«S'il y avait un message diffusé dans des haut-parleurs avant l'entrée en territoire de fiction, il ressemblerait, curieusement, à celui des assurances ou des banques jointes par téléphone:Patientez quelques instants, vous allez être mise en relation... Ce que je cherche, sans doute, depuis le début, en tant que lectrice et en tant qu'écrivaine, ce sont des récits qui me permettent d'entrer en relation avec des êtres qui me sont inconnus et me deviendront proches, tout comme des récits qui leur permettent - à l'intérieur de la fiction - des relations riches, complexes et fragiles.»Avec Toute une moitié du monde, Alice Zeniter écrit un livre hautement stimulant, fondé sur ses expériences personnelles de lectrice avant tout, mais d'écrivaine aussi, un livre qui nous invite à repenser nos façons de lire les histoires qu'on nous raconte. C'est aux lecteurs que nous sommes qu'il s'adresse, c'est avec eux qu'il converse, avec autant de sérieux que d'allégresse, autant d'humour que d'érudition. Ce livre est tout simplement l'histoire d'une femme qui aimerait qu'on ouvre en grand les fenêtres de la fiction.
Que faire quand on est une femme dotée de capacités physiques exceptionnelles et d'une volonté bien charpentée ? Grimper, toujours plus haut, toujours plus fort ! Que faire quand cette passion vous conduit dans un monde presque exclusivement masculin, celui des guides, des gendarmes, du secours en montagne, du groupe d'élite d'alpinisme de l'armée, et qu'on se heurte inlassablement au même plafond de verre ? Recommencer, encore et toujours, et donner une voix à sa colère.
Marion Poitevin est aujourd'hui secouriste en montagne et présidente de l'association « Lead the Climb », qui ouvre les portes de la haute montagne aux femmes. Elle prend la plume pour la première fois dans cette autobiographie saisissante.
Le Louvre, 1655. Catherine Beauvais, dite Cateau la borgnesse, promène sa difformité incongrue dans les couloirs du plus beau palais du monde. Sa présence indispose tout autant que la confiance que lui témoigne Anne d'Autriche.
C'est que Catherine possède une connaissance unique des plantes, des ventres et des clystères. Cette science, alliée à une intelligence et une sensibilité hors du commun, lui a permis de se frayer un chemin jusqu'au postérieur de Sa Majesté la reine, une gloutonne qui, quotidiennement, se bourre de saucisses, de côtelettes et de pain bouilli.
Comment se faire une place à la Cour, ce cénacle qui ne jure que par la beauté des formes, quand on est une créature issue d'un milieu modeste, habituée à inspirer le dégoût et la détestation ?
Une plongée au royaume des apparences, où les monstres ne sont pas ceux que l'on croit.
Le procès fleuve des attentats du 13 Novembre 2015, qui ont fait 130 morts et 350 blessés à Saint-Denis et à Paris, s'est tenu entre septembre 2021 et juin 2022. Pendant dix mois, plus de 300 témoins ont été entendus, dont des rescapés de cette nuit d'horreur. Les 20 accusés ont été jugés. Parmi eux, Salah Abdeslam, le seul survivant des commandos de l'organisation du groupe État islamique, commanditaire de ces attaques. Emmanuel Carrère a assisté à l'intégralité du procès et tenu une exceptionnelle chronique hebdomadaire, publiée dans 4 grands journaux européens, L'Obs en France, El País en Espagne, La Repubblica en Italie, Le Temps en Suisse.
V13 (« comme tous, magistrats, avocats, journalistes, appelons ce monstrueux procès du vendredi 13 novembre dans lequel nous sommes embarqués », écrit E. Carrère) rassemble l'ensemble de ces chroniques. C'est une descente aux enfers dans laquelle l'écrivain parvient toujours à saisir l'humanité des uns et des autres, qu'elle soit bouleversante, admirable, ou abjecte. Il saisit l'ironie terrible des propos, des situations. Il refait le récit des événements, et surtout livre son écoute magnifique des paroles et des silences de ce procès. Il en fait notre histoire. Il donne à cet écheveau complexe d'horreur, d'idéologie, de folie et de détresse, une dimension universelle, profondément humaine, qui atteint chacun d'entre nous : « Marylin porte toujours sur elle, dans un petit tube en plastique, l'écrou de 18 mm qu'on a extrait de sa joue. Elle le sort de son sac, ce tube, devant la Cour. Elle dit : Je veux bien vous le montrer, mais je le garde. Elle le remet dans son sac et elle repart avec, et 250 autres témoignages vont déferler après et écraser le sien, mais quand même, Marylin qui s'éloigne, seule, gracieuse et triste, tellement triste, avec son écrou dans son tube, je ne l'oublierai pas. »
Frmesk pousse son premier cri au Kurdistan en 1986, où elle a eu le malheur de naître fille. Sa mère va tout faire pour la protéger d'un père violent qui menace de la tuer précisément parce que ce n'est pas un garçon. Heureusement, les grands-parents maternels de Frmesk sont prêts à la recueillir et à l'élever avec amour. Mais pourront-ils la préserver des menaces psychologiques et physiques qui pèsent de tous côtés dans ce Kurdistan ravagé par la guerre, le génocide et la haine ? Un roman fort sur la vulnérabilité et le danger que constitue le simple fait de naître femme.
UN PREMIER ROMAN COURAGEUX SUR L'OPPRESSION DES FEMMES KURDES.
Grand Prix de Littérature américaine 2022Sélection Les 100 livres de 2022- Lire magazine littéraire« Son dernier livre propulse notre bonheur de lecture à des altitudes stratosphériques. » Page des librairesUn manuscrit ancien traverse le temps, unissant le passé, le présent et l'avenir de l'humanité. Avez-vous jamais lu un livre capable de vous transporter dans d'autres mondes et à d'autres époques, si fascinant que la seule chose qui compte est de continuer à en tourner les pages ?Le roman d'Anthony Doerr nous entraîne de la Constantinople du XVe siècle jusqu'à un futur lointain où l'humanité joue sa survie à bord d'un étrange vaisseau spatial en passant par l'Amérique des années 1950 à nos jours. Tous ses personnages ont vu leur destin bouleversé par La Cité des nuages et des oiseaux, un mystérieux texte de la Grèce antique qui célèbre le pouvoir de de l'écrit et de l'imaginaire. Et si seule la littérature pouvait nous sauver ?« Ce roman follement inventif grouille de vie, convoque une somme impressionnante de savoir et d'expériences, et incarne lui-même ce don de raconter des histoires qu'il célèbre. » The New York Times« La Cité des nuages et des oiseaux ne ressemble à aucun autre livre que vous avez lu. » The San Francisco Chronicle« Une merveilleuse histoire, riche de personnages singuliers et d'une langue magnifique. » The Wall Street Journal « Un livre sublime, d'une construction et d'une beauté renversantes. » Librairie Le Temps d'un livre, Pontarlier
Une prophétie. Une île du Finistère Nord. Les visions d'un adolescent fragile. Et, au-delà de tout, jusqu'à la folie, le désir de croire en l'invisible.
Soeur Anne, religieuse chez les Filles de la Charité, reçoit d'une de ses condisciples une prophétie : la Vierge va lui apparaître en Bretagne. Envoyée en mission sur une île du Finistère Nord balayée par les vents, elle y apprend qu'un adolescent prétend avoir eu une vision.
Mais lorsqu'il dit « je vois », les autres entendent : « J'ai vu la Vierge. » Face à cet événement que nul ne peut prouver, c'est toute une région qui s'en trouve bouleversée. Les relations entre les êtres sont modifiées et chacun est contraint de revoir profondément son rapport au monde, tandis que sur l'île, les tempêtes, les marées, la végétation brûlée par le sel et le soleil semblent annoncer un drame inévitable.
Révélée par Le Bal des folles, couronné par le prix Stanislas et le prix Renaudot des lycéens, traduit en 25 langues, adapté au cinéma et en bande dessinée, Victoria Mas signe avec Un miracle son second roman.
Un matin d'août. Tout le monde dort encore dans la maison familiale nichée au milieu des bois. Ellie se glisse dans l'eau froide de l'étang voisin. C'est ici, au cap Cod, que sa famille passe l'été depuis des générations. Mais ce matin est différent. La veille, Ellie et Jonas, son ami d'enfance, se sont échappés quelques instants pour faire l'amour.
Dans les heures à venir, Ellie va devoir choisir entre ce qu'elle a construit avec l'époux qu'elle chérit, Peter, et l'histoire qu'elle a longtemps désirée avec Jonas, avant que le sort en décide autrement.
Vingt-quatre heures et cinquante ans de la vie d'une femme au bord du précipice. Durant cette journée de doute mêlant bonheurs et regrets, Ellie sera rattrapée par l'héritage familial, tissé de tragédies intimes et de secrets.
Par petites touches et dans une langue aussi limpide qu'inspirée, Miranda Cowley Heller donne à voir avec une grande justesse les émotions complexes qui unissent et déchirent les gens qui s'aiment.
Sélectionné pour le prestigieux Women's Prize 2022.
Quand Yves Harté aperçoit le très célèbre tableau du Greco, El caballero de la mano en el pecho (Le Chevalier à la main sur la poitrine), lors d'une rétrospective à Tolède, une chose l'intrigue : la note qui accompagne le portrait diffère d'une autre qu'il a lue autrefois. La première assurait que le modèle était un notable sage et obscur, celle-ci affirme qu'il s'agit d'un aventurier du Siècle d'or, espion et courtisan de Philippe II. Laquelle est vraie ?
L'auteur décide de mener l'enquête en Espagne.
Plus il progresse au coeur du pays, plus lui revient en mémoire le souvenir d'un ami avec qui il avait déjà voyagé sur ces terres : Pierre Veilletet, écrivain et journaliste, qui l'aida à ses débuts.
Comme l'un des deux modèles évoqués pour le portrait, cet aîné extravagant, drôle et affabulateur cherchait une reconnaissance qui ne venait pas, jusqu'à ce qu'un jour il décède dans la solitude. Son absence pèse à l'auteur. Au fil des routes ensoleillées et poussiéreuses d'une Espagne qui change, la figure du caballero et de l'ami se superposent au point de se confondre.
Dans ce récit sensible à l'écriture éblouissante, Yves Harté livre une réflexion intime sur l'amitié masculine et les rêves des hommes, qui meurent parfois de ne pas les atteindre.
« Elle trouve refuge dans une petite grotte érigée au fil des décennies avec des mots, des images et des chansons, l'art, un bien grand mot, la beauté des choses qui la bouleverse lui sert de kaleidoscope pour observer les jours et les gens. Ainsi le quotidien paraît moins féroce aux yeux de cette sentimentale désenchantée. ».
Anna, la narratrice de ce roman aux allures de Mrs Dalloway contemporain, est éditrice sous les ordres d'une dictatrice aux lèvres rouges, se débrouille comme elle peut avec la vie, c'est-à-dire plutôt mal. Elle résiste. Elle endigue. Elle encaisse. Elle se souvient, surtout.Coincée entre une mère libre mais atteinte d'une forme de joyeuse démence, des filles woke et/ou végétariennes, un mari au sourire fuyant et à la tenue fluo, un cordon sanitaire d'amies qui sonnent le tocsin des SMS et des apéros SOS « burn out », un oeil sur les « Mamanours » mères de famille vibrant sur leur fil What'sApp, Anna pourrait crier, comme on joue, comme on pleure, « Arrêtez tout ! », mais ça ne marche qu'au cinéma. Comment font les gens ? Pourquoi ne remarquent-ils pas les « pigeons dégueulasses aux ventres de pamplemousse » ou la mélancolie fêlée d'une voisine de comptoir ? Il y a du Virginia Woolf déjanté dans ce roman de la charge mentale, mais il y a aussi du Françoise Sagan : chaque phrase vise juste, replie le présent déceptif sur le passé enchanté.
Chaque phrase accueille au creux du confort d'une vie d'apparence bourgeoise les secrets de l'enfant caché, blessé, cajolé parfois, que fut Anna, car chaque adulte est cousu d'enfant. Il veut ce que nous voulons tous : l'amour.
Je n'ai pas été un nazi. Ce que je veux te raconter ne concerne ni des atrocités, ni un génocide. Je n'ai pas vu les camps de la mort et je ne suis pas qualifié pour en dire un seul mot. J'ai lu le livre de Primo Levi sur ce sujet, comme tout le monde. Sauf qu'en le lisant, nous, les Allemands, nous sommes obligés de penser : Nous avons commis cela.
Longtemps, les questions posées par Callum à son grand-père allemand sur la guerre sont restées sans réponse. Et puis, un jour, Meissner s'est décidé à raconter.
Sa vie de soldat sur le front de l'Est, les débuts triomphants, l'esprit de corps, l'ivresse des batailles, et puis le froid, la faim, la misère. Et surtout l'année 1944 quand lui et ses camarades ont compris que la guerre était perdue ; que tout ce en quoi ils avaient cru, tout ce qui les faisait tenir, l'appartenance à une nation, l'espoir d'une guerre rapide, les rêves de retour, tout était en train de s'écrouler ; que dans la déroute, les hommes ne sont plus des hommes ; que le désespoir vous fait accomplir le pire et que rien, jamais, ne permettra d'expier la faute de tout un peuple.
Ariane est une jeune femme en difficulté sociale et personnelle. Elle préfère rester cloîtrée chez elle, jusqu'au jour où Sandrine, sa meilleure amie d'enfance, l'invite à ses fiançailles. Pour l'aider à se repérer et lui permettre d'arriver à bon port, Sandrine partage sa localisation avec elle sur son téléphone. Guidée par le point rouge qui représente Sandrine dans l'espace du GPS, Ariane se rend donc aux fiançailles. Mais le lendemain, Sandrine a disparu. Elle ne répond plus au téléphone. Aucune trace d'elle. Aucune, sauf ce point GPS, qui continue d'avancer. Et qu'Ariane ne va plus quitter des yeux. Le GPS lui procure un sentiment de proximité avec Sandrine.
Comme si elles partageaient un secret. Jusqu'à la découverte d'un cadavre calciné au bord d'un lac où le point GPS de Sandrine s'est rendu. S'agit-il de son cadavre ? Mais le point bouge encore. Qui est derrière le point alors ? Ariane enquête, est-ce le fiancé de Sandrine qui anime le GPS ? Une ancienne amie ou Antoine, son compagnon ? Toutes les pistes sont des impasses. Plus troublant encore : le point sur le GPS persiste à conduire Ariane sur les lieux de leur amitié. Pour en avoir le coeur net, elle laisse un message vocal à Sandrine pour lui donner rendez-vous dans un lieu qu'elle seule peut connaître. Lorsque le GPS indique que Sandrine se rend dans ce lieu, Ariane est persuadée de s'être jusque-là trompée. Sandrine n'est pas morte ! Le point est bien son amie.
Mais elle commence à confondre le monde réel et le support numérique. La police révèle que Sandrine est bien morte, Ariane désactive la localisation partagée. Elle tente de reprendre le cours de sa vie et d'oublier le GPS.
Mais une nouvelle notification l'interrompt : Sandrine souhaite à nouveau partager sa localisation avec elle.
Le GPS mènera la narratrice au point de rendez-vous final. Écrit comme un thriller, ce roman, sur l'amitié et la mort, sur les fragilités sociales et psychiques, traverse les illusions et l'impossibilité du deuil à l'aune de nos addictions numériques.
Mitteleuropa, Deuxième Guerre mondiale, fuite au Brésil :Willibald est la reconsitition d'une histoire familiale toxique et pleine de trous dans une écriture à l'os, limpide et précise.
Depuis l'adolescence Mara est habitée par un tableau suspendu dans le salon de son H.L.M. Willibald, qui a acheté cette toile dans les années 1920, la hante tout autant. Lorsqu'il fuit Vienne en 1938, il n'emporte que ce Sacrifice d'Abraham, soigneusement plié dans sa valise. Entrepreneur et collectionneur juif, il refait sa vie au Brésil, loin des siens. Lors d'un séjour en Toscane chez sa mère Antonia, Mara déchiffre les lettres de Willibald qu'elle retrouve dans un hangar. Elle observe les photos, assaille de questions Antonia, « qui sait mais ne sait pas ».
C'est l'histoire de deux jeunes hommes qui n'ont pas trente ans, deux exaltés. L'un a une passion pour la peinture. On le connaît. C'est Auguste Renoir. L'autre a une passion pour l'égalité et il sera le délégué à la police puis le procureur de la Commune de Paris. On le connait à peine. C'est Raoul Rigault.
Leur rencontre doit tout au hasard. La première a lieu dans la forêt de Fontainebleau alors que l'un peint sur le motif et l'autre fuit la police de Napoléon III. Renoir prête une blouse de peintre à Rigault pour lui porter secours et ils passent quelques jours ensemble. Ils marchent sur le chemin des merles, ils partagent des oeufs durs et une fiasque de vin, ils roulent des cigarettes, ils conversent, de tout et rien, des nuages dans le ciel, du régime impérial. Et puis ils rentrent à Paris.
La deuxième rencontre a lieu à la préfecture. Renoir a été arrêté comme espion à la solde des Versaillais, parce qu'il peignait les bords de la Seine. Et, cette fois-ci, c'est Rigault qui lui sauve la mise. Entre deux toiles et deux décrets, ils se revoient de temps à autre, déjeunent, parlent, se baladent dans un Paris chamboulé. Ce sont deux compagnons. L'un peint le monde, l'autre le renverse, chacun aux prises avec sa révolution.
La Peau du dos est un enchantement d'écriture, alerte et joyeux, plein de lumière et de vie. Bernard Chambaz offre un roman splendide, attentif aux aurores et à la splendeur des crépuscules.
Dès le prologue, le héros/narrateur annonce le programme : on l'a appelé Stockholm Sven, Sven le borgne, Sven le baiseur de phoques. On dit de lui qu'il a vécu seul, piégé dans le Grand Nord, qu'il est mort dans un accident, qu'il est un ermite, fou, un original qui abhorre la société. « Tout cela est vrai, et faux en même temps » prévient-il avant de se lancer dans le récit de sa vie.
Nous sommes en 1916 en Suède, et Sven, lassé d'une vie perdue dans un travail sans intérêt, décide de rejoindre le Spitzberg, un archipel de l'Arctique où la nuit règne en maîtresse quatre mois par an, où l'on doit résister aux assauts des éléments comme un coquillage s'agrippe désespérément à son rocher, où l'on peut assister à la splendeur d'une aurore boréale et être dévoré par un ours polaire dans la minute qui suit. À la suite d'un accident presque fatal, Sven se retrouve défiguré et pense immédiatement que c'est un signe du destin : son avenir, c'est la solitude, une vie d'ermite.
C'est ainsi qu'il se met en quête de ce qu'il appellera « son fjord », son silence, sa retraite. En route, il rencontrera de nombreux compagnons, des rêveurs, des marginaux, des exclus ou tout simplement des solitaires. À leurs côtés, il assistera à la naissance d'un glacier, aux jeux des renards polaires dans un jour sans fin, apprendra l'art de la trappe et de la pêche. Seul, il ira au bout de lui-même pour mieux retrouver le reste du monde.
À la mort de leurs parents, Lily et le Petit intègrent le pensionnat du redoutable M. Tilbrook. Face à la cruauté des surveillants, aux humiliations et à la tristesse, Lily s'efforce de protéger le Petit ; de tout son corps et de toute son âme, la petite fille fait barrage. Car dans l'obscurité de l'hiver, chaque imperceptible lumière ressemble à un espoir : la réponse d'un rouge-gorge au chant de Lily, les escapades dans la forêt, l'étrange amitié d'un ermite au fond des bois... De nos jours, une jeune femme se rend sur l'île de Jersey, pour enquêter sur le passé de son père. Les locaux ne voient pas d'un très bon oeil son arrivée, l'étrangère n'ayant de cesse de poser des questions sur la sordide affaire qui a secoué la ville il y a quelque temps : celle de l'orphelinat de Jersey, ou l'histoire d'un tentaculaire réseau pédophile... Et si la mémoire du père de la jeune femme, ancien pensionnaire, a effacé à peu près tout ce qui concerne cette période de sa vie, un nom, pourtant, revient inlassablement dans ses souvenirs : Lily. Mais qui était Lily ?
C'est une suite de lettres entre amis qui se sauvent la vie. Dans ce roman épistolaire, Virginie Despentes revient sur le thème qui unit tous ses livres - comment l'amitié peut naître entre personnes qui n'ont à priori rien à faire ensemble.
Rebecca a dépassé la cinquantaine, elle est actrice, elle est toujours aussi séduisante. Oscar a quarante-trois ans, il est un auteur un peu connu, il écoute du rap en essayant d'écrire un nouveau livre. Ils sont des transfuges de classe que la bourgeoisie n'épate guère. Ils ont l'un comme l'autre grandi et vieilli dans la culture de l'artiste défoncé tourmenté et sont experts en polytoxicomanie, mais pressentent qu'il faudrait changer leurs habitudes. Zoé n'a pas trente ans, elle est féministe, elle ne veut ni oublier ni pardonner, elle ne veut pas se protéger, elle ne veut pas aller bien. Elle est accro aux réseaux sociaux - ça lui prend tout son temps.
Ces trois-là ne sont pas fiables. Ils ont de grandes gueules et sont vulnérables, jusqu'à ce que l'amitié leur tombe dessus et les oblige à baisser les armes.
Il est question de violence des rapports humains, de postures idéologiques auxquelles on s'accroche quand elles échouent depuis longtemps à saisir la réalité, de la rapidité et de l'irréversibilité du changement. Roman de rage et de consolation, de colère et d'acceptation, Cher connard présente une galerie de portraits d'êtres humains condamnés à bricoler comme ils peuvent avec leurs angoisses, leurs névroses, leurs addictions aux conflits de tous ordres, l'héritage de la guerre, leurs complexes, leurs hontes, leurs peurs intimes et finalement - ce moment où l'amitié est plus forte que la faiblesse humaine.
Ada vit avec son père dans une clairière, en bordure d'une forêt, non loin de la ville. Ils passent leur temps à soigner les habitants qui leur confient leurs maux et leurs corps, malgré la frayeur que ces deux êtres sauvages leur inspirent parfois. Un jour, Ada s'éprend de Samson, un de ces habitants. Cette passion, bien vite, suscite le dépit voire la colère du père de la jeune fille et de certains villageois. L'adolescente se retrouve déchirée par un conflit de loyauté entre son héritage vénéneux et cet élan destructeur qui l'emmène loin de tout ce qu'elle a connu.
Roman lyrique, inquiétant, roman de l'émancipation autant que roman du désir souverain, Jusque dans la terre a été salué comme la naissance d'une romancière à l'imagination terrifiante, peuplée de sorcières et de monstres.
Traduit de l'anglais (Irlande) par Francis Guévremont.
Une publication inédite aux Éditions de La Martinière Littérature à l'occasion de la rentrée littéraire 2022. Le Château des trompe-l'oeil est un hommage aux grands romans gothiques du xixe siècle, écrit avec une plume aussi vénéneuse que sensuelle et enrichi de 9 planches d'illustrations intérieures. Un roman à l'atmosphère unique et fascinante, qui questionne des sujets d'une actualité toujours brûlante.
1837, baie du Mont Saint-Michel. Le jeune Baptiste Rivière est convoqué au château d'Escreuil pour s'y faire dicter les dernières volontés de la propriétaire des lieux. Mais à son arrivée, le personnel se ligue pour lui interdire l'accès à sa chambre : Langlois, diabolique intendant du domaine, le vieux Simon, qui semble plus qu'un ordinaire jardinier, et même Séverine, la femme de chambre dont Baptiste cherche pourtant à se faire une alliée.
Pourquoi la baronne d'Escreuil se cache-t-elle ? Qui est vraiment cette ancienne comédienne, veuve d'un aristocrate guillotiné sous la Terreur ? Bravant les mises en garde, Baptiste s'aventure dans les plus sombres recoins du domaine. Mais les apparences sont trompeuses, et en cherchant la baronne, c'est sa propre vérité que Baptiste va devoir affronter.
Jouant sur les codes du conte gothique, du roman historique et du récit d'apprentissage pour mieux les subvertir, Le Château des trompe-l'oeil offre une plongée vertigineuse et haletante dans les gouffres du passé et de l'âme humaine.
Illustrations de Yohann Propin.
Amanda et Clay, des Blancs newyorkais, partent en vacances avec leurs deux enfants à Long Island. Amanda a loué une jolie villa récemment rénovée. Le temps est superbe, la piscine immense, la nature accueillante. Mais lors de la deuxième nuit, un bruit sourd résonne dans le lointain et peu de temps après, on frappe à la porte. Les propriétaires, un couple d'Afro-Américains plus âgés, surpris sur la route par une soudaine panne d'électricité et de réseau demandent l'hospitalité. Inquiets et agacés par cette intrusion, Amanda et Clay n'ont d'autre choix que d'accepter. Leur séjour de rêve prend fin brutalement.
Désormais sans lien avec le monde extérieur, loin de la ville, sont-ils en sécurité ? Peuvent-ils se fier les uns aux autres ? Hypocrisie, peur de l'autre, panique, chacun affronte l'inconcevable à sa façon dans ce huis clos oppressant et sans concession.
Quarante ans après la mort de son oncle Désiré, Anthony Passeron décide d'interroger le passé familial. Évoquant l'ascension de ses grands-parents devenus bouchers pendant les Trente Glorieuses, puis le fossé grandissant apparu entre eux et la génération de leurs enfants, il croise deux histoires : celle de l'apparition du sida dans une famille de l'arrière-pays niçois - la sienne - et celle de la lutte contre la maladie dans les hôpitaux français et américains.
Dans la lignée d'Annie Ernaux ou de Didier Éribon, Anthony Passeron mêle enquête sociologique et histoire intime. Dans ce roman de filiation, il évoque la solitude des familles à une époque où la méconnaissance du virus était totale, le déni écrasant, et le malade considéré comme un paria.
« Comment l'appeler ?
Je dis Anne, mais cette fausse intimité me met mal à l'aise. Je ne peux pas dire Anne, quelque chose m'en empêche, qui, au cours de la nuit, se matérialisera par l'impossibilité de rester dans sa chambre. Alors je dis Anne Frank, comme on évoque l'ancienne élève brillante d'un collège fantomatique. Deux syllabes.
Anne Frank, une histoire que « tout le monde connaît » tellement qu'il n'en sait pas grand-chose. Car « tout le monde connaît » ne dit pas que « tout le monde sait », mais qu'on est pressé de passer à autre chose, de le ranger au Musée, ce petit fantôme.
La Maison Anne Frank est un appartement vide. C'est l'absence de ses habitants devant laquelle les visiteurs défilent. C'est le vide qui transforme cet appartement, l'Annexe, en musée. Mais le vide n'existe pas. Il est peuplé de reflets qui témoignent de l'abîme, celui de la disparition d'Anne Frank.
Toute la nuit, j'irai d'une pièce à l'autre, comme si une urgence se tenait tapie encore, à retrouver. »
Après "L'invention des corps" et "Le grand vertige", toujours en phase avec les vibrations du monde, Pierre Ducrozet change de focale pour raconter une famille dont l'astre vital est la musique, une famille où l'amour (et les malentendus) circulent dans toutes les tonalités. Où l'on retrouve son énergie, sa plasticité, sa vitesse au service d'une profondeur nouvelle dans une anti-saga affranchie des modèles, une histoire intime, sauvage et informelle de la musique au XXe siècle, un roman qui danse et qui sonne comme un concert et une tempête. Au plus près des personnages, dans l'exploration de ce qui les lie et les délie, "Variations de Paul" nous happe et nous bouleverse.