Ah, vous êtes le Docteur ? Mais je le vois quand le Docteur ? lui demande le patient. Tel est en effet le pedigree de l'anesthésiste : il est l'humble, le passeur, celui qui travaille au service des autres.
Son lot quotidien de jour comme de nuit : endormir et réveiller enfant, grand fumeur, diabétique, obèse, hypertendu, vieillard, étranger, souriant, anxieux, déprimé, détendu, inattendu.
Vous avez envie de connaître ce qui se joue pendant la consultation préopératoire, au bloc, en salle de réveil, aux urgences, durant les gardes de nuit ?
Plongez dans ces Chroniques d'un anesthésiste aux histoires ordinaires et extraordinaires et comptez jusqu'à trois !
" C'est à partir de son expérience et de son parcours de femme, médecin et malade du cancer du sein, que Sylvie Froucht-Hirsch nous livre son témoignage et ses réflexions.
Mon expérience me confronte à des situations toujours singulières. La maladie est une rencontre, souvent exceptionnelle, parfois intime. La relation avec la personne malade qui est elle-même médecin positionne peut-être différemment. Comment envisager un juste équilibre et partager ce que l'on sait ou ses interrogations ? Convient-il de reconnaître, avant toute autre considération, l'autre dans sa maladie ou comme un confrère qui porte parfois une même expérience de ce que la personne malade éprouve ou redoute ? Pour ma part, je crois qu'il importe d'être vrai et juste dans la relation et d'accepter sa dimension d'incertitude, voire de mise en cause personnelle.
Mes relations quotidiennes avec les malades m'ont appris que reconnaître la personnalité de l'autre dans ses valeurs, c'est refuser de le ramener à une catégorie, à une représentation qui seraient générales. Faire confiance n'implique pas de ne pas s'informer : les questions de Sylvie, toujours précises, amenaient des réponses et des explications claires très bien comprises. Nous pouvions toujours aller à l'essentiel, paisiblement, sans conflit, respectueuses de la personnalité de chacune.
C'est ainsi qu'avec Sylvie nous avons cheminé. Sylvie est une femme atteinte d'une maladie fréquente : le cancer du sein. On a beaucoup écrit et communiqué sur le cancer du sein, que ce soit dans le domaine de la connaissance scientifique, de la psychologie, de la sociologie, mais aussi, plus récemment, dans le champ politique à travers le plan Cancer. De nombreux clichés ont émergé, véhiculés par les médias et certaines démarches associatives, aboutissant à des modèles et à des conduites stéréotypés, au profilage de la " bonne malade ".
Mais si l'on considère, comme l'écrit le philosophe Alain Badiou, que " toute humanité s'enracine dans l'identification de situations singulières ", on peut s'interroger sur la signification et les conséquences de la tendance actuelle à vouloir instituer une bonne manière d'être et d'agir dont serait absent tout respect de la singularité de l'être humain malade. " (Dr Edwige Bourstyn)
Ah, vous êtes le Docteur ? Mais je le vois quand le Docteur ? lui demande le patient. Tel est en effet le pedigree de l'anesthésiste : il est l'humble, le passeur, celui qui travaille au service des autres. Son lot quotidien de jour comme de nuit : endorm