depuis une vingtaine d'années, l'histoire de l'immigration en france est passée du statut d'objet plus ou moins illégitime dans le champ des sciences sociales à celui d'objet relativement reconnu, comme en témoigne la création de la cité nationale de l'histoire de l'immigration.
mais l'histoire politique de l'immigration, l'histoire non pas tant des politiques migratoires que des immigrés en tant que sujets, reste encore a écrire. ce déficit d'histoire a des conséquences fâcheuses tant du point de vue scientifique que politique. alors que l'histoire de l'immigration et de la colonisation est au coeur de controverses mémorielles parfois houleuses, les termes du débat se fondent souvent sur une vision partielle ou erronée des mouvements politiques de l'immigration postcoloniale.
des événements historiques, comme la marche pour l'égalité et contre le racisme de 1983 ou des mobilisations comme les mouvements de jeunes musulmans de france, font l'objet soit de discours mystificateurs, soit de disqualifications symboliques. ce livre voudrait contribuer à combler ces lacunes en offrant une vision panoramique et dynamique de l'histoire des luttes de l'immigration postcoloniale depuis un siècle.
rassemblant les meilleurs spécialistes du monde universitaire sur la question et les analyses de nombreuses figures importantes du " mouvement autonome de l'immigration ", il propose une représentation inédite d'une histoire méconnue et constitue le premier ouvrage de référence sur le sujet publié en france.
"Cet ouvrage, qui tient du journal de voyage et de l'essai ethnographique, croise deux regards sur Kinshasa et Tokyo. Ces villes n'ont a priori rien de commun, sinon d'être les capitales de pays d'un paradoxe économique : malgré ses immenses richesses, le Congo-Kinshasa (RDC) reste un abime de « sous développement », tandis que le Japon, si pauvre en ressources naturelles, compte parmi les leaders du G7. Mais ce sont d'abord les grands chemins d'un néolibéralisme débridé qui orientent les croisements de perspectives qu'explore ce livre à travers des chroniques sur une capitale postmoderne et une plongée dans l'imaginaire d'une ville postcoloniale. Croisements de perspectives sur des villes pionnières qui préfigurent notre actualité urbaine et décryptent notre contemporanéité autour d'une certaine obsolescence du Sujet des Lumières."
Ce livre est d'abord une réaction au processus qui mène la France au bord de l'abîme, sur fond d'angoisses identitaires et de nostalgie de grandeur. Comment en est-on arrivé là ? À cette fragmentation de la société, à ces tensions intercommunautaires, au ressac effrayant de l'antisémitisme, du rejet de l'islam et de la haine de soi ? Comment en est-on arrivé à une logique de repli généralisée ? Comment la France a-t-elle pu céder en quelques années à la hantise d'un ennemi intérieur et au rejet de l'immigration ? Comment expliquer les blocages de la mémoire collective sur la colonisation ou l'esclavage ?
Certes, nous ne sommes plus au « bon temps des colonies », mais certains ont la nostalgie de cet « ordre impérial », revendiqué comme l'idéal d'une « France blanche ». Et le mythe du « grand remplacement » va de pair désormais avec le fantasme du « grand départ » des immigrés issus des pays non européens et de leurs enfants. Nous en sommes là ! Il est grand temps de réagir.