La démocratie est aujourd'hui une aspiration pour des centaines de millions de personnes, comme elle est un droit de naissance pour des millions d'autres à travers le monde. Mais de quelle démocratie parlons-nous ? Sa signification est-elle inchangée depuis sa création dans la Grèce antique ? Examinant ses différentes manifestations et montrant comment la démocratie a changé au cours de sa longue vie, depuis les temps anciens jusqu'à nos jours, Paul Cartledge offre une réflexion d'une fécondité exceptionnelle. Comment le « pouvoir du peuple » des Athéniens a-t-il émergé en premier lieu ? Et en quoi la version athénienne de la démocratie différait-elle des nombreuses autres formes qui se sont développées ensuite ? Après un âge d'or au IVe siècle av. J.-C., il y a eu une longue et lente dégradation de la conception et de la pratique grecques originales de la démocratie. De l'Antiquité tardive à la Renaissance, la démocratie a été éclipsée par d'autres formes de gouvernement, tant en théorie qu'en pratique. Mais ce n'était en aucun cas la fin de l'histoire : la démocratie devait finalement connaître une nouvelle floraison. D'abord ravivée dans l'Angleterre du XVIIe siècle, elle devait renaître dans le climat révolutionnaire de l'Amérique du Nord et de la France à la fin du XVIIIe siècle - et n'a cessé de se reconstituer et de se réinventer depuis, jusqu'à la contradiction la plus récente de la « démocratie illibérale ».
Voici l'histoire de quatre femmes arrêtées, incarcérées, jugées, condamnées à mort puis guillotinées. Marie-Antoinette, reine de France déchue. Madame Roland, brillante égérie politique. Olympe de Gouges, dramaturge et militante. Madame du Barry, la dernière favorite de Louis XV, incarnation de l'Ancien Régime. Quatre femmes qui représentent, chacune dans un registre différent, ce que la Révolution déteste. Et, en premier lieu, des femmes physiquement présentes dans l'espace public, qui non seulement osent le fouler mais tentent, en vain, de l'influencer. Privées quasiment de tout, confrontées à des conditions carcérales drastiques, elles n'ont depuis leur prison d'autre perspective que la guillotine. Ce sont ces derniers jours que restitue Cécile Berly dans ce texte sensible et puissant mettant à nu l'humanité de figures parfois pathétiques mais souvent sublimes.
Un écrivain, un étudiant, des hommes d'affaires, un juriste, une femme politique - il y a actuellement 57?000 combattantes qui servent dans l'armée ukrainienne - ou encore un important exploitant agricole letton, un Géorgien de 61 ans et même des Russes - parmi lesquels un ancien officier du FSB. Tous racontent leur expérience dans cette guerre d'un autre siècle par sa violence et son intensité. Tous parlent à la fois de la situation actuelle et évoquent l'histoire de leur pays, de cette guerre et de leur relation avec la Russie de Poutine. Tous - Ukrainiens ou étrangers - sont des volontaires prêts à mourir pour l'Ukraine. Leurs témoignages représentent des expériences guerrières diverses vécues par des acteurs d'horizons sociologiques et psychologiques variés, sur tous les théâtres de la guerre dans ses différentes phases, dont les batailles majeures d'Irpin, de Boutcha ou de Marioupol. Rassemblés et présentés par Lasha Otkhmezuri, qui a su gagner la confiance des témoins depuis plusieurs mois, ils offrent à la fois des récits poignants et une multitude de clés pour comprendre cette guerre et ses conséquences. Bouleversement majeur pour l'Europe, perspective historique, question des crimes de guerre, c'est une série d'informations et de réflexions inédites et éclairantes qu'offrent ainsi l'auteur et ses témoins.
Le 22 juin 1941, les troupes nazies pénétraient en Union soviétique. Immédiatement les Juifs furent pris pour cibles lors d'exécutions qui se déroulèrent des Pays baltes à la mer Noire. En Galicie orientale, dans l'ouest de l'Ukraine, du jour au lendemain, des soldats de la Wehrmacht, des hommes des Einsatzgruppen et d'autres formations de police massacrèrent des civils juifs. Du jour au lendemain, des paysans locaux déferlèrent sur les villes, menant la chasse aux Juifs. Du jour au lendemain, des voisins assassinèrent leurs voisins. Les mécanismes de ces violences reposèrent sur deux éléments. D'abord un cadre légal posé par les Allemands, véritable permis de tuer relayé sur le terrain par des figures d'autorité locales ; ensuite un puissant ressentiment de la population non juive à l'égard de ses voisins. Envahisseurs et locaux scellèrent ainsi un terrible pacte antisémite. C'est ce que démontre Marie Moutier-Bitan dans cet ouvrage exceptionnel s'appuyant sur de nombreuses archives et enquêtes de terrain. L'auteure relate ainsi la fin d'un monde multiséculaire, lorsque transformant les voisins en meurtriers et les villages en lieux de massacre, les hommes d'Hitler déclenchèrent une spirale meurtrière d'une brutalité inouïe.
« On taxe tout, hormis l'air que nous respirons » assurait la marquise du Deffand. Dans ce livre inédit en son genre, Éric Anceau et Jean-Luc Bordron racontent l'histoire universelle et millénaire de l'impôt, de l'Égypte pharaonique aux paradis fiscaux contemporains en passant par la Chine impériale, la France de Louis XIV et l'Amérique de la prohibition. En mêlant récit grandiose et anecdotes savoureuses, les auteurs parviennent à dessiner une fresque aussi passionnante que divertissante d'un sujet omniprésent. Sait-on, par exemple, que pour occidentaliser la Russie, Pierre le Grand voulait contraindre ses sujets à ne plus porter de barbes en créant un impôt sur la pilosité ? Sait-on, encore, que les guinguettes se trouvaient aux abords des villes pour échapper à la taxation ? Plus surprenant enfin, sait-on que les membres du groupe ABBA portaient des tenues excentriques parce qu'une loi suédoise permettait une réduction d'impôts sur les vêtements à condition de ne pas pouvoir les porter dans la vie de tous les jours ? Ni manuel fiscal ni guide du contribuable, cet ouvrage explique par une approche claire et plaisante l'impôt, pourquoi il existe, pourquoi on y résiste, et dessine une nouvelle histoire de la construction de l'État.
En un seul hiver, entre novembre 1932 et 1933, Hitler arrive au pouvoir, le Japon envahit Jehol et quitte la Société des Nations, Mussolini se tourne vers l'Afrique, Roosevelt est élu, la France change trois fois de gouvernement et les vainqueurs de 1918 se disputent acrimonieusement les dettes de guerre. Les prémices de la Second Guerre mondiale sont posées. All Against All montre que cette période cruciale de quelques mois a engagé toutes les nations sur la voie de la guerre par « intérêt national ». Reliant acteurs et événements du monde entier, Paul Jankowski offre ainsi un récit pertinent pour les démocraties occidentales d'aujourd'hui. La menace croissante des régimes dictatoriaux et les défis idéologiques du communisme et du fascisme ont donné aux années 1930 un visage unique, tout comme les crises environnementales et démographiques mondiales façonnent le temps présent.
Entre la fin du XIIe et le début du XIIIe siècle, les armées mongoles de Gengis Khan ont conquis en une génération plus de terres et soumis plus de populations que Rome en 400 ans. Avec ses fils et petits-fils, Gengis Khan fut le grand conquérant des civilisations les plus densément peuplées du temps. De l'océan Pacifique à la mer Méditerranée, à son apogée l'empire du Grand Khan couvrait une superficie de plus de 30 millions de kilomètres carrés en continu, soit environ la taille du continent africain. Or l'ensemble de la tribu dont il était le chef comptait un million d'individus environ : c'est dans ce creuset qu'il recruta son armée, pas plus d'une centaine de milliers de guerriers, lesquels tiendraient sans difficulté dans les plus grands de nos stades modernes. Pour comprendre la construction de cet ensemble unique dans l'histoire, comme le parcours de son fondateur, l'auteur ouvre le livre sur son accession au pouvoir et sur les forces qui ont façonné sa vie et sa personnalité, depuis sa naissance en 1162 jusqu'à l'unification de toutes les tribus et la fondation de la nation mongole, en 1206. Ensuite vient l'entrée des Mongols dans l'histoire, avec leur guerre à l'échelle mondiale, étalée sur cinq décennies, de 1211 à 1261, jusqu'à ce que les petits-fils de Gengis Khan se livrent un combat entre eux.
Deux siècles durant, deux dynasties françaises, les Plantagenêts et les Valois, placées l'une à la tête de l'Angleterre, l'autre sur le trône des fleurs de lys, se sont livré une lutte à mort. Comment les rois de France, qui font figure de besogneux, tandis que leurs flamboyants adversaires récoltaient les lauriers de Crécy, Poitiers et Azincourt, ont-ils in fine remporté la victoire?? Ce n'est certes pas le seul effet du hasard ou de la Providence. Les Valois ont gagné, parce que, mieux que leurs adversaires, qui ne manquaient pourtant ni de volonté ni d'intelligence, ils ont su concevoir et mettre en oeuvre une stratégie globale, diplomatique et militaire, mais aussi politique, fiscale, sociale et idéologique. C'est ce que démontre avec brio Amable Sablon du Corail à travers le passionnant récit de cette confrontation totale, dont l'objet était tout autant la conquête des coeurs et des âmes que celle de territoires, de villes ou de forteresses.
Entre 1494 et 1559, la péninsule italienne fut le théâtre de plusieurs guerres d'une intensité encore jamais atteinte. Souvent présentées comme un affrontement voulu par des souverains français aux ambitions chimériques, de Charles VIII à Henri II, les guerres d'Italie ont pourtant une réalité globale, toutes les puissances du moment étant impliquées. Outre la France, l'Espagne, le Saint Empire, la Suisse ou encore l'Empire ottoman participent au ravage des terres italiennes au cours de ce premier conflit entre les nations européennes naissantes. Par ailleurs, toutes les entités politiques italiennes furent les acteurs de ces conflits, Naples, Milan, Rome, Florence, Venise ou Gênes menant des actions autonomes et tentant de maintenir leurs existences politiques face aux léviathans des XVe et XVIe siècles. C'est pourquoi ce livre, où les meilleurs historiens de chaque État synthétisent les connaissances les plus actuelles, permet de repenser les guerres d'Italie en sortant d'une perception francocentrée et en donnant à lire toute la diversité de ce chapelet de guerres sur plus de soixante ans. Ce faisant, il invite à repenser bien des événements - la bataille de Pavie, le sac de Rome - ou des parcours - Machiavel, Charles Quint, le pape Jules II - et offre une lecture aussi originale que captivante.
À l'automne 1600, Tokugawa Ieyasu, l'un des plus fascinants personnages de l'histoire du Japon, sort vainqueur de la plus grande bataille de samouraïs jamais livrée. L'enjeu est de taille puisqu'il ne s'agit rien moins que de l'empire tout entier, enfin pacifié. Le suzerain de la maison Tokugawa sera le troisième des Unificateurs du pays. Avant de parvenir à engranger les dividendes de la paix, il aura pourtant fallu tout risquer une ultime fois sur le tapis vert des rizières de Sekigahara, mince vallée sise en plein coeur de l'archipel. La suprême querelle se vide au matin du 21 octobre 1600, mettant aux prises les meilleurs capitaines et les plus vaillants champions de leur temps. Épreuve du gigantisme, près de 170 000 combattants s'y sont taillés en pièces, laissant 30 000 d'entre eux sur le carreau. Il faudra attendre l'épopée napoléonienne, deux siècles plus tard, pour voir se lever des effectifs similaires sous nos latitudes. À la charnière de deux siècles que tout oppose, Sekigahara bruit également du chant du cygne qu'entonnent malgré eux les guerriers de jadis. A l'issu de la bataille, le temps des seigneurs de guerre, des samouraïs et des citadelles est révolu.
La guerre d'indépendance américaine a sa part de mythe. Un peuple aurait pris les armes contre une force d'occupation oppressive afin de créer un État fondé sur la liberté. Pour n'être pas fausse, cette histoire est partielle. Comment une armée avec très peu de moyens et d'hommes sans expérience a-t-elle pu vaincre l'Angleterre?? On a souvent réduit le rôle de la France à sa contribution navale. En réalité, dès 1777, le gouvernement de Louis XVI, par le truchement de trafiquants d'armes à l'image de Beaumarchais, équipe les Américains. Une armée de paysans dispose désormais d'un des meilleurs équipements du monde et d'officiers expérimentés. C'est le tournant de la guerre. Cet ouvrage corrige aussi de nombreuses idées reçues, comme celles qui concernent les colons américains. Ces derniers n'étaient pas seulement en quête d'indépendance, mais aussi d'argent. Leurs motivations étaient essentiellement économiques. De même, on découvrira le peu de sympathie qu'ils suscitent chez leurs voisins canadiens, et que dire des Amérindiens, victimes d'exactions et grands perdants de cette guerre?? Dans ce livre magistral et inattendu, Pascal Cyr et Sophie Muffat revisitent une légende fondatrice de la modernité politique.
De la Révolution française et du Premier Empire, on retient des batailles et des victoires. La France se serait agrandie grâce à ses succès militaires. Jusqu'à constituer, sous Napoléon, un Empire de près de 130 départements. Et si, loin d'être un phénomène guerrier, l'Empire était un phénomène politique et bien souvent pacifique ? C'est la thèse détonante d'Aurélien Lignereux qui rappelle dans ce livre que, contrairement à une idée reçue, le gain de territoires ne provenait pas des conquêtes, en soi insuffisantes, mais d'un processus administratif et politique lourd et complexe : la « réunion ». Autrement dit : il ne suffisait pas de gagner des guerres pour gagner de nouvelles régions. On découvrira avec stupéfaction la complexité des arguments avancés pour opérer le rattachement d'une population à la France. Laquelle charrient des phénomènes jamais identifiés : la francisation de tout un pan de l'Europe et la réciprocité de l'impérialisme puisque la France elle-même change lorsque des Piémontais ou des Hollandais sont nommés préfets à Bourg ou à Nantes ! Si le phénomène impérial a existé, il était bien moins militaire que politique. Napoléon déchu, des centaines de Belges, de Rhénans ou de Génois voudront, par exemple, redevenir les Français qu'ils avaient été sous la République et l'Empire. Un livre magistral d'intelligence, qui renouvelle en profondeur l'état des connaissances relativement aux guerres de la Révolution et de l'Empire.
Islam, christianisme et bouddhisme, les trois religions milliardaires - qui représentent aujourd'hui environ 4,8 des 7,8 milliards d'humains - sont des créations d'empires. Ou plus exactement des fins d'empires, les traînes des trois empires-mondes nés entre la fin du IIIe siècle avant notre ère et le VIIe siècle, et qui n'ont cessé depuis, par le biais des religions issues de leur expérience historique, de s'étendre à une part toujours croissante de l'humanité, en se heurtant, en se combinant, entre elles et avec les pouvoirs politiques héritiers de la réalité impériale. Ces trois empires sont bien sûr la Chine, Rome et l'Islam. Ainsi du christianisme, de l'Islam et du bouddhisme, l'auteur ne retiendra qu'un point commun, très largement étranger aux complexités des dogmes et de la dévotion des fidèles, c'est-à-dire le lien généalogique qui attache ces religions aux empires où elles sont nées. L'idée principale de ce livre tient ainsi en une phrase : ces religions milliardaires se cristallisent lorsque l'impuissance croissante des empires dissocie leur action politique de leur système de valeurs, lorsque les empires passent de l'Agir (militaire et politique) au Dire (religieux).
L'opération Barbarossa, qui s'ouvre le 22 juin 1941, ne ressemble à aucune autre dans l'Histoire. Elle met aux prises les deux systèmes militaires les plus puissants et les deux régimes les plus brutaux. Les plans sont ineptes, les armées bien en dessous de leurs missions. Dans le combat comme dans l'occupation, la Wehrmacht conjugue la logique exterminatrice du nazisme avec celle de sa propre culture militaire, qui pousse la terreur à son paroxysme. L'Armée rouge se vide de son sang, prise entre les feux d'un ennemi affranchi de toutes les normes humaines et la répression sauvage du bolchevisme stalinien. Dix millions d'hommes s'affrontent lors de batailles aux proportions monstrueuses : les plus gros encerclements, les percées les plus spectaculaires, les retournements les plus improbables aussi. Le résultat de cette moisson de superlatifs est la création d'un brasier de proportions inouïes. Combats, exécutions, exactions, famines délibérées tuent en 200 jours plus de 5 millions d'hommes, de femmes et d'enfants, de soldats et de civils. Ce semestre d'une densité extrême, le plus létal de la Seconde Guerre mondiale, méritait sa fresque. C'est à la brosser que se sont attachés Jean Lopez et Lasha Otkhmezuri, passant du Kremlin au QG du Führer, des états-majors des Fronts à ceux des groupes d'armées, du NKVD aux Einsatzgruppen, des unités en marche aux usines et aux fosses d'exécution. Une somme unique et exceptionnelle. Prix du Guesclin 2019
Maîtresses et bâtards sont au coeur de l'histoire monarchique et tiennent, à l'avènement de ce qu'on appelle «l'absolutisme», un rôle de premier plan. Mais quel est-il ? Et surtout comment la famille peut-elle s'en accommoder alors que sur elle reposent la légitimité et la continuité du pouvoir ? C'est à cette question que Flavie Leroux répond en relisant les règnes des Bourbon, d'Henri IV à Louis XVI. Elle redonne leur place aux maîtresses successives et à leurs enfants, aussi bien dans l'idéologie monarchique que dans la réalité du pouvoir et de la vie de cour. D'abord famille de substitution sous Henri IV, avec Gabrielle d'Estrées et les Vendôme, ils s'imposent ensuite, avec Henriette d'Entragues, Louise de La Vallière ou Mme de Montespan, comme une famille parallèle que le roi garde auprès de lui et impose aux côtés de sa lignée légitime. Cette «contre famille» va concurrencer la «véritable» famille à un point tel que, sous Louis XV puis Louis XVI, c'est la crédibilité du pouvoir des Bourbon qui est mise en péril par cette nouvelle organisation. Entre famille, pouvoir et société, un livre inédit, brillant et décisif sur l'inexorable déclin de la monarchie française avant la Révolution française.
Fondé sur l'ensemble des documents disponibles et sur tous les textes écrits par Machiavel, notamment sa correspondance, ce livre fait le récit d'une vie prise dans une guerre quasiment permanente bouleversant Florence et l'Italie. Sans ces « Guerres d'Italie » rien ne se comprend de ce que Machiavel a fait, dit et rédigé. « Du plus loin que je me souvienne, soit on a fait la guerre soit on en a parlé ; maintenant on en parle, d'ici peu on la fera et, quand elle sera finie, on en parlera de nouveau » écrit-il en 1526. Dans une telle situation, les enjeux et les nécessités de l'écriture et de l'existence s'entrecroisent et se nourrissent les uns les autres, dans une expérience que ne sauraient épuiser les lieux communs et les débats entre spécialistes. L'attention portée aux textes et à la vie des mots permet ainsi de faire entendre la voix de Machiavel, dégagée des exégèses comme des simplifications abusives. Jean-Louis Fournel et Jean-Claude Zancarini, par ailleurs traducteurs de Machiavel, proposent ici l'histoire d'une exceptionnelle oeuvre-vie.
Louis XIV domine son époque. Sur le plan international, il étend les frontières du royaume, établit des colonies en Amérique, en Afrique et en Inde, et contribue à faire de son petit-fils le roi d'Espagne. Il est l'un des plus grands mécènes de l'histoire européenne - Molière, Racine, Lully, Le Brun, le Nôtre travaillent pour lui, Versailles et ses satellites à Marly sont jalousés. Partout Louis encourage la danse, la chasse, la musique, la conversation, en particulier avec les femmes, dont le pouvoir est l'un des thèmes les plus originaux de ce livre. Obsédé par les détails du gouvernement, Louis XIV fut un roi politique, même si ses choix de ministres et généraux se sont avérés désastreux, notamment après la mort du très compétent Colbert. C'est de cette figure hypnotique bien qu'imparfaite, incarnation idéale du grand monarque, que Philip Mansel brosse le portrait, en s'appuyant sur les toutes dernières recherches tant en France qu'en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis. Il porte une attention particulière à la culture de cour et à la politique étrangère du roi, réintroduisant dans l'histoire européenne puis mondiale un roi de France aux prétentions universelles.
Trolls et gobelins, elfes et nains, un anneau maudit et une épée brisée, des magiciens lumineux et de sombres sorciers, de puissants dragons, des aigles rédempteurs et un changeur de peaux : les oeuvres de Tolkien, notamment Le Hobbit, Le Seigneur des anneaux et Le Silmarillion, regorgent d'éléments et de motifs de la mythologie germano-scandinave. Afin de mieux comprendre comment le philologue d'Oxford a utilisé ces emprunts aux Eddas et aux sagas du Moyen Âge islandais dans la création de la Terre du Milieu, Rudolf Simek offre un véritable guide du monde mythologique de Tolkien.
En dix chapitres, appuyés sur des illustrations, l'auteur examine ainsi l'origine des noms, la cosmologie, l'écriture runique, les forces dangereuses ou bienveillantes de la mythologie, les animaux merveilleux ou encore la géographie de la Terre du Milieu, toutes choses qui ont contribué à l'ambiance médiévale de la plus vaste et brillante création fantastique du XXe siècle.
La France passe pour être l'amie du monde arabe depuis des siècles. Elle entretiendrait avec l'Orient une relation singulière et privilégiée en comparaison de celles de ses voisins d'Europe. Mais qu'en est-il vraiment ? Jean-François Figeac revient sur cette histoire longue et complexe : de la diplomatie de Louis XV à celle d'Emmanuel Macron, en passant par l'expédition d'Égypte de Napoléon Bonaparte, la protection des chrétiens d'Orient, l'expérience mandataire, l'émergence d'Israël, la politique arabe gaullienne ou encore le récent réveil de l'islam au Proche-Orient. Cette fresque est aussi et surtout un essai sur notre rapport au monde arabe, à sa culture, à ses religions, mais aussi sur la fascination, réelle ou fantasmée, artistique ou littéraire de la France pour le Proche-Orient, ainsi que sur la séduction qu'il exerce et les craintes qu'il provoque. Ce mille-feuille temporel ne saurait être réduit à une diplomatie immuable. Il nous en apprend au moins autant sur les ruptures politiques et sociales hexagonales que sur la place de la France au Levant. Un livre brillant et salvateur sur un des sujets les plus incandescents de notre temps.
À la veille de l'invasion allemande du 22 juin 1941, l'Union soviétique comptait environ 5 millions d'habitants juifs, dont plus de 2 millions furent victimes de la politique génocidaire nazie. La plupart d'entre eux furent fusillés au bord de fosses, tandis que d'autres périrent de la faim, du froid, du typhus ou asphyxiés dans des camions à gaz. Ce génocide sur les terres de l'Est se distingua par le fait que les bourreaux allèrent aux victimes, les principales unités responsables des massacres - Einsatzgruppen, bataillons de police, Waffen-SS, Wehrmacht - étant mobiles. Cette histoire s'ancre dans un territoire, un quotidien, une proximité. De la forêt de Ponary au ravin de Babi Yar, de la plage de Skede aux tranchées antichars de Moguilev, les campagnes soviétiques devinrent un vaste cimetière.
Ce livre est l'aboutissement de plus de dix années de recherche. La démarche choisie est celle d'une histoire à hauteur d'homme, dans la mesure où nombre d'individus furent impliqués de près ou de loin dans la machine génocidaire, du bourreau à la victime, en passant par les innombrables voisins, situés dans cette zone grise qu'il faut encore préciser tant les comportements furent complexes. Marie Moutier-Bitan relate ainsi la fin d'un monde : au sortir de la guerre, des villages entiers ne comptèrent plus aucun Juif, les ronces engloutirent bientôt les pierres tombales, puis aucune trace tangible des anciens habitants ne subsista.
Rendre compte au plus près des navires et des hommes, «au ras du pont», de la réalité du combat sur mer entre le début du XVIe et le milieu du XVIIe siècle, tel est le pari de ce livre profondément original et novateur. En cette époque de transition, le combat naval s'accomplit encore aussi bien «par le fer» des armes blanches que «par le feu» d'une artillerie variée. C'est le temps de l'évolution entre le progrès technique des navires et de l'artillerie et des pratiques toujours tournées vers l'abordage. On ne peut comprendre l'un sans l'autre, l'abordage restant l'acmé de l'engagement sur mer, moment de l'affrontement face à face où la mort revêt un visage que la destruction à distance par l'artillerie ne saurait présenter. Pour témoigner du vécu des hommes avant, pendant et après le combat, Alexandre Jubelin a puisé aux rares sources disponibles tant en France qu'en Angleterre ou en Espagne. Il offre ainsi un récit vivant et sensible de ce que furent les réalités du combat sur mer, embrassant pour la première fois aussi bien les questions techniques et que les enjeux humains.
Le 14 novembre 1522 s'éteignait dans le silence du château de Chantelle, loin des fastes et de l'animation de la cour, Anne de France, dame de Beaujeu, duchesse de Bourbonnais et d'Auvergne, fille de Louis XI et soeur de Charles VIII. Tour à tour, elle avait guidé un royaume et un duché avec finesse et autorité. Considérée par ses contemporains comme l'une des femmes les plus puissantes de son temps, cette « fille des fleurs de lys » déploya son pouvoir sous des formes politiques, symboliques et littéraires qui firent d'elle l'une des princesses les plus remarquables de l'Europe des années 1500. En même temps qu'il explore un monde en pleine effervescence politique et qu'il invite à une immersion dans le passé de la monarchie française, cet ouvrage a pour ambition de dévoiler les multiples facettes d'Anne de France. À la lumière de sources inédites, Aubrée David-Chapy offre un nouveau regard sur cette figure hors du commun, à la fois dernière grande princesse médiévale et première femme de pouvoir de la Renaissance.
Avril 1861-avril 1865. Quatre années pendant lesquelles un peuple encore mal soudé d'un peu plus de 30 millions d'âmes, dont 4 millions d'esclaves noirs, s'est affronté en continu, divisé en deux camps inégaux, chacun invoquant sa propre définition de la liberté. Une guerre mobilisant 3 millions de combattants sur un territoire plus vaste que l'Europe, voyant plus de 10 000 engagements militaires distincts, dont certains sont devenus les pierres angulaires de la mémoire américaine, tels Bull Run, Shiloh, Antietam ou Gettysburg... À de nombreux égards, il s'agit du premier grand conflit contemporain, puisant dans toutes les ressources d'une modernité industrielle naissante, impliquant toutes les forces vives de la jeune société américaine passée en quelques décennies d'un conglomérat de colonies émancipées à une nation démocratique minée par ses contradictions internes. Avec 750 000, peut-être 850 000 morts, c'est la guerre de très loin la plus meurtrière de l'histoire des États-Unis, ayant provoqué 160 ans de débats et de polémiques, comme un écho lointain mais toujours bien présent. Pour comprendre ce cataclysme fondateur, Vincent Bernard offre enfin le grand récit attendu sur la guerre civile américaine, nourri de sources primaires et fondé sur une impressionnante bibliographie internationale.
Lucien Bonaparte aurait pu se contenter d'être le frère de l'Empereur. Son intelligence, sa passion de la politique et son courage en ont décidé autrement. Révolutionnaire, député, président du Conseil des Cinq-Cents, sauveur du coup d'État du 18 brumaire, ministre de l'Intérieur avant même d'avoir 25 ans, il appartient à ceux qui savent brusquer les événements pour changer le cours de l'histoire.
À l'autoritarisme de Napoléon, qui n'a eu de cesse de minimiser l'importance du rôle de ce jeune frère dans son ascension, Lucien Bonaparte préfère la liberté. Par conviction autant que par orgueil. Parfois avec regrets et amertume. Du pouvoir à l'exil, du chaos de la Révolution française au calme de sa retraite italienne, son parcours politique et personnel n'emprunte jamais les chemins déjà tracés. Devenu prince de Canino par la grâce du pape Pie VII, il reste profondément attaché à la République qu'il espère voir triompher un jour. Républicain de coeur, prince de circonstance, Lucien Bonaparte est un prince républicain.