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Alexandre Dumas (1802-1870)
Un jeune cadet de Gascogne, pauvre mais rempli d'espoir et d'orgueil, monte à Paris pour devenir mousquetaire et servir le roi... Il fait la connaissance de trois mousquetaires : Athos, Porthos et Aramis...
Alexandre Dumas publie en feuilleton, dans le journal "Le siècle", ce joyau du style "cape et épée", inspiré du célèbre Charles de Batz de Castelmore d'Artagnan.
Voici le tome premier (d'après l'édition de 1910). -
Alexandre Dumas (1802-1870)
"Le lundi, dix-huitième jour du mois d'août 1572, il y avait grande fête au Louvre.
Les fenêtres de la vieille demeure royale, ordinairement si sombres, étaient ardemment éclairées ; les places et les rues attenantes, habituellement si solitaires, dès que neuf heures sonnaient à Saint-Germain-l'Auxerrois, étaient, quoiqu'il fût minuit, encombrées de populaire.
Tout ce concours menaçant, pressé, bruyant, ressemblait, dans l'obscurité, à une mer sombre et houleuse dont chaque flot faisait une vague grondante ; cette mer, épandue sur le quai, où elle se dégorgeait par la rue des Fossés-Saint-Germain et par la rue de l'Astruce, venait battre de son flux le pied des murs du Louvre et de son reflux la base de l'hôtel de Bourbon qui s'élevait en face.
Il y avait, malgré la fête royale, et même peut-être à cause de la fête royale, quelque chose de menaçant dans ce peuple, car il ne se doutait pas que cette solennité, à laquelle il assistait comme spectateur, n'était que le prélude d'une autre remise à huitaine, et à laquelle il serait convié et s'ébattrait de tout son coeur.
La cour célébrait les noces de madame Marguerite de Valois, fille du roi Henri II et soeur du roi Charles IX, avec Henri de Bourbon, roi de Navarre. En effet, le matin même, le cardinal de Bourbon avait uni les deux époux avec le cérémonial usité pour les noces des filles de France, sur un théâtre dressé à la porte de Notre-Dame."
Paris, août 1572. La paix aura-t-elle enfin lieu entre les Catholiques et les Protestants, grâce au mariage d'Henri de Navarre et de Marguerite de Valois, soeur du roi de France Charles IX ?
Voyage à travers les alcôves du palais du Louvre et de ses secrets... Complots, poisons et poignards garantis... -
Alexandre Dumas (1802-1870)
"Le 9 octobre de l'année 1799, par une belle journée de cet automne méridional qui fait, aux deux extrémités de la Provence, mûrir les oranges d'Hyères et les raisins de Saint-Péray, une calèche attelée de trois chevaux de poste traversait à fond de train le pont jeté sur la Durance, entre Cavaillon et Château-Renard, se dirigeant sur Avignon, l'ancienne ville papale, qu'un décret du 25 mai 1791 avait, huit ans auparavant, réunie à la France, réunion confirmée par le traité signé, en 1797, à Tolentino, entre le général Bonaparte et le pape Pie VI.
La voiture entra par la porte d'Aix, traversa dans toute sa longueur, et sans ralentir sa course, la ville aux rues étroites et tortueuses, bâtie tout à la fois contre le vent et contre le soleil, et alla s'arrêter à cinquante pas de la porte d'Oulle, à l'hôtel du Palais-Égalité, que l'on commençait tout doucement à réappeler l'hôtel du Palais-Royal, nom qu'il avait porté autrefois et qu'il porte encore aujourd'hui.
Ces quelques mots, presque insignifiants, à propos du titre de l'hôtel devant lequel s'arrêtait la chaise de poste sur laquelle nous avons les yeux fixés, indiquent assez bien l'état où était la France sous ce gouvernement de réaction thermidorienne que l'on appelait le Directoire.
Après la lutte révolutionnaire qui s'était accomplie du 14 juillet 1789 au 9 thermidor 1794 ; après les journées des 5 et 6 octobre, du 21 juin, du 10 août, des 2 et 3 septembre, du 21 mai, du 29 thermidor, et du 1er prairial ; après avoir vu tomber la tête du roi et de ses juges, de la reine et de son accusateur, des Girondins et des Cordeliers, des modérés et des Jacobins, la France avait éprouvé la plus effroyable et la plus nauséabonde de toutes les lassitudes, la lassitude du sang !"
Roland de Montrevel, aide de camp du général Bonaparte qui prépare un coup d'Etat, est bien décidé à anéantir les compagnons de Jéhu, association secrète royaliste qui ne cesse d'attaquer les transports de fonds de la République. Les compagnons de Jéhu sont commandés par un certain Morgan, proche du chouan Cadoudal... Morgan est amoureux d'Amélie la soeur de Roland... -
Alexandre Dumas (1802-1870)
"Entre le rocher auquel Virgile, en y creusant la tombe du clairon d'Hector, a imposé le nom de promontoire de Misène, et le cap Campanella, qui vit sur l'un de ses versants naître l'inventeur de la boussole, et sur l'autre errer proscrit et fugitif l'auteur de la Jérusalem délivrée, s'ouvre le magnifique golfe de Naples.
Ce golfe, toujours riant, toujours sillonné par des milliers de barques, toujours retentissant du bruit des instruments et du chant des promeneurs, était, le 22 septembre 1798, plus joyeux, plus bruyant et plus animé encore que d'habitude.
Le mois de septembre est splendide à Naples, placé qu'il est entre les ardeurs dévorantes de l'été et les pluies capricieuses de l'automne ; et le jour duquel nous datons les premières pages de notre histoire était un des jours les plus splendides du mois. Le soleil ruisselait en flots dorés sur ce vaste amphithéâtre de collines qui semble allonger un de ses bras jusqu'à Nisida et l'autre jusqu'à Portici, pour presser la ville fortunée contre les flancs du mont Saint-Elme, que surmonte, pareille à une couronne murale posée sur le front de la moderne Parthénope, la vieille forteresse des princes angevins.
Le golfe, immense nappe d'azur, pareil à un tapis semé de paillettes d'or, frissonnait sous une brise matinale, légère, balsamique, parfumée ; si douce, qu'elle faisait éclore un ineffable sourire sur les visages qu'elle caressait ; si vivace, que dans les poitrines gonflées par elle se développait à l'instant même cette immense aspiration vers l'infini, qui fait croire orgueilleusement à l'homme qu'il est, ou du moins qu'il peut devenir un dieu, et que ce monde n'est qu'une hôtellerie d'un jour, bâtie sur la route du ciel."
(1798-1800). Lors du renversement du roi de Naples Ferdinand IV par les troupes française, puis de la reconquête du pays par le cardinal Ruffo, nous suivons l'intrigue amoureuse entre Salvato, un espion à la solde des Français, et Luisa San Felice, l'épouse d'un officier napolitain.
Volume 1 sur 3 -
Alexandre Dumas (1802-1870)
"« Voir Naples et mourir », dit le Napolitain. « Qui n'a pas vu Séville n'a rien vu », dit l'Andalou. « Rester à la porte d'Avignon, c'est rester à la porte du paradis », dit le Provençal.
En effet, s'il faut en croire l'historien de la ville papale, Avignon est non seulement la première ville du Midi, mais encore de la France, mais encore du monde.
Écoutez ce qu'il en dit :
« Avignon est noble pour son antiquité, agréable pour son assiette, superbe pour ses murailles, riante pour la fertilité du solage, charmante pour la douceur de ses habitants, magnifique pour ses palais, belle pour ses grandes rues, merveilleuse pour la structure de son pont, riche par son commerce, et connue par toute la terre. »
Voilà un bel éloge, j'espère ! Eh bien ! à cet éloge, quoique nous arrivions cent ans après celui qui l'a fait, nous n'enlèverons presque rien et nous ajouterons même quelque chose.
En effet, pour le voyageur qui descend le fleuve auquel Tibulle donne l'épithète de celer, Ausone celle de praeceps, et Florus celle d'impiger ; pour celui qui commence, depuis Montélimar, à s'apercevoir qu'il est dans le Midi, au ton plus chaud des terrains, à l'air plus limpide, aux contours plus arrêtés des objets ; pour celui qui passe enfin en frissonnant sous les arches meurtrières du pont Saint-Esprit, dont chacune a son nom, afin que l'on sache à l'instant même où un bateau se brise contre une d'elles à quel endroit il faut porter secours ; pour qui laisse à droite Roquemaure, où Annibal traversa le Rhône avec ses quarante éléphants ; à gauche le château de Mornas, du haut duquel le baron des Adrets fit sauter toute une garnison catholique ; Avignon, à l'un des détours du fleuve, se présente tout à coup avec une magnificence vraiment royale."
Bannière est novice chez les Jésuites. Il fait le mur de son couvent afin d'aller au théâtre. Il rencontre Champmeslé, l'un des comédiens, qui a honte de sa profession : ce soir il ne veut pas monter sur les planches... Une décision qui va chambouler l'avenir de Bannière...
Volume 1/3. -
Alexandre Dumas (1802-1870)
"Le lendemain, la rumeur était grande à Versailles. Les gens ne s'abordaient qu'avec des signes mystérieux et des poignées de main significatives, ou bien avec des croisements de bras et des regards au ciel, qui témoignaient de leur douleur et de leur surprise.
M. de Richelieu, avec bon nombre de partisans, était dans l'antichambre du roi, à Trianon, vers dix heures.
Le comte Jean, tout chamarré, tout éblouissant, causait avec le vieux maréchal, et causait gaiement, si l'on en croyait sa figure épanouie.
Vers onze heures, le roi passa, se rendant à son cabinet de travail, et ne parla à personne. Sa Majesté marchait fort vite.
À onze heures cinq minutes, M. de Choiseul descendit de voiture et traversa la galerie, son portefeuille sous le bras.
À son passage, il se fit un grand mouvement de gens qui se retournaient pour avoir l'air de causer entre eux et ne pas saluer le ministre.
Le duc ne fit pas attention à ce manège ; il entra dans le cabinet, où le roi feuilletait un dossier en prenant son chocolat.
- Bonjour, duc, lui dit le roi amicalement ; sommes-nous bien dispos, ce matin ?
- Sire, M. de Choiseul se porte bien, mais le ministre est fort malade, et vient prier Votre Majesté, puisqu'elle ne lui parle encore de rien, d'agréer sa démission. Je remercie le roi de m'avoir permis cette initiative ; c'est une dernière faveur dont je lui suis bien reconnaissant."
Tome III -
Alexandre Dumas (1802-1870)
"Comme l'avait dit Musaron, les voyageurs en avaient encore pour une heure de jour à peu près, et les derniers rayons de soleil purent guider leur marche ; mais du moment où le reflet de sa flamme pâlissante eut abandonné le plus haut pic de la sierra, la nuit commença d'arriver à son tour, avec une rapidité d'autant plus effrayante que, pendant cette dernière heure de jour, Musaron et son maître avaient pu remarquer combien était escarpé, et par conséquent dangereux, le chemin qu'ils suivaient.
Aussi, après un quart d'heure de marche au milieu de cette obscurité, Musaron s'arrêta-t-il tout court.
- Oh ! oh ! seigneur Agénor, dit-il, le chemin devient de plus en plus mauvais, ou plutôt il n'y a plus de chemin du tout. Nous nous tuerons infailliblement, seigneur, si vous exigez que nous allions plus loin.
- Diable ! fit Agénor. Je ne suis pas difficile, tu le sais ; cependant le gîte me paraît un peu champêtre. Voyons si nous pouvons aller plus avant.
- Impossible ! Nous sommes sur une espèce de plate-forme qui domine le précipice de tous côtés ; arrêtons-nous ici, ou plutôt faisons-y une simple halte, et rapportez-vous-en à mon habitude des montagnes pour vous trouver un endroit où passer la nuit.
- Vois-tu encore quelque bonne fumée bien grasse ? demanda Agénor en souriant.
- Non, mais je flaire une jolie grotte avec des rideaux de lierre et des parois de mousse.
- D'où nous aurons à chasser tout un monde de hiboux, de lézards et de serpents.
- Ma foi ! qu'à cela ne tienne, monseigneur ! À l'heure où nous sommes et dans l'endroit où nous nous trouvons, ce n'est pas tout ce qui vole, gratte ou rampe qui m'effraie : c'est ce qui marche. D'ailleurs, vous n'êtes pas assez superstitieux pour avoir peur des hiboux, et je ne crois pas que les lézards ou les couleuvres aient beaucoup à mordre sur vos jambes de fer."
Volume II.
Suite des aventures du chevalier Agénor de Mauléon et de son amour pour Aïssa. -
Alexandre Dumas (1802-1870)
"Sur la rive gauche du Rhin, à quelques lieues de la ville impériale de Worms, vers l'endroit où prend sa source la petite rivière de Selz, commencent les premiers chaînons de plusieurs montagnes dont les croupes hérissées paraissent s'enfuir vers le nord, comme un troupeau de buffles effrayés qui disparaîtrait dans la brume.
Ces montagnes qui, dès leur talus, dominent déjà un pays à peu près désert, et qui semblent former un cortège à la plus haute d'entre elles, portent chacune un nom expressif qui désigne une forme ou rappelle une tradition : l'une est la Chaise du Roi, l'autre la Pierre des Églantiers, celle-ci le Roc des Faucons, celle-là la Crête du Serpent.
La plus élevée de toutes, celle qui s'élance le plus haut vers le ciel, ceignant son front granitique d'une couronne de ruines, est le Mont-Tonnerre.
Quand le soir épaissit l'ombre des chênes, quand les derniers rayons du soleil viennent dorer en mourant les hauts pitons de cette famille de géants, on dirait alors que le silence descend peu à peu de ces sublimes degrés du ciel jusqu'à la plaine, et qu'un bras invisible et puissant développe de leurs flancs, pour l'étendre sur le monde fatigué par les bruits et les travaux de la journée, ce long voile bleuâtre au fond duquel scintillent les étoiles. Alors tout passe insensiblement de la veille au sommeil. Tout s'endort sur la terre et dans l'air.
Seule au milieu de ce silence, la petite rivière dont nous avons déjà parlé, le Selzbach, comme on l'appelle dans le pays, poursuit son cours mystérieux sous les sapins de la rive ; et quoique ni jour ni nuit ne l'arrêtent, car il faut qu'elle se jette dans le Rhin qui est son éternité à elle, quoique rien ne l'arrête, disons-nous, le sable de son lit est si frais, ses roseaux sont si flexibles, ses roches si bien ouatées de mousses et de saxifrages, que pas un de ses flots ne bruit de Morsheim, où elle commence, jusqu'à Freiwenheim, où elle finit."
Tome I
Ce roman est inspiré de la vie de Joseph Balsamo, alias comte de Cagliostro.
L'histoire débute ainsi : un mystérieux personnage entre dans une mystérieuse association dont le but est de détruire la monarchie... -
Alexandre Dumas (1802-1870)
"Le 21 frimaire an II (11 décembre 1793), la diligence de Besançon à Strasbourg s'arrêtait à neuf heures du soir dans l'intérieur de la cour de l'Hôtel de la Poste, situé derrière la cathédrale.
Cinq voyageurs en descendaient ; un seul, le plus jeune des cinq, doit fixer notre attention.
C'était un enfant de treize à quatorze ans, mince et pâle, que l'on eût pu prendre pour une jeune fille habillée en garçon, tant était grande l'expression de douceur et de mélancolie répandue sur son visage ; ses cheveux qu'il portait coupés à la Titus, coiffure que les zélés républicains avaient adoptée, en imitation de Talma, étaient châtain foncé ; des sourcils de la même couleur ombrageaient des yeux d'un bleu clair, s'arrêtant comme deux points d'interrogation, avec une intelligence remarquable, sur les hommes et sur les choses. Il avait les lèvres minces, de belles dents, un charmant sourire, et était vêtu à la mode de l'époque, sinon élégamment, du moins si proprement, qu'il était facile de voir que la main soigneuse d'une femme avait passé par là.
Le conducteur, qui paraissait avoir pour cet enfant des soins tout particuliers, lui remit un paquet, pareil à un sac de soldat, et, grâce à une paire de bretelles, se pouvant porter sur le dos.
Puis, regardant tout autour de lui :
- Holà ! cria-t-il, n'y a-t-il pas quelqu'un ici de l'hôtel de la Lanterne, attendant un jeune voyageur de Besançon ?"
Entre le roman et le récit historique. L'histoire ou plutôt les histoires se déroulent entre fin 1793 (Terreur) et 1799 (Bonaparte en Egypte). -
Alexandre Dumas (1802-1870)
"Transportons de plein saut, sans préface, sans préambule, ceux de nos lecteurs qui ne craindront pas de faire, avec nous, une enjambée de trois siècles dans le passé, en présence des hommes que nous avons à leur faire connaître, et au milieu des événements auxquels nous allons les faire assister.
Nous sommes au 5 mai de l'année 1555.
Henri II règne sur la France ;
Marie Tudor, sur l'Angleterre ;
Charles Quint, sur l'Espagne, l'Allemagne, les Flandres, l'Italie et les deux Indes, c'est-à-dire sur un sixième du monde.
La scène s'ouvre aux environs de la petite ville d'Hesdin-Fert, qu'achève de rebâtir Emmanuel Philibert, prince de Piémont, en remplacement d'Hesdin-le-Vieux, qu'il a pris et rasé, l'année précédente. - Donc, nous voyageons dans cette partie de l'ancienne France qu'on appelait alors l'Artois, et qu'on appelle aujourd'hui le département du Pas-de-Calais.
Nous disons de l'ancienne France, car un instant l'Artois a été réuni au patrimoine de nos rois par Philippe-Auguste, le vainqueur de Saint-Jean-d'Acre et de Bouvines ; mais, entré, en 1180, dans la maison de France, donné, en 1237, par saint Louis, à Robert, son frère cadet, il s'égara aux mains de trois femmes : Mahaud, Jeanne Ire et Jeanne II, dans trois maisons différentes. Puis avec Marguerite, soeur de Jeanne II et fille de Jeanne Ire, il passa au comte Louis de Mâle, dont la fille le fit entrer, en même temps que les comtés de Flandres et de Nevers, dans la maison des ducs de Bourgogne. Enfin, Charles-le-Téméraire mort, Marie de Bourgogne, dernière héritière du nom gigantesque et des biens immenses de son père, alla, le jour où elle épousa Maximilien, fils de l'empereur Frédéric III, réunir nom et richesses au domaine de la maison d'Autriche, lesquels s'y engloutirent comme un fleuve qui se perd dans l'Océan."