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La Crèche est un texte inédit retrouvé dans les archives de Manganelli au lendemain de sa mort et resté secret du vivant de son auteur. Dans ce texte, Manganelli se donne pour but d'entrer par effraction dans l'antre de la Nativité, c'est-à-dire sur la scène de naissance du monde dans lequel nous vivons.
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Le crime paie, mais c'est pas évident
Giorgio Manganelli
- GALLIMARD
- Le Promeneur
- 20 Novembre 2003
- 9782070769018
Il est arrivé à Giorgio Manganelli de dresser ainsi son curriculum vitæ : «Du point de vue syndical, il a été professeur, journaliste et écrivain inscrit à la Société des Auteurs. Il a écrit des essais et des pseudo-nouvelles dont il ne se vante aucunement ; dans tout son opus, il ne tire vanité, souvent de manière insupportable, que de ses chroniques ; parfois il les lit tout seul, et il rit.» Courts essais, notes, fragments, articles et aphorismes, inédits pour la plupart, retrouvés par sa fille Lietta dans ses cahiers et ses carnets, les textes ici rassemblés montrent tous les talents de ce Manganelli «chroniqueur». Il s'y révèle, ce qui n'étonnera pas le lecteur familier de son oeuvre, comme un analyste aigu, un virtuose du paradoxe et un critique jamais pris en défaut de l'actualité. «Funambule de la pensée», Manganelli est aussi mythologue, comme a pu l'être Roland Barthes, de notre réalité : mais il en serait le mythologue hilare.
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La mort comme lumière : écrits sur l'art
Giorgio Manganelli
- Iicp
- Cahiers De L'hotel Galliffet
- 18 Mai 2022
- 9782919205394
Pour la première fois réunis en volume les écrits sur l'art de Giorgio Manganelli Comme aimait à le dire l'un de ses maîtres, Borges, plus qu'un auteur Giorgio Manganelli est toute une littérature à lui seul : polymorphe et perverse, et toujours surprenante. Un grand nombre de ses livres, qui échappent à toute tentative de classification, a été traduit en français et beaucoup continuent à être publiés après sa mort, regroupant l'abondante production journalistique d'un auteur qui se professait non sans provocation « écrivain de café-concert ». Mais en plus de cet éloquent succès posthume, il nous reste sa passion dévastatrice pour les arts visuels. Manganelli est un outsider, mais pas un amateur : il démontre dans ces articles, recueillis ici pour la toute première fois, une compétence de spécialiste, en particulier à propos du répertoire italien des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles (Donatello, Michel-Ange, Caravage, Tiepolo...). Il s'agit d'un territoire immense, aussi bien chronologiquement (des pierres de la région de Luni, 3000 ans avant Jésus-Christ, aux compagnons de route que furent Gastone Novelli ou Carol Rama) qu'à l'aune d'une curiosité minutieuse allant de stars comme Raphaël ou Van Gogh et des tours de passe-passe fastueux et ensorceleurs des maniéristes jusqu'aux affiches victoriennes et aux ornements caducs du cimetière de Campo Verano.
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Toute l'oeuvre de Manganelli tourne autour d'un questionnement ou d'un détournement de l'écriture; chacun de ses livres est un de ces météores noirs. Il s'avance dans la critique, dans le fait divers, relit Pinocchio ou Poe. Mais, avec Centurie, c'est à la maladie du roman qu'il s'attaque. À quoi bon ce ronron des histoires, si votre intrigue, son enjeu, sa manière et son dénouement, on peut tout faire tenir en une page ?
Alors ce serait une sorte de rictus. Mais Giorgio Manganelli, affrontant le défi de 100 romans d'une seule page, doit bien déplier 100 fois le dispositif possible. Alors c'est toute la gamme du fantastique, tout le spectre narratif de la langue qui sont convoqués.
Son métier est le rêve (72), Il se réveille au milieu de la nuit et prend clairement conscience de n'avoir rien compris aux Allégories de sa propre vie (84), Cet homme est mal à l'aise, c'est évident (87), Dans la ville à demi abandonnée, dévastée par la peste et par l'histoire, vivent quelques habitants qui déménagent continuellement d'une maison à l'autre (88), Dans sa précédente incarnation, cet homme était un cheval (91), L'inventeur du cygne noir est un homme mélancolique (93), Un homme avide de rêves rêvait si abondamment que, dans l'immeuble où il habitait, personne d'autre ne réussissait plus à rêver (96), Un écrivain écrit un livre sur un écrivain qui écrit deux livres, l'un et l'autre sur deux écrivains, dont l'un l'un écrit parce qu'il aime la vérité, l'autre parce qu'elle lui est indifférente [...] (100), même de recopier les 100 incipits est un formidable déclencheur d'imaginaire, ou d'écritures en cascade.
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Giorgio Manganelli (1922-1990) aura été au XX? siècle l'un des hardis sectateurs de la littérature absolue. Au fil des âges, de manière plus ou moins ostensible, plus ou moins insolente, des narrateurs et des poètes avaient déjà empoigné semblable gonfanon. Le lecteur, ce fin limier, les reconnaît à ce qu'ils semblent partager une intuition commune : tout ce qui relève de la recherche rigoureuse du vrai - théologique, métaphysique, scientifique - n'offre d'intérêt que si le faux peut s'en nourrir. Le faux, c'est-à-dire cette fiction parfaite qui a nom littérature. Littérature : dieu obscur et sévère, qui réclame des libations d'encre, des sacrifices rhétoriques, des mensonges exacts. En des époques lointaines, on présume qu'un Callimaque, un Gongora, peut-être même un Ovide furent des adeptes de cette ambitieuse hérésie. Il n'en demeure pas moins que personne n'avait osé la formuler jusqu'à une période récente, quand les Romantiques allemands commencèrent à désarticuler d'une main délicate les présupposés de l'esthétique. Si le caractère mensonger de la littérature serpente depuis longtemps dans les oeuvres qui emplissent nos bibliothèques et irriguent nos mémoires, c'est à Manganelli que revient le mérite de l'avoir exhibé au grand jour, d'un geste brusque et presque bureaucratique. C'est donc une lourde responsabilité qu'il a prise en intitulant La littérature comme mensonge ce recueil d'essais où l'on croise Lewis Carroll et Stevenson, Hoffmann et Nabokov, Dickens et Dumas, parmi bien d'autres. Chacun pourra le constater, La littérature comme mensonge est de ces livres qui naissent en provoquant scandale et surprise, mais dont le destin est de vivre avec la force silencieuse de l'évidence.
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L'Inde prive, pour Giorgio Manganelli, tout visiteur de ses certitudes, de sa souveraineté et de ses repères. Ce pourquoi on ne peut que «faire l'expérience» de l'Inde, c'est-à-dire d'un soi désarmé, libre, affronté à cette «maison mère de l'absolu», à ce «seul lieu où il existe encore des dieux, mais comme délégués par un Dieu qui a sombré en lui-même et, simultanément, s'est réincarné en toute chose, lieu des temples et des lépreux, où le sourire du Bouddha et de Siva n'ont jamais été abolis, doux et impénétrables, extatiques et mortels».
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Le lecteur des fictions étranges de Giorgio Manganelli sera déjà familier de la figure du Bouffon, personnage qui serait le lieu naturel de la littérature et de toute invention d'histoires. Mais il lui aura fallu attendre le présent ouvrage pour voir le Bouffon se présenter directement sur la scène et parler de bout en bout dans un roman qui contient en soi maints romans (dont un irrésistible roman d'espionnage). Comme si la voix narratrice, qui se prétend celle d'un «chansonnier des lettres», était aussi celle d'un marchand qui déploie de somptueuses étoffes pour charmer (ou duper ?) le client... Et le Bouffon ne peut avoir qu'un seul client, son éternel adversaire : le Tyran, dont le lecteur - chaque lecteur - n'est qu'une des innombrables doublures. Ainsi s'affirme souverainement, à nouveau, l'idée de la littérature que ne cessa de défendre l'un des écrivains majeurs de notre modernité : «La littérature étant complexe, et donc non simplifiable, est obscure de par sa nature ; non pas difficile, non pas énigmatique, mais élusive, hallucinatoire, mystérieuse.»
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«Rondes et insaisissables gouttes de mercure, les récits éludent et déçoivent ; ils sont un soupir, un jeu de mots, un accord maladroit de vielle stridente, une ponctuation proprement sans mots qui précèdent et qui suivent, un point d'exclamation, une interrogation, et surtout ils ne sont pas monothéistes ; ils professent un athéisme minuscule, qui n'est pas inaccessible à des incursions de dieux frêles et effrontés, ou de déesses provocantes et lascives - à la condition qu'ils soient mortels, éphémères, faux, très frêles, désorientés.» Giorgio Manganelli.
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Vie de Samuel Johnson
Giorgio Manganelli
- GALLIMARD
- Le Cabinet Des Lettres
- 18 Février 2010
- 9782070127511
Objet d'une monumentale biographie par James Boswell, devenue un classique des lettres anglaises, Samuel Johnson (1709-1784) se voit ici consacrer par Manganelli une fulgurante «brève vie», que l'on pourrait à juste titre considérer comme le pendant, ou le négatif, de celle de Boswell. «Biographie synthétique», évocation d'une Londres fascinante et sordide, ce livre offre aussi la peinture de ce sans quoi Johnson n'eût été lui-même : son cercle d'amis et suiveurs, Richard Savage, écrivain malheureux, déréglé et scélérat, Topham Beauclerk, libertin joyeux et irresponsable, et Boswell lui-même, «calque littéraire, écrit Manganelli, fidèle jusqu'à l'hallucination, de l'existence et de la façon d'être du Docteur». Mais le Johnson de Manganelli est autre chose encore : le premier héros d'une civilisation moderne, un monstre sacré, admiré pour son exigence, sa capacité de juger et de rassembler auditeurs et lecteurs par la seule vertu de sa bizarrerie et d'une conversation railleuse. Il est enfin et surtout un troublant alter ego de l'auteur d'Hilarotragoedia dans ses aspects les plus secrets : la mélancolie, l'hypocondrie, l'infélicité, auxquelles ne peuvent faire rempart que la lecture, l'exaltation de l'intelligence et la morale de la littérature.
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Voyage en Afrique offre le récit d'une traversée du continent, d'Addis-Abeba à Nairobi, et du Kenya à Zanzibar, continent qui représente pour Manganelli le contraire même de l'urbanité occidentale : terre sans rues, traversée de pistes sinueuses et provisoires, toutes faites pour désorienter le voyageur qui ne peut se raccrocher à aucun repère. A la géométrie apollinienne, à l'abstraction de l'identité occidentale s'oppose cette réalité fluide, plurielle, incernable, nourrie d'archaïsmes et de forces immaîtrisables. Rien d'exotique, ni de dogmatique, dans ces notes lumineuses, restées longtemps inédites, mais la restitution saisissante, par un regard auquel n'échappent ni le détail incongru ni la mémoire des formes symboliques, d'un continent aussi fascinant qu'inaccessible, d'une Afrique " habitée mais inhabitable ".
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«Récemment - un jour bêtement banal -, un ami me rencontra dans la rue et, parmi d'autres potins à tort et à travers (c'est un ami qu'ont rendu malpoli les trop nombreux cortèges funèbres à la queue desquels il aime se mettre), il m'avisa que j'avais publié un livre. Il ne me le dit pas avec une acrimonie particulière, ni, à mon avis, avec malignité, bien que sa façon de s'exprimer fasse toujours soupçonner en lui un pervers calomniateur. Évidemment, cette nouvelle, ou ce commérage, selon quoi j'avais publié un livre, ne pouvait me laisser indifférent. Je ne voulais pas donner à ce monsieur l'impression que je n'en savais rien du tout, et pourtant ne me venaient aux lèvres que des propos généraux : "Qu'en penses-tu ?", ou "Ça te plaît ?". En fait, je ne savais pas que j'avais publié un livre ; plus exactement, j'ignorais qu'un livre avec mon nom sur la couverture avait été présenté aux libraires et, par ceux-ci, au public.» Seize récits inédits de Giorgio Manganelli écrits entre 1979 et 1986. Seize récits hantés par la «substance nuit», où s'affirme de manière définitive l'ironie absolue, la fulgurance stylistique, la trouvaille jubilatoire et l'idée de la littérature que ne cessa de défendre sa vie courant l'un des écrivains majeurs de notre modernité.
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Ce roman, le dernier écrit par Giorgio Manganelli avant sa mort, en 1990, offre comme une vision étincelante, l'hallucination d'un théologien, l'exploration et la reconnaissance d'un lieu «où il est difficile de pénétrer et d'où il est impossible de sortir». Ce lieu s'appelle, en une sorte de flou résolu, «le marécage définitif». Le narrateur y pénètre en ayant commis une faute, sans savoir laquelle. À mesure que nous suivons le narrateur et son cheval - protagoniste non dénué d'importance dans ce récit - et avançons dans cette terre «animée d'une vie trouble», nous nous rendons compte que nous sommes entraînés, en un tourbillon métaphysique, dans la création d'un démiurge malin. Et nous vient la pensée que Manganelli a voulu raconter ici le lieu même de son imagination, lieu «suprêmement dangereux», énigmatique, «répugnant et attirant», où se déroule une aventure solitaire et extrême, ce lieu frontière entre de nombreux mondes qui fut la «mystérieuses et taciturne patrie» de ce grand visionnaire.
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Pinocchio : un livre parallele
Giorgio Manganelli
- Christian Bourgois
- Les Derniers Mots
- 26 Mars 1997
- 9782267013832
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Aux dieux ulterieurs
Giorgio Manganelli
- Ombres
- Petite Bibliotheque Ombres
- 25 Novembre 1998
- 9782841420568
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Discours de l'ombre et du blason, ou du lecteur et de l'ecrivain consideres comme dements
Giorgio Manganelli
- Seuil
- Fiction Et Cie
- 1 Septembre 1987
- 9782020097505
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Bruits ou voix
Giorgio Manganelli
- Christian Bourgois
- Litterature Etrangere
- 18 Mars 1994
- 9782267008869
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À côté de sa prodigieuse fiction, Giorgio Manganelli a poursuivi avec assiduité une ?uvre d?essayiste et de critique. De nombreux volumes parus de son vivant comme La littérature comme mensonge (Gallimard, 1985) ou Angoisses de style (José Corti, 1998), par exemple, en attestent avec une éloquence certaine.
Cet aspect de son travail n?a rien d?anecdotique dans la mesure où la reconnaissance critique nourrit sa recherche littéraire, ses fictions, largement inspirées du regard porté sur le non-sensical et le roman gothique anglais.
En France, ses écrits sur l?art demeurent toutefois la partie la moins connue de l?énorme et prodigieuse masse de son travail critique dont la nouveauté du point de vue n?est plus à souligner.
Publié pour la première fois en Italie en 1987, Salons regroupe un choix de sa réflexion dans ce domaine réalisé de son vivant par son auteur lui-même. L?ouvrage offre un choix de thèmes et d?artistes et de genres extrêmement variés : Edvard Munch, René Lalique, Honoré Daumier, Benedictus, Cecil Beaton, etc. À côté des grands artistes, il accorde une place importante aux arts dits « mineurs » :
Tabatières, peintures sur éventails, verreries, tissus, photographie, etc. De sorte que l?ensemble frappe par la variété de ses thèmes et la qualité de proprement encyclopédique de son information. Manganelli rappelle ainsi, par exemple, que Munch exposait ses toiles aux intempéries avant de les estimer achevées.
Au-delà, plus important encore, nous ne sommes pas en présence d?écrits de circonstance. Le point de vue développé est profondément original et devrait intéresser non seulement les lecteurs des fictions de l?auteur mais également les historiens de l?art tant l?acuité du regard de Manganelli étonne. Ainsi, des peintres français du XIXe, pensionnaires de la Villa de Médicis, attelés à copier les ruines romaines, note-t-il que leur fenêtres sont toutes géométriquement identiques et procèdent donc d?une conception ne coïncidant qu?imparfaitement avec l?objet observé dont l?usure et l?irrégularité est du même coup gommée. Traitant de Lalique, Manganelli définit le verre comme absolument soustrait à « l?évolution » en tant que matière, son « sort est d?être lui-même ou d?être brisures ». Nous pourrions multiplier les exemples d?égale pénétration, d?égale intensité critique, ici cités à titre purement indicatif. Manganelli n?imite jamais personne, ses analyses sont toujours fortement originales.
Ce regard est neuf parce qu?il déroge à l?historicisme, d?ordinaire si vivace, et bien compréhensible, dans la critique d?art à laquelle nous sommes habitués. Manganelli traite de son objet avec indifférence pour les modes du jour afin de le transporter dans une dimension anhistorique souvent archétypale. De fait une approche symbolique distingue sa réflexion. Celle-ci découle d?un point de vue sub specie aeternitatis (sous la forme de l?éternité), l?éternité du travail de l??uvre contemplée sur l?inconscient et la conscience du spectateur, l?éternité des résonances des matières des ?uvres prises en examen. D?où un penchant affirmé pour la « déshistorisation » du propos au profit de l?allégorie, implicite ou non, tramée par l??uvre, raison première de son emprise sur son public. Ce faisant, Manganelli relie (idéalement) constamment le présent à la grande chaîne imaginaire du dépôt des images accumulées au fil du temps par les civilisations artistiques connues.
Son encyclopédisme le lui permet comme il lui permet de renouveler son regard et le nôtre.