Derrière chaque musée, chaque exposition, se cachent toujours une myriade de projets – artistiques, politiques… – et une multitude de métiers – conservation, restauration, gardiennage, artistes.
Que leur objectif soit simplement l’amour de l’art ou plutôt à visée lucrative (ou comme la plupart du temps : les deux), le public n’a que trop rarement accès aux arcanes de ces lieux capitaux qui animent pourtant la vie culturelle depuis plus de deux siècles et demi.
Nous avons eu envie ce mois-ci de vous ouvrir les portes du monde merveilleux et ambigu des musées et expositions, de vous laisser librement vous fondre dans les murs de ces lieux magiques indispensables pour y comprendre les mécanismes et rouages qui les régissent. Essais, beaux livres, bandes dessinées, romans, livres jeunesse ; tous ici tentent de répondre avec nuances à cette question que nous voulions un poil provocante : l’art exposé sent-il le renfermé ?
Comment concevoir un musée et son contenu ? Comment façonner cet outil de médiation de l'art et des savoirs ? Des années 1920 aux années 1960, Le Corbusier s'interroge, échangeant avec des conservateurs, des responsables politiques et des artistes. Outre la création d'une forme à « croissance illimitée », il défend un « musée de la connaissance » et l'utopie d'une version « électronique » pour l'Inde, inspirée par la cybernétique.
En s'appuyant sur ses écrits et ses archives, ce livre examine les positions de Le Corbusier et en analyse les ressorts, entre pragmatisme et opportunisme, fascination technologique, paternalisme néocolonial et convictions humanistes. Hybride, mobile et démultipliable, son modèle idéal tient à la fois du livre et du spectacle, et ses intuitions visionnaires entrent étonnamment en résonance avec les réflexions d'aujourd'hui sur le musée.
Les expositions temporaires d'art n'ont jamais été aussi populaires qu'aujourd'hui, essentiellement à Paris, mais également en province, comme dans de nombreux pays.
Ce n'a pas toujours été le cas. La ville de Paris, capitale des arts, a été pionnière dans ce domaine, et a servi de modèle a de nombreux musées étrangers.
Ce livre présente une sélection d'une centaine d'expositions majeures qui ont marqué les esprits, depuis la grande Exposition universelle de 1900 jusqu'à « Icône de l'art moderne. La collection Chtchoukine » à la fondation Louis-Vuitton en 2016-2017, en passant par « Les peintres de la réalité » (1934), « Van Gogh » (1947), « Hommage à Picasso » (1966), « Toutankhamon » (1967), « Paris-New York » (1977), « Magiciens de la Terre » (1989), « Mélancolies » (2005), etc., etc.
Présentées selon la chronologie, les expositions sont regroupées par périodes qui retracent l'évolution du phénomène. Pour chaque exposition, l'histoire de l'événement et de sa conception est accompagnée d'une fiche technique, du parcours de visite, d'une analyse de l'affiche, d'une revue de presse, et d'illustrations (affiches, accrochages, vernissages,oeuvres).
Les mutations récentes de l'art contemporain conduisent à l'apparition d'un nouveau personnage sur la scène de l'art, le curateur, dont les champs d'intervention et les modes d'action se distinguent de ceux traditionnellement attribués aux commissaires d'exposition. Le curateur ne se contente pas d'être au service des artistes ou des institutions culturelles : il entend participer à la création et à l'extension de cette scène artistique au-delà des limites qui lui sont habituellement assignées. Le curateur peut de ce fait occuper différents rôles, parfois simultanément : artiste, activiste, programmateur, critique, conservateur. Il incarne ainsi un « travailleur culturel » d'un nouveau genre, qui n'est pas entièrement du côté de la création et pas non plus complètement du côté de la réception ou de la transmission de l'art. S'intéressant davantage à des processus, dispositifs ou relations qu'à des objets autonomisés, sa responsabilité ne se limite plus au domaine de l'art et cherche à s'inscrire dans l'espace public.
Le discours sur l'art traite généralement d'oeuvres, d'artistes ou de création mais délaisse un aspect essentiel de la relation esthétique : l'exposition.
De fait, la question est complexe : comment aborder conjointement des éléments aussi hétérogènes que les relations entre objets, les relations de ces objets à des lieux ou à des publics ou encore les relations internes au monde de l'art qu'ils sous-tendent ? une partie de la difficulté tient aux compréhensions contradictoires impliquées par l'exposition ; car exposer c'est à la fois produire une énonciation (un exposé) et découvrir, mettre à nu, mettre en danger.
A la fois révéler - en un sens quasi photographique - et dévoiler : dénoncer et donner en exemple - rabaisser et élever. bien que la question de l'art et de son appréciation ne se réduise évidemment pas à un ensemble de dispositifs de présentation, à des textes d'accompagnement ou de critique, à des choix de commissaires, il n'en demeure pas moins que la prise en compte des procédures d'exposition éclaire singulièrement la place de l'art dans notre monde.
Des explications sur les circonstances entourant la création d'une oeuvre - de même que la façon dont ces circonstances sont connues et divulguées - enrichissent sa connaissance et en modifient le sens et l'approche. de même, une réflexion sur les publics, la scénographie, l'architecture, les commentaires, les textes de présentation, permet de voir en quoi les différentes médiations orientent et réorientent en permanence le jugement sur les oeuvres et notre compréhension de l'art.
"La peinture s'apprend dans les musées", disait Renoir. Mais une fois à l'intérieur, c'est plus facile à dire qu'à faire. Que penser d'une oeuvre dont le cartel annonce "Sans titre, 1973" ? Où regarder quand au détour d'une allée un sexe peint, magnifiquement certes, mais tout de même offert, surgit dans votre champ de vision ? Et comment réagir quand un gardien de musée vous regarde fixement alors que, non, vous ne comptiez pas partir avec La Joconde sous le bras ?
Comment visiter un musée renouvelle la manière d'appréhender les lieux d'exposition. Que vous soyez un habitué ou un parfait novice, il vous révèle la pertinence et l'absurde des conventions muséales.
Le comportement attendu - "Marchez lentement, mais ne vous arrêtez pas" - est rarement le plus adapté. Ce guide vous encourage à redevenir acteur de votre visite, à vous approprier ce lieu afin de vous enrichir véritablement au contact des oeuvres, à faire vôtre le défi que l'art représente en vous questionnant.
Comment tirer de précieux enseignements des gardiens de musée ? apprendre à distinguer le beau du n'importe quoi ? réaliser que vos enfants sont sans doute les meilleurs guides pour entrevoir le sens caché d'une oeuvre ? Comment visiter un musée vous livre les conseils qui vous permettront de passer de l'errance à l'action, et de prendre plaisir à tout ce qu'un musée permet de vivre... car finalement le guide, c'est vous.
- Cérès Franco, jeune brésilienne qui arrive à Paris au début des ann ées 1950, o uvre s a g alerie « L'OEil de Boeuf » en 1972.
Durant vingt-cinq ans, elle y expose l'ar t Brut, l'ar t Naïf, les Singuliers de l'ar t (Jaber, Chaïbia), la Nouvelle Figuration (Jacques Grinberg, Michel Macréau), le groupe Cobra (Corneille), l'Expressionnisme (Jean Rustin, Stani Nitkowski), etc. et fait de sa galerie un lieu d'expression bouillonnant, mettant en avant « la face cachée de l'ar t contemporain ».
Des artistes exhilés venant du monde entier (39 nationalités) s'y retrouvent.
- Analyser la relation presque symbiotique entre la biographie de Cérès Franco, faite de rencontres (qui structurent ici l'ouvrage en chapitres), et la constitution de sa collection.
- Replacer cette trajectoire dans un contexte historique : celui de Paris, plaque tournante du monde de l'ar t après 1945.
«Qu'avaient vu, jusqu'en 1900, ceux dont les réflexions sur l'art demeurent pour nous révélatrices ou significatives, et dont nous supposons qu'ils parlent des mêmes oeuvres que nous [...] ? Deux ou trois grands musées, et les photos, gravures ou copies d'une faible partie des chefs-d'oeuvre de l'Europe. [...] Aujourd'hui, un étudiant dispose de la reproduction en couleurs de la plupart des oeuvres magistrales, découvre nombre de peintures secondaires, les arts archaïques, les sculptures indienne, chinoise, japonaise et précolombienne des hautes époques, une partie de l'art byzantin, les fresques romanes, les arts sauvages et populaires. [...] nous disposons de plus d'oeuvres significatives, pour suppléer aux défaillances de notre mémoire, que n'en pourrait contenir le plus grand musée.Car un Musée Imaginaire s'est ouvert, qui va pousser à l'extrême l'incomplète confrontation imposée par les vrais musées : répondant à l'appel de ceux-ci, les arts plastiques ont inventé leur imprimerie.»
Voyage de l'autre côté du miroir.
Dans un futur indéterminé, à moins qu'il s'agisse d'un monde parallèle ou d'une autre dimension de la réalité, Marc-Antoine Mathieu nous entraîne dans les profondeurs du musée, dans les entrailles de l'institution.
Nous suivons les pas du Volumeur, chargé de quantifier l'inquantifiable, et de son assistant Léonard. Ils vont arpenter les coulisses du plus grand musée du monde pour en prendre les mesures. Mais peut-on mesurer l'incommensurable ?
Marc-Antoine Mathieu profite de l'occasion pour nous montrer «ce qu'on ne voit pas». Dans ces souterrains d'un Louvre imaginaire, il nous dévoile un univers dont le musée ne constitue pas seulement le décor mais aussi la raison d'être.
Véritable entité vivante, ce dernier ne cesse de croître et d'échapper ainsi à toute classification. Plutôt que de confronter notre regard aux oeuvres conservées, Marc-Antoine Mathieu préfère traiter le musée comme une oeuvre à part entière et nous livre sa réflexion sous la forme d'un voyage à travers des lieux secrets et cachés qui en sont les rouages, la mécanique, la machinerie. De la salle des moulages à l'atelier des cadres, de l'atelier des copies à la salle-du-chef-d'oeuvre, nous sommes conviés à une visite originale et surprenante et allons à la rencontre de personnages aux activités curieuses et étrangement inquiétantes.
Les musées français ont été largement remodelés, voire reconstruits, depuis une génération : ils suscitent aujourd'hui un attachement unanime de la part d'un public de plus en plus nombreux. Mais cette mutation spectaculaire a souvent effacé la mémoire des lieux derrière une célébration convenue de la muséologie contemporaine.
Saisir les musées comme ensembles matériels et, indissolublement, comme savoirs, valeurs et régimes de sens : tel est le projet de cet ouvrage. Illustrant, dans son moment fondateur, l'utilité publique de l'art et du savoir, le musée du XIXe et XXe siècles se met au service, selon les cas, des propagandes républicaines et monarchique, participant à la construction de la Nation et des identités collectives. La fin du XXe siècle voit surgir un nouveau modèle d'établissement, qui place les publics au centre de ses préoccupa-tions et contribue au développement culturel comme à la définition d'un patrimoine.
Loin d'une image stéréotypée de l'accroissement continu des musées, dans un unanimisme réconciliateur de l'art et du savoir, l'auteur prouve combien les enjeux politiques, voire sociaux, ont toujours marqué l'histoire de ces institutions et de leurs rencontres plus ou moins réussies avec les visiteurs.
Le musée est-il chaud, est-il froid ? Est-il haut, est-il bas ? Y a-t-il des veaux, y a-t-il des rats ? Et que viennent y faire tous ces gens ? Visiter ? mais visiter qui, quoi ? Chercher quelqu'un ? un arbre ? un chien ? Se montrer, s'aimer, manger, chuchoter, s'extasier, pisser, dormir, copier ? Le musée espace de liberté ou prison pour dingues ? Qui habite les musées ? Le passé, le présent, ma tante, des oeuvres, des chefs-d'oeuvre, des gardiens de chefs-d'oeuvre, des voleurs, des Saintes Vierges, Mickey, Giorgio De Chirico, la lumière, l'obscurité ou personne ? Et l'art dans tout ça ? L'art est un scandale et «musée» se glisse dans «s'amuser». Avec l'humour grinçant particulier à Jean-Michel Ribes, Musée haut, musée bas met en scène, à travers une multitude de décors, une douzaine de personnages, artistes, visiteurs, conservateurs et guides, qui s'éparpillent dans le grand bazar de la culture d'aujourd'hui exposée sous toutes ses facettes.
Quand le marché de l'art propose des toiles humaines, éthique et esthétique se livrent une lutte à mort. «Clara et la Pénombre», le roman des violents clairs-obscurs, rejoint enfin la collection Babel noir.
C'est un minuscule tableau de maître. Un oiseau fascinant. Inestimable.
La raison pour laquelle Theo Decker, 13 ans, s'est retrouvé en possession de ce chef-d'oeuvre de l'art flamand est une longue histoire... Un hasard qui, huit ans après ce jour tragique de pluie et de cendres à New York, l'obsède toujours autant. Des salons huppés de Manhattan aux bas-fonds mafieux d'Amsterdam ou de Las Vegas, Le Chardonneret surveille l'effroyable descente aux enfers de Theo et préside à son étrange destin...
Cet ouvrage a reçu le prix Pulitzer.
Jean Fournier fut, de 1954 à 2006, l'un des plus importants directeurs de galerie d'art contemporain en France. Amoureux de la peinture, il a accompagné, dès leurs débuts, des artistes majeurs, tel Simon Hantaï, et révélé le travail des Américains de Paris, héritiers de l'expressionnisme abstrait : Joan Mitchell, Sam Francis, Shirley Jaffe, James Bishop. Dans sa galerie rue du Bac, puis rue Quincampoix, il fait découvrir une nouvelle génération de peintres, comme Claude Viallat, Pierre Buraglio, Bernard Piffaretti. Les collections publiques françaises (Centre Pompidou, en tête) sont riches des oeuvres de ceux qu'il a défendus et un regard sur les grandes collections privées des années 1970 et 1980 témoigne de sa réelle influence. Sa perspicacité lui fit épouser la cause d'artistes, certes peu nombreux, mais triés sur le volet, dont il avait pressenti très tôt qu'ils feraient partie des figures de premier plan. Sa probité exemplaire lui valut l'estime de toute la profession. Un demi-siècle d'art porte à jamais la trace de son action.
Ce livre fourmillant de détails invite les enfants à explorer un musée dans ses moindres recoins et à découvrir des musées célèbres dans le monde entier. En soulevant les nombreux rabats, ils apprendront comment on organise une exposition, où sont entreposées les oeuvres d'art et comment assurer leur conservation.
Dès 6 ans / 16 pages / 276 x 216 mm ;
Ancien directeur du Musée Picasso de Paris, commissaire d'expositions, l'auteur s'insurge contre la faiblesse des politiques culturelles françaises et une certaine dérive muséologique avec le monnayage des collections nationales. A titre d'exemple, il cite la politique du Louvre à Abu Dhabi.
Une exposition présentant la vie de de G.H. Rivière, sa carrière, son rôle dans le monde des expositions et ses goûts personnels. Considéré comme le créateur du musée moderne, il participa à l'émergence de la muséologie et de l'ethnographie de la France. Il fonda également le Musée des arts et traditions populaires à Paris et fut directeur du Conseil international des musées de 1948 à 1964.
Caractérisée par son aspect éphémère, l'exposition d'oeuvres d'art finit toujours par disparaître pour ne rester dans la mémoire qu'à travers les traces que sont les catalogues et les archives.
Parmi ces archives les vues d'exposition jouent un rôle à la fois singulier et déterminant.
Fabien, surveillant au Louvre, aime son métier. Depuis quelques semaines, il aime aussi Mathilde. Celle-ci vient présenter son ami à sa famille dans la vaste maison de campagne près d'Angers. Non sans appréhension : le clan Benion est « un peu particulier ». Après le dîner, on veut « montrer un truc » à Fabien. Au grenier, à l'occasion de travaux, on a trouvé récemment un coffre dans lequel un aïeul avait laissé une affreuse toile représentant un pauvre clébard, qui louche. Que vaut le tableau de l'ancêtre, demandent les Benion, est-ce une croûte ou un chef d'oeuvre ? On veut l'avis de l'expert sur l'oeuvre peinte. Fabien est emmerdé, il n'est que surveillant, et botte vaguement en touche. Mais pour les Benion, la cause est entendue, tant que l'inverse n'est pas prouvé, le tableau de l'aïeul a droit au Louvre. On s'en amuse. Fabien espère que tout ça n'est qu'une lubie de pochetrons. La suite lui prouva que non.
Dans un futur très lointain et indéterminé, notre continent a été enseveli sous les glaces. Dans l'espoir de retrouver des traces de notre civilisation, une équipe de scientifiques s'aventure dans les contrées gelées. Elle est composée d'humains et de chiens-cochons parlant notre langage, portant lunettes noires et sachant skier ; ils sont utilisés pour leur remarquable flair " historiologique ".
Émergeant des étendues glacées, tel un grand iceberg à la dérive, un immense bâtiment richement décoré s'offre à la curiosité des membres de l'expédition. En entrant dans ce lieu, ils découvrent alors l'impensable : les richesses incroyables de cette civilisation préglaciaire. Ils viennent sans le savoir de pénétrer dans le Louvre, dont les collections sont miraculeusement intactes. Chaque membre de l'expédition tente alors, grâce à ces oeuvres, d'expliquer la civilisation disparue et ils élaborent les plus folles extrapolations. Ainsi, la découverte d'une pièce de deux euro leur donne à penser qu'Euro était le nom de notre continent...
Des tableaux de Delacroix ou de Le Brun, en passant par les figurines d'exécration ou des poteries cyrénaïques, Nicolas de Crécy se fait le guide époustouflant d'une improbable visite au Louvre. En forme de fable, cette stupéfiante réflexion sur la culture donne envie de se précipiter dans ce musée pour y découvrir ou re-découvrir, avec un regard nouveau, ses innombrables chefs-d'oeuvre.
Au-delà de l'habituel questionnement ou du simple commentaire, un véritable énoncé des conditions d'une possibilité d'action qui a tout d'une révolution.
A chaque époque son protocole, à chaque situation ses outils d'analyse et de fabrication d'une oeuvre d'art commune et singulière : telle est l'ambition des Nouveaux commanditaires pour notre temps. La proposition d'un artiste, François Hers, qui transforme radicalement les conditions d'émergence et d'appropriation de l'art et l'engagement d'un médiateur, Xavier Douroux, qui tire les premiers enseignements de l'expérience de sa mise en oeuvre.
"Paul Valéry avait raison. Trop d'oeuvres, chacune différente des autres, toutes fatalement hors contexte, fatiguent les yeux et l'esprit. "