Le présent essai part de l'hypothèse qu'on peut observer deux coupures fondamentales dans la culture humaine depuis ses origines.
La première, qui s'est produite vers le milieu du deuxième millénaire av. j. -c. , peut être appelée" invention de l'écriture linéaire "; la seconde, dont nous sommes témoins," invention des images techniques ". il se peut que d'autres coupures du même genre se soient produites dans le passé; mais elles ont échappé à notre prise. cette hypothèse va de pair avec le soupçon que la structure de la culture est sur le point de connaître une transformation fondamentale.
Le présent essai s'efforcera de justifier ce soupçon.
Ce livre défend une thèse provocante : notre avenir, écrit vilém flusser, sera avant tout affaire de " design ".
En effet, le design représente la confluence d'idées nouvelles empruntées à la science, à l'art, à l'économie et à la politique. c'est de façon apparemment toute naturelle que des éléments hétérogènes s'y combinent en un réseau complexe de relations. dans des essais, des conférences, de courts textes en prose, flusser étudie la situation actuelle et le style de l'époque à venir, son design. l'éventail est largement ouvert : ce volume comporte des réflexions sur les plans de câblage des ordinateurs et la fin des villes, des remarques sur la forme à donner aux fusées et aux parapluies.
Il rassemble les textes de vilém flusser sur le design : considérations d'ordre phénoménologique sur notre environnement quotidien qu'il domine, gloses ironiques sur des objets et scénarios d'avenir, empreints d'une noire cruauté.
Dans la majorité de ces textes laissés en plan à son décès, Flusser interroge toujours les relations intimes de la nature et de la culture. Le brouillard, le vol des oiseaux, un pré, l'orage, les vallées, la pluie : dans des miniatures merveilleusement précises et subtiles, le philosophe Vilèm Flusser décrit ses perceptions et ses expériences avec naturel. Il montre, comment ce qui a été décrit constamment comme la nature n'est en fait que la partie d'un espace cultivé, alors que ce qu'on qualifie de créations culturelles sont devenues une deuxième nature.
Vilém Flüsser est considéré comme "le philosophe des médias", "le philosophe numérique du XXe siècle". En dépit de tout l'optimisme qu'elle affiche parfois, sa philosophie des nouveaux médias procède en fait d'un règlement de comptes avec ce secteur auquel nous réduisons d'ordinaire les médias : les massmédias. Dans le développement conjoint, aussi stimulant que précipité, de la télécommunication et des technologies numériques, Flüsser voyait la chance d'échapper à une civilisation télévisuelle. La mise en réseau de la société par les nouveaux médias signifie en dernière analyse une rupture radicale dans
l'évolution culturelle, une "catastrophe de la civilisation bourgeoise", mais elle dégage aussi, en revanche, la possibilité de nouvelles formes d'imagination. Mort en 1991, Flüsser n'a pas vécu lui-même le boom des "multimédias" et de l'"autoroute de l'information", mais il aurait été d'un tout autre avis, car il
n'était encore nullement entendu pour lui que les technologies numériques allaient en effet contribuer à civiliser l'humanité, ou ne faisaient qu'annoncer une ère tout aussi barbare que celles qui l'ont précédée : d'une barbarie numérique . "Rien de neuf avant la catastrophe, du neuf seulement après."