Saint-Pétersbourg, un fonctionnaire devenu petit rentier, s'adonne à une introspection à l'adresse d'interlocuteurs muets. Bavard inoffensif ou pervers déroutant, il explore ses propres petitesses, se décrit tour à tour comme vil, malade et méchant puis se reprend, s'absout, visite son passé. Enlisé dans l'inaction, l'oisiveté l'entraîne vers des sentiments amers envers ses semblables, sa conscience l'accable mais il avance en forcené solitaire. « L'homme normal… J'envie cet homme. Je ne le nie pas : il est bête. Mais, qu'en savez-vous ? Il se peut que l'homme normal doive être bête. » F. Dostoïevski
Voici des nouvelles sur le "royaume des femmes". Ainsi, la Dame au petit chien promène son ennui et son chien sur la digue d'une station de la mer Noire. Un homme solitaire la remarque, l'aime, mais ne peut triompher plus tard de toutes les barrières qui se dressent sur le chemin de leur bonheur.
Tchékhov souffrait d'une impossibilité d'aimer. Mais l'amour lui inspire émotion ou ironie ("Si vous craignez la solitude, ne vous mariez pas"), et une grande variété de tableaux : "Une nouvelle qui n'a pas de femmes, écrit-il, c'est une machine sans vapeur." L'héroïne par excellence est pour lui la femme incomprise, qui rêve d'une autre vie, inaccessible.