les " zoos humains ", symboles oubliés de l'époque coloniale, ont été totalement refoulés de notre mémoire collective.
ces exhibitions de l'exotique ont pourtant été, en occident, une étape majeure du passage progressif d'un racisme scientifique à un racisme populaire. depuis l'exhibition en europe de la vénus hottentote au début du xixe siècle, elles ont touché, comme on le découvrira dans ce livre remarquablement documenté, des millions de spectateurs, de paris à hambourg, de londres à new york, de moscou à porto.
dans ces exhibitions " anthropozoologiques ", des individus " exotiques " mêlés à des bêtes sauvages étaient mis en scène derrière des grilles ou des enclos. mesurés par les savants, exploités dans les cabarets, utilisés dans les expositions officielles, ces hommes, ces femmes et ces enfants venus des colonies devenaient les figurants d'un imaginaire et d'une histoire qui n'étaient pas les leurs. premier ouvrage de synthèse sur la question, rassemblant les meilleurs spécialistes internationaux, zoos humains met en perspective la " spectacularisation " de l'autre, à l'origine de bien des stéréotypes actuels.
l'enjeu de cet ouvrage est aussi de comprendre la construction de l'identité occidentale. " la somme collective que publie la découverte est de bout en bout passionnante. parce qu'elle interroge, autour du zoo humain, figure enfouie de l'ère coloniale, l'arrogante affirmation de la supériorité d'un occident blanc comme un discours racial en construction, complément transversal de l'élaboration des identités nationales.
sans négliger de faire le lien avec d'autres enfermements - ceux des fous et des déviants notamment. " le monde.
Torture en Algérie, place de l'histoire coloniale dans le récit national, questions relatives aux immigrés venus des anciennes colonies... L'histoire coloniale et postcoloniale fait aujourd'hui débat dans la société française. C'est précisément l'objet des postcolonial studies que de relire cette histoire en cherchant à saisir comment la colonisation a profondément affecté les sociétés colonisées, les anciennes métropoles et, au-delà, l'ensemble de l'Occident. Comment le racisme colonial s'enracine-t-il ? Quelles en sont les conséquences aujourd'hui ? Les rapports géopolitiques et économiques, inégaux durant la colonisation, se reproduisent-ils ? Nicolas Bancel se propose d'explorer, parmi d'autres, ces questions. S'appuyant sur des exemples concrets, il éclaire les idées développées par les postcolonial studies, explorant leur apport, mais aussi leurs limites.
Pendant plus d'un siècle, de la IIIe République naissante (1870) à la dernière décolonisation (1980, les Nouvelles-Hébrides), la propagande coloniale a fait partie du quotidien des Français. Affiches touristiques ou de recrutement militaire, expositions universelles et coloniales, manuels scolaires et protège-cahiers, couvertures de livres et de magazines, presse illustrée et brochures de propagande, photographies et cartes postales, jeux de société et bandes dessinées, publicités et films, monuments et statues, peintures et émissions de radio... tous les supports ont participé à cette apologie de la « plus grande France ». Au coeur de l'État, une Agence des colonies a été le fer de lance de cette propagande, et beaucoup ont oublié son action. Génération après génération l'idée coloniale a fait son chemin, pour devenir consensuelle durant l'entre-deux-guerres et se prolonger jusqu'aux dernières heures de l'Algérie française et même au-delà. Au coeur de cette dynamique, l'image a été un vecteur essentiel du message colonial, portant un regard paternaliste et raciste sur ceux que l'on appelait les « indigènes ».
Ce livre analyse, décode et replace dans son contexte cette incroyable production, permettant, en croisant les sources les plus diverses et des archives exceptionnelles, de comprendre les mécanismes de l'adhésion du plus grand nombre à l'Empire. Par un remarquable décryptage des images, accompagné de citations pour chaque époque, ce travail nous montre comment a été construit l'univers symbolique structurant l'imaginaire sur la colonisation. Celui-ci est indissociable de l'identité nationale et a des répercussions sur les grands enjeux politiques, économiques et idéologiques pendant près d'un siècle. Ce livre, écrit à cinq voix, permet de comprendre comment le discours sur la « mission civilisatrice » s'est imposé et comment se sont bâties les grandes mythologies de la « République coloniale », dont certaines représentations perdurent. Cette approche inédite sur notre culture visuelle, politique et historique participe au travail de déconstruction en cours sur l'héritage de la colonisation, nous permettant de regarder autrement ce passé et ses résonances dans le présent.
L'empire colonial français se développe au XIXe siècle et devient le deuxième empire le plus vaste du monde, après celui du Royaume-Uni. Les contestations se multiplient dès l'entre-deux-guerres. Mais les bouleversements liés à la Seconde Guerre Mondiale accentuent la remise en question de la domination française. Commence dès lors un long processus de décolonisation, qui est aussi le plus long conflit de la France au XXe siècle, depuis les premiers soulèvements en 1943 jusqu'aux dernières indépendances au milieu des années 1970.
Pascal Blanchard, Nicolas Bancel et Sandrine Lemaire évoquent toutes les facettes et les contradictions de ce processus, tantôt marqué par des épisodes d'une violence inouïe, tantôt accompagné de réformes et d'accords bilatéraux maintenant, des décennies plus tard, une forte dépendance des pays décolonisés vis-à-vis de la France. À travers près de 250 photographies, documents de presse ou affiches, ils décryptent l'un des plus grands basculements de l'histoire récente, et posent un regard renouvelé sur les deux faces du miroir colonial.
Le roman vrai de l'olympisme 130 ans d'histoire olympique sont revisités à travers 36 passionnants articles réunissant les meilleurs spécialistes internationaux de l'olympisme, venus de différents horizons disciplinaires - historiens, géographes, sociologues, économistes, juristes, politistes tels que Pascal Ory, Georges Vigarello, Fabrice Delsahut, Nicolas Bancel, Christina Koulouri ou Didier Poracchia. L'ouvrage est préfacé par Antoine Petit, président du CNRS, et il témoigne d'une volonté d'offrir au lecteur français un panorama international, par juxtaposition de touches successives qui, ensemble, forment un édifice bien pensé et bien pesé. L'olympisme est dépeint ici comme le reflet des enjeux et des conflits de chaque époque, depuis la question raciale à Saint-Louis en 1904 jusqu'à celle des rapports entre le CIO et les pays non-démocratiques aujourd'hui, en passant les basculements successifs du monde de la Belle Époque à la Guerre froide et à l'émergence des Suds. Traitant tant de géopolitique que d'aspects légaux ou financiers, l'ouvrage n'hésite pas à sortir des sentiers battus, s'interrogeant par exemple pour savoir si les JO de 1900 ont bien eu lieu tant ils ont laissé peu de traces, en nous initiant aux tentatives soviétiques de créer des jeux prolétaires ou en dévoilant l'affirmation d'une puissance africaine à Montréal en 1976. Les questions gênantes ne sont pas édulcorées : gouvernance du CIO, contrôles de sexe imposés aux sportives, augmentation des corps aux jeux paralympiques, gigantisme des jeux, statut des athlètes, bon usage des boycotts...
La décolonisation de l'Afrique occidentale française marque-t-elle une rupture ? C'est la question que pose ce livre. En plongeant dans cette histoire complexe, Nicolas Bancel propose une analyse articulant l'histoire politique et institutionnelle de l'AOF à l'histoire moins connue de la formation et de la politisation des élites ouest-africaines. Après 1945, une nouvelle génération devient l'avant-garde politique de l'anticolonialisme, malgré les tentatives des autorités coloniales de la contrôler. Au cours des années 1950, les syndicats se renforcent, la jeunesse entre en ébullition politique alors qu'apparaissent les premiers partis indépendantistes d'Afrique occidentale française, menaçant l'ordre colonial d'un front commun. C'est dans ce contexte que les indépendances sont négociées entre les autorités coloniales et la première génération de lettrés africains, leaders des partis politiques de masse. La nouvelle génération politique a perdu la partie ; pourtant, ses projets politiques et sociaux sont-ils si différents de ceux des autorités coloniales ?
En suivant la formation intellectuelle et corporelle de cette élite, on comprend qu'un processus d'hybridation culturelle est à l'oeuvre. Ce processus se caractérise par l'incorporation de valeurs, de normes et de styles de conduite qui rapprochent ces anticolonialistes radicaux de leurs adversaires. Porteurs de valeurs et d'outils intellectuels venus d'Occident, ils engagent une concurrence mimétique avec l'Europe, caractérisant toute l'ambiguïté des décolonisations et ouvrant sur une nouvelle perspective pour appréhender la continuité des politiques coloniales menées après les décolonisations.
En 2005, les auteurs de cet ouvrage publiaient La Fracture coloniale, juste avant la révolte dans les banlieues. Dix ans après, l'espoir d'une évolution positive s'est effondré. Dès lors s'est imposée la nécessité de faire le bilan des crises identitaires et sociales qui traversent la France de toute part. Pourquoi ce pays a-t-il plongé dans ce maelström régressif, animé par une pensée néo-réactionnaire se délectant du déclinisme, suscitant la peur devant l'Étranger, l'immigré ou le réfugié, déversant ses imprécations contre l'Europe et la « mondialisation » ? Comment éclairer la montée en puissance inexorable du Front national, ravivant les sentiments nationalistes, la passion de l'entre-soi et de la communauté ethnique ? Pourquoi relève-t-on partout le sentiment d'une urgence au ressourcement identitaire ? Les racines de cette situation postcoloniale n'ont pas changé et aucune leçon n'a été véritablement tirée des événements de 2005.
Bien au contraire. De la faillite de notre modèle d'intégration aux atermoiements de la politique de la Ville ; de l'ethnicisation des territoires aux désastres de la lutte contre les discriminations ; de l'enkystement du chômage dans les quartiers et les outremers à la fragilisation des classes moyennes ; des thèses délirantes sur le « grand remplacement » à la haine de l'Islam ; des crispations communautaires au ressac de l'antisémitisme ; de notre impossibilité d'affronter le passé colonial aux expéditions aventureuses dans nos anciennes colonies, cet ouvrage, réunissant les meilleurs spécialistes sur ces questions, entend faire le bilan des crises et crispations qui obscurcissent tout l'horizon.
Autant d'analyses qui questionnent le renfermement identitaire pour lutter contre les obscurantismes de tout bord.
À la fin du XIXe siècle, la France règne sur un immense empire : Maghreb, Afrique noire, Indochine... L'idéologie coloniale élabore un modèle de l'« indigène », sauvage que la République va doucement amener aux lumières de la « civilisation ». Après 1945, le mythe de l'assimilation potentielle des peuples colonisés se brise sur l'écueil de la guerre d'Algérie, puis des indépendances. L'image de l'immigré supplante progressivement celle de l'indigène. Aujourd'hui, la perception des immigrés de l'ex-Empire témoigne d'un retour des stéréotypes coloniaux.
Pascal Blanchard et Nicolas Bancel appellent à une analyse critique de cette page d'histoire, occultée depuis trente-cinq ans. Ce travail de mémoire permettrait de dénouer en partie les passions autour de l'immigration, enjeu majeur pour une société dont l'un des piliers fondateurs reste l'intégration.
Ce livre est d'abord une réaction au processus qui mène la France au bord de l'abîme, sur fond d'angoisses identitaires et de nostalgie de grandeur. Comment en est-on arrivé là ? À cette fragmentation de la société, à ces tensions intercommunautaires, au ressac effrayant de l'antisémitisme, du rejet de l'islam et de la haine de soi ? Comment en est-on arrivé à une logique de repli généralisée ? Comment la France a-t-elle pu céder en quelques années à la hantise d'un ennemi intérieur et au rejet de l'immigration ? Comment expliquer les blocages de la mémoire collective sur la colonisation ou l'esclavage ?
Certes, nous ne sommes plus au « bon temps des colonies », mais certains ont la nostalgie de cet « ordre impérial », revendiqué comme l'idéal d'une « France blanche ». Et le mythe du « grand remplacement » va de pair désormais avec le fantasme du « grand départ » des immigrés issus des pays non européens et de leurs enfants. Nous en sommes là ! Il est grand temps de réagir.
Comment est né le concept moderne, scientifique, de "race" ? Pourquoi est-il devenu si rapidement hiérarchique, distinguant les "races inférieures" des "races supérieures" ? Et comment ce concept a-t-il pu revêtir une telle importance, aussi bien au sein de la communauté scientifique qu'auprès du grand public, au cours du XIXe siècle et du début du XXe siècle, jusqu'à être utilisé pour expliquer l'histoire et le devenir de l'humanité ? Autant d'interrogations, à l'origine de ce livre.
L'invention de la race analyse la genèse des conceptions scientifiques de la "race", et montre que les nouvelles techniques de mesure et de représentation des corps racialisés opèrent une révolution visuelle majeure, inscrivant la différence humaine dans la biologie. Cet ouvrage avance qu'à partir d'une origine européenne, l'idée de race s'est étendue - par les connexions transnationales de réseaux scientifiques et marchands -, à tout l'Occident, mais aussi au Japon, à la Corée et à une partie de la Chine.
Partout, elle suscite représentations et politique raciales discriminatoires. L'ouvrage montre aussi que les théories sur les hiérarchies raciales ont influencé les spectacles ethniques (dont les zoos humains), les expositions internationales et coloniales, la photographie ou les collections ethnographiques. Les expositions internationales et coloniales et l'internationalisation des spectacles ethniques ont largement véhiculé ces hiérarchies, contribuant forger une vision du monde fondée sur l'inégalité des races.
Colonisation, colonialisme, décolonisation, outre-mer, anticolonialisme, esclavage, abolition, culture
coloniale, post-colonialisme, francophonie... Du xvie siècle au xxie siècle, ces mots ont
accompagné l'histoire de France. Au moment où notre pays redécouvre son passé colonial, ce livre
offre une vision d'ensemble d'un processus majeur qui a touché plus de cinquante pays dans le
monde, a marqué en profondeur nos identités collectives et demeure un débat national toujours
d'actualité. Des premiers comptoirs aux traites négrières, de la conquête de l'Algérie à la
République coloniale, des indépendances aux DOM-TOM, de l'oubli au retour de mémoire, c'est un
panorama complet qu'offrent les auteurs de ce livre.
Ils sont 15, habitaient Bourg-Argental, dans la Loire, et avaient - entre 1954 et 1962 - à peine plus de 19 ans. Ils ont fait partie de la centaine de jeunes de ce village, appelés au titre du service militaire obligatoire, pour intervenir dans un conflit qui portait, à cette époque, le nom «d'évènements d'Algérie».
Ils témoignent aujourd'hui, de la façon dont ils ont vécu cet épisode dramatique de leur jeunesse, sans formation militaire adaptée. Marqués à vie par ce qu'ils ont vu et vécu, sans aucune attention spéciale de la part des pouvoirs politiques en place, nombre d'entre eux ont gardé le silence, même vis-à-vis de leurs proches.
Les associations Les Amis de Bourg-Argental et Electron Libre Compagnie ont proposé à ces 15 anciens appelés de raconter leur histoire. De ces témoignages est né un documentaire (avec la participation de FR3 Rhône-Alpes) et aujourd'hui un livre.
L'ouvrage comporte en parallèle des témoignages des éclairages historiques et une riche iconographie.