Sciences humaines & sociales
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On ne résume pas un tel ouvrage - monumental, riche et foisonnant. Disons simplement qu'il est le résultat d'un pari insensé : qu'un homme puisse, à lui seul, s'emparer de la ville et nous en restituer toutes les facettes, tous les secrets.
Qu'il s'agisse de l'arrivée sous la pluie dans une petite ville, des manifestations de rue, des dérives nocturnes ou des promenades matinales, des rythmes urbains, de la symbolique de la rue, du carrefour ou du boulevard, des
transports (bus, taxi, métro), de personnages emblématiques (prostituée, clochard), des quartiers et faubourgs, ou encore des intérieurs (hôtels, studios, salles de bain, de séjour), on se laissera donc porter par la prose d'un Sansot éblouissant, au gré de ses intuitions malicieuses et de sa géographie sentimentale.
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« L'expression me plaît. Elle implique de la noblesse. Gens de peu comme il y a des gens de la mer, de la montagne, des plateaux, des gentilshommes.
Ils forment une race. Ils possèdent un don, celui du peu, comme d'autres ont le don du feu, de la poterie, des arts martiaux, des algorithmes. La petitesse suscite aussi bien une attention affectueuse, une volonté de bienveillance. » L'originalité de ce livre tient au regard porté sur les classes populaires, ses loisirs, sa culture, un « goût commun pour les bonheurs simples ». De là des descriptions précises, savoureuses et parfois nostalgiques sur les bals du 14 juillet, le bricolage, le camping, les rituels de la vie domestique, les scènes de ménage, le football des trottoirs, la légende dorée du Tour de France...
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Comment penser la marge lorsque le centre a disparu ? Dans les textes réunis ici, Pierre Sansot interroge notre modernité obsédée par la lumière et la vitesse. Sous la pression grandissante d'un univers technique toujours plus intrusif, les foules se dispersent, les espaces de liberté sont relégués aux marges. La société se périurbanise. La marginalité urbaine devient alors une nécessité de se mettre à l'ombre, d'inventer des clairières, à défaut des boulevards qui attiraient autrefois les corps vers le centre(-ville), lieu de tous les mélanges.
Ce recueil de textes inédits de Pierre Sansot rappelle l'importance de l'oeuvre de cet écrivain du sensible et arpenteur des territoires de l'Hexagone.
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La conversation n'est pas seulement un passe-temps agréable destiné à nous délasser du travail ou à nous divertir de nos tracas, mais tout autant une occasion d'entrelacer notre existence à d'autres que nous, en toute liberté et selon notre humeur.
Nous y découvrons notre capacité à plaire, et aussi à savoir écouter. Mais alors, comment la distinguer du dialogue ou de l'entretien ? La correspondance et la causerie ne sont-elles pas des formes plus achevées de la conversation ? Pouvons-nous converser avec Dieu, avec les poètes disparus, entre amoureux, et dans quelles conditions ? A quels signes reconnaître l'horrible bavardage ? Comment éloigner les goujats, les fâcheux, les êtres suffisants qui, dans leur complétude, n'ont rien à attendre de nous, les ironistes aussi, à la froideur dérangeante ? Dans cette satire joyeuse de nos temps de " communication ", Pierre Sansot poursuit son projet singulier, récemment marqué par un Bon usage de la lenteur, de la marche ou de la séduction.
De cette conversation ordinaire qui n'est pas l'apanage de quelques nantis, nul n'est exclu, à condition d'apporter son écot, en l'occurrence des phrases, des pensées, des élans de l'esprit qui lui appartiennent en propre.
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"Si la notion de paysage mérite d'être honorée, c'est essentiellement parce qu'elle nous rappelle que cette terre, la nôtre, que nos pays sont à regarder, à retrouver, qu'ils doivent s'accorder à notre chair, gorger nos sens, répondre de la façon la plus harmonieuse qui soit à notre attente." A sa manière, mêlant philosophie, littérature et ethnologie, croquis et anecdotes personnelles, Pierre Sansot fait du paysage la géographie sentimentale et sensuelle : paysage dont on admire la beauté, paysage que l'on traverse, paysage qui nous affecte, paysage que l'on écoute, paysage que l'on habite, paysage rural ou paysage urbain...
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Le rugby est une fête, le tennis non plus
Pierre Sansot
- Payot
- Petite Bibliotheque Payot
- 23 Janvier 2002
- 9782228895095
Pourquoi avoir associé ici le rugby et le tennis ? Parce que dans l'un et l'autre de ces sports, c'est la même capacité de nous émerveiller, de rebondir, de se mêler à notre vie quotidienne, de nous permettre de rencontrer nos semblables. L'émotion, tout autant que l'adresse et la maladresse, l'amertume de la défaite, y ont leur place. Il s'agit là de redécouvrir notre humanité, notre manière d'appréhender le temps, de vivre.
Pierre Sansot
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Précurseur de la « littérature du peu » lors de sa première édition, cet ouvrage de sociologie empathique est depuis devenu un classique.
« L'expression me plaît. Elle implique de la noblesse. Gens de peu comme il y a des gens de la mer, de la montagne, des plateaux, des gentilshommes. Ils forment une race. Ils possèdent un don, celui du peu, comme d'autres ont le don du feu, de la poterie, des arts martiaux, des algorithmes. La petitesse suscite aussi bien une attention affectueuse, une volonté de bienveillance. » L'originalité de ce livre tient au regard porté sur les classes populaires, ses loisirs, sa culture, un « goût commun pour les bonheurs simples ». De là des descriptions précises, savoureuses et parfois nostalgiques sur les bals du 14 juillet, le bricolage, le camping, les rituels de la vie domestique, les scènes de ménage, le football des trottoirs, la légende dorée du Tour de France.
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Cet ouvrage ne redouble pas d'autres livres remarquables consacrés à la classe ouvrière ou à la pauvreté.
Sans les ignorer, il n'a pas pris en considération les lieux et les temps de travail au cours desquels une authentique culture populaire se perpétuait. Il a voulu discerner les traits d'une catégorie sociale d'êtres rapprochés par un certain mélange de modestie et de fierté, et, en particulier, par un goût commun pour des bonheurs simples. De là des descriptions précises, à la fois savoureuses et originales, portant, par exemple, sur les bals du 14 juillet, le bricolage, le camping, les scènes de ménage, l'ivrogne public, les rituels de l'univers domestique, la légende dorée du Tour de France.
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Après Du bon usage de la lenteur, Pierre Sansot propose ici un bon usage de la séduction . Suite de courtes fictions, qui sont autant de variations sur le thème du renoncement au monde, ce livre renoue avec le ton des moralistes français. Tour à tour drôle, provocant, sarcastique, violent ou tendre, il témoigne d'abord d'un grand amour des femmes et de la vie. Et si l'auteur - qu'on reconnaîtra sous bien des masques - renonce à la séduction, que la haine, l'égoïsme ou la volonté de dominer défigurent, c'est au profit d'une écoute plus attentive des êtres et des choses. Le monde alors ne disparaît pas tout à fait : il existe avec moins d'arrogance , et permet à l'auteur d'aborder aux rivages, peu décrits ou parcourus, de la tendresse. J'ai mis un terme aux jeux souvent insignifiants, parfois cruels de la séduction. J'ai pris le risque d'aimer et de m'exposer. Je me dis que je suis en mesure de souffrir si les circonstances l'exigent et qu'à me réserver, comme je le faisais autrefois, je passais à côté de la vie. Quoi qu'il arrive, ma joie à exister aura été sans commune mesure avec mon ancienne façon élégante, distraite de briller, de conquérir.
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Ce qu'il reste
Sansot Pierre
- Rivages
- Rivages Poche ; Petite Bibliotheque
- 16 Septembre 2009
- 9782743620080
Pierre Sansot a quitté le monde en le prolongeant d'un dernier ouvrage consacré aux restes.
Ultime clin d'oeil de cet extravagant de l'ordinaire, depuis longtemps intrigué par la profusion matérielle, sentimentale ou sociale, des restes de toute nature qui accompagnent chaque personne au fil de son existence. Restes heureux et malheureux, surplus, déchets, restes de table qui nous y retiennent, objets ou souvenirs, individuels ou collectifs. Pierre Sansot nous entraîne à traverser l'immense continent des restes, jusqu'à s'attarder autour de cette interrogation qui nous concerne tous : « Que reste-t-il d'une vie ? »
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