« Qu'est-ce que la poésie ?... Qu'est-ce que l'âme ?... Lorsqu'un poème, ou simplement un vers provoque chez le lecteur une sorte de choc, le tire hors de lui-même, le jetant dans le rêve, ou au contraire le contraint à descendre en lui plus profondément jusqu'à le confronter avec l'être et le destin, à ces signes se reconnaît la réussite poétique.
Telle est, bien sûr, l'ambition secrète et démesurée de tout auteur d'anthologie. S'il la commence pour lui-même, c'est pour d'autres qu'il la termine et la publie. Choisir tout ce qui lui paraît digne et capable de provoquer chez le lecteur le choc de la beauté, voilà l'objet de son effort. C'est dire qu'il se trahit lui-même puisqu'il livre le secret de ce qui le touche.
Mon ambition est bien de donner ici l'essentiel de notre poésie, c'est-à-dire les plus beaux vers de la langue française, ceux que je trouve tels, sans doute, mais avec l'espoir qu'ils le sont vraiment. ».
Georges Pompidou.
Rédigé dans la foulée de Mai 1968, interrompu par son élection à la présidence de la République, cet essai politique d'envergure ne fut publié qu'après la mort de Georges Pompidou en 1974. Alors en disgrâce, le dauphin du général de Gaulle s'y livre à une réflexion puissante et souvent novatrice sur la France qu'il sait au croisement de son destin. Partant d'une analyse des événements de mai, il offre une série de chapitres thématiques (sur le gouvernement et les institutions, l'Université, le crépuscule du marxisme, l'économie...), avant de conclure par un manifeste volontariste mais lucide face à l'érosion annoncée des libertés fondamentales, corollaire d'une souveraineté individualiste sans tabous dont il prophétise l'avènement.
Cinquante ans après l'élection de Georges Pompidou à la présidence de la République, ce grand livre méritait une édition nouvelle. La voici, enrichie d'une préface substantielle d'Éric Roussel, son meilleur biographe.
« Le fascisme n'est pas si improbable, il est même, je crois, plus près de nous, que le totalitarisme communiste. À nous de savoir si nous sommes prêts, pour l'éviter, à résister aux utopies et aux démons de la destruction. »
Des écrits qui témoignent de la carrière politique de G. Pompidou et donc d'une partie d'histoire de France. Des détails, des anecdotes, des impressions pour mieux comprendre les relations entre le Président et son Premier ministre dans la conduite des affaires de l'Etat.
Ces écrits, inédits, de Georges Pompidou témoignent de manière intime de la façon dont il a vécu sa carrière politique, et donc un morceau d'histoire de France. Rien de lui n'a été publié depuis trente ans.
Son itinéraire est singulier car il ne l'avait pas prévu. " Je suis tellement flemmard, dit-il, je serai un professeur moyen ou un secrétaire d'État moyen. " Ce que l'on découvre ici, c'est d'abord la construction d'une personnalité : une intelligence hors du commun, une capacité d'assimilation et une mémoire extraordinaires ; une affectation de peu travailler étant donné sa rapidité ; une passion pour la poésie, la littérature, les arts en général. Fou de musée, de théâtre et de cinéma, il est entouré d'amis, d'artistes et d'écrivains. Jeune, c'est un ardent socialiste. En 1944, professeur débutant, il rencontre le général de Gaulle : c'est un choc définitif pour lui, pour de Gaulle une découverte. Pompidou est ébloui mais cet intellectuel est lucide. Son admiration est immense et le ton est et sera libre ; il est le contraire d'un godillot. Ses notes montrent qu'il s'interroge sur l'intransigeance ou le mode d'action du Général. cet homme, entièrement dévoué, est néanmoins indépendant.
L'élaboration d'un destin : ces écrits - en dehors des événements connus - apportent une foule de faits, de détails, d'anecdotes et d'impressions qui permettent de mieux comprendre les relations entre le Président et son Premier ministre dans la conduite des affaires de l'État. On saisit parfaitement, par exemple, pourquoi, après mai 68, une sorte de fatalité les pousse à s'éloigner l'un de l'autre. En 1969, il devient chef de l'État. La fidélité à l'héritage politique demeure, la continuité est évidente. Mais le gaullisme prend sans doute une dimension plus humaine. Pompidou n'a ni le même passé ni le même caractère que son prédécesseur.
On voit clairement une personnalité complexe et secrète. Le contraste apparaît entre l'homme de culture sans la moindre exclusive et le grand politique, âpre au combat, n'admettant aucune compromission avec ce qu'il considère comme la vérité. Ce qui se dessine : un homme d'État et un homme tout court avec ses hésitations, ses doutes, ses blessures et ses souffrances.
Des écrits passionnants pour le grand public, indispensables à ceux qui aiment l'histoire, d'un homme dont Henry Kissinger, dans ses Mémoires, soulignait " l'étendue de sa culture, la force de son caractère, la vigueur de sa personnalité ".