« Demeurer inconsolée ne signifie pas que je reste en larmes, tout au contraire, je reste en vie au sens où je reste vive, aiguisée, pleine d'appétit et de curiosité pour ce qui vient, sans rien vouloir effacer ou atténuer de ce qui a été, ni le bonheur de l'amour ni l'épreuve de la perte. »
Cet ouvrage n'est pas un catalogue de revendications féministes, il est un simple mais ô combien incisif exercice de lecture : en le parcourant, on a l'impression que les évangiles étaient jusques là restés cryptés, bâillonnés par les lectures masculines. En effet, il suffit de porter la focale sur les rapports de Jésus avec la femme adultère, avec la Samaritaine, la Syro-cananéenne, la femme hémorroïsse, sa mère Marie, ou Marie Madeleine, pour comprendre que Jésus a un rapport privilégié avec les femmes, bien plus profond qu'avec ses disciples, qu'il ne cesse d'ailleurs de bousculer. Cette relation particulière, qui va de la tendresse à l'admiration en passant par la compassion, est non seulement exceptionnelle pour son temps et sa culture, mais elle est encore en avance sur les rapports de genres propres à notre époque.
« Messieurs les responsables de l'Église catholique, Vous penserez que j'écris sous le coup de la colère, et vous aurez raison. Mais si ma colère s'adresse à vous, elle n'est pas contre vos personnes. Je connais nombre d'entre vous, nous nous sommes croisés, parlé, je crois même être l'amie de certains.
Ma colère est contre ce système qui étouffe le meilleur de vous-mêmes. Depuis longtemps, nous en observions les dysfonctionnements, mais cette fois, il a atteint sa limite extrême en devenant criminel, ou plus exactement complice de crimes odieux à l'égard de ceux qui sont le plus chers, notre avenir : nos enfants.
Pour pouvoir dire "plus jamais ça", il faut comprendre ce qui a permis cette situation et en extirper les racines. Que se passe-t-il quand l'Eglise éloigne de Dieu, blesse les enfants et scandalise nos sociétés ? Sans doute mes mots vous sembleront-ils durs. Ils sont à la mesure du désastre moral qui nous frappe. »
Tous les superlatifs ont été utilisés pour célébrer Jean Paul II, ce géant du XXème siècle au destin hors du commun. Sa stature politique est indiscutable, et il fut certainement l'un des acteurs de la chute du communisme. Voyageur infatigable, il a drainé, par son charisme exceptionnel, des foules immenses, en particulier les jeunes à l'occasion des JMJ.
Pourtant quinze ans après sa disparition, les fruits de ce long pontificat se révèlent terriblement amers, et l'on est en droit de se demander quelle est la responsabilité de Jean Paul dans la crise que traverse l'Église catholique, l'une des les plus graves de son histoire. Il se voulait le pape d'une restauration catholique - « nouvelle évangélisation », réarmement doctrinal, centralité de l'autorité romaine - mais cette politique a contribué à la dissimulation des pires abus. Et, à l'exception notable du monde juif envers lequel il a posé des gestes prophétiques, elle a laissé sur le chemin beaucoup de monde : les théologiens d'ouverture, les autres confessions chrétiennes, les femmes, les homosexuels...
Les auteurs engagent une relecture serrée des grands axes de ce pontificat historique. Sans esprit de polémique, ils ouvrent un droit d'inventaire