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Fata Morgana
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C'était, comme à l'opéra, une ouverture qui n'en finissait pas de remettre à plus tard le début de l'action. Cela aurait pu durer encore et durer jusqu'à aujourd'hui et au-delà. Mais voici : l'artisan commis par le dieu créateur pour préparer des projets a soudain touché le fond de sa songerie et, comme il commençait à s'éveiller, l'idée lui est venue qu'il fallait en finir avec l'être qu'il tenait en ses mains - l'être de l'homme - et que cet achèvement et accomplissement ne pourrait s'effectuer que par l'introduction, au plus profond de la matière vivante, d'un principe de lumière :
Une concrétion organique destinée à illuminer le dedans de l'être dans toutes ses dimensions.
C'est ainsi qu'il créa l'oeil.
Médecin, professeur de cardiologie, Martial Hamon dispose d'un capital culturel qui fait la part belle à l'anatomie et à l'imagerie médicale. Le peintre qu'il est devenu a choisi pour champ d'expression la matière vivante et ses constructions viscérales, oniriques et inconscientes - celles qui ont hanté l'imagination du démiurge appliqué à la création de l'homme. A ce point de son parcours, l'artiste provoque nécessairement l'écriture et la poésie. De là est née la rencontre.
De là le livre.
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Enracinée dans les photographies d'Elizabeth Prouvost, où transpire la fébrile fragilité d'un corps contorsionné, la prose de Claude Louis-Combet travaille les mêmes matériaux : nudité primale, argile, douleur ou épouvante. OEuvre des confins de l'être et des gouffres, le corps et les réflexes ne sont ici jamais en sécurité.
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Un témoignage de reconnaissance de l'écriture de J.-K. Huysmans dans lequel l'auteur éclaire la façon dont sa sensibilité littéraire, son sentiment esthétique, son sens du spirituel ont été profondément inspirés.
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Lorsqu'elle reprit connaissance, l'appareil de planches sur lequel son corps était fixé, à grand renfort de clous et de cordes, flottait sur la mer. Mais c'était une mer humaine, une immense foule de liesse, de douleur et de haine, houleuse et hurlante, hystérique et délirante, qui la faisait voguer et tanguer à bout de bras, au-dessus de têtes, comme sur un pavois - une masse convulsive, dont l'énorme confusion, hérissée de drapeaux, de bannières, d'oriflammes, couvrait l'espace jusqu'à l'horizon, comme une Chine en marche, comme la légion, multipliée à l'infini, de toutes les légions qui remplirent de leur fureur l'histoire et les rêves.
Ce recueil de Claude Louis-Combet est directement inspiré de photographies d'Elizabeth Prouvost, qui consacre une grande partie de son travail à la composition de puissantes scènes, dramatiques et symboliques, animées dans leur structure comme dans leur désolation, par l'image du Radeau de la Méduse de Géricault. De cette série des Radeaux Claude Louis-Combet a retenu cinq figurations dont chacune, à la façon d'une vision complètement intériorisée, a suscité un récit où l'horreur épouse le sublime.
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Ouvertures doit s'entendre au sens musical du terme quand on l'applique, par exemple, à des opéras. Ici, cependant, l'ouverture ne débouche sur rien d'autre qu'elle-même. Des suggestions se lisent en filigrane quant à une suite qui n'existe pas, car elle ne fut jamais composée. En effet, les deux textes réunis en ce volume sont les commencements de deux ouvrages, un essai et un roman, entrepris en 1986, brutalement arrêtés par des incidents de la vie, et sans espoir d'être repris. Le théâtre de la répétition s'annonçait comme une réflexion sur le thème de l'insistance et de la permanence du Même, dans toutes les directions de l'existence, sur le fond du plus radical de tous les désirs, qui est bien celui d'abolir le temps, de ralentir le déroulement de l'histoire, d'annuler le mouvement afin de se tenir, au mieux, dans une illusion durable d'éternité.
Ophélie voulait être un roman - le roman de la femme amoureuse du flux auquel elle s'identifie entièrement et qui l'appelle à se fondre en lui jusqu'à la dissolution complète de son être et de son histoire. Un roman tel qu'un poème, à la gloire de la beauté, de la folie et de la mort. C. L. C.
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C'est le récit d'une expérience intérieure, essentiellement solitaire et contemplative.
Le narrateur, qui ne sort pas de l'espace clos de sa chambre, et qui s'applique à la traduction d'un vieil ouvrage hagiographique, voit le monde s'effacer et se dissoudre autour de lui, rongé par une lèpre blanche qui abolit couleurs, formes et volumes. Les choses sombrent dans l'inconsistance du vide qu'il porte en lui-même et auquel, finalement, son propre corps sera réduit. Nulle intrigue, nulle anecdote, nul dialogue.
Le texte expose et retient tout à la fois l'expérience dont il rend compte. Il sinue, sans échappée, dans la blancheur des mots. Une première édition de Blanc a paru en 1980 dans la collection Le grand pal. C. L.-C.
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Trois textes, trois odes à la nature.
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Dits et médits de Lily Pute
Claude Louis-combet, Roland Sénéca
- Fata Morgana
- 13 Janvier 2016
- 9782851949523
Au crépuscule, elle descend de sa colline et mène son errance dans les quartiers du centre, là où les ruelles enchevêtrées se dépelottent sous ses pas. L'automne, l'hiver, saisons où l'ombre s'éternise dans le brouillard, on dirait qu'elle navigue plutôt qu'elle ne marche. Sa silhouette est bien connue. Beaucoup l'ont dessinée : rythme de courbes et de creux, les hanches qui entraînent, les épaules qui attendent, une large chevelure créée pour le sommeil et pour les agonies.
«La figure de Lily Pute, vierge folle, liliale et libidinale, éprise d'elle-même et soumise au désir des autres, sommeillait probablement, comme un précipité de vieilles concupiscences, dans quelque repli de mon subconscient, lorsque, en 1983, Roland Sénéca m'envoya cinq ou six gravures sans titre destinées à provoquer des spasmes d'imagination au fil d'une correspondance graphopoétique.
La perception de formes qui, en elles-mêmes, ne portaient pas d'autre intention que celle d'être là, me mettait immédiatement, et de jouissive façon, en état de dialogue. Ainsi se constituèrent quatre albums de dessins. Pour l'écrivain, prosateur de longue haleine, cette brève percée poétique accordée au rythme de quelques images fortes, fut un de ces heureux moments de distraction attentive qui, avec l'air de batifoler, ne s'éloignent jamais du centre, mais au contraire
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Des transes et des transis
Claude Louis-combet, Félix de Recondo
- Fata Morgana
- 18 Janvier 2011
- 9782851947857
Ils ne font qu'un avec la terre dont ils sont faits et qui porte à travers tout leur corps et jusqu'à leur face ouverte l'expression de leur tourment.
Tourment d'avoir été, et d'être encore, et d'appartenir entièrement à la douleur, dans la terrible finitude de l'histoire achevée. Recondo, le sculpteur, les a soulevés à bras le corps, il les a façonnés du dedans et jusqu'au cri que l'on pourrait entendre si l'on était capable, soi-même, d'un plus grand silence. Tels, ce sont les Transis, frères humains et inexorables devant lesquels les vivants que nous sommes se tiennent, afin de se connaître.