Paru en 1795, voilà réédité un très grand classique de Jean Paul Richter (1763-1825), plus connu en France sous le nom de Jean Paul.
Tout roman des origines est aussi l'histoire d'une initiation, et c'est une semblable expérience que vit le jeune Victor lorsqu'il découvre qui est son véritable père et à quel point la réalité peut être trompeuse. Dans cette aventure « aux chemins qui bifurquent », comme aurait pu l'écrire Borges, notre héros va rencontrer l'Amour en la personne de Clotilde et le Savoir sous l'égide d'un philosophe à la sagesse orientale.
Mais Hespérus est surtout un roman d'une liberté inouïe. Il marie l'encyclopédisme à la philosophie, le picaresque au voyage sentimental, la fantaisie à la gravité et, ce faisant, atteint une modernité qui ferait pâlir les prétendues audaces littéraires de certains de nos contemporains...
L'oeuvre de Richter a été louée par Schiller, Schumann, Nerval en leur temps et, plus près de nous, par Thomas Bernhard. L'un de ses sommets revoit ici le jour, après soixante-quinze ans d'oubli, dans la superbe traduction d'Albert Béguin. Elle est préfacée avec autant de ferveur que d'érudition par Linda Lê.
ATTENTION
Ne convient pas aux personnes allergiques aux phrases de ce type :
Je descends l'escalier. C'est même l'escalier qui monte sous moi.
Il dort. Il est bouche ouverte, dans le fauteuil. Ses lunettes ne se sont pas aperçues que ses yeux sont fermés, et elles agrandissent inutilement les lettres du livre qu'elles ont devant elles. Je sors doucement. S'il ne me manquait que dans la tête, bien sûr que je pourrais emplir le vide par le raisonnement, mais comment faire raisonner un doigt ? Mais comment faire raisonner un genou ?