Le point de vue le plus important - parce que dada était plus que dada - est qu'à l'origine il y avait des motifs multiples et complexes, des critiques et des révoltes sociologiques et artistiques.
Ces impondérables restaient cachés à la plupart des gens pendant son activité, et c'est à présent seulement qu'on peut y voir à peu près clair ; en cela, dada ressemble à tous les autres événements. Mais, en son temps, tout était dada et dada était tout. Les bourgeois le croyaient babillage ou plaisanterie saugrenue, mais ils devaient bientôt découvrir qu'ils s'étaient trompés. Nous avons su remplir les journaux de fausses nouvelles sur dada et ses méfaits.
Ce qu'était Dada réellement, on l'apprendra dans les pages qui suivent.
Paru en 1970, Sensorialité excentrique est le dernier livre publié par Hausmann de son vivant, alors que, installé à Limoges depuis la guerre il commence, après une longue période d'oubli à recevoir les témoignages d'admiration des jeunes générations (des situationnistes aux poètes sonores). Si l'ouvrage est bref, il n'en est pas moins d'une ambition immense : il ne s'agit pas moins que
d'ébaucher une nouvelle conscience psychologique et sociale en faisant table rase de deux mille ans d'histoire. C'est à l'homo sapiens en tant que tel que s'attaque Hausmann, qui n'a rien perdu de la radicalité de ses années dada. C'est lui en effet qui, à ses yeux a inventé la dictature capitaliste et restreint nos connaissances à un niveau purement matérialiste, empêchant l'évolution
d'un type humain doté de capacités cérébrales et sensorielles plus universelles. L'homme nouveau sera muni d'une « sensorialité excentrique », une sorte de sixième sens, d'une énergie mentale transcendant les limites du corps et de l'esprit. En ce sens, Sensorialité excentrique est à la fois une utopie et une critique impitoyable et foncièrement pessimiste de la civilisation dite moderne et du mythe du progrès.
La première traduction française complète du " roman dada " légendaire de Raoul Hausmann, " livre de rêves " partiellement autobiographique avec lequel le Dadasophe réhabilite, en même temps qu'il le renouvelle radicalement, le genre romanesque.
"Contradiction remarquable, les Allemands sont ignobles par idéalisme ! Dans cette mesure, ils ont encore un immense avenir." Publié en 1921 et jamais encore traduit en français, Hourra ! Hourra ! Hourra ! est emblématique du dadaïsme allemand, qui toujours mêla à sa révolte artistique des revendications politiques et sociales. Ces douze satires constituent l'une des charges les plus violentes - et les plus drôles - jamais lancées contre l'esprit allemand, le militarisme, l'étroitesse d'esprit, le contentement de soi qui y règnent.