« Comment l'appeler ?
Je dis Anne, mais cette fausse intimité me met mal à l'aise. Je ne peux pas dire Anne, quelque chose m'en empêche, qui, au cours de la nuit, se matérialisera par l'impossibilité de rester dans sa chambre. Alors je dis Anne Frank, comme on évoque l'ancienne élève brillante d'un collège fantomatique. Deux syllabes.
Anne Frank, une histoire que « tout le monde connaît » tellement qu'il n'en sait pas grand-chose. Car « tout le monde connaît » ne dit pas que « tout le monde sait », mais qu'on est pressé de passer à autre chose, de le ranger au Musée, ce petit fantôme.
La Maison Anne Frank est un appartement vide. C'est l'absence de ses habitants devant laquelle les visiteurs défilent. C'est le vide qui transforme cet appartement, l'Annexe, en musée. Mais le vide n'existe pas. Il est peuplé de reflets qui témoignent de l'abîme, celui de la disparition d'Anne Frank.
Toute la nuit, j'irai d'une pièce à l'autre, comme si une urgence se tenait tapie encore, à retrouver. »
Entre corps érotisé et corps souffrant, magie de la scène et coulisses des douleurs, «Chavirer »raconte l'histoire de Cléo, jeune collégienne rêvant de devenir danseuse, tour à tour sexuellement piégée par une pseudo Fondation de la vocation, puis complice de ses stratégies de "recrutement". Trente ans plus tard, alors qu'elle-même a fait carrière - des plateaux et coulisses de «Champs-Elysées »à la scène d'une prestigieuse «"»revue" parisienne« - »l'affaire ressurgit«. »Sous le signe des impossibles pardons, le personnage de Cléo se diffracte et se recompose à l'envi, au fil des époques et des évocations de celles et ceux qui l'ont côtoyée, aimée, déçue ou rejetée.
Retraçant le parcours d'une fée gymnaste, qui, dans la Roumanie des années 1980 et sous les yeux émerveillés de la planète entière, vint, en son temps, mettre à mal guerres froides, ordinateurs et records, ce roman est le portrait d'une enfant, puis d'une femme, évadée de la pesanteur, sacralisée par la pureté de ses gestes et une existence intégralement dévolue à la recherche de la perfection. En mettant en exergue les dévoiements du communisme tout autant que la falsification, par les Occidentaux, de ce que fut la vie dans le bloc de l'Est, ce récit, lui-même subtilement acrobate, est aussi une passionnante méditation sur l'invention et l'impitoyable évaluation du corps féminin.
En février 1974, Patricia Hearst, petite-fille du célèbre magnat de la presse William Randolph Hearst, est enlevée contre rançon par un groupuscule révolutionnaire dont elle ne tarde pas à épouser la cause. Un événement mémorable dont la résonance va également "kidnapper" l'existence de trois femmes de générations différentes : une Américaine et deux Françaises tour à tour attachées à comprendre et reconfigurer cet épisode. Par ce roman sur l'influence décisive de leur rencontre éphémère, par sa relecture de l'affaire Hearst et de son impact médiatique et politique, Lola Lafon s'empare d'une icône paradoxale de la "story" américaine, de son rayonnement dans l'espace public et du chavirement qu'elle a engendré dans le destin de ses héroïnes.
Cet ouvrage rassemble pour la première fois les contributions de Lola Lafon à l'hebdomadaire Le 1, offrant l'opportunité au lecteur d'apprécier la plume et l'esprit aiguisé de la romancière sur des sujets aussi variés que la vie confinée ("Le rien et l'immensité"), Facebook ("Le loup, l'épée et les étoiles"), la gauche ("Fini de pleurnicher") ou encore le sexisme ("Le jeu de la marchande"). Avec, en prime, le portrait d'Émilie Lamotte, figure oubliée du combat pour la liberté des femmes.
"Alors quelques Étoiles Noires me saisissent, juste au moment où je vais tomber pour toujours, et me tiennent fermement par le bras, un de chaque côté. On fait la chaîne. Solidaires, un bloc, un Black Bloc. Je ne peux pas tomber et si mes larmes coulent, là, devant les flics qui nous visent au flash-ball et veulent nous mettre à terre, c'est uniquement parce que le foulard noir qui couvre ma bouche vient d'être transpercé de lacrymos." C'est l'histoire d'une fille qui traverse le chaos: des ex-pays de l'Est aux groupes d'extrême gauche français, des squats aux nuits passées sans jamais dormir à regarder des vidéos de surf.
Victime d'un viol quelques mois plus tôt, Landra trouve refuge dans un groupuscule nommé "Étoile NoireExpress". Dans sa révolte anticapitaliste, elle trouve un exutoire à sa "fièvre impossible à négocier". Étoile Noire Express devient la famille la survie l'amour.
C'est l'histoire d'une fille qui trouvera "la paix de son âme décousue" dans les groupes radicalement antifascistes.
Un texte captivant, qui suit une trame picaresque où l'esprit de révolte le dispute à la poésie, et construit trois portraits de femmes attachantes, fragiles et remuantes comme des oiseaux dans une tempête qui s'annonce.
emylina, depuis son enfance, n'oublie plus rien, pour être sûre de ne pas oublier quelque chose d'important.
ni son grand-oncle muet, survivant déporté, ni son oncle révolutionnaire assassiné par la police dans les années 1980, ni son enfance dans la roumanie de ceausescu, ni les mots qu'elle classe dans son cahier " a ne pas oublier ". son coup de foudre pour une jeune italienne fait aussi partie des choses inoubliables. unies par le même sentiment de malaise et de colère face à leur génération, elles sont alliées et inséparables.
mais l'italienne disparaît brutalement, en même temps qu'un meurtre est commis dans le café où elle travaillait. alors commence une quête qui n'est pas une enquête. c'est l'histoire des disparitions qui amènent à la vie. des vivants qu'on a envie de tuer et des morts inoubliables. c'est l'histoire de cette épreuve qu'est grandir, étrangère à son époque et à sa génération, dans un monde qu'on déteste, l'histoire des refuges possibles.
l'histoire de ce dont on se consolera peut-être, et du reste, qui nous laisse inconsolables.