En 1978, Aldo Moro, président de la Démocratie Chrétienne, parti qui tient l'Italie d'une main de maître depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, est enlevé à Rome et retrouvé assassiné cinquante-cinq jours plus tard dans le coffre d'une automobile. Cet événement suivi au jour le jour par les informations du monde entier a bouleversé l'Italie, l'Europe et le monde. Que voulaient les Brigades Rouges qui avaient enlevé Moro ? Quelle « spirale infernale » de terrorisme et d'assassinat a engendré cette mort ?
Quarante ans après, le livre du grand Sciascia reste d'une actualité glaciale.
Leonardo Sciascia, depuis trente ans qu'il publie, n'a jamais changé ni de style, ni de méthode, ni de sujet. Pour le plus grand plaisir esthétique, intellectuel, moral, de son public en France et dans le monde entier. Son style : celui, sec, aux mots épointés jusqu'à la transparence, d'un authentique classique moderne. Sa méthode : celle, aiguë et rusée, des investigateurs de race : la passion au service de la Raison. Son sujet : celui où l'intelligence, la création artistique comme l'organisation criminelle des pouvoirs politiques, la solitude existentielle comme les groupes d'intérêt mafieux, touchent des cimes lumineuses ou s'abîment en des labyrinthes de folie ou voguent aux coups de feu de la meurtrière {lupara} : la Sicile comme métaphore noire et blanche de notre monde. Dans {Pirandello et la Sicile}, Sciascia, à travers Pirandello, mène l'enquête au coeur de son univers culturel, social et politique, avec la maîtrise et la précellence qu'on lui a reconnues pour tous ses ouvrages (romans, récits, essais), et récemment pour {l'Affaire Moro}. Ecrit en 1960 et complété de lettres inédites pour son édition française, {Pirandello et la Sicile}, quête des origines, nous est enfin donné, qui restera comme le livre de la fascination par l'intelligence, la beauté et le mystère. Fascination à la puissance trois : Pirandello, la Sicile, Sciascia.