Une histoire de l'humanité vue du côté du Malin, écrite par le sociologue Vilem Flusser. Ou comment le diable n'en fait qu'à sa guise en nous poussant vers les sept péchés capitaux. Une allégorie ironique qui décrit notre monde moderne...
Ce livre défend une thèse provocante : notre avenir, écrit vilém flusser, sera avant tout affaire de " design ".
En effet, le design représente la confluence d'idées nouvelles empruntées à la science, à l'art, à l'économie et à la politique. c'est de façon apparemment toute naturelle que des éléments hétérogènes s'y combinent en un réseau complexe de relations. dans des essais, des conférences, de courts textes en prose, flusser étudie la situation actuelle et le style de l'époque à venir, son design. l'éventail est largement ouvert : ce volume comporte des réflexions sur les plans de câblage des ordinateurs et la fin des villes, des remarques sur la forme à donner aux fusées et aux parapluies.
Il rassemble les textes de vilém flusser sur le design : considérations d'ordre phénoménologique sur notre environnement quotidien qu'il domine, gloses ironiques sur des objets et scénarios d'avenir, empreints d'une noire cruauté.
Le présent essai part de l'hypothèse qu'on peut observer deux coupures fondamentales dans la culture humaine depuis ses origines.
La première, qui s'est produite vers le milieu du deuxième millénaire av. j. -c. , peut être appelée" invention de l'écriture linéaire "; la seconde, dont nous sommes témoins," invention des images techniques ". il se peut que d'autres coupures du même genre se soient produites dans le passé; mais elles ont échappé à notre prise. cette hypothèse va de pair avec le soupçon que la structure de la culture est sur le point de connaître une transformation fondamentale.
Le présent essai s'efforcera de justifier ce soupçon.
Post-Histoire, rassemble une vingtaine d'essais qui ont été initialement des conférences données par le philosophe Vilém Flusser (1920-1991) dans des universités de Marseille, Jérusalem et Sao Paulo. Initialement écrit en anglais, puis traduit en allemand et en portugais, Post-Histoire a été édité pour la première fois au Brésil en 1983. Cette version française n'a encore jamais été publiée. Ce texte se veut être, pour l'auteur, le « miroir de la condition humaine aujourd'hui », et offre au lecteur une critique féroce de la société tout en posant la question de la place laissée à la liberté dans un monde programmé.
Vilém Flüsser est considéré comme "le philosophe des médias", "le philosophe numérique du XXe siècle". En dépit de tout l'optimisme qu'elle affiche parfois, sa philosophie des nouveaux médias procède en fait d'un règlement de comptes avec ce secteur auquel nous réduisons d'ordinaire les médias : les massmédias. Dans le développement conjoint, aussi stimulant que précipité, de la télécommunication et des technologies numériques, Flüsser voyait la chance d'échapper à une civilisation télévisuelle. La mise en réseau de la société par les nouveaux médias signifie en dernière analyse une rupture radicale dans
l'évolution culturelle, une "catastrophe de la civilisation bourgeoise", mais elle dégage aussi, en revanche, la possibilité de nouvelles formes d'imagination. Mort en 1991, Flüsser n'a pas vécu lui-même le boom des "multimédias" et de l'"autoroute de l'information", mais il aurait été d'un tout autre avis, car il
n'était encore nullement entendu pour lui que les technologies numériques allaient en effet contribuer à civiliser l'humanité, ou ne faisaient qu'annoncer une ère tout aussi barbare que celles qui l'ont précédée : d'une barbarie numérique . "Rien de neuf avant la catastrophe, du neuf seulement après."
Dans la majorité de ces textes laissés en plan à son décès, Flusser interroge toujours les relations intimes de la nature et de la culture. Le brouillard, le vol des oiseaux, un pré, l'orage, les vallées, la pluie : dans des miniatures merveilleusement précises et subtiles, le philosophe Vilèm Flusser décrit ses perceptions et ses expériences avec naturel. Il montre, comment ce qui a été décrit constamment comme la nature n'est en fait que la partie d'un espace cultivé, alors que ce qu'on qualifie de créations culturelles sont devenues une deuxième nature.
Les gestes " [...] réunit une série d'essais qui veulent voir jusqu'où on peut aller en partant du geste à la recherche de l'homme. Il se peut que la direction prise ne soit pas la bonne, ce ne sont que des essais. Mais il montre que l'on peut aller très loin, qu'on peut avoir des surprises " (Vilem Flusser). Si Vilem Flusser a connu une reconnaissance internationale - il est traduit depuis longtemps en plusieurs langues et son oeuvre complète est une référence dans le champ théorique allemand - il est fort peu connu et traduit en France. Les Gestes est l'un des rares livres de l'auteur écrit directement en français. Il synthétise une réflexion qui se développe entre 1948 et 1990 et il apparaît comme un événement majeur dans la réflexion sur les arts visuels.
Ecrire, détruire, faire l'amour ou fumer la pipe : l'existence humaine se manifeste par des gestes. Vilém Flusser les décrit pour poser un certain nombre de questions classiques de philosophie : quelle place occupe l'art dans nos vies, quelle relation au monde et à autrui entretenons-nous ? Ce recueil vaut autant par les gestes abordés que par l'originalité de la démarche, en d'autres termes par le geste de l'auteur. Il ne force pas le trait, mais laisse chacun libre de se reconnaître ou non dans ses propos.
Flusser distingue trois grandes catégories de gestes : les gestes contre le monde (le travail), les gestes vers autrui (la communication) et les gestes comme fin en soi (l'art). Et si chaque geste est une synthèse des trois, l'exemple du travail montre qu'un geste peut en dominer d'autres et en définir la forme. Tout comme il y a une histoire humaine, il y a donc également une histoire des gestes. Ainsi, si l'on ne parle plus du geste de fumer la pipe quand on parle de l'art, c'est que " nous ne vivons pas pour vivre, mais pour changer le monde ". L'art est dans nos existences historiques " un geste de travail (chercher à faire une oeuvre) ou bien un geste de communication (chercher à informer) ". La prégnance du travail traduit une révolution d'intérêt que Flusser évoque longuement à travers le geste de la recherche, geste qu'il considère comme le modèle de tous nos gestes. Ayant pris la place du geste rituel au Moyen-Age, la recherche scientifique ne cherche pas une chose perdue, mais " n'importe quoi ". Visant une connaissance objective, pure et sans préjugé, elle s'est d'abord bornée aux objets inanimés (d'où ses débuts par l'astronomie et la mécanique). Or explique l'auteur, cette façon de chercher est en crise : " la nature bourgeoise est en expansion (.). Elle a avalé, au cours de l'âge moderne, les êtres vivants, l'esprit humain et la société (la biologie, la psychologie et la sociologie ".
Le livre Vampyroteuthis Infernalis est un remarquable opuscule d'épistémologie-fiction. L'expression latine « vampyroteuthis infernalis » désigne le « vampire des abysses », une espèce de céphalopode vivant au fin fond des abysses des océans.
Sauf que ce vampire n'existe pas.
Abraham A. Moles résumé assez bien le projet de Flusser : « des écrits de Flusser, retenons en langue allemande un essai brillant - peut-on dire génial ? - de philosophie-fiction, Vampyroteuthis Infernalis, dans lequel, appliquant la méthode de Thomas More, de Montesquieu et de Voltaire, il imagine que l'évolution darwinienne des espèces aurait pu conduire à tels êtres, à tels céphalopodes fantastiques gîtant au fond des mers, ignorants des humains mais pourvus d'une Académie des sciences, et donc d'une Science, d'une Géométrie, et d'une théorie de la perception. Qu'en serait-il donc de cette «science», dont Carnap prétend qu'elle est unique, et que le monde est un tout corrélé qu'il est en toutes ses parties. L'étude de la science des Vampyroteuthis ne peut alors logiquement contredire celle des êtres humaines, même si ses contenus pratiques sont substantiellement différents, car ces contenus sont tributaires de leur perception et donc de leur environnement, elle peut éclairer notre science d'un jour différent. » Vampyroteuthis Infernalis est donc un ouvrage d'éthologie sur un animal qui n'est qu'une fiction. Toutefois, en décrivant précisément, à la manière d'un entomologiste, la nature et la culture de ce vampire, Flusser trace en creux une anthropologie de l'humanité confrontée à ses propres enjeux épistémologiques (qu'est-ce que la Science ? En quoi ces vampires sont-ils finalement si différents de nous ?, etc.). Vampyroteuthis Infernalis est un mélange de fable, de discours philosophique, de parodie, de traité scientifique ; sa lecture en est extrêmement facile (et, de fait, souvent drôle), à mi-chemin entre la cognition animale, la philosophie et l'art.
Jouant le jeu jusqu'au bout, Flusser a demandé à son ami artiste Louis Bec de dessiner des planches anatomiques «réelles» des vampires décrits dans le texte. Ces 15 planches, publiées en fin d'ouvrage sous l'égide du parodique Institut scientifique de recherche paranaturaliste, reflètent artistiquement tout le propos de Vilém Flusser.