'Très cher père,
Tu m'as demandé récemment pourquoi je prétends avoir peur de toi. Comme d'habitude, je n'ai rien su te répondre...'
Réel et fiction ne font qu'un dans la lettre désespérée que Kafka adresse à son père. Il tente, en vain, de comprendre leur relation qui mêle admiration et répulsion, peur et amour, respect et mépris.
Réquisitoire jamais remis à son destinataire, tentative obstinée pour comprendre, la Lettre au père est au centre de l'oeuvre de Kafka.
Hans Christian Andersen "Le Rossignol et l'Empereur" suivi de "La Petite fille aux allumettes, Le Costume de l'Empereur", "C'est tout à fait sûr", "La Bergère et le ramoneur", "Le Petit soldat de plomb".
"J'ai dit... que mes contes étaient tout autant pour les aînés que pour les enfants, ceux-ci ne comprenaient que les personnages accessoires, et que c'étaient seulement les personnes mûres qui voyaient et comprenaient le tout".
H.C. Andersen
"Les contes d'Andersen, quoi qu'on en dise, ne transmettent pas impersonnellement le folklore de son pays, le Danemark : ils ont la vérité - la candeur enfantine - de leur auteur ; là est leur force inégalée. Andersen ne raconte pas des histoires, il se projette en elles et incite ses auditeurs à le rejoindre."
Claude Colombini-Frémeaux & Alexandre Wong
"Premier des romanciers modernes, Fiodor Dostoïevski est parmi les plus grands écrivains russes du XIXe siècle. Dans « Les Carnets du sous-sol », il fait le récit d'un homme reclus qui depuis son sous-sol observe le monde en contre-plongée. Le narrateur crache ses mots avec aigreur, son refus obstiné du bonheur, déverse ses angoisses et sa haine envers l'humanité. Ecrit en 1864, on y retrouve un condensé de la fureur barbare qui fait l'oeuvre de l'auteur et les bases des grands romans à venir : « Crimes et châtiments », « Le Joueur », ou « Les Frères Karamazov ». Produit par Mâya Heuse des Éditions Thélème, Hubert-Félix Thiéfaine, avec sa diction émue et mordante, à la fois constante et solennelle, arrive à transmettre à l'auditeur toute la mélancolie, la sincérité et la violence du roman. Il met à nue toute la poésie de cette oeuvre que l'on se prêterait à qualifier de proto-punk, par sa désillusion, sa vision désenchantée du monde et qui comme l'indiquait l'auteur, se voulait le récit « d'une génération en survie".
Patrick FRÉMEAUX
Ecouter Werther, c'est aujourd'hui dépoussiérer un mythe. En effet tout le monde connaît "l'histoire" de Werther et son suicide, mais peu sont ceux qui connaissent véritablement le parcours intérieur de ce geste solitaire... Geste magnifique, mais aussi geste de désespoir social face à ses blocages intimes et aux barrières convenues par une société fière de ses convenances.
"L'art d'avoir toujours raison est le catalogue raisonné des 38 stratagèmes possibles pour convaincre l'autre. Le présent ouvrage permet de donner à celui qui a tort tous les moyens d'obtenir une victoire sur son adversaire en évacuant le problème moral de la bonne ou mauvaise foi. Attention, cher auditeur, il n'est pas question ici de rechercher la vérité. Didier Bourdon rend hommage à l'optimisation de la pensée sur la morale dans l'art de la joute verbale. Sa performance servira les causes les plus viles comme les meilleures volontés."
Claude COLOMBINI et Patrick FREMEAUX.
Est-ce bien certain que l'on peut tout sentir ? Certes non. Pourtant c'est bien ce sentiment qui domine à l'audition des ces lettres. Plus qu'un simple point de vue, elle nous livrent le parcours d'une vie. Nous accompagnons une étape. C'est un dialogue entre la vie de Vincent et les événements majeurs qui la forment, et Vincent lui même. Un dialogue insaisissable au naturel et pourtant perceptible par la magie de Michaël Londsdale et Claude Mettra.
Claude Mettra est - si l'on peut dire - le cours de la vie de Van Gogh, avec ses douleurs et ses tourments, ses accidents extérieurs qui façonnent et marquent à jamais son esprit, et Michaël Londsdale est la voix grave de Vincent, son âme presque, ou son double du moins.
Écouter l'insaisissable, c'est tenter de comprendre l'histoire, l'intériorité même d'un des plus grands génies de la peinture, d'un des artistes les plus solitaires aussi. C'est avoir envie, à rebours, de le rencontrer, et à défaut de le comprendre toujours, à la manière de son frère Théo, de le soutenir de manière indéfectible.
Voici des nouvelles sur le "royaume des femmes". Ainsi, la Dame au petit chien promène son ennui et son chien sur la digue d'une station de la mer Noire. Un homme solitaire la remarque, l'aime, mais ne peut triompher plus tard de toutes les barrières qui se dressent sur le chemin de leur bonheur.
Tchékhov souffrait d'une impossibilité d'aimer. Mais l'amour lui inspire émotion ou ironie ("Si vous craignez la solitude, ne vous mariez pas"), et une grande variété de tableaux : "Une nouvelle qui n'a pas de femmes, écrit-il, c'est une machine sans vapeur." L'héroïne par excellence est pour lui la femme incomprise, qui rêve d'une autre vie, inaccessible.
« "L'homme est un loup pour l'homme" ; qui donc, d'après toutes les expériences de la vie et de l'histoire, a le courage de contester cette maxime ? » Sigmund Freud
"En 1929, Freud s'adresse à Lou Andreas-Salomé : « Très chère Lou... ce livre traite de la culture, du sentiment de culpabilité, du bonheur et d'autres choses élevées du même genre et me semble, assurément à juste titre, tout à fait superflu quand je le compare à mes travaux précédents qui procédaient toujours de quelque nécessité intérieure. Mais que pouvais-je faire d'autre ? Il n'est pas possible de fumer et de jouer aux cartes toute la journée. (...) J'écris et le temps passe ainsi très agréablement. Tandis que je m'adonne à ce travail, j'ai découvert les vérités les plus banales. » Freud analyse ici les relations de l'homme à la culture, édifiée sur le renoncement pulsionnel, l'opposition entre culture et sexualité et l'étude du surmoi. Nathalie Roussel s'empare du texte de Freud avec intelligence, nous le restitue sous une forme posée et nous permet d'appréhender la pensée de Freud de façon claire." Claude Colombini-Frémeaux & Michel Prigent
"'J'ai tenté avec un respect presque filial de rendre la vibration vitale du vaste monde des eaux, du coeur des hommes simples qui, depuis des siècles, traverses ses solitudes.'" Ainsi s'exprime Conrad à propos de son récit.
Mais Typhon n'est pas que la relation d'une épreuve maritime, n'est pas que la transposition romanesque des souvenirs du marin Joseph, la nouvelle peut également être entendue comme une magnifique épopée allégorique sur la sublimation des passions par l'écriture.
Pierre Vaneck lit Typhon dans la traduction de Gide. L'ambition est la même que l'auteur des Faux-Monnayeurs : ne pas s'arrêter au mot à mot, à une diction hachée, aller trouver dans ce récit la pensée et l'émotion de Joseph Conrad."
Claude Colombini-Frémeaux
Ce texte fondateur du philosophe épicurien de la Grèce Antique qui regroupe poésie et philosophie se présente comme une tentative de "briser les forts verrous des portes de la nature", c'est-à-dire de révéler au lecteur la nature du monde et des phénomènes naturels. Selon Lucrèce, cette connaissance du monde doit permettre à l'homme de se libérer du fardeau des superstitions, notamment religieuses, constituant autant d'entraves qui empêchent chacun d'atteindre l'ataraxie ; la tranquillité de l'âme.
Alors que Michel Onfray nous révèle Lucrèce dans le deuxième volume de la Contre-histoire de la philosophie, Bernard Combeaud s'est attelé à la traduction du grand poème philosophique avec toute la difficulté d'une écriture à la fois intellectuelle et allégorique (poétique), travail édité par Denis Mollat pour lequel Bernard Combeaud a reçu le Prix Jules Janin de l'Académie française pour l'adaptation.
À son tour, Denis Podalydès, sociétaire de la Comédie-Française, relève le défi de cette lecture, en mettant son talent au service de la prosodie poétique et philosophique du texte de Lucrèce dans une sélection faite par Bernard Combeaud. Afin de donner à l'auditeur toutes les réponses aux questions posées sur le travail d'adaptation et d'interprétation au sens large, le livre audio propose également un entretien entre Bernard Combeaud et Michel Onfray.
Lire "Un Eté indien", c'est comme lire une histoire intime pour s'en graver à jamais les détails les plus secrets au fond de sa mémoire. C'est comme inscrire une part de rêve d'enfance qui aurait été relue par une réflexion adulte pour ne rien perdre des moments les plus intimes et des déchirures infimes qui forgent le caractère de l'Etre en devenir. C'est aussi ne pas oublier que jamais aucune vérité n'est entière et que les parts d'ombre peuvent un jour se révéler de la lumière. C'est un récit au bout duquel une vraie pause, ironique et tendre, s'avère nécessaire, comme pour se retrouver avant de repartir.
"Les contes sont des rêves partagés. Eclairés par le conteur qui les renouvelle et les rend vivants, vibrants de tous les sens retrouvés, les contes viennent habiter la mémoire de ceux qui l'écoutent. De là, plus tard, ils "remontent", et même parfois, ils insistent étrangement. Ainsi, la vision d'un cheval ailé vient soudain nous distraire de l'ordinateur, le chant d'une belle ondine surgit du sifflement du métro, on rit tout seul du rire de l'hippopotame que tel conteur avait si bien fait, l'autre jour... Bref, l'oreille garde la mémoire, comme une musique qui reste, c'est l'oralité... L'oeil garde l'image qu'il a lui-même créée en écoutant, c'est le "cinéma dans la tête". Le coeur garde l'émotion, les symboles hors du temps, qu'il comprend simplement. C'est la richesse de l'humanité, la profondeur de l'oralité."
Catherine Zarcate
"Catherine Zarcate est à l'origine du renouveau du conte pour adulte sous une forme philosophique. Les Fils du Vent est son oeuvre la plus marquante et demandée auprès des libraires depuis 30 ans. Le conte, forme très écrite demande une performance d'acteur et s'inscrit tant par son héritage que par son expression dans le plaisir et l'approche littéraire de La Librairie Sonore et du disque parlé."
Patrick Frémeaux et Claude Colombini