L'ensemble des sources numériques a disparu brutalement de la surface de la Terre et le monde est paralysé. Les autorités découvrent que le seul survivant d'un équipage rentré d'une mission sur Mars est habité par un alien qui a accès à toutes les données perdues. Les États, les entreprises, les mafias et même des particuliers se jettent sur les traces de l'astronaute et de son extraterrestre.
Alors que le grand Bug planétaire a rendu impossible l'accès aux données numériques, l'hypermnésique Kameron Obb est la proie de toutes les convoitises. Traqué à travers le monde par des instances gouvernementales autant que par des groupuscules contestataires, il réussit à communiquer avec sa fille, elle-même kidnappée par de mystérieux ravisseurs... Mais quelle est la véritable nature du Bug ? Est-ce seulement une catastrophe technologique ou bien la conséquence d'une véritable attaque contre l'Humanité ?
Dans ce troisième épisode, Enki Bilal se régale dans la mise en scène de nombreuses femmes puissantes, avec une suite de rebondissements et de séquences spectaculaires ponctué de réflexions satiriques aussi inattendues que réjouissantes...
La Trilogie Nikopol est vraisemblablement la plus célèbre des oeuvres d'Enki Bilal. Débuté avec La Foire aux Immortels en 1980, ce fabuleux récit d'aventure et d'anticipation s'est poursuivi avec La Femme Piège en 1986 et achevé avec Froid Equateur en 1992. Cette oeuvre décisive a valu à Enki Bilal d'être consacré comme l'un des auteurs culte de la bande dessinée contemporaine, tant auprès du grand public que de la critique.
La TÉTRALOGIE DU MONSTRE est une histoire à trois voix. Celles de Nike, Leyla et Amir, orphelins de Sarajevo aux quatre coins du monde. Il s'agit avant tout d'un travail sur la mémoire. Mémoire individuelle et collective, où se mêlent des images écrites de l'éclatement de la Yougoslavie, "lieu" de naissance d'Enki Bilal (pays déjà sorti des mémoires, en même temps que sa dislocation), et des images peintes d'une entêtante conjugaison passé-présent-futur. Mémoire prospective aussi, potentielle, élargie des Balkans au reste du monde. Ce monde, seul endroit, il faut bien le dire, qui nous reste.
"Ils ont accosté. Ils ont débarqué sur notre terrasse, couverts d'un concentré noir de suie grasse et fétide... Ils paraissaient perdus, terriblement déconnectés de tout... Et d'eux-mêmes d'abord... Surtout d'eux-mêmes..."
Dans un ciel sens dessus dessous ponctué d'immenses masses nuageuses aux allures menaçantes progresse le Zeppelin sinistré Garbage et son équipage incongru : un couple de passagers de hasard embarqués à Tanger, Anders Mikkeli et Esther Roblès, deux jumelles orphelines sujettes à de mystérieuses crises de citations littéraires, leur garde du corps et le cadavre démembré du pilote de l'appareil, suspendu à ce qui reste de sa nacelle détruite. Dans les soutes, un mélange de déchets nucléaires instables et d'armes atomiques en état de marche, indice probable des visées terroristes du Garbage. Balloté au gré de la violence des vents, ses équipements verrouillés sur navigateur automatique, l'aérostat semble totalement livré à lui-même, et pourtant... Pourtant quelque chose suggère qu'il y a peut-être là un dessein, une volonté, une direction. Car au même moment, nombre des personnages croisés au fil des deux précédents volumes de la trilogie - Ana et Lester, Bacon et son dauphin hybride, Julia, Roem et Lawrence, l'ex-aumonier militaire - se sont eux aussi mis en mouvement, comme mûs par un appel secret. Leur périple annonce-t-il le stade terminal du « coup de sang » planétaire ? S'agit-il des prémisses de la troisième guerre mondiale annoncée, qui mettra ainsi un point final à la crise environnementale généralisée ? Ou d'autre chose encore, divergeant de tout ce qu'on pouvait imaginer ?
Toujours magistral, tant dans la puissance et l'originalité de son récit que dans son traitement graphique et chromatique exceptionnel, Enki Bilal apporte un point final à la trilogie amorcée dans Animal'z et poursuivie dans Julia et Roem.
Dans ce monde dont on ne sait trop s'il est l'émanation d'une histoire parallèle ou simplement le récit de notre futur, le dérèglement climatique s'est brutalement généralisé. La catastrophe porte un nom : le Coup de Sang. Sur la planète dévastée, martyrisée, l'eau potable est soudain devenue un trésor, et la survie individuelle l'obsession de chacun. Désormais, les transports sont rares et dangereux, les communications aléatoires. Seuls quelques Eldorados très isolés, refuges protégés par leur situation géographique particulière, ont réussi à préserver un semblant d'ordre social. On ne peut les rejoindre que par la mer, immense; l'unique milieu naturel, peut-être, qui conserve quelque chance de perdurer en ces temps d'incertitude absolue... Tel est le décor, fascinant, qui sert d'écrin à Animal'z, le nouveau récit futuriste d'Enki Bilal. Fidèle à ses thèmes de prédilection (la fiction conjecturale, en étroite résonance avec les convulsions et les névroses collectives de notre présent), l'auteur de La Trilogie Nikopol explore les conséquences possibles des dommages infligés au climat, dans un registre graphique nerveux qui comblera les attentes de ses très nombreux fidèles. Déroutant, surprenant, passionnant : un album d'une centaine de pages à savourer sans retenue. Du très grand Bilal.
Après le "coup de sang" environnemental dont Animal'z relatait l'impact tragique et dévastateur, la planète s'apaise et se recompose, les survivants réapprennent à s'organiser. Dans cette géographie chamboulée, des déserts ont surgi. Et c'est au coeur de l'un d'entre eux, bien improbablement situé à l'emplacement de la mer Baltique, que l'on suit la trace d'un ex aumônier militaire énigmatique, installé au volant d'une Ferrari électrique lancée à plein régime. Trois personnages vont croiser sa route : deux jeunes hommes qu'il sauve in extremis de la mort par déshydratation, et un rapace blessé par balle, dont il répare l'aile cassée...
Nike Hatzfeld a trente-trois ans lorsque sa légendaire mémoire hypertrophiée le renvoie aux tous premiers jours de sa propre naissance. Nous sommes en 1993. La Yougoslavie agonise, les obus bosno serbes pleuvent sur l'hôpital de Sarajevo. C'est là que Nike partage son lit et ses premiers jours de vie avec Amir et Leyla, orphelins comme lui. Son destin bascule lorsqu'il se souvient avoir juré, à l'âge de 18 jours, de les retrouver et de les « protéger toujours ». Entre sa mémoire de 1993 et sa réalité contemporaine de 2026, Nike Hatzfeld subit une brutale contraction du temps, qui l'entraîne dans un tourbillon d'apocalypse religieuse obscurantiste, comme si les gênes de son futur de 2026 étaient inscrits dans son premier souffle de 1993. Un bal macabre secoue la planète, ballotte le monde et ses démocraties, orchestré par un certain Optus Warhole, autoproclamé ; « l'incarnation du mal suprême »... Nike et Leyla se trouvent. Amir, de son côté, surnage avec Sacha, une fille paumée, quatrième pièce rapportée d'un puzzle en cours.
Les dix témoins de la "révélation" du Site de l'Aigle se sont tous mystérieusement volatilisés, non sans mentionner un étrange rendez vous, le 32 décembre... Optus Warhole n'est plus. Dans ce contexte chamboulé, où tous les repères semblent s'estomper, Leyla Mirkovic erre au coeur de l'hiver de Belgrade, hantée par le souvenir de Nike Hatzfeld. Pendant ce temps, dans la région des Balkans, Amir et Sacha se sont mariés. Le titre Rendez-vous à Paris indiquerait donc que la quête de Nike, sa promesse de reconstituer le trio d'orphelins Sarajevo 1993, est sur le point de se réaliser... ? A moins d'un quatrième et dernier acte...
Optus Warhole, le duplicateur d'humains, se mue en Artiste du Mal Suprême, prompt à jouer et à se jouer de tout, de l'infiniment grand, y compris une ouverture abyssale sur l'inconnu du cosmos, ou de l'infiniment petit, y compris quatre destins humains, il est vrai pas tout à fait ordinaires, car tout simplement ses préférés : ceux de Nike, Leyla, Amir et... Sacha.
Jill Bioskop, journaliste indépendante aux cheveux bleu, retrouve Nikopol dans un hôpital psychiatrique, où il a échoué après sa séparation d'avec Horus. On découvre la relation très particulière qu'entretient la jeune femme à son étrange machine à écrire, qui semble permettre à ses articles d'être publié dans un journal en 1993 et sa dépendance à des pilules pour effacer la mémoire et se guérir ainsi d'un chagrin d'amour fatal.
Rendez-vous à Paris annonçait le précédent épisode de la saga. Et de fait, c'est bien dans la capitale française que l'on marche sur les traces de Nike. Un Nike transformé, sous influence ; malgré une apparence de liberté, c'est l'emprise warholienne qui s'exerce encore sur le moindre de ses faits et gestes. IL est bien là, juste sous sa peau, conservant les événements sous contrôle. Pendant ce temps, là-haut, très loin en apesanteur, Leyla, devenue astronaute, prend subrepticement la direction du vaisseau qui fonce vers Mars...
Nikopol arrive en Afrique du Sud sur les traces de Jill Bioskop. Il y retrouve Horus et Niko, son fils et sosie, qui a le même âge que lui (à cause de l'hibernation de 30 ans de Nikopol dans l'espace). Il s'allie de nouveau avec le dieu Egyptien pour battre le champion de Chess Boxing, Johnelvis Johnelvisson.
Paris dans un futur pas si lointain. Alcide Nikopol, condamné à la fin du XXème siècle à hiberner dans une capsule spatiale, se réveille sur Terre à la suite d'un problème mécanique. Il rencontre Horus, un Dieu de l'Egypte ancienne qui essaie d'échapper à ses congénères, actuellement en résidence au dessus de la capitale, dans un vaisseau en forme de pyramide. Rapidement, les deux parias s'associent pour échapper à leurs poursuivants, humains et autres...
Né à Belgrade en 1951 d'une mère tchèque et catholique et d'un père bosniaque et musulman, Enki Bilal a dynamité les frontières entre bande dessinée, cinéma et art contemporain. À quoi ressemble ? Quel rôle attribuer à son père, tailleur du maréchal Tito, qui l'abandonne quand il a cinq ans ? Tout s'est-il joué dans cet atroce voyage en train vers l'exil, à neuf ans, ou entre les murs de la forteresse dont l'enfant avait fait sa cour de récréation ? Quel est-il, ce "casting inconscient" qui a fait éclore ces femmes aux seins bleus, et qu'est-ce que cette "planétologie" dont il a fait sa cause ? De Goscinny à Ridley Scott, des cendres de l'ex-Yougoslavie au sable d'une plage de Thaïlande, ces entretiens livrent les clefs d'un univers fascinant.