Qu'est-ce que l'instinct territorial chez les oiseaux ? Vinciane Despret mène l'enquête et, sous sa plume, oiseaux et ornithologues deviennent intensément vivants et extrêmement attachants.
Les morts peuvent faire agir les vivants, mobiliser ceux qui restent autour de questions qui touchent à la vie collective, à l'érosion des liens sociaux, à des événements qui les dépassent ou dont l'ampleur ou la violence pourrait les détruire, annihiler ce à quoi ils sont attachés. Les morts peuvent aider les vivants à transformer le monde. Dans ce livre, Vinciane Despret nous raconte cinq histoires où des morts proches ou éloignés dans le temps ont obligé les vivants à leur donner une nouvelle place. Ces morts insistent parce qu'il y a eu quelque chose d'injuste dans le sort qui a été le leur : victimes de violence, commandos d'Afrique et de Provence, sacrifiés politiques à la raison du plus fort... Ceux qui restent ont décidé de répondre à cette insistance en commandant une oeuvre grâce à un protocole politique et artistique nommé le programme des Nouveaux Commanditaires. Ce protocole consiste à choisir un artiste et à décider en commun d'une oeuvre. Il va transformer en profondeur les commanditaires.
Cela n'a rien à voir avec le deuil dans sa forme autoritaire (quand les théories psychologiques enjoignent à l'oubli). C'est avec la vie, celle qui n'est plus mais qui est encore d'une autre manière, celle qui résiste à son effacement, que ce faire avec provoque une étonnante série de métamorphoses.
Ce récit d'anticipation nous plonge au coeur des débats scientifiques d'un futur indéterminé. Quelque part entre faits scientifiques et affabulations poétiques se dessine un horizon troublant : et si les araignées, les wombats et les poulpes nous adressaient des messages codés à travers leurs comportements ? Par cette étonnante expérience de pensée nourrie des plus récentes découvertes scientifiques, Vinciane Despret ouvre la voie à un décentrement de la condition humaine sur Terre.
Beaucoup de ceux qui connaissent les animaux pensent qu'ils écrivent, à leur manière... Ils se parlent entre eux et avec d'autres. Les chiens laissent des messages pour les autres chiens sur les arbres et les réverbères, les chats le font aussi, ils disent quantité de choses dans les odeurs qu'ils laissent un peu partout. Ainsi le font également les loups, les sangliers, les poulpes avec leur encre, les chèvres des montagnes, les fourmis... Tous laissent des traces, des marques, des signatures, et chaque animal apprend à les lire. Bien sûr, les rats écrivent aussi. Et si nous imaginions qu'un jour nous aussi serons capables de les lire ? Un texte formidable, passionnant, étonnant, par la grande philosophe Vinciane Despret.
Dans le désert du Néguev, l'ornithologue Amotz Zahavi étudie les cratéropes écaillés, ou passereaux d'Arabie, des oiseaux qui se regroupent à la tombée de la nuit ou au lever du jour pour danser. Pourquoi le font-ils ? Et que signifie le fait qu'ils s'offrent des cadeaux ? Peut-on penser, comme le propose Zahavi, qu'ils sont intéressés par des questions de prestige ? Pour Vinciane Despret, philosophe, qui s'est jointe à l'équipe de chercheurs, il y avait là une occasion tout à fait extraordinaire de comprendre comment on observe les animaux mais aussi comment les chercheurs construisent des théories rendant compte de leurs comportements.
Faut-il étudier les animaux en les soumettant à des dispositifs expérimentaux artificiels, ou les suivre sur le terrain et rassembler tous les indices possibles ? Les théories évolutionnistes sont-elles dépendantes du contexte d'observation, de l'environnement ou de l'obligation de faire science ?
Ce sont toutes ces questions qui vont permettre à l'autrice de dresser un tableau de l'éthologie et de ce qu'elle nous enseigne sur un monde que nous n'habitons pas seuls, et qu'il nous faut apprendre à mieux partager. Un monde où les oiseaux dansent et s'offrent des cadeaux et où les chercheurs deviennent inventifs à force de les observer ne pourrait-il pas nous aider à remettre en cause le grand partage entre humains et non-humains ?
Les animaux ont bien changé au cours des dernières années. Les babouins mâles qui semblaient tellement préoccupés de hiérarchie et de compétition nous disent à présent que leur société s'organise autour de l'amitié avec les femelles. Les corbeaux, qui avaient si mauvaise réputation, nous apprennent que, quand l'un d'eux trouve de la nourriture, il en appelle d'autres pour la partager. Les moutons, dont on pensait qu'ils étaient si moutonniers, n'ont aujourd'hui plus rien à envier aux chimpanzés du point de vue de leur intelligence sociale. Et nombre d'animaux qui refusaient de parler dans les laboratoires behavioristes se sont mis à entretenir de véritables conversations avec leurs scientifiques. Ces animaux ont été capables de transformer les chercheurs pour qu'ils deviennent plus intelligents et apprennent à leur poser, enfin, de bonnes questions. Et ces nouvelles questions ont, à leur tour, transformé les animaux...
Depuis la première édition de ce livre, les uns et les autres ont continué à se surprendre et un chapitre inédit nous fait découvrir leurs avatars les plus récents. Aujourd'hui, des rats rient dans leurs laboratoires, des perroquets australiens apprennent, avec leurs scientifiques, à mieux collaborer. Quant aux babouins, on découvre que certains auraient domestiqué des chiens et apprivoisé des chats ! Ce livre fourmille de mille exemples et histoires et nous invite à nous demander si tous ces êtres ne sont pas occupés à nous poser une question politique.
On a longtemps pensé découvrir les lois de l'apprentissage en soumettant un rat à l'épreuve du labyrinthe. Certes, si on le récompense, le rat "apprend" le parcours. Mais à quelle question le rat répond-il réellement ? Que signifie le labyrinthe pour lui ? Comment interprète-t-il la récompense ? Aujourd'hui, la réussite du processus de l'habituation dans l'observation des primates n'est plus considérée comme le seul résultat du travail des humains. Elle tiendrait tout autant à la volonté des singes de se laisser approcher (la proximité des observateurs représenterait une protection pour eux). Pour certains, la prise en compte des dimensions relationnelles constitue un artefact qu'il faut éradiquer : l'animal répondrait en fait à une autre question que celle qui lui est posée. Selon d'autres, toute situation scientifique interrogeant les vivants relèverait elle-même de l'artefact. Les animaux ne "réagissent" pas à ce que nous leur soumettons : ils interprètent une demande et leur réponse traduit leur point de vue sur la situation.
C'est à elle qu'il faut s'intéresser. Les scientifiques travaillant sur le bien-être animal suivraient-ils cette voie prometteuse ? Quelles sont les conditions permettant de tels changements ? Telles sont les questions que ce livre leur adresse. On y découvre que le fait d'interroger les animaux sur ce qui les rend heureux pourrait inciter les scientifiques à modifier leurs pratiques et admettre que le point de vue de ceux qu'ils étudient constitue en fait le véritable objet de leurs recherches.
Faire son deuil , tel est l'impératif, presque banal, qui s'impose désormais à tous ceux qui se trouvent confrontés au décès d'un proche. Mais cela va-t-il de soi ? Se débarrasser de ses morts est-il un idéal indépassable et incontournable si l'on ne veut pas trop souffrir ? Non, répond Vinciane Despret dans ce beau livre de témoignages recueillis auprès de celles et ceux qui, au contraire, ont dit non au travail de deuil en inventant mille manières de vivre, au quotidien, avec leurs morts.
Faire son deuil , c'est l'impératif qui s'impose à tous ceux qui se trouvent confrontés au décès d'un proche. Mais se débarrasser de ses morts est-il un idéal indépassable auquel nul ne saurait échapper s'il ne veut pas trop souffrir ?
Vinciane Despret a commencé par écouter. Je disais : je mène une enquête sur la manière dont les morts entrent dans la vie des vivants ; je travaille sur l'inventivité des morts et des vivants dans leurs relations.
Une histoire en a amené une autre. J'ai une amie qui porte les chaussures de sa grand-mère afin qu'elle continue à arpenter le monde. Une autre est partie gravir une des montagnes les plus hautes avec les cendres de son père pour partager avec lui les plus beaux levers de soleil. À l'anniversaire de son épouse défunte, un de mes proches prépare le plat qu'elle préférait, etc.
L'auteure s'est laissé instruire par les manières d'être qu'explorent les morts et les vivants, ensemble ; elle a appris de la façon dont les vivants qu'elle a croisés se rendent capables d'accueillir la présence des défunts. Chemin faisant, elle montre comment échapper au dilemme entre cela relève de l'imagination et c'est tout simplement vrai et réel .
Depuis un certain temps les morts s'étaient faits discrets, perdant toute visibilité. Aujourd'hui, il se pourrait que les choses changent et que les morts deviennent plus actifs. Ils réclament, proposent leur aide, soutiennent ou consolent... Ils le font avec tendresse, souvent avec humour.
On dit trop rarement à quel point certains morts peuvent nous rendre heureux !
PRIX DES RENCONTRES PHILOSOPHIQUES DE MONACO 2016 PRIX DE L'ACADEMIE ROYALE DE LANGUE ET DE LITTERATURE FRANÇAISES DE BELGIQUE 2019
Les animaux ont bien changé. Bien sûr on pourrait penser que ce sont nos façons de les voir qui changent. Ce qui voudrait dire qu'il n'y a que nous qui changeons:nous serions les seuls à avoir une histoire, les animaux n'y seraient que les figurants. Or, une autre version semble aujourd'hui pouvoir compliquer cette manière de raconter, une version qui suggère que les animaux changent comme nous et parfois avec nous. Selon qu'elles sont protégées ou chassées, les loutres peuvent être diurnes ou nocturnes. Selon qu'ils entretiennent ou non des relations de pix avec les humains, les corbeaux sont anthropophiles ou très sauvages. Le chien peut se transformer en une sorte de jouet à ressort dans l'expérience de Pavlov ou devenir le compagnon le plus inventif dans une relation qui fait le pari de son intelligence. Selon les situations qu'on leur propose, voire les questions qu'on leur adresse, les animaux pourront ou non déployer certaines compétences. De même qu'ils pourront ou non obtenir que l'on prenne en compte ce qui importe pour eux. Ces situations dans lesquelles humains et animaux entrent en relation sont multiples. Elles vont des pratiques des éleveurs à celles des scientifiques, du vivre ensemble avec les animaux familiers aux difficultés de cohabitation avec les espèces protégées. Chacune d'elles décline des interrogations, des exigences et des difficultés particulières. Mais une question commune les traverse:avec qui voulons-nous vivre et comment?
En septembre 1904, à Berlin, un cheval dénommé Hans suscite une des controverses les plus vives qui aient agité l'Allemagne à cette époque.
Selon son maître, Hans peut résoudre des problèmes arithmétiques, reconnaître des couleurs ou des cartes à jouer, épeler les lettres d'un mot, donner la date du jour ou désigner une personne d'après sa photo. S'agit-il d'une fraude ? d'une "révolution " quant à l'intelligence des animaux ? ou Hans est-il télépathe ? Une commission est mandatée pour évaluer les compétences du fameux cheval. Surprise: Hans répond aux questions qui lui sont posées, même en l'absence de son maître.
Aurait-il appris à lire des signaux que les humains lui enverraient inconsciemment ? Ou, les humains, toujours inconsciemment, l'auraient-ils influencé ? Une aventure passionnante, qui nous fait revivre les premiers moments de la psychologie expérimentale, ses questions, ses enjeux, l'originalité et l'inventivité de ses acteurs, le talent de ses sujets et l'engagement de ses scientifiques.
Le coeur brisé, les nerfs à fleur de peau, la gorge serrée : l'émotion nous saisit, nous possède.
Mais si nos émotions nous paraissent évidentes, sont-elles pour autant authentiques, universelles ? c'est ce qu'ont cru les expérimentateurs dans les laboratoires de physiologie et de psychologie. mais ils ont été déçus. les émotions n'existent pas en soi, mais uniquement dans la relation à autrui. on n'a plus alors à s'étonner que la colère n'existe pas chez les uktus, que les ifaluks doivent " enseigner " la peur à leurs enfants.
Nos émotions sont finalement autant de versions du monde et de manière de l'habiter. c'est ce qu'explorent les ethnopsychologues.
Du fait de sa vie sociale complexe et de sa remarquable intelligence, le corbeau suscite des réactions contradictoires d'une culture à l'autre, allant de la méfiance à la confiance. Dans cet ouvrage de référence, Thom van Dooren propose une éthique multi- espèces pour examiner les liens qui unissent les vies des humains et celles des corbeaux en vue d'une coexistence harmonieuse.
Née à Anderlecht, Vinciane Despret a grandi et vécu à Liège. Elle y habite toujours, dans l'un des endroits les plus typiques de la ville, en son coeur historique. D'abord étudiante en philosophie, elle croise rapidement l'éthologie, l'étude du comportement des animaux, et se passionne pour les humains qui travaillent avec eux. Sa grande préoccupation sera de savoir comment concilier les deux disciplines, ses deux motifs d'enthousiasme.
Elle va logiquement emprunter la voie de la philosophie des sciences et mettre ses pas dans ceux de deux grands penseurs qu'elle cite - et fréquente - souvent, aujourd'hui encore : Isabelle Stengers et Bruno Latour. Elle veut désormais suivre les scientifiques dans leur pratique, comprendre « comment ils rendent leurs objets intéressants », raconter leur oeuvre de «traduction», d'invention. Elle entend comprendre et expliquer comment ils bâtissent une théorie, quelles influences ils subissent, comment l'animal qu'ils observent devient acteur de cette création de savoir.
Auteur prolixe d'articles, de conférences et de contributions diverses - sans oublier ses divers enseignements - Vinciane Despret a assuré très récemment le commissariat de la grande exposition Bêtes et hommes, à la Grande halle de La Villette, à Paris. Elle s'est également vu décerner deux prix : le prix des humanités scientifiques octroyé par sciences Po, à Paris, en septembre 2008 et le prix du Fonds international Wernaers pour la recherche et la diffusion des connaissances.
Dans ce nouvel opus de la collection Orbe, Frédérique Dolphijn interroge le travail de Vinciane Despret et en particulier son rapport à l'écriture, à la lecture, à la transmission de savoirs et à tout ce qui entoure la recherche: le choix des sujets, la manière dont l'interaction avec le sujet influence la démarche de recherche, la vulgarisation de résultats.
Un bel entretien qui nous offre un autre regard sur le travail de longue haleine de cette philosophe-éthologue belge.
Www.vincianedespret.be
Habiter le trouble, avec Donna Haraway est un ouvrage collectif qui vise à contribuer à la réception francophone du travail récent de Donna Haraway. Ce livre rassemble un grand entretien avec la philosophe et croise des essais issus des champs des sciences humaines et de la philosophie.
Cet ouvrage tentent de situer les travaux d'Haraway dans les débats contemporains sur l'anthropocène et réinscrivent l'auteure dans une trajectoire théorique des luttes éco-féministes et pacifistes. Il propose également une série d'enquêtes consacrées à Fukushima, aux institutions psychiatriques, aux pratiques d'élevage et d'abattage..., s'inscrivant ainsi dans la démarche d'Haraway, et à la façon dont ses textes cultivent avec une égale ferveur l'imagination spéculative et l'attention passionnée au réel.
Les femmes ne sont jamais contentes. À témoin, Virginia Woolf qui appela les femmes à se méfier de l'offre généreuse qui leur était faite : pouvoir, comme les hommes, faire carrière à l'université. Il ne faut pas, écrivit-elle, rejoindre cette procession d'hommes chargés d'honneurs et de responsabilités ; méfiez-vous de ces institutions où règnent le conformisme et la violence.
Vinciane Despret et Isabelle Stengers se sont posés la question : qu'avons-nous appris, nous les filles infidèles de Virginia qui avons, de fait, rejoint les rangs des hommes cultivés ? Et comment prolonger aujourd'hui le cri de Woolf, Penser nous devons , dans une université désormais en crise ?
Ces questions, elles les ont relayées auprès d'autres femmes. Leurs témoignages ont ouvert des dimensions inattendues. Elles ont raconté des anecdotes, des perplexités, des histoires, des événements ou des rencontres qui les ont rendues capables non seulement de dire non et de résister, mais de continuer à penser et à créer dans la joie et dans l'humour. Et surtout, ces femmes, comme toujours, ont fait des histoires...
Wonderama est un mot-valise imaginé par Hugues Reip à partir de Wonderland (pays des merveilles) et de diorama. Il donne le titre à ce livre d'artiste résolument singulier où la série des Noirs Desseins de Hugues Reip est accompagnée d'un texte-glossaire de Vinciane Despret et d'une chanson originale interprétée par Rodolphe Burger. Réunis pour la première fois, ses dessins, réalisés entre 2009 et 2022 à l'encre de Chine et à l'aquarelle et très régulièrement augmentés de collages, fonctionnent comme des « distributeurs automatiques de visions ». Hugues Reip dit de ses dessins qu'ils ébauchent un récit entre nature et univers virtuel, espace et temporalité, comme une tentative d'élargissement des frontières de la perception. Wonderama est un monde onirique portatif où tout est possible, comme l'éprouvent Vinciane Despret avec son glossaire rédigé pour naviguer parmi la cinquantaine de dessins ou la chanson Cornell's dream interprétée par Rodolphe Burger. Le morceau enregistré par Rodolphe Burger figurera sous forme de QR code ou autre procédé numérique dans l'ouvrage. D'une liberté folle, ce livre nous engage aux voyages, ceux qui prolongent la nuit et font résonner les mondes.
Quelle est la différence entre l'homme et les animaux ? philosophes, psychologues, sociologues, anthropologues, juristes se sont attelés sans relâche à cette question.
Quel sens peuvent lui donner ceux qui vivent quotidiennement avec des vaches et des cochons dans des pratiques créatrices de liens ? qu'en pensent des éleveurs ? on découvre, à les écouter, des réponses inattendues. les animaux avec lesquels ils travaillent sont intelligents, sensibles ; ils savent ce qu'ils veulent et ils devinent ce qu'on attend d'eux. nous disposons d'une primatologie pour les singes, d'une éthologie pour les dauphins, les ours, les loups, les éléphants, les oiseaux..., mais nous ignorons encore presque tout des vaches et des cochons.
Il existe pourtant, du côté des éleveurs, une réserve impressionnante de savoir à leur propos, un savoir qui diffère de celui des scientifiques et qui s'enracine dans le "vivre ensemble". la question de la différence entre l'homme et les animaux ? drôle de question !
Si les moutons traînent derrière eux une réputation d'animaux stupides, c'est la faute de Panurge. Or les moutons n'adoptent de comportement « moutonnier » que lorsqu'ils sont d'accord et y trouvent de l'intérêt : il n'y a pas de moutons idiots, juste des animaux « mal élevés ». Une philosophe et un écologue ont retracé, avec une dizaine de bergers, une aventure rarement évoquée, celle où des animaux apprennent à des humains à leur apprendre. Leur objectif : comprendre comment cet apprentissage se construit.
Cet ouvrage révèle un fait peu connu : bergers et brebis sont engagés dans une conversation permanente, faite d'apprentissages réciproques et de respect. Ensemble, ils créent de la cohérence et cultivent l'idée de ce que peut être la possible beauté du monde. Les moutons font mieux : ils réalisent cette idée. Et ils le font, notamment, en mangeant.
Composer avec les moutons, voilà ce qu'apprennent à faire, au quotidien, ces bergers. Humains et animaux s'engagent ensemble dans la création, non seulement d'un accord, mais également d'un éthos des manières d'habiter le monde. Tout un art de reconstruire l'étoffe un peu partout abîmée des continuités sensorielles. C'est cela aussi, composer avec les moutons.
La question de l'identité est au coeur du travail pluridisciplinaire de l'artiste belge Fabrice Samyn (né en 1981). Avec la peinture, la sculpture, le dessin, l'écriture et la chorégraphie, il explore les multiples façons d'être du vivant, du temps et des choses. La manière dont les uns et les autres se transforment, interagissent et se façonnent mutuellement. Cet ouvrage constitue la première monographie consacrée à l'artiste. Organisée en rhizome grâce à différents jeux d'analogie (la forme, le signe, le sens), elle donne la pleine mesure d'une oeuvre à la fois conceptuelle et intime, spirituelle et sensuelle. Une oeuvre qui tente l'exercice périlleux de la coïncidence des contraires, sans qu'il ne soit jamais question d'aligner ce qui les différencie. Le livre, amplement illustré, bénéficie des contributions de Vinciane Despret, philosophe des sciences et professeur à l'université de Liège, de Wivine de Traux, auteure et historienne de l'art, et de Pascal Rousseau, auteur et professeur d'histoire de l'art contemporain à l'université de Paris1 Panthéon-Sorbonne.
Ce livre issu d'un colloque tenu en juillet 2010, au Centre culturel international de Cerisy, a réuni des spécialistes de disciplines très diverses partageant un intérêt pour les animaux. Certains les étudient dans la nature ou dans les laboratoires, là où d'autres enquêtent auprès de chasseurs, d'éleveurs, de soignants, d'activistes ou de protecteurs. De tous ces récits, ressort le fait que les animaux importent à chacun de leurs auteurs, qu'ils vivent avec eux, les chassent ou les protègent, ou encore qu'ils en fassent un objet de savoir. Tous s'interrogent sur la façon dont nous faisons aujourd'hui société avec des animaux et sur les formes du « vivre ensemble » que nous devons inventer. Que savons-nous de ces animaux ? Que pouvons-nous imaginer de ce que nous ignorons ? Mais surtout : en quoi ce que nous en savons modifie-t-il notre façon d'être avec eux ?
pascal picq est paléanthropologue au collège de france.
il a notamment publié au commencement était l'homme et les tigres. dominique lestel enseigne l'éthologie cognitive à l'ecole normale supérieure. il est entre autres l'auteur de l'animal singulier. vinciane despret est philosophe et psychologue. elle est maître de conférences à l'université libre de bruxelles. elle a publié ces émotions qui nous fabriquent. chris herzfeld est photographe et philosophe des sciences.
elle a consacré de nombreuses recherches de terrain à l'étude des grands singes.
On ne peut plus s'en passer ! Quels nouveaux liens nous unissent à nos amies les bêtes ? Comment ont-ils évolué avec le temps ? À travers l'interview de trois experts (un historien, un vétérinaire comportementaliste et une philosophe), le livre explore les fondements de cette forte tendance sociétale.
Dans une première partie, le vétérinaire Claude Béata décrit les ressorts de l'attachement entre homme, chat, chien ou perroquet. L'historien Eric Baratay raconte notre histoire commune dans une deuxième partie : que s'est-il passé de l'Antiquité à nos jours entre l'animal et nous ? Enfin, troisième partie, la philosophe Vinciane Despret s'intéresse à ce que nous apprend le comportement animal sur nous-mêmes. En guise de conclusion, tous trois confrontent leurs points de vue dans une dernière partie.