'Très cher père,
Tu m'as demandé récemment pourquoi je prétends avoir peur de toi. Comme d'habitude, je n'ai rien su te répondre...'
Réel et fiction ne font qu'un dans la lettre désespérée que Kafka adresse à son père. Il tente, en vain, de comprendre leur relation qui mêle admiration et répulsion, peur et amour, respect et mépris.
Réquisitoire jamais remis à son destinataire, tentative obstinée pour comprendre, la Lettre au père est au centre de l'oeuvre de Kafka.
« De tout ce que j'ai écrit, les contes sont incontestablement ce qu'on apprécie le plus au Danemark », note Andersen en 1846. À sa mort, près de trente ans plus tard, ce n'est pas seulement dans son pays d'origine, mais bien dans le monde entier qu'il connaît la gloire. Jusqu'à nos jours, le succès de ses Contes racontés aux enfants ne s'est jamais démenti, preuve de leur dimension intemporelle.
Puisant dans le folklore nordique autant que dans le spectacle de la modernité, le conteur réussit le pari de réenchanter le quotidien sans rien omettre de la violence du réel. Qu'ils soient sapin ou bonhomme de neige, soldat de plomb ou rossignol, princesse ou miséreuse, ses héros nous invitent à redécouvrir les pouvoirs de la fiction, en troquant notre regard d'adulte pour des yeux d'enfant.
Dossier
1. Raconter aux enfants
2. Histoires populaires : les enfants,
les grands-mères et la nature
3. Morales du conte.
Saint-Pétersbourg, un fonctionnaire devenu petit rentier, s'adonne à une introspection à l'adresse d'interlocuteurs muets. Bavard inoffensif ou pervers déroutant, il explore ses propres petitesses, se décrit tour à tour comme vil, malade et méchant puis se reprend, s'absout, visite son passé. Enlisé dans l'inaction, l'oisiveté l'entraîne vers des sentiments amers envers ses semblables, sa conscience l'accable mais il avance en forcené solitaire. « L'homme normal… J'envie cet homme. Je ne le nie pas : il est bête. Mais, qu'en savez-vous ? Il se peut que l'homme normal doive être bête. » F. Dostoïevski
Ecouter Werther, c'est aujourd'hui dépoussiérer un mythe. En effet tout le monde connaît "l'histoire" de Werther et son suicide, mais peu sont ceux qui connaissent véritablement le parcours intérieur de ce geste solitaire... Geste magnifique, mais aussi geste de désespoir social face à ses blocages intimes et aux barrières convenues par une société fière de ses convenances.
L'art d'avoir toujours raison est un précis à usage des disputeurs, des contradicteurs et de toute personne ayant pour but de faire éclater la grande vérité (réelle ou fantasmée) de ses propres thèses. Ces techniques applicables en tout lieu et en toute époque peuvent être utilisées pour faire tomber les arguments falacieux d'adversaires. Très argumenté, structuré, et ne manquant pas d'humour, ce texte fait montre d'une grande culture et d'une certaine ironie, qui vise en transparence la mauvaise foi de chacun de nous.
Est-ce bien certain que l'on peut tout sentir ? Certes non. Pourtant c'est bien ce sentiment qui domine à l'audition des ces lettres. Plus qu'un simple point de vue, elle nous livrent le parcours d'une vie. Nous accompagnons une étape. C'est un dialogue entre la vie de Vincent et les événements majeurs qui la forment, et Vincent lui même. Un dialogue insaisissable au naturel et pourtant perceptible par la magie de Michaël Londsdale et Claude Mettra.
Claude Mettra est - si l'on peut dire - le cours de la vie de Van Gogh, avec ses douleurs et ses tourments, ses accidents extérieurs qui façonnent et marquent à jamais son esprit, et Michaël Londsdale est la voix grave de Vincent, son âme presque, ou son double du moins.
Écouter l'insaisissable, c'est tenter de comprendre l'histoire, l'intériorité même d'un des plus grands génies de la peinture, d'un des artistes les plus solitaires aussi. C'est avoir envie, à rebours, de le rencontrer, et à défaut de le comprendre toujours, à la manière de son frère Théo, de le soutenir de manière indéfectible.
Voici des nouvelles sur le "royaume des femmes". Ainsi, la Dame au petit chien promène son ennui et son chien sur la digue d'une station de la mer Noire. Un homme solitaire la remarque, l'aime, mais ne peut triompher plus tard de toutes les barrières qui se dressent sur le chemin de leur bonheur.
Tchékhov souffrait d'une impossibilité d'aimer. Mais l'amour lui inspire émotion ou ironie ("Si vous craignez la solitude, ne vous mariez pas"), et une grande variété de tableaux : "Une nouvelle qui n'a pas de femmes, écrit-il, c'est une machine sans vapeur." L'héroïne par excellence est pour lui la femme incomprise, qui rêve d'une autre vie, inaccessible.
"'J'ai tenté avec un respect presque filial de rendre la vibration vitale du vaste monde des eaux, du coeur des hommes simples qui, depuis des siècles, traverses ses solitudes.'" Ainsi s'exprime Conrad à propos de son récit.
Mais Typhon n'est pas que la relation d'une épreuve maritime, n'est pas que la transposition romanesque des souvenirs du marin Joseph, la nouvelle peut également être entendue comme une magnifique épopée allégorique sur la sublimation des passions par l'écriture.
Pierre Vaneck lit Typhon dans la traduction de Gide. L'ambition est la même que l'auteur des Faux-Monnayeurs : ne pas s'arrêter au mot à mot, à une diction hachée, aller trouver dans ce récit la pensée et l'émotion de Joseph Conrad."
Claude Colombini-Frémeaux
Le Malaise dans la culture, publié en 1930, est le seul véritable exposé de la conception de la réalité sociale et de la philosophie politique de Freud.
Son diagnostic en a troublé plus d'un : la culture s'efforce d'endiguer l'irréductible agressivité humaine sans jamais remporter de victoire décisive. On a voulu y voir la preuve du pessimisme d'un vieil homme rongé par la maladie et rattrapé par l'histoire. Bien au contraire, en leur montrant qu'ils n'ont rien à attendre d'un retour à la « nature », d'une société sans classes ou encore d'un paradis régi par les lois du marché, Freud délivre les hommes de leur dernière chaîne, celle qui les liait à la croyance et à l'espoir, et les fait entrer dans le royaume de la liberté où l'illusion n'a plus cours.
Dossier :
1. L'analyse profane et la tentation philosophique de la psychanalyse
2. L'agression, la mort
3. Politique de Freud
4. Freud prophète ?
5. Une idéologie de la libération ?
Ce texte fondateur du philosophe épicurien de la Grèce Antique qui regroupe poésie et philosophie se présente comme une tentative de "briser les forts verrous des portes de la nature", c'est-à-dire de révéler au lecteur la nature du monde et des phénomènes naturels. Selon Lucrèce, cette connaissance du monde doit permettre à l'homme de se libérer du fardeau des superstitions, notamment religieuses, constituant autant d'entraves qui empêchent chacun d'atteindre l'ataraxie ; la tranquillité de l'âme.
Alors que Michel Onfray nous révèle Lucrèce dans le deuxième volume de la Contre-histoire de la philosophie, Bernard Combeaud s'est attelé à la traduction du grand poème philosophique avec toute la difficulté d'une écriture à la fois intellectuelle et allégorique (poétique), travail édité par Denis Mollat pour lequel Bernard Combeaud a reçu le Prix Jules Janin de l'Académie française pour l'adaptation.
À son tour, Denis Podalydès, sociétaire de la Comédie-Française, relève le défi de cette lecture, en mettant son talent au service de la prosodie poétique et philosophique du texte de Lucrèce dans une sélection faite par Bernard Combeaud. Afin de donner à l'auditeur toutes les réponses aux questions posées sur le travail d'adaptation et d'interprétation au sens large, le livre audio propose également un entretien entre Bernard Combeaud et Michel Onfray.
Lire "Un Eté indien", c'est comme lire une histoire intime pour s'en graver à jamais les détails les plus secrets au fond de sa mémoire. C'est comme inscrire une part de rêve d'enfance qui aurait été relue par une réflexion adulte pour ne rien perdre des moments les plus intimes et des déchirures infimes qui forgent le caractère de l'Etre en devenir. C'est aussi ne pas oublier que jamais aucune vérité n'est entière et que les parts d'ombre peuvent un jour se révéler de la lumière. C'est un récit au bout duquel une vraie pause, ironique et tendre, s'avère nécessaire, comme pour se retrouver avant de repartir.
"Les contes sont des rêves partagés. Eclairés par le conteur qui les renouvelle et les rend vivants, vibrants de tous les sens retrouvés, les contes viennent habiter la mémoire de ceux qui l'écoutent. De là, plus tard, ils "remontent", et même parfois, ils insistent étrangement. Ainsi, la vision d'un cheval ailé vient soudain nous distraire de l'ordinateur, le chant d'une belle ondine surgit du sifflement du métro, on rit tout seul du rire de l'hippopotame que tel conteur avait si bien fait, l'autre jour... Bref, l'oreille garde la mémoire, comme une musique qui reste, c'est l'oralité... L'oeil garde l'image qu'il a lui-même créée en écoutant, c'est le "cinéma dans la tête". Le coeur garde l'émotion, les symboles hors du temps, qu'il comprend simplement. C'est la richesse de l'humanité, la profondeur de l'oralité."
Catherine Zarcate
"Catherine Zarcate est à l'origine du renouveau du conte pour adulte sous une forme philosophique. Les Fils du Vent est son oeuvre la plus marquante et demandée auprès des libraires depuis 30 ans. Le conte, forme très écrite demande une performance d'acteur et s'inscrit tant par son héritage que par son expression dans le plaisir et l'approche littéraire de La Librairie Sonore et du disque parlé."
Patrick Frémeaux et Claude Colombini