sylvie germain
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Pour fêter les vingt ans de leur rencontre au bas des marches du métro Saint-Paul, Daphné et Hadrien ont organisé une soirée à thème : chacun de leurs amis doit porter un déguisement évoquant une station du métropolitain parisien. Mais la fête tourne au drame. L'un des invités tombe mystérieusement du balcon et se tue. Et, quelques mois plus tard, c'est au tour d'un autre de se rompre le cou en dégringolant l'escalier.
Qui sera le suivant ? Quel est le lien entre la fête, les convives, les serveurs qui officiaient et notre intense désir de réparation ? -
Des passants se croisent dans un square, se jaugent furtivement. Quelques jours plus tard, forcés à la réclusion, ils se trouvent confrontés à eux-mêmes, à leur vie intérieure et à la part d'inconnu, de vide ou de chaos qu'elle recèle. Un soir de pleine lune qui transforme le ciel au-dessus de la ville confinée en un miroir étrange, chacun sent sa vie vaciller. C'est en remarquable observatrice de ses contemporains que Sylvie Germain nous convie à cette éphémère constellation de vivants, où le tragique se mêle à la tendresse et à la dérision, l'esseulement à la force de l'amitié.
Une sorte de microanthropologie au temps du confinement, généreuse et touchante. Frédérique Roussel, Libération.
Sylvie Germain observe avec un tel talent de portraitiste et de nouvelliste que son livre semble merveilleusement peuplé. Valérie Marin La Meslée, Le Point.
Une auscultation des cadences intimes et des idées minuscules qui trottent en nous. Un bel éloge du temps, et du nondit. Virginie Bloch-Lainé, Elle. -
«D'un homme à la mémoire lacunaire, longtemps plombée de mensonges puis gauchie par le temps, hantée d'incertitudes, et un jour soudainement portée à incandescence, quelle histoire peut-on écrire ?» Franz-Georg, le héros de Magnus, est né avant la guerre en Allemagne. De son enfance, «il ne lui reste aucun souvenir, sa mémoire est aussi vide qu'au jour de sa naissance». Il lui faut tout réapprendre, ou plutôt désapprendre ce passé qu'on lui a inventé et dont le seul témoin est un ours en peluche à l'oreille roussie : Magnus. Dense, troublante, cette quête d'identité a la beauté du conte et porte le poids implacable de l'Histoire. Elle s'inscrit au coeur d'une oeuvre impressionnante de force et de cohérence qui fait de Sylvie Germain un des écrivains majeurs de notre temps.
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Dans les forêts du Morvan, loin du monde, vivent bûcherons, flotteurs de bois, bouviers, des hommes que les forêts ont faits à leur image, à leur puissance, à leur solitude, à leur dureté. Même l'amour, en eux, prend des accents de colère - c'est ainsi par excès d'amour que Corvol, le riche propriétaire, a égorgé sa belle et sensuelle épouse, Catherine, au bord de l'eau - et la folie rôde : douce, chez Edmée Verselay qui vit dans l'adoration de la Vierge Marie ; ou sous l'espèce d'une faim insatiable, chez Reinette-la-Grasse ; ou d'une extrême violence, chez Ambroise Mauperthuis qui se prend de passion pour Catherine, qu'il n'a vue que morte, et qui s'empare de son corps, puis des biens de Corvol, enfin des enfants de Corvol. Il finira par perdre sa petite-fille Camille, le seul être qu'il ait jamais aimé, par excès d'amour, encore.
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Parti des confins de la terre et de l'eau, Victor-Flandrin Péniel, portant au cou les larmes de son père dont le visage fut sabré en 1870 par un uhlan, et toujours accompagné d'une mystérieuses ombre blonde, viendra s'établir dans un hameau perdu au bout du territoire et encerclé de forêts où rôdent encore les loups. C'est dans ces terres frontalières, par où la guerre sans cesse refait son entrée au pays, et dans la vie et la mémoire des hommes, que Victor-Flandrin, dit Nuit-d'Or-Gueule-de-Loup, prendra femme, par quatre fois, et engendrera une nombreuse descendance, toute marquée par la gémellité et la violence de la passion.
Bien des romans d'aujourd'hui s'emploient à nous montrer les hommes et les femmes broyées par l'histoire. Mais, avec ce récit, cette terrible réalité se transfigure aux dimensions du légendaire, du conte fantastique.
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C'est un avis de recherche collé sous un abribus qui va bouleverser la vie de Nathan. Gavril, le vieil homme disparu, a sauvé son enfance de l'ennui et de la solitude auprès d'une mère taciturne en l'entraînant dans les rues de Paris et en l'enchantant de poésie et de fantaisie. Trente ans plus tard, Nathan mène une existence fade et morose que ce soudain rappel au passé et aux silences maternels fait éclater. Lui qui n'a jamais voyagé se rend en Roumanie. Il ignorait que Gavril y avait vécu les drames de la guerre puis les grandes purges de l'après-guerre. Ce voyage vers l'ami saltimbanque rescapé de terribles épreuves mais qui avait su garder une magnifique ardeur à vivre va l'ouvrir à une pleine liberté.
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Il est des moments innombrables où Dieu se tait.Où le cri de l'homme se heurte au silence, renvoyé par l'implacable écho.De ce silence de Dieu, de cette absence d'amour, le siècle passé comme l'actuel portent les stigmates, avec leur cohorte de charniers, de génocides et de catastrophes naturelles. Toujours à reprendre, le cri de Job révolté devant la souffrance, l'injustice et l'absurde demeure d'actualité.C'est le point de départ de cette belle méditation de Sylvie Germain où se croisent littérature et spiritualité, où monte la plainte de l'homme...
Depuis trente ans, Sylvie Germain construit une oeuvre imposante couronnée de nombreux prix littéraires : prix Femina en 1989 pour Jours de colère, prix Goncourt des lycéens en 2005 pour Magnus, Grand prix SGDL de littérature 2012 pour l'ensemble de son oeuvre. -
Son obscure naissance au coeur d'une forêt en pleine guerre civile a fait de lui un enfant sauvage qui ne connaît rien des conduites humaines. S'il découvre peu à peu leur complexité, à commencer par celle du langage, il garde toujours en lui un lien intime et pénétrant avec la nature et l'espèce animale, dont une corneille qui l'accompagne depuis l'origine.
Hanté par la violence prédatrice des hommes, illuminé par la présence bienveillante d'un être qui échappe à toute assignation, et de ce fait à toute soumission, À la table des hommes tient autant du fabuleux que du réalisme le plus contemporain.
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Un petit enfant en ciré jaune roule sur son tricycle sous l'orage. On dirait un soleil miniature. On lui a crié : «Va au diable !», et il y file, chassé par le vent du malheur.Ainsi commence ce roman de Sylvie Germain où l'on voit ensuite une cavalière décapitée revenir sans sa tête, sur sa jument. Et cette tête demeure introuvable, et donc sans sépulture comme l'ont été tous les morts de la famille de Tobie du côté de la branche paternelle. Déborah, l'arrière-grand-mère de l'enfant, a quitté autrefois son village de Pologne pour émigrer en Amérique, mais, refoulée à Ellis Island, elle a fini par s'installer, après bien des détours, au coeur du Marais poitevin. Elle a traversé l'Histoire du siècle en perdant la plupart des siens, et se tient auprès de Tobie en gardienne de la mémoire.Devenu jeune homme, Tobie se lie d'amitié avec Raphaël et tous deux partent en voyage. Au cours de celui-ci, Tobie fait la connaissance d'un peintre et de sa fille Sarra, aussi belle que maudite...Pour raconter cette histoire riche en merveilleux, en émotions, en amour, Sylvie Germain s'est librement inspirée du célèbre récit biblique, le Livre de Tobie.
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«Cette inconnue, qui donc est-elle?Une vision, elle-même porteuse, semeuse de visions.Une vision avare de ses apparitions. Elle ne s'est montrée que peu de fois, et toujours très brièvement. Mais chaque fois sa présence fut extrême.Une vision liée à un lieu, émanée des pierres d'une ville. Sa ville. - Prague. Jamais elle n'a paru ailleurs, bien que certainement elle en ait le pouvoir.Cette femme n'a ni nom, ni âge ni visage. Peut-être en a-t-elle, mais elle les tient cachés.Son corps est majestueux, et inquiétant. Elle est immense, une géante. Et elle boite fortement.»Sylvie Germain.
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Le cheminement spirituel d'une jeune femme hors du commun.
Dans cette biographie, Etty Hillesum apparaît sous la plume de Sylvie Germain à la fois comme un maître de sagesse, un guide spirituel et un modèle de résistance intérieure. Déportée et morte en 1943 à Auschwitz, la jeune femme laissera derrière elle une oeuvre spirituelle brève mais intense. Au milieu de la barbarie ambiante, souhaitant étouffer en elle et autour d'elle tout sentiment de haine, elle déclare vouloir être « le coeur pensant de tout un camp de concentration ».
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La narratrice, abandonnée à sa naissance à la porte d'un couvent, vagabondera au fil des ans d'une place à l'autre, à travers la France. C'est comme si elle n'avait pas de vie propre, mais elle participe intensément à celle des autres et aux drames dont elle est le témoin, sondant toujours plus profondément les mystères du coeur et du corps humains en lesquels rôde si souvent la folie. Elle grandit dans les Pyrénées, chez la veuve d'un fusillé, parmi des enfants qui attendent en vain le retour de leurs parents chassés par la guerre, puis dans une auberge où l'on pratique un culte étrange et truculent de l'ours, ensuite dans un manoir où pèse un secret en forme de cruelle mascarade. Devenue adulte, elle est servante dans divers hôtels, dans un bordel champêtre, dans un bistrot de gare, puis à Paris où elle côtoie des gens insolites, parfois inquiétants, et où elle finit chanteuse de rue, attelée à un orgue de Barbarie. Dans la splendide sauvagerie des montagnes et dans celle, bien plus féroce, de la ville, elle ne cessera de creuser et de fortifier sa solitude, ainsi que son don de compassion.La façon dont l'auteur donne la parole à cette paria surprend par la beauté des images, la fulgurance des visions, la violence de certaines scènes, et l'on retrouve la magie de l'écriture et de l'imagination du Livre des Nuits et de Jours de colère.
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« L'amour, ce mot ne finit pas de bégayer en elle, violent et incertain. Sa profondeur, sa vérité ne cessent de lui échapper, depuis l'enfance, depuis toujours, reculant chaque fois qu'elle croit l'approcher au plus près, au plus brûlant. » Tout en évocations lumineuses, Petites scènes capitales s'attache au parcours de Lili, née dans l'après-guerre, qui ne sait comment affronter les béances d'une enfance sans mère et les mystères de la mort. Et si l'énigme de son existence ne cesse de s'approfondir, c'est en scènes aussi fugitives qu'essentielles qu'elle en recrée la trame, en instantanés où l'émotion capte l'essence des choses.
« Sylvie Germain a l'art de conjuguer la douleur et la beauté. Son roman est infiniment triste et infiniment réconfortant.» Jeanne de Ménibus, Elle.
« Petites scènes capitales explore ces impressions, ces moments chargés d'une étrange éternité qui font notre identité propre.» Xavier Houssin, Le Monde des livres.
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' Un jour, ils sont là. Un jour, sans aucun souci de l'heure. On ne sait pas d'où ils viennent, ni pourquoi ni comment ils sont entrés. Ils entrent toujours ainsi, à l'improviste et par effraction. Et cela sans faire de bruit, sans dégâts apparents. Ils ont une stupéfiante discrétion de passe-muraille. Ils : les personnages. ' En vingt-cinq tableaux et deux nouvelles, Sylvie Germain évoque cette zone obscure où personnages et auteurs tiennent commerce. Entre les figures de Kundera, de Celan et de Michel-Ange, elle déambule avec liberté et, plutôt qu'un essai, nous offre l'histoire intime de ces ' suppliant muets ' à la recherche d'un écrivain qui leur donne la parole.
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Son ombre. Au fur et à mesure de cette genèse à rebours, il sort aussi de la pensée et de la mémoire des autres, même de ses proches. Cet effacement intensif s'opère au grand jour, dans l'agitation de la ville, à l'aune de tous ces naufragés qu'on ne regarde plus et qui ne comptent pour personne.
Cauchemar, conte fantastique, parabole sur notre monde contemporain, réflexion sur la mémoire mais aussi sur l'écriture, Hors champ, dans une singulière conversion du regard, interroge jusqu'au vertige notre propre humanité.
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Les Bérynx : une famille ordinaire, avec son patriarche autoritaire, ses mères affairées, ses enfants fragiles, ses secrets et son lot de drames. Et il y a Pierre, qui vient de se greffer sur cette famille comme une sorte d'ange gardien dont on ignore presque tout, homme à tout faire, mais aussi à tout défaire. Jusqu'au jour où il disparaît sans laisser d'autres traces que les brèches qu'il a ouvertes en chacun. Roman des origines autant que de la construction de soi, L'Inaperçu, comme Magnus, fait coexister le plus sombre de l'Histoire et des tragédies individuelles avec la puissance de l'imaginaire, et les rêves les plus fous.Une histoire de famille sombre et lumineuse, avec des mots ardents. Livres Hebdo.De sa phrase musicale et sensuelle aux accents poétiques, elle épouse les tragédies intimes, fait résonner en écho les destins et les drames... Magistral. Femmes.
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Autour de Prokop Poupa, professeur de littérature réduit à l'état de balayeur dans les rues de Prague, évoluent quelques hommes et femmes marginalisés par la dissidence. Chacun, par dérision, imagine qu'un dieu Lare veille sur lui. L'un le situe dans sa cuisine, un autre sur le balcon, au grenier ou à la cave ; Prokop, lui, place son dieu Lare dans les cabinets qui deviennent un haut lieu de lecture, de méditation et de doutes.Arrive la révolution. Certains de ses amis retrouvent une place, voire de l'importance, dans la nouvelle société ; pour d'autres, il est trop tard. Prokop, lui, dérive hors de ce clivage entre l'ancien et le nouveau, il erre en solitaire dans les immensités du songe, de la folie humaine, et du silence de Dieu, jusqu'à s'échouer parfois dans des rêveries hallucinées sur la douleur de ceux qui ont été déchus du bonheur d'aimer, et plus encore sur le malheur de ceux qui ont été traîtres à l'amour. Toujours déambulant dans les rues de sa ville, entre le vide et l'espérance, Prokop ne sait plus rien sinon qu'il n'est rien, et ce constat est consentement ; il «offre ce rien dans les ténèbres», au fond desquelles peut-être gît l'inespéré.
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Un recueil de textes brefs et percutants qui sonde sans fin l'idée de Dieu.
Il y a urgence à faire « acte de présence » à soi-même, à se redresser et à devenir des porteurs de lumière pour éclairer les ténèbres. Alors que nous vivons dans une société repliée et que nous habite la tentation du virtuel absolu, l'heure n'est-elle pas au retour de ce temps présent, à ce monde-ci, quitte à y affronter le mal, la peur, le vide et l'absence ?
Sylvie Germain accorde comme toujours une belle place aux poètes comme Rilke, aux penseurs - ici, surtout Maurice Zundel mais aussi Simone Weil et Maurice Blanchot - et à l'expérience des éprouvés, des exclus, des désespérés.
En 1984, à 31 ans, Sylvie Germain fait une entrée remarquée en littérature avec Le Livre des nuits, fantastique conte fleuve de sept cents pages. Depuis, elle construit une ouvre singulière, entre fiction et essais, toute entière imprégnée de spiritualité. Elle est entrée en 2013 à l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique. Son discours d'intronisation vient d'être publié chez Albin Michel.
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Il est des moments innombrables où Dieu se tait. Où le cri de l'homme se heurte au silence, renvoyé par l'impla-cable écho. De ce silence de Dieu, de cette absence d'amour, le siècle passé comme celui qui s'ouvre portent les stigmates avec leur cohorte de charniers, de génocides et de catastrophes naturelles. Toujours à reprendre, le cri de Job révolté devant la souffrance, l'injustice et l'absurde demeure d'actualité. C'est le point de départ de ce texte où se croisent littérature et spiritualité, pour se mettre à l'écoute des échos de ce silence irradié de résonances...
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« Penser, vivre, être présent au monde, c'est essayer d'écouter-voir ce qui monte du fond des temps, se laisser troubler par des songes venus d'ailleurs, d'infiniment plus loin que soi, et cependant nous concernant au plus intime. ».
En méditant sur les fêtes, en parcourant les saisons d'un hiver à un autre, de l'Avent à la Toussaint, en s'arrêtant aux bords des jours les plus ordinaires comme des plus irradiés de mystère, en traversant aussi quelques nuits, étoilées ou obscures - Sylvie Germain donne au poids du temps un relief inédit.
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Gabriel trouve la trace de ses désirs, de ses colères, de ses humeurs sur la façade du mur en vis-à-vis : un immense fresque représentant le Docteur Pierre. Il avait vu l'usure du temps oeuvrer sur cette face. Auprès de ce visage, il avait appris la patience. La plus extrême des patiences : celle qui n'attend plus rien. Un jour on commence à démolir le mur. Son paysage mental alors se gangrène, puis se décompose. La pause éternelle s'annonce.
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" Partir, dit-on, c'est mourir un peu.
" Mais partir d'où, pour aller où, et qu'entend-on par " mourir un peu " ? Comment le verbe mourir peut-il s'accommoder d'un adverbe de quantité alors qu'il désigne un événement à chaque fois unique, définitif, absolument inquantifiable ? Il en est du verbe mourir comme du verbe aimer : leur adjoindre un adverbe de quantité, d'intensité ou de manière revient à en moduler le sens de façon radicale, l'air de rien.
" Il m'aime/elle m'aime/je t'aime un peu, beaucoup, passionnément, à la folie... pas du tout ", scandent les amoureux sur un ton enjoué en effeuillant des marguerites, Mais la désinvolture n'est qu'un masque, le jeu s'avère bien plus sérieux qu'il n'y parait car l'enjeu est extrême en vérité - il en va présentement, ardemment de l'amour. On risque son coeur, sa joie, son plus vif espoir. L'amour, la mort, on ne badine ni avec l'un ni avec l'autre.
Effeuiller le verbe mourir ainsi qu'une fleur des champs c'est mettre à nu son propre coeur ses pensées, son espérance. " Dans ce nouveau livre, Sylvie Germain traque la dynamique de la quête spirituelle à travers le thème des pas, de l'arrachement de la mort à nous-mêmes, avec l'écriture vive et inspirée qu'on lui connaît.
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Le premier mort de l'après-guerre est un enfant. Petit-Tambour, tué dans la forêt au cours d'un accident de chasse. Et cette enfance qui a perdu son corps se fera don, - un don obscur de douleur et d'espoir, aux vivants et aux morts à venir, ainsi qu'aux arbres. Un grand if se met en marche pour prendre racine sur sa tombe ; le tourbillon de baies, que sèmeront ses branches emportera Pauline, la mère, et le père, Baptiste, s'effacera doucement au fil des larmes sans fin versées par son corps qui sans elle ne peut vivre. Alors le second fils, Charles-Victor, dit Nuit-d'Ambre, livré à l'abandon, se voudra habité par la colère et la haine. Le roman est l'histoire de ce voyage au bout du mal jusqu'à ce que, comme Jacob dans la Bible, il soit enfin terrassé par l'Ange.Après Le Livre des Nuits, Sylvie Germain nous offre ici une oeuvre foisonnante d'épisodes étranges, dont chaque page semble traversée par un souffle d'Apocalypse et où, comme le dit Schelling, «la vérité redevient fable et la fable vérité».
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«Tous ceux et celles que l'amour a saisis, et qui s'en vont transis de la pensée de l'autre, ardés par le regard de l'autre, marchent ainsi en somnanbules. Ils ont la tête ailleurs, comme on dit. Leur front est resté lové dans la chaleur et dans l'odeur du cou de l'autre, appuyé contre son épaule. Ils, elles, portent leur tête en offrande à l'aimée, à l'élu, à moins que ce ne soit la tête de l'autre qu'ils, elles, portent ainsi en très secrète et tendre procession.Oui, on a vraiment la tête ailleurs lorsqu'on est amoureux, - alors, quand c'est pour l'Éternel que l'on s'est enflammé, on a la tête infiniment ailleurs. On est un funambule, avec, en guise de balancier, son coeur en bandoulière et sa tête épanouie tel un bouquet de fleurs de mai.Tous ceux et celles que l'amour a ravis sont des céphalophores, des êtres en proie à une miraculeuse catastrophe.»Sylvie Germain.