne la quittera plus des yeux. Un jour, son père rencontre la mystérieuse voisine ; puis, ils se donnent rendez-vous... Hélas, pour Vladimir, le temps du premier amour est aussi celui du premier drame !
Ce récit partiellement autobiographique renoue avec le romantisme pessimiste de Tourgueniev. Les « hommes superflus » s'y croisent avant de se perdre sous le poids de leurs passions.
o Objets d'étude : Dire l'amour [4e]
Le roman et le récit du Moyen Âge au XXIe siècle [2nde][1re]
o Dossier pédagogique : Cinq fiches pour saisir les enjeux de l'oeuvre
o Prolongement : La rencontre amoureuse (étude comparée)
Classes de 4e et lycée.
Voici des nouvelles sur le "royaume des femmes". Ainsi, la Dame au petit chien promène son ennui et son chien sur la digue d'une station de la mer Noire. Un homme solitaire la remarque, l'aime, mais ne peut triompher plus tard de toutes les barrières qui se dressent sur le chemin de leur bonheur.
Tchékhov souffrait d'une impossibilité d'aimer. Mais l'amour lui inspire émotion ou ironie ("Si vous craignez la solitude, ne vous mariez pas"), et une grande variété de tableaux : "Une nouvelle qui n'a pas de femmes, écrit-il, c'est une machine sans vapeur." L'héroïne par excellence est pour lui la femme incomprise, qui rêve d'une autre vie, inaccessible.
L'Heure du roi devrait faire partie du patrimoine de l'humanité Le Canard enchaîné
Chaque livre possède son histoire. Celle de
L'Heure du roi, bijou de finesse littéraire et politique, est à l'aune de son contenu : extraordinaire. Publié dans une revue israélienne avant d'être reproduit dans les samizdat russes, il finit en Allemagne. Atypique dans la production russe contemporaine (par sa brièveté, son style, son propos, son intemporalité), le roman de Khazanov est à ranger dans la catégorie culte.
Débarrasser l'humanité d'un « pou » malfaisant, satisfaire son idéal de justice et s'illustrer par un geste sublime : tels sont les motifs qui poussent Raskolnikov à tuer une vieille usurière. Mais sitôt que la hache s'abat sur sa victime, l'étudiant perd la raison... Nul mieux que Dostoïevski n'a peint la déchéance d'un homme : terrifié à l'idée qu'on découvre son crime, en proie au remords, au délire et à la paranoïa, le coupable erre dans les bas-fonds de Saint-Pétersbourg, rongé par cet insoutenable secret.Histoire d'une plongée en enfer, Crime et châtiment (1866), qui tient à la fois du roman policier, de la fresque sociale et du récit psychologique, est l'un des chefs-d'oeuvre de la littérature russe.
Interview : « Jean-Philippe Toussaint, pourquoi aimez-vous Crime et châtiment ? »
Lorsque Khlestakov, jeune voyageur pétersbourgeois endetté et affamé, arrive dans «un petit trou de province», il ne s'attend pas à un tel accueil. Hébergement, vins, cigares, vêtements et équipages élégants: rien ne lui est refusé par Anton Antonovitch, le gouverneur qui vient à sa rencontre. D'abord surpris par tant d'hospitalité, il comprend bientôt qu'on le prend pour un révizor, c'est-à-dire un inspecteur envoyé par le gouvernement... Miroir de la société russe sous Nicolas Ier ? Satire de l'administration russe ? Comédie de tous les temps et de tous les pays ? Parabole métaphysique sur l'«empire du mal » ? Autant d'interrogations qui font la richesse du Révizor, pièce de Gogol représentée à Saint- Pétersbourg en 1836 et qui connut un retentissement considérable.
© 1958, L'ARCHE, 86, rue Bonaparte, Paris,
tous droits réservés pour la traduction du Révizor.
© 1988, FLAMMARION, Paris, pour cette édition,
corrigée et mise à jour en 2009.
Les trois nouvelles qui composent ce recueil jalonnent trois étapes décisives de la vie et de l'oeuvre d'Anton Tchékhov. La Steppe marque son entrée dans la littérature, Salle 6 sa rupture avec la doctrine tolstoïenne de la non-résistance au mal, L'Évêque l'imminence de la mort.
Dans la première nouvelle, l'immensité de la steppe russe est vue à travers le regard d'un enfant qui entreprend un long voyage, sur des chars à boeufs, vers le lointain lycée qui l'attend, vers une vie inconnue. La deuxième a pour triste héros le docteur Raguine qui, après avoir accepté dans l'indifférence la souffrance de ses malades, les mauvais traitements qui leur sont infligés, meurt en disant : "Tout m'est égal." Quant à l'évêque, dont Tchékhov nous conte les derniers jours, comment ne pas songer à l'auteur lui-même, à bout de forces, encombré de sa gloire, assailli par les importuns, qui voit venir la mort et qui bientôt sera remplacé, oublié...
C'est dans son village natal que Léon Tolstoï reçut le témoignage bouleversant de sa voisine Anissia. Il en tira ce court roman, l'odyssée d'une jeune paysanne en route vers la Sibérie, accablée de privations mais animée d'une force de vie exceptionnelle.
Du fond de la Russie du XIXe siècle, Tolstoï nous livre dans sa langue puissante un inoubliable destin de femme.
Le Manteau appartient au recueil des Nouvelles de Pétersbourg, publié en 1843. Ce court texte raconte l'existence simple, limitée, mais heureuse d'un petit fonctionnaire russe, Akaki Akakiévitch Bachmatchkine. Lorsque ses collègues lui font remarquer l'usure de son manteau, pour la première fois, Akaki est sensible aux critiques mesquines et quotidiennes de son entourage, et il se met en tête d'économiser sou après sou pour s'offrir un nouvel habit. Quand il l'acquiert enfin, il est agressé, et son manteau volé. Il va alors tenter de se rebeller face aux événements, sans succès, et meurt de froid quelques jours plus tard. Alors son spectre hante les rues de Saint-Pétersbourg. Sur un ton ironique et distancié, Gogol nous livre une histoire triste et drôle à la fois, poétique et douloureusement réaliste.
En 1849, Dostoïevski est condamné au bagne pour ses idées. Déporté au sud-ouest de la Sibérie, dans la forteresse d'Omsk, où il passe cinq ans, il y côtoie des criminels et des hommes du peuple, des voleurs aussi bien que des condamnés politiques. De cette expérience douloureuse, où l'impossibilité d'être seul rivalise en cruauté avec les sévices et le travail forcé, l'auteur tire les Récits de la maison des morts.
Dans ce roman largement autobiographique, qu'il fait passer pour des notes retrouvées chez un ancien forçat, Goriantchikov, Dostoïevski déploie une galerie de portraits où sont anticipés les personnages les plus marquants de ses oeuvres majeures. Son humanisme et son sens de l'observation font de ces récits consacrés au système pénitentiaire du temps des tsars un témoignage de première importance sur l'expérience concentrationnaire.
Si Proust avait été taxi russe dans le Paris des années 30... L'Express
Gazdanov, ainsi que des milliers de Russes en 1920, s'exile et devient l'observateur fasciné de ses compatriotes et des bas-fonds parisiens. Au volant de son taxi, toutes les nuits, il parcourt le labyrinthe des rues de la capitale et de sa banlieue, en même temps que celui de sa mémoire. Cette conduite nocturne accuse les ombres et les lumières des âmes. Le regard, qui se voudrait cynique, exprime une nostalgie et une espérance ample comme un printemps russe.
On entre dans ce livre comme dans une vieille pièce meublée de toiles d'araignée, l'horizon est aussi bas que celui d'un terrier. On en sort par miracle les poumons oxygénés, ragaillardi par un doux zéphir. Le Matricule des anges
Quand sa mère meurt, Pierre Fauré quitte Paris pour passer quelque temps en Provence. La rencontre avec la forêt, son immuabilité et son silence vivants, lui fait pressentir un royaume insoupçonné où le temps, l'espace et les sensations sont souverains. Marie, surgie sur le pas de sa porte, achève de le convaincre que sa vie est ailleurs : depuis ce jour de l'été 1940 où on l'a ramassée inanimée sur le bord d'une route, la jeune femme a rompu avec l'humain et n'est plus qu'un pauvre animal malade . Des mois durant, Pierre s'acharne pour la sortir des limbes où elle a sombré. Une écriture ascétique rend au plus juste le lent éveil de deux êtres l'un par l'autre, fait irradier une histoire d'amour qui ne dit jamais son nom.
Les Éditions Viviane Hamy poursuivent leur travail sur l'œuvre de Gaïto Gazdanov (1903-1970), un grand écrivain russe trop méconnu en France, où il a vécu.
«J'obtins de mon père la permission de monter à cheval. Il fit confectionner pour moi un tchekmen de cosaque et me fit don de son Alkide. De ce jour, je fus le compagnon obligé de mon père dans ses promenades aux environs de la ville. Il tirait plaisir à m'apprendre à monter avec élégance, à me tenir fermement en selle et à manier adroitement mon cheval. Il disait que j'étais à l'image vivante de ses jeunes années et que j'eusse été soutien de sa vieillesse et l'honneur de son nom si seulement j'étais née garçon !»
À 23 ans, Nadejda Dourova profite du passage dans sa ville d'un régiment pour suivre sa vocation : elle se coupe les cheveux, se travestit en cosaque et rejoint l'armée du tsar. À la suite d'un haut fait d'armes, Alexandre Ier, qui a appris son secret, la convoque...
Nadejda Dourova (1783-1866) est la fille d'une noble famille russe.
En 1836, fasciné par le personnage, Pouchkine publie les Mémoires de Dourova avec un immense succès. Aujourd'hui encore la vie de celle qu'on appela « la demoiselle cavalier » inspire les romanciers et dramaturges russes.
Elle se distingue donc dans l'histoire de la littérature pour avoir embrassé la carrière des armes avant la carrière des lettres, recherchant la liberté que les convenances du monde lui refusaient.
Gazdanov, c'est Proust et Camus en cyrillique, Bounine et Boulgakov réunis, bref, exactement ce qu'il faut aux adeptes du bronzage intelligent qui ne détestent pas méditer sur l'âme russe. Le Point
Tout l'art de Gazdanov consiste à observer sans a priori ses frères humains, particulièrement les exilés, les déracinés en quête d'identité, pour les fixer d'un trait et en faire des personnages inoubliables... La révolution bolchevique gronde et des cohortes de Russes blancs ont rejoint la France, où leur sort a basculé. Les protagonistes des quatre nouvelles inédites rassemblées dans
Cygnes noirs incarnent magnifiquement le tragique, l'absurde et le hasard des destinées. Les souvenirs, les portraits, les intrigues nous sont contés entre rêve et réalité mais dans un Paris minutieusement détaillé, un contraste qui marque au fer rouge. Subjugué, le lecteur découvrira les réflexions d'un homme sur sa propre fin, l'amitié fulgurante d'un jeune Russe pour le Tigre, le chant d'adieu de compagnons d'infortune à un ami, mais aussi les lettres d'Ivanov à d'étranges destinataires !
Depuis 1990, les Éditions Viviane Hamy poursuivent la traduction de l'œuvre de ce grand écrivain russe, souvent comparée à celle de Proust ou de Camus ; s'en dévoile ici une facette inconnue.
Lire Gazdanov, c'est se prendre de passion pour ses personnages surréalistes', pour ses allers-retours incessants entre rêve et réalité, pour sa peinture des bas-fonds parisiens (digne d'un Francis Carco), pour sa philosophie de l'errance. L'Alsace
Dans les années 30, à Paris, un étudiant russe sans le sous se lie d'amitié avec un clochard qui devient milliardaire grâce à un héritage inattendu. Le miracle ne modifie en rien leur relation, chaque semaine ils se rencontrent dans le luxueux appartement du vieillard... jusqu'au jour où il y est retrouvé assassiné. Le jeune homme, naturellement suspecté, est arrêté... Il ne devra son salut qu'à une statuette du bouddha mystérieusement disparue de la scène du crime. Qu'on la retrouve, et elle révèlera l'identité du meurtrier !
Des portraits de la diaspora russe drôles, émouvants, inoubliables, ponctuent cette quête policière qui sert de toile de fond aux interrogations de l'auteur sur les déchirures de l'exil et les impostures du réel.
Ce très beau texte classique, publié en 1930, est le premier du grand Gaïto Gazdanov, qui s'exila en France en 1923 et figure parmi les plus beaux écrivains de l'immigration russe. Télérama
Nikolaï a seize ans lorsqu'il s'engage dans l'Armée blanche.
En 1920, il quitte la Russie pour toujours. Des années plus tard, à Paris, les retrouvailles avec Claire, piquante et insaisissable, font resurgir les souvenirs les plus douloureux – la mort terrible du père tant aimé – comme les ravissements ténus de l'enfance ou les longues conversations avec l'oncle Vitali sur le sens de la vie.
... j'étais censé avoir accompli plusieurs voyages autour du monde, découvert une île inconnue dont j'étais devenu le gouverneur, avoir construit une ligne de chemin de fer qui traversait la mer afin d'amener maman sur l'île, parce qu'elle avait très peur de l'eau et n'en avait même pas honte. Mes voyages imaginaires, j'avais l'habitude de les écouter chaque soir, et leur récit m'était tellement familier que, les rares fois où il s'interrompait – lorsque mon père était absent, par exemple –, le chagrin m'étreignait et j'en aurais pleuré. En revanche, quand il reprenait et que, assis sur les genoux paternels, je pouvais observer le visage de ma mère, j'éprouvais un réel bonheur, accessible uniquement à un enfant, ou à un adulte doué d'une extraordinaire force d'âme.
Traduit du russe par Françoise Godet-Konovalov et S.C.
Le Spectre d'Alexandre Wolf est avant tout un roman diablement et doublement... romanesque ! [...] Quelque chose de très russe et pourtant universel. Philosophie Magazine
Le narrateur, Russe émigré à Paris, révèle le secret qui consume son existence. Son adolescence fut profondément marquée par la révolution de 1917. À seize ans, alors qu'il combattait les bolchéviques aux côtés des blancs, il a tué un homme. Le souvenir de cet acte, si anodin en temps de conflit, le hante.
Un jour, dans un recueil de nouvelles anglaises, il lit cet épisode conté du point de vue de sa victime. Dès lors, son spectre ressurgit derrière toutes ses rencontres dans le Paris nocturne et interlope qu'il arpente. Celui qu'il a vu mourir serait-il vivant ? Par quel hasard improbable son meurtre peut-il ne pas avoir eu lieu ? Sa rencontre avec Elena, une mystérieuse compatriote, dont il tombe éperdument amoureux, lui fournira peut-être le fin mot de l'énigme...
Le Spectre d'Alexandre Wolf entremêle miraculeusement fantastique, métaphysique et roman noir. On pense à Dostoïevski ou à Pouchkine, mais aussi à Camus. Publié à l'origine dans une revue new yorkaise, traduit en français au début des années 50, il tomba dans l'oubli... Avant d'être enfin redécouvert.
Que sont devenus les nobles russes après la révolution d'Octobre 1917 ? Une fois leurs privilèges abolis, leurs biens mobiliers et immobiliers confisqués, une vague de violence contre « les classes exploiteuses d'autrefois » poussa une partie de la noblesse à l'exil. Ceux qui restèrent durent s'adapter, se cacher, se reconstruire au sein de la société soviétique...
Si l'Etat n'a pas réussi à écarter complètement les anciennes élites des postes à responsabilité, de nombreuses mesures vexatoires et répressives rendirent leurs vies compliquées. Elles durent dissimuler leurs titres et se doter progressivement d'une « biographie soviétique ». Malgré un voisinage hostile dans les appartements communautaires, les familles nobles mirent en place des stratégies éducatives qui assurèrent la transmission d'un héritage culturel et d'un sentiment d'appartenance à l'élite.
Ce livre retrace les parcours poignants de personnes dont les vies ont été bouleversées par l'une des plus grandes ruptures de l'histoire du XXe siècle.
À dix ans, Nadejda Tolokonnikova est féministe, à seize ans, étudiante en philosophie, à vingt et un, cofondatrice des Pussy Riot. Parce qu'elle a défendu la liberté d'expression et l'égalité des sexes, qu'elle a fait de l'art un moyen de résistance politique, elle a été condamnée par l'État russe à deux ans de détention dans une colonie pénitentiaire en Mordovie. Ce livre est plus que son témoignage, c'est un manifeste. « L'affaire a été portée devant un tribunal, et le tribunal leur en a collé pour deux ans. Je n'y suis pour rien. Elles l'ont cherché, elles l'ont eu. » Vladimir Poutine, président de la Fédération de Russie « En dépit de toutes les accusations, vous faites entendre un certain discours. Il peut sembler que les gens ne vous suivent pas, mais secrètement ils vous croient, ils savent que vous dites la vérité ou, mieux encore, que vous défendez la vérité. » Slavoj Zizek, lettre à Nadejda Tolokonnikova, 2 janvier 2013
Après la perte de nombreux frères d'armes, les trahisons et plus de batailles qu'on ne peut en compter, après avoir été capturé par de terrifiants ravisseurs, Harold l'Ombre atteint enfin Hrad Spein, le Palais d'Os, où doit se dérouler la phase la plus critique de sa quête : descendre au coeur de cet ancien lieu sacré pour y retrouver la Corne Arc-en-Ciel, la seule arme capable de déjouer les plans de l'Innommable, qui n'a jamais été aussi près d'asservir le monde libre. Mais de nombreux dangers, qui ont coûté la vie à bien des hommes de valeur avant lui, parsèment encore le chemin de Harold et, cette fois, il est seul...
L'ambiance n'est pas à la fête parmi les aventuriers qui accompagnent Harold l'Ombre dans sa quête : ils ont dû enterrer l'un des leurs sur la route, et ils pressentent que ce ne sera pas le dernier. Car le chemin qui les mènera jusqu'à Hrad Spein, le Palais d'Os, est semé d'embûches et d'ennemis de toutes sortes. Pourtant, leur véritable tâche ne commencera qu'une fois sur place, une tâche qu'une armée des meilleurs guerriers et des magiciens les plus talentueux du royaume ont échoué à accomplir : récupérer, dans le coeur secret de l'endroit le plus dangereux et le mieux gardé au monde, une Corne magique qui, seule, peut faire obstacle à la progression des armées de l'Innommable...
La planète Arkanar ploie sous la férule du tyrannique ministre de la Sûreté. Cette société semi-féodale qui persécute ses intellectuels, évoquant à la fois l'Espagne de l'Inquisition, l'Allemagne nazie et la Russie stalinienne, intéresse au plus haut point l'Institut d'histoire expérimentale de la Terre qui, elle, est peuplée depuis longtemps d'humanistes tout-puissants que l'on considère volontiers comme des dieux. Doivent-ils intervenir pour miner le fascisme, ébranler l'obscurantisme ? Bien sûr que non ! L'Histoire doit suivre son cours naturel. Mais le jeune Roumata va avoir bien du mal à l'accepter, alors qu'il sait combien il est dangereux, pour un dieu, de se mêler de la misère des mortels.
Adapté en jeu vidéo mais aussi au cinéma par Alexeï Guerman, Il est difficile d'être un dieu est un des chefs-d'oeuvre de la science-fiction. Un roman intemporel, au message universel.