Ce n'est pas de la tarte à résumer, cette histoire. Il faut procéder calmement. C'est une histoire vraie, comme on dit. Un garçon de onze ans est enlevé à Paris un soir du printemps 1964. Luc Taron. (Si vous préférez la découvrir dans le livre, l'histoire, ne lisez pas la suite : stop !) On retrouve son corps le lendemain dans une forêt de banlieue. Il a été assassiné sans raison apparente. Pendant plus d'un mois, un enragé inonde les médias et la police de lettres de revendication démentes, signées « L'Étrangleur » ; il adresse même aux parents de l'enfant, horrifiés, des mots ignobles, diaboliques, cruels. Il est enfin arrêté. C'est un jeune homme banal, un infirmier. Il avoue le meurtre, il est incarcéré et mis à l'écart de la société pour le reste de sa vie. Fin de l'histoire. Mais bien sûr, si c'était aussi simple, je n'aurais pas passé quatre ans à écrire ce gros machin (je ne suis pas fou). Dans cette société naissante qui deviendra la nôtre, tout est trouble, tout est factice. Tout le monde truque, ment, triche. Sauf une femme, un point de lumière. Et ce qu'on savait se confirme : les pervers, les fous, les odieux, les monstres ne sont pas souvent ceux qu'on désigne.
Si l'oeuvre éblouit, l'homme était détestable. Charles Baudelaire ne respectait rien, ne supportait aucune obligation envers qui que ce soit, déversait sur tous ceux qui l'approchaient les pires insanités. Drogué jusqu'à la moelle, dandy halluciné, il n'eut jamais d'autre ambition que de saisir cette beauté qui lui ravageait la tête et de la transmettre grâce à la poésie. Dans ses vers qu'il travaillait sans relâche, il a voulu réunir dans une même musique l'ignoble et le sublime. Il a écrit cent poèmes qu'il a jetés à la face de l'humanité. Cent fleurs du mal qui ont changé le destin de la poésie française.
J'ai vécu ce que j'avais à vivre et aimé du mieux que j'ai pu. Si je n'ai pas eu de chance ou si je l'ai ratée d'un cheveu, si j'ai fauté quelque part sans faire exprès, si j'ai perdu toutes mes batailles, mes défaites ont du mérite - elles sont la preuve que je me suis battu.
Algérie, 1914. Yacine Chéraga n'avait jamais quitté son douar lorsqu'il est envoyé en France se battre contre les "Boches". De retour au pays après la guerre, d'autres aventures incroyables l'attendent. Traqué, malmené par le sort, il n'aura, pour faire face à l'adversité, que la pureté de son amour et son indéfectible humanité.
Les Vertueux est un roman majeur, la plus impressionnante des oeuvres de Yasmina Khadra.
L'incompréhension et l'indignation. Philippe Jaenada a été saisi de ces sentiments au spectacle de l'injustice flagrante qui, en juin 2021, a condamné à quinze ans de prison un homme de soixante-six ans sans aucune justification avérée. Il a tenu à écrire dans le détail le cheminement de cette instruction longue et litigieuse qui a conduit à une décision inacceptable.
À l'Enclos de la Trinité, un trou perdu dans l'État mexicain de Chihuahua, Elena et Diego s'aiment depuis l'enfance. On les appelle les « fiancés ». Un jour, Elena est sauvagement agressée sous les yeux de Diego, tétanisé. Le rêve se brise comme un miroir. Elena s'enfuit à Ciudad Juárez, la ville la plus dangereuse au monde. Diego doit se perdre dans l'enfer des cartels pour tenter de sauver l'amour de sa vie.
Pour l'amour d'Elena s'inspire librement d'une histoire vraie.
Je tourne la page, et ça y est, la chose est enfin dite : « Dans un entretien, observe Nathalie Léger, Marguerite Duras s'énerve un peu : " L'autoportrait, je ne comprends pas ce que ça veut dire. Non, je ne comprends pas. Comment voulez-vous que je me décrive ? Qui êtes-vous, allez-y, répondez-moi, hein " » Qui je suis, moi ? C'est la question à laquelle je dois maintenant répondre.
Lionel Duroy aura passé l'essentiel de son temps à écrire. À travers ses nombreux romans, il a tenté de démêler les fils d'une vie, éclairant au passage celles et ceux qui nous aident à grandir ou s'emploient à nous détruire, parfois sans le vouloir : nos parents, nos frères et soeurs ceux que nous aimons, puis désaimons. Aujourd'hui, avec L'homme qui tremble, il inverse les perspectives et, dans un autoportrait cruel et lumineux, s'interroge sur son propre rôle dans ce destin singulier.
À l'âge où il est d'usage d'envisager un repos bien mérité, Lionel Duroy a choisi d'enfourcher son vélo et de s'en aller vers ces endroits qui l'ont toujours fasciné : la Roumanie, la Moldavie, la Transnistrie... et peut-être Stalingrad. Il avait l'idée de rouler sans autre projet que de jouir du plaisir d'exister, jusqu'à s'épuiser, pour finalement passer seul et sans cérémonie de l'autre côté. Disparaître. Il l'a tenté, mais la vie est un roman qu'il a fini par écrire.
Il adorait ses parents. Joyeux, déjantés, imprévisibles, la vie à leurs côtés était un tourbillon de fantaisies. Jusqu'à cette nuit où ils ont couru vers la mer pour un bain de minuit, oubliant la falaise. Le chagrin causé par leur mort est immense. Désormais, son quotidien routinier lui semble dérisoire. Il décide de changer radicalement d'existence.
Abandonnant ses certitudes, il s'installe à la Plateforme : un treizième étage entièrement vide où il a évolué pendant son enfance. L'endroit idéal pour laisser libre cours à son imagination et se réapproprier chaque journée, chaque heure, sans tenir compte des règles sociales. Tenter de faire son deuil grâce à deux antidotes inattendus : la fantaisie et la joie.
Réunis au Café de l'Univers, quelques amis de longue date conviennent de raconter chacun à tour de rôle une histoire remarquable puis d'en tirer une morale, une leçon - ou même plusieurs.
Dans son style vigoureux et drolatique où l'ironie le dispute à la compassion, Fouad Laroui nous offre ici un florilège surprenant et vivifiant qui remet en perspective beaucoup de certitudes qui structurent les étranges sociétés où nous sommes condamnés à vivre.
Loin du milieu littéraire et en mal de contrat, François Korlowski accepte de participer à la rédaction d'un ouvrage collectif ayant pour but de célébrer les Grands Prix du roman de l'Académie française. Son travail : écrire une notice sur Alphonse de Châteaubriant, homme de lettres de sa région, Grand Prix 1921.
Galvanisé par cette proposition de la Coupole, l'auteur rêve à une reconnaissance nationale.
Ironique et tendre, Jean-François Kierzkowski nous entraîne dans les aventures fantasques de son héros qui, semblable aux personnages de Buster Keaton, provoque en toute innocence les plus surprenantes et jubilatoires catastrophes.
Vous ne me lirez peut-être pas jusqu'au bout. Peut-être vous arrêterez-vous au milieu, ou même avant.
Mais j'existerai toujours, je serai toujours là, couchée sur le papier.
Je serai toujours quelque chose qui n'était pas là avant.
Je ne suis pas de ces histoires qui savent parfaitement où elles vont, ni par quel chemin s'y rendre. Mais je les suivrai eux. L'homme et son formulaire, la femme aux petites mains moites ou le garçon aux longues jambes et sa triste clique.
Je les suivrai eux, je trottinerai derrière, juste assez longtemps pour que vous les aimiez, et ils me mèneront là où je dois aller.
Imaginez que vous soyez responsable d'un crime dont vous n'avez aucun souvenir. C'est précisément la situation dans laquelle Émile s'est retrouvé. Quand il s'est réveillé, une femme était morte à ses pieds, assassinée. Une heure oubliée où le pire est arrivé.
En sortant de prison des années plus tard, Émile pensait pouvoir tout effacer de cet interminable cauchemar. Il est redevenu un homme ordinaire, amoureux d'une femme ignorant tout de son passé. Mais c'était sans compter sur cette journaliste qui allait de nouveau bouleverser son existence en révélant son secret à la face du monde.
Avec une maîtrise étonnante, Frédéric Perrot nous entraîne dans un récit haletant entre passé, présent et futur, en quête d'une vérité aux mille facettes.
« La laïcité suscite d'intenses controverses », rappelle l'historien et sociologue Jean Baubérot au seuil de cette correspondance musclée avec la sociologue Nathalie Heinich. Leurs échanges le confirment. Au nom de quelle laïcité parlons-nous ? Quelle laïcité voulons-nous ?
Si Jean Baubérot prône une laïcité d'inclusion, Nathalie Heinich refuse les compromis qui ne seraient que renoncements aux valeurs républicaines dès lors que pointe, à ses yeux, l'offensive religieuse.
Derrière la laïcité, c'est la question de la République qui se pose, mais également celle de la frontière entre sciences sociales et engagement militant que réaffirment les deux auteurs chacun à leur manière.
Laura, passionnée de littérature japonaise, travaille pour la petite entreprise de peinture de son mari. À sa surprise, elle est sollicitée en urgence pour dépanner la médiathèque de sa ville et dialoguer publiquement avec l'un de ses écrivains favoris. Sa prestation est si étonnante que le romancier en parle sur les ondes d'une grande radio. Cette sortie soudaine de l'anonymat produit chez la jeune femme une étrange réaction. Elle grandit, grandit, grandit...
À cette fable menée tambour battant, Murielle Magellan mêle des extraits de son journal qui, peu à peu, mettent en perspective la remarquable évolution de la place des femmes dans la société d'aujourd'hui.
À bas bruit, Géantes est aussi un vibrant hommage à la littérature et à la lecture.
La question animale attise les passions, mais, au fond, pourquoi ? Si Corine Pelluchon estime que la mise à mort d'un animal élevé pour sa chair est moralement problé-matique, Jocelyne Porcher, qui fut éleveuse, considère que c'est par le prisme du travail qu'il faut interroger la place de la mort dans nos relations avec les animaux.
Cette question abyssale - a-t-on le droit de tuer des animaux ? - est au coeur de l'argumentation des deux auteures qui font part de leur expérience, en partageant leurs certitudes comme leurs doutes.
Je ne crois pas avoir appris quoi que ce soit qui ne comportât pas la promesse du sourire.
En vous invitant à une promenade dans ce recueil d'extraits de textes de Jacques A. Bertrand, choisis au gré de notre admiration et de l'amitié qui nous a liés, nous espérons vous offrir le meilleur de cet écrivain rare.
Azincourt, un joli nom de village, le vague souvenir d'une bataille perdue. Ce 25 octobre 1415, il pleut dru sur l'Artois. Quelques milliers de soldats anglais qui ne songent qu'à rentrer chez eux se retrouvent pris au piège par des Français en surnombre. Bottés, casqués, cuirassés, armés jusqu'aux dents, brandissant fièrement leurs étendards, tous les aristocrates de la cour de France se précipitent pour participer à la curée. Ils ont bien l'intention de se couvrir de gloire, dans la grande tradition de la chevalerie française. Aucun n'en reviendra vivant. Toutes les armées du monde ont, un jour ou l'autre, pris la pâtée, mais pour un désastre de cette ampleur, un seul mot s'impose : grandiose !
Avec la verve qu'on lui connaît et son sens du détail qui tue, Jean Teulé nous raconte ces trois jours dantesques où, sous une pluie battante, des milliers d'hommes se sont massacrés dans un affrontement sanglant d'autant plus désastreux que cette bataille était parfaitement inutile.
Lucie a peur. De tout. Si le métro s'arrête entre deux stations, elle pense qu'elle va mourir. Elle craint, lorsqu'elle part travailler le matin, qu'une catastrophe ne survienne, la privant à jamais de revoir son mari et ses enfants. Pourtant, à quarante ans, elle est comblée par un métier qui la passionne et une vie de famille réussie. Mais la disparition brutale d'Héloïse, sa cousine sourde et muette qu'elle chérissait, et celle de Louis, son ami d'enfance, font affleurer un souvenir flou et pénible au goût d'essence et de boue.Pour se libérer de ce mal étrange, Lucie devra revenir à la source de l'angoisse qui la saisit et l'empêche de vivre. Parce que, oui, la peur est tapie dans l'enfance, enfermée dans la cabane du pêcheur.
Dans ce roman envoûtant et d'une grande justesse, Mazarine Pingeot revient sur la fragilité des vies construites sur des marécages. Et la peur continue est un cri dans ce silence assourdissant.
La vie est ironique. À quoi sert de gagner au loto quand on vous apprend que vous êtes atteinte d'une leucémie ? Née dans une petite ville industrielle que la crise a dévastée mais qu'une bande de citadins chics s'est mis en tête de coloniser, Mado voit son univers s'effondrer. Une greffe osseuse peut la sauver. Sauf que le seul donneur compatible est son frère aîné, Léon, à qui elle ne parle plus depuis longtemps. Avec intelligence, courage et détermination, Mado démontre magnifiquement que la vie est un combat que certains savent ne pas perdre.
Démocratie. Le mot court sur toutes les bouches, se jette au visage de l'adversaire à l'occasion des débats les plus insignifiants. L'exigence démocratique s'est enlisée et perdue dans les jeux politiciens, l'indifférence des paresses citoyennes, l'hostilité de ceux qui souhaitent sa disparition. Si le mot est vidé de son sens, la chose peut-elle encore survivre ?
Les deux philosophes Chantal Delsol et Myriam Revault d'Allonnes, tout en affirmant leurs profondes divergences sur ce thème d'actualité qui divise notre société, parviennent à dialoguer avec clarté et respect, selon les principes de notre collection « Disputatio ».
Silencieux et docile, Marcel n'a jamais eu, de toute sa vie, d'autres horizons que les murs de son usine. L'usine est assassine. Elle brutalise, humilie, écrase, dégrade, mutile.
Dans ce roman singulier, à la fois cruel et tendre, Arthur Nesnidal utilise tous les styles d'écriture, de la prose au calligramme en passant par les formes les plus diverses de l'expression poétique et théâtrale, pour donner à ces vies effacées leur épaisseur et leur dignité.
Elle a passé son enfance et son adolescence dans une ville ouvrière à la frontière allemande. Sa mère a eu dix enfants. Six d'un Juif autrichien et quatre d'un Algérien. Elle est la fille de l'Algérien mais porte le nom du Juif. Vive, intelligente, rebelle, rien ne l'arrête. Ni la pauvreté, ni la triste médiocrité des vies dévastées qui l'entourent, ni les événements horribles qu'elle doit affronter. Elle s'accroche à sa fratrie, aux rencontres heureuses, à cette chaleur que diffuse la solidarité des classes populaires, et surtout à sa mère, cette femme extraordinaire dotée d'un étonnant courage et d'une sagesse étrange, à qui elle voue une véritable vénération.
L'auteure nous livre ici le récit abrupt et sans concession d'une jeune vie saisissante, plongée dans la France des Trente Glorieuses.
Un premier roman. Un livre rare.
Étienne est dévasté par la mort de son père. Un père qui était un exemple pour lui et formait avec sa mère un couple modèle. Depuis trente ans, le jeune homme n'a jamais douté de leur amour réciproque ni de leur fidélité. C'est même le socle des rares certitudes sur lequel il tente de construire sa vie.
Et pourtant.
Avant de mourir, son père a écrit une lettre qui lui dévoile son plus grand secret : un amour intense qui a bouleversé le cours de sa vie. Ce récit exalté va faire voler en éclats l'image idéale qu'Étienne avait de ses parents, et lui fera entrevoir que la beauté de l'existence réside parfois dans ses imperfections.
En revenant au domaine des Douves, Clovis est bien décidé à n'y rester que le temps de régler la succession de sa grand-mère, morte tragiquement dans l'incendie de sa maison. Mais nul ne revient impunément sur les lieux de sa jeunesse. À peine le seuil franchi, les souvenirs de cette enfance merveilleuse et cruelle ressurgissent avec violence. Happé par le passé, Clovis devra affronter les secrets cachés au fond des douves.