« Pouvez-vous citer cinq noms de femmes artistes ? »
Par cette simple question, le National Museum of Women in the Arts à Washington alerte sur le peu de visibilité accordée aux femmes dans l’histoire de l’art. « Demandez à quelqu’un de nommer cinq artistes, précisait-il, et beaucoup de gens vous donneront des noms d’hommes. »
A l’occasion des expositions Femmes peintres au musée du Luxembourg et Elles font l’abstraction au centre Pompidou, nous tenions absolument à tenter de réparer les lacunes de l’histoire de l’Art en redonnant à ces femmes la place qu’elles méritent – femmes souvent reléguées uniquement au statut de muse, même lorsqu’elles étaient elles-mêmes de très grandes artistes. Nous nous sommes lancés dans la lecture d’ouvrages sur le sujet qui nous semblaient pertinents, importants, militants afin de démanteler nombre d’idées reçues sur le sujet. Une petite mise en bouche ?
Idée reçue numéro 1 : « Il n’y avait pas de femmes artistes avant le 20ème siècle. » FAUX : Même si les femmes avaient toutes les difficultés du monde à accéder au statut d’artiste, elles étaient bien au rendez-vous ! Mais invisibilisées à l’extrême, et absentes des manuels d’histoire de l’art. Pour preuve : la première femme artiste connue est Hélène, fille de Timon d’Égypte, et qui exerça en… l’an 400 avant Jésus-Christ !
Idée reçue numéro 2 : « Les femmes ont une place de choix dans l’art contemporain. » FAUX : selon la société Artprice, en 2017, les femmes ne représentent que 14% des 500 meilleurs artistes contemporains.
Idée reçue numéro 3 : « Le combat des femmes pour leur reconnaissance en tant qu’artistes est très récent. » FAUX: Dans les années 80 déjà, un groupe de femmes artistes new-yorkaises, les Guerrilla girls, clamait : « Faut-il que les femmes soient nues pour entrer au Métropolitan Museum? Moins de 5% des artistes de la section art moderne sont des femmes, mais 85% des nus sont féminins ». Le texte fondateur de Linda Nochlin, «Pourquoi n’y a-t-il pas de grande artiste femme?», réédité cette année par Thames & Hudson, date quant à lui de 1971. Et Frida Kahlo, artiste emblématique de la première moitié du XXème siècle, fit de son combat féministe une affaire personnelle, voulant défendre avec ardeur « cette masse silencieuse et soumise ».
Idée reçue numéro 4 : « Si les femmes artistes se cantonnent aux natures mortes, c’est par sensibilité féminine. » FAUX : Jusqu’au milieu du XIXème, l’enseignement artistique de base (le nu) est interdit aux femmes ! On leur réserve les arts considérés comme secondaires (portrait, paysage, nature morte). Difficile, dans ce cas, de parler de véritable choix personnel !
Pour définitivement sortir des idées reçues, nous avons préparé une large sélection d’ouvrages à découvrir en librairie qui montre toute l’étendue et la puissance de la création des femmes artistes.
Julia et Christian
Recueil de travaux inédits, d'études historiques, et de propositions esthétiques, cette anthologie d'approches théoriques et artistiques féministes en art contemporain affirme la nécessité de penser l'articulation entre art et histoire globale, art et genre, art et corporéités, art et post-colonialité, à partir de références textuelles, visuelles, performatives et conceptuelles.
Avec les contributions de : Marie-Laure Allain Bonilla, Émilie Blanc, Johanna Renard et Elvan Zabunyan.
Les femmes ont longtemps été perçues par les artistes comme des objets de représentation et des muses. Aujourd'hui, les artistes femmes ne sont plus obligées de travailler dans l'anonymat ni de prendre des pseudonymes masculins, mais elles sont encore particulièrement absentes des musées et l'interrogation posée par les Guerrilla Girls, en 1989, dans les rues de New York, garde toute sa force : «Les femmes doivent-elles être nues pour entrer au Metropolitan Museum ?»Dans cet ouvrage, Flavia Frigeri met en lumière le travail remarquable d'artistes femmes et explore la vie d'une cinquantaine d'entre elles, du XVIe siècle à nos jours, parmi lesquelles Artemisia Gentileschi, Georgia O'Keeffe, Frida Kahlo ou encore Louise Bourgeois.Ce guide essentiel comprend en outre une fascinante chronologie des accomplissements réussis par des femmes depuis 1558 ; on y trouvera aussi des suggestions de lectures pour aller plus loin, ainsi qu'un index des artistes femmes du monde entier.
Paru en 1971 dans ArtNews, "Pourquoi n'y a-t-il pas eu de grands artistes femmes ? " a fait date dans l'histoire de l'art. Largement reconnue comme la première historienne de l'art féministe, Linda Nochlin démantèle la notion de génie artistique codée par les hommes et dévoile les structures institutionnelles et sociales qui ont tenu les femmes à l'écart des carrières artistiques pendant des siècles.
Elle consacre ensuite une longue étude à la figure de l'artiste Rosa Bonheur et sa place dans la société. Rédigé il y a plus de trente ans mais toujours très actuel, ce texte a été publié pour la première fois en français en 1993 au sein du recueil désormais épuisé Femmes, Art et Pouvoir (éd. Jacqueline Chambon). Il fait ici l'objet d'une nouvelle traduction. En français, le titre de l'ouvrage a toujours été traduit au masculin, puisque le recours à l'idée de grandeur dans l'histoire de l'art a systématiquement été formulé par des hommes, sur des hommes.
De fait, le féminin en a été purement et simplement exclu. Pour cette édition, ce livre est accompagné d'un appendice de Linda Nochlin appelé "Trente ans plus tard", où elle commente l'émergence de nouvelles artistes, notamment Joan Mitchell, Louise Bourgeois et Cindy Sherman.
Le Centre Pompidou met à l'honneur près de 200 artistes femmes et plus de 500 oeuvres montrant ainsi la conquête par les femmes du statut d'artiste au cours du XXe siècle. Avec des artistes de tous les domaines de l'art : peintres, sculpteurs, vidéastes, cinéastes, designers, architectes, etc.
En 1971, Linda Nochlin s'interrogeait sur la visibilité des femmes dans le monde de l'art. À travers ce travail de recherches effectué lors de mon doctorat, il est question de reprendre ce questionnement fondateur afin d'analyser les diverses étapes que la femme a dû traverser du xixe siècle jusqu'à nos jours. De par un discours centré essentiellement sur Camille Claudel et Louise Bourgeois, d'autres artistes femmes vont être sollicitées afin de comparer leurs parcours. Ceci pour comprendre la démarche artistique de ces femmes dont l'intimité surgit au travers de leurs oeuvres. L'intime, sous diverses formes et médiums proposés, est le moteur de leurs créations. À cela, vient s'ajouter la possible interrogation sur l'existence d'un « art féminin » ou d'un art des femmes dont le noyau central serait l'éclosion de cet intime qu'elles font partager au public. L'analyse des oeuvres et leur réception par le public seront des éléments clés de ce discours. La redécouverte et la reconnaissance dite tardive de Camille Claudel et Louise Bourgeois dans les années quatre-vingt est l'un des éléments importants étudiés dans ce travail. Ces deux artistes, sculptrices, sont liées par le temps - 1982 - et par la vie dont le passé est la source majeure de leurs oeuvres.
«On ne naît pas artiste mais on le devient. Du plus loin qu'on s'en souvienne, l'histoire de l'art a été pensée, écrite, publiée, transmise par des hommes. Et quand on est née femme, être artiste, le prouver, y avoir accès, produire, montrer, continuer à le demeurer est un combat permanent, dangereux, épuisant physiquement, intellectuellement et psychiquement. Le temps semble aujourd'hui propice pour revisiter et regarder autrement les créations de celles qui ont eu le courage de défier les règles pour assouvir leur vocation.»
Artemisia Gentileschi, Élisabeth Vigée-Lebrun, Camille Claudel, Sonia Delaunay, Frida Kahlo, Louise Bourgeois, Yayoi Kusama, Niki de Saint Phalle,... Si vous lisez DADA, vous les connaissez forcément !
Les femmes ont dû lutter pour être reconnues, dans la vie... comme dans l'art. On les a souvent cantonnées au rôle de muse ou de modèle. Quand ont-elles pu accéder aux formations artistiques ? Quand les a-t-on autorisées à s'emparer de tous les genres, et pas seulement ceux dits « mineurs » ?
Pour autant, des femmes artistes, il y en a eu et de tout temps. Du Moyen Âge à nos jours, voici des oeuvres qui valent bien ces tableaux, ces dessins, ces sculptures, ces photographies... faits par des hommes. Car tout cela est une « histoire », et il est temps de changer de narrateur !
Si les femmes sont extrêmement présentes dans l'art occidental en tant que personnages figurés, force est de constater qu'elles le sont beaucoup moins en tant qu'artistes. L'image sociale de la femme peintre, sculptrice ou photographe fut longtemps déconsidérée. Pour faire tomber ces obstacles, il a fallu des combats politiques et esthétiques, marqués par un féminisme à la fois courageux et créatif.
Découvrez dans cet ouvrage des personnalités singulières et très fortes dans l'adversité comme Sonia Delaunay, Niki de Saint Phalle ou plus récemment Shadi Ghadirian.
A partir de l'exceptionnelle collection du Musée national d'art moderne, Camille Morineau nous propose un voyage à la fois chronologique et thématique dans la création de 1905 à nos jours ; des pionnières de la première moitié du XXe siècle aux artistes d'aujourd'hui, en passant par les combattantes des années 1960.
Au fil des oeuvres, des techniques et des chemins individuels, la notion d'un art dit " de femmes " s'efface au profit d'un parcours vivant dans l'art des XXe et XXIe siècles. Enrichi de nombreuses illustrations, d'encadrés thématiques, d'une chronologie et de biographies d'artistes, cet ouvrage accessible et indispensable nous offre les clés pour comprendre l'art de notre temps.
Le continent africain voit émerger depuis la fin des années 1980 une nouvelle génération d'artistes femmes, amorçant un rééquilibrage entre les sexes et une revitalisation de la création alors que l'art africain contemporain commençait à être exposé dans les musées internationaux. "L'Autre continent" rassemble une dizaine d'artistes nées ou établies en Afrique subsaharienne travaillant des supports variés : dessin, estampe, vidéo, photographie, installation, sculpture.
« Que seraient devenus Mahler, Fellini, Hitchcock, Nabokov, Picasso, Dali, Fitzgerald, Bonnard, Cézanne et bien d'autres, sans Alma, Giulietta, Gala, Vera, Olga, Dora, Zelda, Marthe, Hortense ? Inspiratrices, muses ou modèles, collaboratrices, gouvernantes, conseillères, garde du corps, créatrices se sacrifiant pour le grand homme, ou rebelles intransigeantes ne lui cédant rien, préférant la provocation stimulante. D'une manière générale, elles furent toutes de formidables complices de créateurs, formant avec eux des couples mythiques tels Jean Tinguely et Niki de Saint Phalle, Frida Khalo et Diego Rivera, Dora et Picasso, Signoret et Montand, ou des duos moins connus tels Bonnard et Marthe, Cézanne et Hortense, Pollock et Lee Krachner, Nabokov et Vera qui sauva Lolita des flammes.
Femmes d'artistes et femmes artistes. Avant de nous quitter brutalement, Antoinette Fouque m'avait suggéré ce thème en me demandant cependant de bien réfléchir avant de me « jeter à l'eau », comme si j'allais m'embarquer dans une aventure périlleuse. Mais c'est exactement ce qu'il fallait me dire. Depuis mon petit rocher des certitudes, je me suis donc « jetée à l'eau » en pensant qu'elle se trouvait là à quelques mètres. Illusion. J'étais devenue Alice tombant dans un trou sans fond, plongeant dans une histoire sans fin, sautant des années 30 aux années psychédéliques, du Versailles de Vigée le Brun au Mexique de Frida, du Cinecitta de Masina à Hollywood en compagnie de Scott Fitzgerald. Je m'endormais l'hiver à New York chez Gena Rowlands, me réveillais à Meudon devant Camille Claudel, dînais à Montparnasse face à Giacometti ou Aragon je ne sais plus. Tout se mélangeait. Coupez !
Antoinette Fouque avait raison, l'affaire n'était pas un baiser d'amourette. Mais de ce voyage infernal dans le temps et dans l'espace au travers d'univers puissants de créateurs géniaux et libres, je suis revenue riche d'impressions et d'images. Je les ai ensuite répertoriées, triées, revues, piratées, remises en scène, parfois cruellement, parfois avec humour, avec pour unique volonté de mettre en lumière le rôle de ces femmes d'exception. » C.L.C.
L'auteure a finalement retenu pour ce beau livre une quarantaine de portraits « signifiants », accompagnés d'un court texte de présentation.
L'autoportrait pour sortir de l'anonymat. L'histoire de sa progressive prise d'indépendance vis-à-vis des hommes, avec une très nette accélération au XIXe siècle, est ici abondamment illustrée. Se référant à la symbolique forte d'Eve et d'Adam, l'auteur s'intéresse surtout au travail et au destin des artistes femmes sous un angle particulier qui consiste à les identifier comme produit de leur différence.
Depuis leur état de muse et de modèle jusqu'aux débuts du féminisme elles s'émancipent malgré les obstacles que leur tend une société bien pensante, misogyne, organisée par l'homme et pour l'homme. La passion les anime, amantes, confidentes, artistes, muses et modèles elle finit par triompher.
Qu'aurait été l'art du portrait et des fleurs sou. l'ancien régime, le plein air sous l'impressionnisme et les avant-gardes du XXe siècle sans elles, et sans eux, vaillants moteurs de leur perception? Si un rapport fusionnel, extra ordinaire, s'installe entre Rodin et Camille Claudel, entre Modigliani et Jeanne, entre Miki de Saint-Phalle et Tinguely, notamment, c'est qu'il était inévitable, vital et nécessaire.
L'art se nourrit d'émotions sublimes, rares et chères. Sublimes, les femmes artistes le sont, qui font toujours couler autant d'encre sur elles et leurs oeuvres. Rares et chères jusqu'au XXIe siècle, reléguées au second rang du marché de l'art. Qu'importe ! Les femmes artistes continuent de se battre pour avoir un jour offert à leur homme la fameuse pomme, dont elles défendront toujours l'idée à coups de couleurs, de crayons et de ciseaux.
Entre 1750 et 1850, l'univers des beaux-arts connaît de profondes mutations, dont l'une des conséquences est la banalisation d'une image positive de la dame artiste. Progressivement, des barrières s'abaissent, des contraintes se desserrent et la pratique de la peinture est rendue plus accessible aux femmes. S'ouvre alors une période de créativité foisonnante associée aux noms - parfois oubliés aujourd'hui -d'Elisabeth Vigée-Lebrun, Adélaïde Labille-Guiard, Marie-Guillemine Benoist, Marguerite Gérard, Constance Mayer, Victoire Jaquotot, Lizinka de Mirbel, Rosa Bonheur...
Pourquoi les artistes femmes, à ce moment précis de l'histoire, ont-elles bénéficié de l'intérêt de leurs contemporains et de conditions de travail relativement égalitaires ? Pour saisir ce phénomène, Séverine Sofio réintègre les artistes des deux sexes dans la réalité quotidienne de leur travail de création.
Ni recueil d'analyses d'oeuvres, ni histoire des femmes dans l'art, cet ouvrage traite de la pratique des beaux-arts, de son organisation et de ses réalités professionnelles, institutionnelles et économiques. Cette suspension relative de l'infériorisation des femmes dans les beaux-arts n'en demeure pas moins provisoire : si la parenthèse s'ouvre timidement dans les dernières décennies de l'Ancien Régime, elle se referme progressivement avant le milieu du siècle suivant.
La Hussarde est une nouvelle revue féminine et féministe. Mais elle ne se réfère pas à Marie-Claire, Elle ou Simone de Beauvoir. Non, La Hussarde, comme son nom l'indique, cherche ses racines du côté des fameux écrivains Hussards des années 50 : Roger Nimier, Antoine Blondin et Jacques Laurent, pourtant peu connus pour leur féminisme. Elle partage avec eux un goût de la provocation, de l'ironie mais également un intérêt pour la culture et particulièrement, la littérature. Avec panache, La Hussarde conjugue le frivole et le sérieux, sans jamais baisser la garde pour défendre ses points de vue iconoclastes. Le premier numéro clame : « Il n'y a pas de femmes artistes », pour finalement prouver le contraire avec brio.
Au sommaire du premier numéro : Nietzsche, le vernis à ongle, le groupe américain The Cramps ou encore Dominique Zehrfuss et Marie Modiano (qui évoquent leur mari et leur père, Patrick Modiano).
La Hussarde est aussi un bel objet graphique, en noir et blanc, avec quelques rares touches de couleur (rouge uniquement), mélangeant les gravures du XIXe siècle et les jeux typographiques les plus modernes.
Les avant-gardes en art ne sont-elles pas misogynes ? Censées être le lieu de toutes les libertés, de toutes les ouvertures, n'occultent-elles pas, elles aussi, en toute bonne conscience, la contribution des femmes ? Si la pratique artistique féminine a toujours été riche et abondante en France, l'opposition des institutions l'a longtemps cantonnée à un rôle subalterne, montre Marie-Jo Bonnet.
Tout a-t-il changé avec le XXe siècle, alors que tout semblait éclater ? Certainement pas. Bref, êtres sensibles et délicats, les femmes seraient toujours bornées aux arts mineurs, à la méconnaissance, à la simple exposition narcissique. Alors qu'Annette Messager a été choisie pour représenter la France à la biennale de Venise, où en est-on ? Peut-on encore soutenir que, si les femmes sont moins bien considérées en art, c'est parce que leurs oeuvres seraient de moindre valeur que celles des hommes ? Un ouvrage polémique qui montre la persistance des clichés et des conformismes sexistes dans le milieu de l'art contemporain.
De Sofonisba Anguissola à Marina Abramovic en passant par Élisabeth Vigée-Lebrun, Camille Claudel et Georgia O'Keeffe, cet ouvrage explore à travers 60 chefs-d'oeuvre, les thèmes, les mouvements et les grands tournants qui ont façonné l'histoire des artistes femmes.
Susie Hodge raconte les avancées réalisées pour obtenir une parité avec les artistes masculins, les importantes contributions faites aux mouvements artistiques et redécouvre des artistes oubliées ou éclipsées.
Accessible, concis et richement illustré, le livre nous explique les quand, comment et pourquoi de la reconnaissance des artistes femmes.