À bord d'un paquebot qui relie New-York à Buenos Aires, la présence d'un champion du monde d'échecs intrigue, de réputation rustre et vénal, Mirko Csentovic serait doué uniquement devant un échiquier. Durant cette longue traversée le narrateur, amateur d'échecs, décide d'organiser des parties afin d'observer le personnage. Un inconnu, discret et élégant intervient alors et met en difficulté le maître, comment a-t'il acquis une telle maîtrise du jeu ? Stephan Zweig écrit cette longue nouvelle alors qu'il fuit le nazisme...
Imaginez-vous un matin au réveil. Vous vous apprêtez à vous lever, mais soudain vous constatez que votre corps s'est curieusement transformé : votre dos est recouvert d'une carapace ; à la place de vos bras et de vos jambes, de nombreuses pattes ont poussé ! Cette histoire vous semble grotesque, abracadabrante ? Telle est pourtant la terrible mésaventure qui arrive à Gregor Samsa, le héros de La Métamorphose...
'Très cher père,
Tu m'as demandé récemment pourquoi je prétends avoir peur de toi. Comme d'habitude, je n'ai rien su te répondre...'
Réel et fiction ne font qu'un dans la lettre désespérée que Kafka adresse à son père. Il tente, en vain, de comprendre leur relation qui mêle admiration et répulsion, peur et amour, respect et mépris.
Réquisitoire jamais remis à son destinataire, tentative obstinée pour comprendre, la Lettre au père est au centre de l'oeuvre de Kafka.
Un matin, au réveil, alors qu'il n'est coupable d'aucun crime, Joseph K. est accusé et arrêté. Arrêté, mais laissé entièrement libre. Accusé, mais sans savoir ni de quoi ni par qui. Ainsi s'ouvre Le Procès, qui dépeint les affres d'un personnage aux prises avec un adversaire aussi implacable qu'insaisissable, la Loi.
Terreur, mépris, révolte, indifférence : quoi qu'il éprouve ou fasse, le prévenu s'enferre, aggrave son cas, court à sa perte. Et, à mesure que s'effondrent toutes ses hypothèses, la réalité se dévoile pour ce qu'elle est... un univers de faux-semblants.
Roman de la justification impossible, Le Procès nous invite à emboîter le pas à Joseph K., au narrateur et à Kafka lui-même, pour méditer sur le destin d'un individu, le sens de la vie et la question du salut.
© 1983, Flammarion, Paris, pour la traduction française.
VO : "Der Process"
Édition corrigée et mise à jour en 2011
Couverture : Virginie Berthemet © Flammarion
À la suite de la mort de sa femme, Liam décide de fuir Berne en compagnie de ses deux enfants, Max et Sophia. Et un bébé abandonné. Ils espèrent trouver du réconfort à la montagne. Là, de nouveaux dangers les guettent. Différentes fractions se combattent. À la faveur d'une attaque, le père et ses enfants sont séparés. Que devient Liam ? Restée avec un groupe de rebelles, Sophia est mise au courant d'un nouveau péril : des fantômes. Mais qu'en est-il vraiment ? Les enfants parlent même d'un dinosaure. L'isolement tournerait-il à la folie ?
Toujours aussi proche de notre actualité, Jared Muralt réussi à utiliser cette fiction pour nous inviter à la réflexion sur de réels problèmes de société, de santé, de politique et d'économie.
Interroger le fanatisme de la vérité qui gouverne la philosophie, reconnaître la vie seule pour source de toute valeur, l'indépendance pour la vertu suprême du philosophe, et rechercher une réconciliation inédite de l'art et de la science : tel est pour Nietzsche le sens du gai savoir.
Publié en 1882, réédité et augmenté en 1887, cet ouvrage met en oeuvre les principaux thèmes de la
pensée de Nietzsche, dont celui de l'éternel retour, qu'il introduit ici pour la première fois. L'auteur y déploie le projet d'une guérison de l'humanité, d'un regain de force et d'amour de la vie : « suprême espérance » qui ne saurait se conquérir que dans la douleur... et dans l'ivresse.
Dossier
1. La force de vivre : comment surmonter les idéaux maladifs ?
2. La philosophie de l'avenir : une thérapeutique culturelle
3. Le gai savoir : l'affirmation de la vie
o Glossaire des principales notions de la philosophie de Nietzsche
Ecouter Werther, c'est aujourd'hui dépoussiérer un mythe. En effet tout le monde connaît "l'histoire" de Werther et son suicide, mais peu sont ceux qui connaissent véritablement le parcours intérieur de ce geste solitaire... Geste magnifique, mais aussi geste de désespoir social face à ses blocages intimes et aux barrières convenues par une société fière de ses convenances.
Vous avez tort mais refusez de l'admettre ? Avec humour et perspicacité, ce petit précis recense et analyse les stratagèmes et les ruses pour sortir vainqueur de tout débat, dispute ou joute verbale. Schopenhauer se livre à une savoureuse réflexion sur le langage et la dialectique, pour le plus grand plaisir des amoureux de la contradiction.
Ces conseils, aussi précieux que sarcastiques, sont suivis de deux essais incisifs sur la pensée et la lecture : les livres nourrissent-ils notre réflexion, ou nous empêchent-ils de penser par nous-mêmes ?
Étrange destin que celui du premier volume de La Chute. L'ouvrage d'anticipation mettait en scène notre univers paralysé par une étrange pandémie. Il est malheureusement devenu d'actualité en paraissant quelques jours avant que la France ne soit entièrement confinée. Ce tome 2 nous permet de découvrir comment les gens s'organisent dans ce monde où tous les fonctionnements sociaux se délient.
Coincés en quarantaine sans vivres ni chauffage, Liam décide de quitter la ville avec ses deux enfants pour rejoindre ses beaux-parents, malgré l'interdiction des autorités. Au moment de partir, Sophia, intriguée par d'étranges petits cris, retourne dans l'immeuble. Elle en ressort avec un bébé abandonné. La fuite de la ville est mouvementée, entre attaque de chiens errants et couvre-feu militaire. Tombé en panne d'essence, nos personnages devront poursuivre leur route à pieds.
Hors de la ville, la vie s'organise, par village ou par clans. Toute personne venant de l'extérieur est perçue comme dangereuse, potentiellement porteuse du virus tueur. Blessé, Liam, ses enfants et le bébé affamé se réfugient dans un village de vacances malgré l'hostilité des habitants...
Alors que Liam vient de perdre son épouse, ce père de famille va devoir affronter un monde en chute libre secoué par une crise économique, sociale, politique et sanitaire sans précédent. Comment vivre et même survivre dans un pays au bord de l'effondrement ? À travers cette série d'anticipation très actuelle, Jared Muralt s'interroge aussi sur les raisons qui ont amené les hommes à cette apocalypse...
« Vous êtes saisis d'horreur parce que nous voulons abolir la propriété privée. Mais, dans votre société actuelle, la propriété privée est abolie pour les neuf dixièmes de ses membres : si cette société existe, c'est précisément parce qu'elle n'existe pas pour ces neuf dixièmes. Vous nous reprochez donc de vouloir abolir une forme de propriété qui a pour condition nécessaire que l'immense majorité de la société soit frustrée de toute propriété. En un mot, vous nous accusez de vouloir abolir votre propriété à vous. En vérité, c'est bien ce que nous voulons. »
Publié pour la première fois en février 1848 à Londres, le Manifeste de Marx et Engels, rigoureux et tranchant, n'a rien perdu de sa vigueur critique.
Les Affinités électives (1809), récit de la maturité de Goethe, est l'un des chefs-d'oeuvre de la littérature allemande. Roman social offrant une peinture critique de l'aristocratie terrienne à l'aube du XIXème siècle, Les Affinités électives est en même temps un roman d'amour, décrivant avec un détachement scientifique les mystérieux phénomènes d'attirance et de répulsion qui se jouent entre les êtres comme dans la nature, mais aussi, et surtout, une oeuvre tragique et mélancolique, une histoire de passion et de mort, qui s'achemine vers un désastre programmé.
Le détachement ironique du narrateur, les ambiguïtés du récit, la subtilité de la construction font de ce livre un des premiers grands romans modernes.
La Phénoménologie de l'esprit n'est pas seulement un ouvrage décisif dans l'histoire de la philosophie : c'est aussi, aux côtés du théâtre de Shakespeare ou de La Divine Comédie de Dante, l'une des oeuvres majeures de la culture occidentale. Achevée dans l'urgence, parue en 1807 dans une Europe agitée par les guerres napoléoniennes, elle eut un succès tardif : en France, il fallut attendre le XX siècle pour qu'on reconnût en elle le sommet de la philosophie idéaliste allemande à la fois une remémoration dense et fulgurante de toute la philosophie, et le début d'une nouvelle façon de penser la vie, l'histoire et la pensée elle-même.
La présente traduction restitue la dynamique poétique propre à ce moment où s'expose pour la première fois la démarche dialectique de Hegel : en s'attachant à préserver l'économie et la fluidité singulières de la langue de l'auteur, elle offre une nouvelle lecture de ce texte capital.
« C'est à toi seul que je veux parler, raconter tout pour la première fois ; tu connaîtras ma vie entière, qui a toujours été à toi et dont tu n'as jamais rien su » : ainsi s'ouvre la lettre posthume que reçoit, le jour de son quarante et unième anniversaire, un romancier viennois, dandy séducteur et volage. À travers cette missive rédigée par une inconnue qui l'a follement aimé et dont il n'a gardé aucun souvenir, une image en creux de sa propre existence lui est soudain offerte, dans toute sa légèreté, sa vacuité, auxquelles s'oppose le tableau effrayant et admirable d'une passion totale.
La Lettre d'une inconnue, parue en 1922, est un pur joyau de la littérature amoureuse. Zweig y campe un autoportrait trouble, et, par personnage de femme interposé, règle des comptes avec la part insouciante de lui-même, celle que les tragédies de la Première Guerre mondiale et le spectacle de la souffrance humaine n'avaient pas encore assombrie.
Illustration : Virginie Berthemet © Flammarion
La psychose, la drogue, la criminalité sont-elles les répercussions codées des expériences des premières années de la vie ?
Alice Miller dénonce les méfaits de l'éducation traditionnelle, qui a pour but de briser la volonté de l'enfant pour en faire un être docile et obéissant. Elle montre comment les enfants battus battront à leur tour, les menacés menaceront, les humiliés humilieront. Car à l'origine de la pire violence, celle que l'on s'inflige à soi-même ou celle que l'on fait subir à autrui, on trouve presque toujours le meurtre de l'âme enfantine.
Cette « pédagogie noire », selon l'expression de l'auteur, est illustrée par des textes desXVIIIe et XIXe siècles, stupéfiants ou tragiques, reflétant les méthodes selon lesquelles ont été élevés nos parents et nos grands-parents, et par trois portraits d'enfances massacrées : celle de Christine F., droguée, prostituée, celle d'un jeune infanticide allemand et enfin celle d'Adolf Hitler, que l'on découvrira ici sous un jour tout à fait inattendu.
Longtemps sous-évaluée dans la tradition exégétique, la Critique de la faculté de juger (1790) réapparaît aujourd'hui, au fil du libre dialogue entretenu avec elle par une série de philosophes contemporains, pour ce qu'elle est vraiment : le couronnement du criticisme en même temps que l'un des plus profonds ouvrages auxquels la réflexion philosophique a donné naissance. En organisant sa réflexion autour de trois axes (la finalité de la nature, l'expérience esthétique, les individualités biologiques), Kant affrontait le problème de l'irrationnel qui, à travers le défi lancé aux Lumières par Jacobi, faisait vaciller la toute-puissance de la raison.Cette traduction, qui invite à relire la Critique de la faculté de juger à partir de sa première introduction, laissée inédite par Kant, montre que consolider la rationalité, c'était aussi sauver l'unité de la philosophie par la mise en évidence de l'articulation entre raison théorique et raison pratique. Véritable lieu de la politique kantienne selon Hannah Arendt, émergence d'une pensée de la communication selon Jürgen Habermas ou Karl Otto Apel, la dernière des trois Critiques constituait ainsi, surtout, la réponse la plus subtile de la modernité à l'antirationalisme naissant.
Dante, un hipster quadra en pleine crise existentielle, s'égare dans une forêt symbole de l'errance de l'individu dans notre société de consommation. Guidé par le poète antique Virgile (incarné ici en un chacal rouge), Dante traverse les 9 cercles de l'enfer, faisant nombre de rencontres inattendues : Silvio Berlusconi (qui s'y sent visiblement chez lui), Hitler et Pinochet mijotant dans un fleuve de sang, ou encore deux diablotins, qui tentent de remettre l'énergie atomique au goût du jour...
« "L'homme est un loup pour l'homme" ; qui donc, d'après toutes les expériences de la vie et de l'histoire, a le courage de contester cette maxime ? » Sigmund Freud
"En 1929, Freud s'adresse à Lou Andreas-Salomé : « Très chère Lou... ce livre traite de la culture, du sentiment de culpabilité, du bonheur et d'autres choses élevées du même genre et me semble, assurément à juste titre, tout à fait superflu quand je le compare à mes travaux précédents qui procédaient toujours de quelque nécessité intérieure. Mais que pouvais-je faire d'autre ? Il n'est pas possible de fumer et de jouer aux cartes toute la journée. (...) J'écris et le temps passe ainsi très agréablement. Tandis que je m'adonne à ce travail, j'ai découvert les vérités les plus banales. » Freud analyse ici les relations de l'homme à la culture, édifiée sur le renoncement pulsionnel, l'opposition entre culture et sexualité et l'étude du surmoi. Nathalie Roussel s'empare du texte de Freud avec intelligence, nous le restitue sous une forme posée et nous permet d'appréhender la pensée de Freud de façon claire." Claude Colombini-Frémeaux & Michel Prigent
"Faust" : ce simple mot, cette syllabe robuste et trapue comme le "poing" qu'elle désigne couramment, est un signe aussi fort dans l'histoire culturelle des pays allemands que lorsqu'on dit "don Quichotte" en terre espagnole ou "Dante" en Italie. C'est essentiellement grâce à l'oeuvre de Goethe que le personnage de Faust a passé les frontières et rejoint, dans l'imaginaire occidental, les figures de don Juan et de Prométhée. Comme eux, insatisfait et rebelle, Faust s'oppose à l'autorité divine en faisant un pari dont l'enjeu n'est rien de moins que le sens de la vie et la possibilité du salut.
« La loi morale est sainte (inviolable). L'homme est sans doute très éloigné de la sainteté, mais il faut que l'humanité dans sa personne soit sainte pour lui. Dans la création tout entière, tout ce que l'on veut, et ce sur quoi on a quelque pouvoir, peut aussi être employé simplement comme moyen ; l'homme seul, et avec lui toute créature raisonnable, est fin en soi-même. Il est, en effet, grâce à l'autonomie de sa liberté, le sujet de la loi morale, laquelle est sainte. C'est précisément en raison de cette liberté que toute volonté, même la volonté propre à chaque personne et dirigée sur elle-même, est bornée par la condition de l'accord avec l'autonomie de l'être raisonnable, à savoir de ne le soumettre à aucune intention qui ne serait pas possible suivant une loi pouvant trouver sa source dans le sujet même qui pâtit, et donc de ne l'utiliser jamais simplement comme moyen, mais en même temps en lui-même comme une fin. Cette condition, à bon droit, s'impose, pour nous, même à la volonté divine relativement aux êtres raisonnables dans le monde, en tant qu'il s'agit de ses créatures, parce qu'elle repose sur la personnalité de ceux-ci, par laquelle seule ils sont des fins en soi. »
Kant
Avec la « résonance », Hartmut Rosa a proposé un concept pour remédier à l'accélération hégémonique et réifiante du capitalisme rentier et spéculatif, qui nous condamne à la croissance et à la surchauffe. Pour lui, la transformation en profondeur de nos sociétés ne se réalisera que si nous acceptons d'entrer dans un nouveau rapport au monde, marqué par une relation « responsive » avec lui. En quoi cette résonance peut-elle bien consister concrètement ? Et surtout en quoi pourrait-elle aider les jeunes générations à vivre avec la réalité de l'Anthropocène, chaque jour plus prégnante ? La résonance, au contraire de l'éducation au « développement durable », semble un nouveau paradigme à même de faire advenir un autre monde, où ne s'opposeraient plus humains et non-humains. Avec Hartmut Rosa, le temps est venu d'écouter ce que le monde a à nous dire... Traduit de l'allemand par Sophie Paré et Nathanaël Wallenhorst.
La Critique de la raison pure a révolutionné notre rapport à la connaissance. L'Introduction de 1787 reproduite dans la présente édition est la voie royale pour entrer dans cette oeuvre cathédrale. Le texte propose une définition puissante de l'objectif d'ensemble de la Critique : tracer les frontières du savoir humain. Mais l'enjeu est plus grand encore. Il s'agit de déterminer le destin de la métaphysique, que ce soit pour la replacer sur la voie sûre de la science, ou pour faire résonner le requiem de la « reine des sciences » désormais déchue.
L'Introduction ne présuppose aucune lecture préalable d'une oeuvre kantienne pour être comprise. Entamer la lecture de Kant par un tel point de départ est la promesse d'un regard nouveau. En procédant pas à pas et en définissant chaque concept clé, ce texte méthodique déploie sous nos yeux ce que l'on pourrait appeler l'ordre kantien des raisons.
La famille Karnovski retrace le destin de trois générations d'une famille juive qui décide de quitter la Pologne pour s'installer en Allemagne à l'aube de la Seconde Guerre mondiale. Comment Jegor, fils d'un père juif et d'une mère aryenne, trouvera-t-il sa place dans un monde où la montée du nazisme est imminente ?
Publié en 1943 alors que les nazis massacrent les communautés juives en Europe, le roman d'Israël Joshua Singer est hanté par ces tragiques circonstances et par la volonté de démêler le destin complexe de son peuple.
Prague, ville où Rilke passa son enfance, est sans doute le personnage essentiel de ces deux récits. Le roi Bohusch et Frère et soeur, constituant ces Histoires pragoises, comptent parmi les tout premiers textes de Rilke. Nourris d'éléments autobiographiques, ils évoquent l'atmosphère qui régnait alors à Prague, et, en particulier, l'émergence du sentiment nationaliste anti-allemand de la jeunesse tchèque. Ces pages, écrivait Rilke, « m'ont rendu cher ce que j'avais à demi oublié et elles m'en ont fait don. Car de notre passé nous ne possédons que ce que nous aimons. Et nous voulons posséder tout ce que nous avons vécu ». R.M. Rilke